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INSPIRATION DE L’ECRITURE


il en concluait que c’est une défection manifeste de la foi et un crime d’orgueil de reprouver quelque chose du contenu de l’Écriture, ou d’y introduire quelque chose qui n’y est pas écrit. De fide, n. 1, P. G., t. xxxi, col. C79.

Saint Grégoire de Nysse prouve la vérité de tous les oracles de l’Écriture par l’accomplissement de quelques-uns d’entre eux, qui se sont réalisés comme ils avaient été prédits. Si tous sont vrais, l’annonce de la résurrection des morts doit être tenue pour conforme à la vérité. De hominis opifico, c. xxv, P. G., t. XLiv, col. 213 sq. On ne peut opposer à la vérité de l’Écriture qu’elle ait parlé des fables qu’admettent les gentils. Si Job a nommé sa îroisième fille Cornu Amallheæ, xlii, 13, il n’a pas cru ce qu’on raconte d’Amalthée, mais ce nom témoigne que la troisième fille de Jcb était très désireuse de tous les biens de la vertu. In Canl., homil. ix, t. xliv, col. 973, 976.

Saint Epiphane a constaté que les évangélistes avaient raconté certains faits dans des récits concordants, montrant ainsi qu’ils puisaient à la même source, mais l’un d’eux a raconté ce que les autres avaient omis, parce que le Saint-Esprit le lui avait accordé en particulier. C’est le cas pour saint Jean, et tout ce qu’il a dit sous la direction du Saint-Esprit est pleinement vrai et digne de foi. C’est d’après ce principe que saint Epiphane explique toutes les divergences des Évangiles, pour que personne ne soupçonne qu’une erreur* puisse s’y trouver. Hær., li, n. 5-31, P. G., t. XLi, col. 897-944. D’ailleurs, selon lui, il faut croire absolument que nulle part les paroles de l’Écriture ne sont contraires les-unes aux autres, quoiqu’elles paraissent se contredire pour ceux dont la foi n’est pas saine ou dont l’intelligence est trop faible. Hær :, lxxiii, n. 31, t. xlii, col. 46. L’Écriture, en ellet, qui ne s’écarte jamais de la vérité, ne se combat pas le moins du monde, mais en elle tout est dans un parfait accord. Hær., lxi.x, n. 73, col. 324. Les saintes Lettres nous montrent donc très certainement la voie de la vérité. Hær., lviii, n. 10, t. xli, col. 1009, car tout ce que l’apôtre et toutes les saintes Écritures disent est vrai. Expositio fidei, n. 18, t. xlii, col. 820. Cf. col. 885 ; Anroratus, n. 63, t. xliii, col. 129. La raison, c’est que la vérité elle-même rend témoignage par les Écritures, Hær., lvii, n. 111, t. xli, col. 1000, et que le Seigneur ne peut mentir. Hær., LXix, n. 44, t. xlii, col. 272.

Saint Hilaire de Poitiers exalte l’importance des paroles de Dieu. Elles ne sont pas vaines ni terrestres ni légères. Tout ce qu’elles contiennent est vrai et parfait et purgé de toute contagion des vices. Elles sont toutes vraies et elles ne sont ni oiseuses ni inutiles. In ps. cxvili, lit. xviii, n. 5, P L., t. ix, col. 622. C’est un sacrilège des infidèles de penser que les paroles de l’Écriture manquent de doctrine parfaite, mais le saint docteur estime qu’il n’y a aucune des paroles célestes qui ne soit parfaite. Ibid., tit. vi, n. 1, col. 543.

Pour saint Ambroise, de ce que 1^ divine Écriture a été inspirée par l’Esprit de vérité, qui ne ment pas. De Spirilu Sanclo, 1. 111, c. xix, n. 14, P. L., t. xvi, col. 811, il résulte qu’elle n’erre pas même dans les plus petites choses et qu’elle ne peut se contredire. De A’oe et arca, c. xxxi, ii, 119, t. xxv, col. 413. On ne peut pas croire que les saints hommes de Dieu aient pu dire des choses cjui se contredisent ; aussi le saint docteur met-il tous ses soins à le démontrer. In Lucam, . III, n. 1, t. xv, col. 1589 ; I. X, n. 22, col. 1809, 1810. (k’iui donc qui suit les Écritures ne peut se tromper. Ibid., t. II, n. 12, col. 1556. Aussi, au concile d’Aquilée, l’évoque Ambroise dit : Anathema illi qui divinis Scripluris addit aliquid, mil minuit. Gesla, n. 36, t. xvi, col. 927. On n’y trouve rien qu’on puisse

reprendre, quoiqu’on ne le comprenne pas. De paradiso, c. II, n. 7, t. xiv, col. 277. Il n’y faut rien passer, il n’y a rien d’inutile. De Noc et arca, c. xv, n. 25 ; c. XVI, n. 57, col. 385, 387. Il faut recueillir la vérité de Dieu dans les oracles des prophètes, qui sont comme des nuées qui caclient les mystères de la connaissance divine. In ps. xxxv, n. 18, col. 901. Saint Ambroise juge donc de la substance et de la qualité du ciel et de la terre d’après les Écritures. Il rejette donc l’opinion des philosophes qui font des cieux et des astres une substance incorruptible (il vise ainsi Aristote), puisque l’Écriture dit que les cieux périront. Hexameron, I. I, c. vi, n. 21, 22, 24, col. 385, 387. L’Écriture lui apprend qu’il y a plusieurs cieux. Ibid., t. II, c. IV, n. 15, col. 152. Quoique Moïse fut instruit dans la sagesse des Égyptiens, parce qu’il avait reçu le Saint-Esprit, il n’a pas tenu compte de la vaine doctrine des philosophes, mais il nous a accommodé ce qu’il a vu en esprit. Il faut donc adhérer à ses paroles et ne pas mépriser comme vil ce qui nous a été dit par le Saint-Esprit. Ibid., t. VI, c. ii, n. 8 ; c. III, n. 9, col. 245.

Saint Jérôme a posé nettement le principe de l’infaillibilité des écrivains sacrés. Un prophète, dit-il, dès là qu’il est prophète, qu’il est envoyé par la divinité et qu’il parle au nom de Dieu, annonce la vérité. In Mich., t. I, P. L., t. xxv, col. 1174. Les paroles de Nahum sont donc sacrées, et il n’est pas permis de prétendre que l’Écriture ment. In Nahum, t. I, col. 1238. Celui qui veut croire à la parole de Dieu doit d’abord tenir pour vrai ce que les saints ont écrit. In Epist. ad Philem, t. xxvi, col. 609. Pour le saint docteur, tout donc est vrai dans la sainte Écriture ; aussi s’attache-t-il à montrer qu’il n’y a aucune contradiction entre les deux Testaments ni entre aucune de leurs parties. Son souci continuel est d’écarter même l’apparence d’une erreur dans la Bible, telle qu’elle est sortie des maiiLs des écrivains sacrés. Cf. L. Schade, Die Inspirationslehre des lieiligen Hieronymus, p. 48-65.

N. Peters, dans la Theologische Revue, Munster-en-Westphalie, 1910, col. 332-333, a prétendu que saint Jérôme avait reconnu des erreurs dans l’Écriture, mais les passages cités n’ont pas la signification qui leur a été donnée. Dans le premier, en effet, le saint docteur a seulement reproduit le sentiment d’autrui. Ayant fait observer que saint Matthieu, ii, 6, avait cité Miellée, v, 2, comme les scribes le citaient, afin de montrer leur négligence dans les citations de l’Écriture, il rapporte que des personnes affirment que presque toutes les citations de l’Ancien Testament, faites dans les Évangiles, sont erronées. In Mich., t. II, t. xxv, col. 1197. Dans le deuxième passage, il ne parle que d’une erreur de copiste, scriptoris errorem, genre d’erreur qui peut être invoqué dans certains autres cas, comme dans les chilTres des années des rois de Juda et d’Israël et dans quelques passages obscurs de l’Écriture. Epist., lxxii, n. 5, t. xxii, col. 676. Le troisième passage est emprunté à la célèbre lettre lvii » ^ à Pammachius, De optimo gchere interprelandi, dans laquelle saint Jérôme répond aux adversaires qui lui reprochaient d’avoir mal traduit la lettre de saint Epiphane à Jean de Jérusalem. Cf. J. Brochet, Saint Jérôme et ses ennemis, Paris, 1906, p. 124-126. Si sa version n’est pas littérale, elle rend néanmoins le sens de l’original. Les Septante, les évangélistes et les apôtres ont traduit de même l’Ancien Testament. C’est à ce sujet qu’il cite, n. 7, Matth. XXVII, 9, où une erreur de sens serait jointe à une erreur de mémoire. L’évangéliste rapporte, sous le nom de Jérémie, un passage de Zacharie, dont le texte diffère de ceux de la Bible hébraïque et de la version des Septante. Le fait constaté, saint Jérôme répond