Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 7.2.djvu/483

Cette page n’a pas encore été corrigée
2215
2216
INSPIRATION DE L’ECRITURE


Évangile, saint Marc niontrait la vérité de ce qu’il écrivait, puisque cela avait été prédit par les prophètes remplis du Saint-Esprit. Toutefois, il ne nomme qu’lsaïe, quoique le second oracle qu’il cite soit de Xlalachie. Nec tamen falli aut fallere putandus est cvangcUsla, qui hoc scripium dicat quod Isaias non scripscrit, sed potins inldligendum quod, etsi non hicc verba quæ de Malachia posuit inveniuntur in Isaia, sensus tamen eorum invenitur in Isaia. Bède répète ensuite textuellement l’explication que saint Augustin a supposée possible. In Marc., t. I, c. i, col. 134-136. Cf. In Malllu, t. IV, c. xxvii, col. 120-121.

Raban Maur, pour résoudre la question si les mensonges des sages-femmes Égyptiennes sont approuvées par l’autorité divine, parce que l'Écriture dit que Dieu les a récompensées, répond que leur œuvre de miséricorde, et non leur mensonge a été digne de récompense. In Exod., t. I, c. II, P. L., t. cviii, col. 13-14. Les imprécations des saints contre les méchants, qu’on lit dans l'Écriture, ne sont pas des malédictions, puisqu’elles n’ont pas été prononcées par malice, mais par esprit prophétique. Le Saint-Esprit faisait prédire ce qu’il prévoyait devoir arriver par un juste jugement. In l. Judith, c. ix, t. cix, col. 564.

Walafrid Strabon déclare que l’autorité des livres inspirés est telle que tout ce qu’ils contiennent doit être fermement tenu pour vrai, et que tout ce qu’on en conclut manifestement doit jouir de la même vérité, parce qu’ils ont été faits par révélation divine, en laquelle il n’y a rien de faux. Glossa ordinaria, proleg., P. L., t. cxiii, col. 19-21.

Pour Haymon, évêque d’Halberstadt, la verge du calame, Apoc., xi, 1, signifie la rectitude de l'Écriture inspirée, dans laquelle il n’y a aucun mensonge, aucune erreur, comme il y en a dans les livres des philospohes, des Juifs et des hérétiques, dont la doctrine est pleine de mensonges. L'Écriture est droite en tout et elle est donc justement comparée à une verge. In Apoc, t. III, c. XI, P. L., t. cxvii, col. 1067-1068. L’Ancien et le Nouveau lestament, sont donc admirablement d’accord. Homil. de tempore, homil. xvi, t. cxviii, col. 119. Bien que l'Écriture soit la parole de l’Esprit Saint, elle parle cependant à la manière humaine. In Epist. ad Heb., c. x, t. cxvii, col. 899 ; Homil. de tempore, homil., cxii, cxiii, t. cxviii, col. 605-606.

Des calomniateurs prétendaient que presque toutes les citations de l’Ancien Testament qui sont, faites dans les Évangiles sont erronées : l’ordre des mots y est changé, ou bien le sens, au point que parfois il paraît différent. Les apôtres ou les évangélistes, disent-ils, ne les ont pas tirées des livres eux-mêmes, mais se fiant à leur mémoire qui se trompe parfois, ils les ont faites quelquefois à faux. Paschase Radbert répond à cette calomnie : Les apôtres et les évangélistes n’ont pas agi d’eux-mêmes, ils ont agi par la grâce du Saint-Esprit, auteur des anciennes Écritures et ainsi ils n’ont pas cité le contraire de ces Écritures mais ce qui leur paraissait opportun d’insérer des paroles divines. In Malth., 1. H, P. L., t. cxx, col. 126. Beaucoup aussi ont accusé les évangélistes d’erreur, parce qu’ils ne citaient l’Ancien Testament ni d’après le texte hébreu ni d’après la version des Septante et, ce qui est pire, qu’ils se trompaient de nom, en nommant Jérémie pour Zacharie. Paschase Radbert repousse l’accusation avec énergie. Sed absit fidclibus, de Chrisii evangelisla aliud sestimare dixisse quam quod in Spiritu Dei leyebat et diccbat Ecclesiæ Ciuisli filiis ! Avec saint Jérôme, il dit que l'évangéliste avait soin de citer le sens plutôt que les mots. Aussi explique-t-il Matth., xxvii, 9, de manière à garder fermement son texte, sans vouloir le corriger, et il emprunte sa réponse à saint Augustin. In Matth., t. XII, col. 932934. Il admet aussi l’accord parlait des évangélistes.

Aucun d’eux n’a rien imaginé de faux sur le Christ, comme beaucoup de Juifs le prétendent calomnieusement, ni n’a rien dit qui ne soit vrai, comme certains païens l’ont affirmé mensongèrement, ni n’a contredit pour le sens un autre, bien que ses paroles soient différentes ; Radbert réfute ainsi le sentiment de très nombreux ennemis de la vérité, puisqu’un seul Esprit a inspiré tous les évangélistes, ils ont eu une science unique et parfaite et la même foi touchaiit le Christ. Pour une démonstration plus ample, Radbert renvoie ses lecteurs au De consensu enangelistarum de saint Augustin, ita ut ex eo quod variant, divinior sensus intelligatur inesse illis et ajfluenlia Spiritus Sancli uberior. Ibid., t. X, prol. col. 735-738. Les Écritures d’ailleurs, ne peuvent être convaincues de fausseté, et leurs seules paroles suffisent à fournir une preuve. Ibid., 1, II, col. 100. Leurs auteurs parlent ordinairement d’eux-mêmes comme s’ils parlaient d’un autre. C’est l’Esprit Saint qui parle d’eux et qui dit la vérité sans la décolorer, quand eux-mêmes se cachent par humilité. Ibid., 1. "V, col. 369.

I. CBEZ LES THÉowoiENS. — Au xiie siècle, le

Juif converti, Pierre Alphonse, déclare que l'Écriture ne ment pas et en conséquence, que de deux prophètes, qui paraissent se contredire, aucun n’a menti. Dialog., fit. viii, P. L., t. clvii, col. 618-019. Saint Anselme tient certainement pour vrai, et non pour faux ce que le Saint-Esprit a dit par la bouche de son ami, le psalmiste. Epist., viii, P. L., t. clviii col. 1072. Il pense que les Septante ne se sont pas trompés en insérant Caïnan dans la liste des patriarches postdiluviens : ils ont dit ce qu’ils savaient être vrai et ils ont suppléé à ce que Moïse avait omis. Il ne faudrait pas conclure qu’Anselme admettait l’inspiration des Septante ; ce qu’il dit est pour sauvegarder celle de saint Luc : A’eque enim Spiritus Sanctus hoc in Evangelio posuisset, nisi verum omnino cssel. Homil., VIII, col. 635. L'Écriture ne trompe pas. Médit., XVI, col. 792. Aussi si quelqu’un est en contradiction avec la sainte Écriture, Anselme est certain qu’il est dans l’erreur, et il refuse d’admettre ce qu’il constate être contraire à l'Écriture. Cur Dcus homn, t. I, c. xviii, col. 388. Yves de Chartres reproduit les paroles de saint Augustin, qui affirment qu’il n’y a dans l'Écriture ni erreurs ni mensonges. Panormia, t. II, c. cxix, cxxi, P. L., t. cLxi, col. 1111-1112. Personne n’ignore que l'Écriture canonique tout entière surpasse toutes les lettres postérieures des évêques, ita ut de illa omnino dubitari et disceptari non possit, ulrum verum vel utrum rectum sit qùidquid in ea scripium constiterit esse. Decretum, part. IV, c. 227, col. 313.

Dans le prologue du Sic et non, Abélard expose son but : il veut comparer les écrits des Pères avec les Écritures. Il admet dans les deux séries d’ouvrages des altérations dues aux écrivains et aux copistes, mais si quelque chose lui paraît étranger à la vérité, il estime pieux, conforme à l’humilité et dû à la charité de croire que le passage de l'Écriture n’a pas été bien compris ou qu’il est corrompu ou qu’il ne le comprend pas. D’ailleurs, on peut trouver l’erreur et la fausseté dans les écrits des Pères comme dans les paroles des prophètes. Il est certain, en effet, que les prophètes ont parfois manqué de la grâce de la prophétie et qu’en prophétisant, parce qu’ils croyaient avoir l’esprit prophétique, ils ont prononcé quelques faussetés par leur esprit propre, et cela a été permis pour leur faire garder l’humilité, afin qu’ils connussent mieux ce qu’ils étaient par l’Esprit de Dieu et ce qu’ils étaient d’eux-mêmes. Bien plus, quand cet Esprit leur était donné, de même qu’il ne conférait pas tous les dons à un seul, il n'éclairait pas non plus sur toutes choses l’intelligence de celui qu’il remplissait, mais il lui révélait tantôt ceci tantôt cela, et quand il manifes 1