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IMPOSITION DES MAINS

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JtîaToç èv pri(, '.aTt. Eph., v, 26. Saint Paul dit ailleurs que Dieu nous a sauvés par le baptême de régénération, Tit., iii, 5, et, s’appliquerait-on à vider ecLle expression de tout contenu réel pour ne lui laisser que celui d’une déclaration de justice juridique il resterait encore qu’une ablution telle que Jeanlîaptiste l’opérait n’en saurait être le principe. L’apôtre d’ailleurs, en y juxtaposant aussitôt l’idée (l’un « renouvellement » de l’Esprit-Saint, y.al àvaLaivcôascoç nv£Û[i.aTOç àyîou, exclut le sens d’une régénération purement verbale : le salut procuré par Dieu comporte un « renouvellement » de l’homme intérieur dont le Saint-Esprit est le principe et que symbolise le rite même de l’ablution baptismale. Sans même rechercher par conséquent si l’expression àvaxaivwascoç, détermine elle aussi, comme TraXiyYEvcCTÎaç. celle de XouTpoG, en sorte que le même baptême serait appelé simultanément un « baptême de régénération et de renouvellement, » ce qui est le sens le plus naturel, ou si, au contraire, elle dépend directement, elle aussi, de la préposition Stà, en sorte que « le renouvellement du Saint-Esprit » soit, comme « le baptême de la régénération, » ce par quoi Dieu nous a sauvés (sur cette exégèse, longuement discutée à l’art. Confirmation, t. iii, col. 1004-1005, voir les commentateurs), on se rend compte qu’on a affaire ici à deux idées qui, si elles ne sont pas synonymes — qu’esl-ce qu’une régénération qui n’est pas un renouvellement ? — sont tout au moins parallèles et expriment seulement deux aspects voisins de la même réalité. Et le Saint-Esprit est pareillement rattaché explicitement à l’immersion baptismale dans le passage, I Cor., xii, 13, où saint Paul montre tous les lidêles « baptisés dans un seul corps dans le même esprit. » On se demande comment M. Behm, op. cit., p. 173, a pu voir là une confirmation de sa théorie : ce baptême, par lequel tous les chrétiens sont plongés dans un même corps, le corps mystique du Christ, et qui équivaut sans aucun doute au pariTioOrivai elç XpiffTÔv de Rom., VI, 3, comporterait le double rite de l’ablution et de l’imposition des mains, et ne recevrait ici le nom de baptême en esprit qu'à raison du second : comme si être baptisé dans le Christ, être plon ; j ; é en lui de manière à devenir un de ses membres, ainsi que cela se produit lorsqu’on est plongé dans l’eau du baptême, ne signifiait pas être plongé dans son esprit ou tout au moins en devenir participant. Que saint Paul, dans ce verset, fasse allusion à la communication du Saint-Esprit par l’imposition des mains, certains le pensent, voir Prat, loc. cit., p. 378-379 ; mais c’est lorsque, après avoir parlé du baptême èv évl TiveûjxaTi, il ajoute que les chrétiens ont été de plus abreuvés du môme Esprit : xal TcàvTeç ëv TCveôfxa è7tOT[a6ï]ji.£v. A l’incorporation au Christ, à la grelle en son corjis qui comporte une commencement très réel de participation à sa vie et donc au Saint-Esprit, ferait suite la participation plus abondante à ce même Esprit. Et c’est par là que l’apôtre ferait allusion à un rite distinct de celui de l’ablution ; mais, au lieu de le confondre avec celui du « baptême dans l’Esprit, » il l’en distinguerait au contraire explicitement. Quoi qu’il en soit, au reste, de cette hypothèse, il demeure hors de doute que l’idée d’un baptême du Christ, ramené aux proportions d’un baptême d’eau, est totalement étrangère à saint Paul. Sa doctrine fondamentale de la mort au péché et de la résurrection à la vie, qui s’accomplissent dans l’acte même de l’immersion baptismale et nous incorporent au Christ, en nous greffant sur lui et en nous faisant participer à son Esprit, est la condamnation formelle de la théorie qu’on voudrait lui attribuer : ne ferait-il pas lui-même mention expresse de l’Esprit à propos du baptême, que les effets de sainteté et de régénération attribués par lui à ce rite suffnaient

DICT. DE TMÉOL. CATHOL.

à prouver qu’il n’en conçoit pas l’action comme purement négative et indépendante de celle du Saint-Esprit.

2. D’après les écriL’ains des deux premiers siècles. — Il faut en dire autant des écrivains ecclésiastiques du i^ et du IIe siècle. Il est par trop facile et arbitraire, parce qu’ils ne mentionnent pas l’imposition des mains, d’entendre d’elle leurs allusions au Saint-Esprit dans l’acte même du baptême. L'Épttre de Barnabe, en disant que » descendus dans l’eau tout débordants de péchés et de souillures, nous en remontons le cœur plein de fruits [de salut], avec dans l’esprit la crainte et l’espérance en Jésus, « xi, 11 ; saint Justin, en appelant le baptême « un bain pour la rémission des péchés et pour la régénération, » tÔ imkp àçsCTeojç àjjLapTiôiv xal EÎç àvayévviQaiv XouTpov, Apol., I, 66, P. G., t. vi, col. 428, et en l’opposant en tant que « baptême par le Saint-Esprit » à cet autre baptême qu'était la circoncision, Dial. cum Trijphone, 28, col. 537, ne prouvent pas la conception d’un baptême à double rite qu’on suppose avoir préexisté à l'âge apostolique ; ils reproduisent seulement la doctrine de saint Paul sur l’efficacité propre et positive de l’immersion baptismale. Et saint Irénée ne fait pas autre chose lorsque, comparant le baptême chrétien à celui du sjTien Naaman, il dit que par lui « nous aussi, les lépreux du péché, par l’eau et l’invocation du Seigneur, nous sommes purifiés de nos fautes passées et régénérés spirituellement comme des enfants nouveau-nés. » Fragm. 35, P. G., t. vii, col. 1248. Le « bain de la régénération est chez lui une expression courante. Cf., par exemple, Quoniam in Iransgressione factus homo indigebat lavacro regenerationis, postquam linivit lutum super oculos ejus, dixit ei : Vade in Siloam el lavare, eam, quæ est per lavacrum, regenerationem restituens ei, Cont. luvr., v, 15, 3, col. 1166 ; Corpora nostra per lavacrum illam, quæ est ad incorruplionem, unitatem uccepcrunt ; animæ autem per Spiritum. Ibid., m, 17, 2, col. 930. L’entendre d’un bain sans action sur l'âme, et dont toute la vertu régénératrice tiendrait au rite de l’imposition des mains pour donner le Saint-Esprit, c’est faire violence au langage du grand docteur, en vue de lui attribuer une idée qui lui est totalement étransère. Dans sa Démonsiralion de la prédication apostolique, il met en tête de ce qu’enseigne la foi « le baptême reçu pour la rémission des péchés, au nom de Dieu le Père, et au nom de Jésus-Christ, le Fils de Dieu, … et dans l’Esprit-Saint de Dieu. » Il s’agit bien, on le voit, du seul rite baptismal conféré au nom des trois personnes. Or, poursuit-il, nous savons par cette même foi, « que ce baptême est le sceau de la vie éternelle, et la régénération en Dieu… Aussi, quand nous sommes régénérés par le baptême qui nous est donné au nom de ces trois personnes, nous sommes enrichis des biens qui sont en Dieu le Père, par le moyen de son Fils avec le Saint-Esprit, (^arce^x qui sont baptisés — littéralement levés des fonts baptismaux — reçoivent l’Esprit de Dieu, qui les donne au Verbe, c’est-à-dire au Fils, et le Fils les prend et les offre à son Père, et le Père leur communique l’incorruptibilité. » Trad. Barthoulot, § 3 et 7, dans les Reclierclws de science religieuse, 1916, t. vi, p. 371, 373.

C’est donc pur arbitraire, après avoir cru recouiiaître dans un passage du De baptismo, c. vi, de Tertullien, l’idée persistante d’un baptême dont l’elTet serait purement négatif et qui ne ferait que préparer à la réception ultérieure du Saint-Esprit, que de signaler comme une innovation la mention par le même Tertullien et dans le même ouvrage, c. iv, d’une activité du Saint-Esprit s’exerçant déjà dans l’acte même de l’ablution. Behm, op. cit., p. 178-181. On prouverait par le même procédé que saint Cyprien refait à son

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