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INSPIRATION DE L’ECRITURE


dans les Études, 5 janvier 1894, p. 116-119. Cf. L'Éijlise el la critique biblique, Paris, s. d. (1907), p. 44-45.

Le P. Dutouquet exposa la nouvelle explication de l’inspiration verbale, à laquelle il reconnut une vraie probabilité. Avec elle tombent toutes les objections justement soulevées contre l’intolérable dictée des mots ; les expressions ne sont plus dictées ni révélées par Dieu. L’argument tiré de la psychologie, établit une connexion naturelle entre les pensées et les mots. Toutefois, la pensée entraîne-t-elle nécessairement tel mot qui l’exprime ? S’il en était ainsi le choix du mot reviendrait encore à l’auteur inspiré. Mais cette liaison invariable n’existe pas, et il y a diverses expressions adéquates de la même pensée. La disjonction entre l’idée et son expression apparaît manifeste. L’inspiration des idées peut donc suffire, et les écrivains inspirés ont gardé le libre choix des mots qui rendaient exactement la pensée divine. Finalement, la question est de savoir si la motion divine s'étend à toutes les facultés de l'écrivain, ou seulement aux facultés supérieures. La psychologie de l’inspiration, dans les Études, mars 1900, p. 164-171.

Le futur cardinal Billot maintint le mot de dictée, mais en l’expliquant de manière à le distinguer de l’ancienne dictée à l’oreille. Dieu a dicté par suggestion, suggerendo diciavit, les Livres saints avec toutes leurs parties aux écrivains sacrés qui lui servaient d’instruments dans leur composition. La dictée ne doit pas s’entendre d’une dictée des mots, telle que serait la dictée d’un maître d'école à ses écoliers, ou même celle d’un pape ou d’un évêque à un secrétaire, car, dans ce dernier cas, seul le pape ou l'évcque est l’auteur de la lettre qu’il a dictée mot à mot et le secrétaire n’est qu’un copiste. Mais, dans l'Écriture, si Dieu est l’auteur principaUl'écrivain sacré est aussi l’auteur, secondaire il est vrai, mais auteur réel du livre. Or, pour sauvegarder cette collaboration, la dictée doit s’entendre, non d’une dictée matérielle, mais d’une dictée d’un ordre plus élevé, hoc est per interiorem molionem seu instinctum ad concipiendum menialiter sentent ias et propositiones quas Deus ad nos per hagiographos dirigere volait, easqiie sic conceptas scripto consignandum. Cette motion Intérieure porte donc d’abord l’hagiographe à concevoir mentalement tout ce ciui doit entrer dans le livre dont Dieu lui a suggéré l’idée, puis sur la consignation par écrit de ces idées. Or, elle le porte à écrire tout ce qu’il a conçu devoir entrer dans son livre. Mais ce livre présentera, pour les modalités de la conception et du style, le caractère de l’homme inspiré, sa cause instrumentale, et le P. Billot fait à la rédaction du livre inspiré l’application de la doctrine de saint Thomas sur la double activité de la cause principale et de la cause instrumentale. De ces thèses il tire enfin ce corollaire, que Dieu suggère à l’hagiographe non pas les pensées seules in abstracto, mais tout le contexte in concreto et inséparablement les mots qui expriment les pensées. Aussi rejette-t-il, lui aussi, le « vivisection » qui, dans l’action de l’inspiration sépare les mots des idées. Il ne repousse pas même avec horreur la prémotion physique, et il admet que les Livres saints sont tout entiers dans leur composition, a Dec ut prsemovente hominem et ab homine ut moto a Deo. De inspiratione sacrse Scripturæ, Rome, 1903, passim. Les explications du P. Billot ont été pleinement adoptées par le P. Méchineau, L’idée du livre inspire, Bruxelles, 1907, p. 118-120.

Après avoir exposé la nouvelle opinion, présentée par les PP. Lagrange et Zanecchia et dans The American ecclesiastical review, janvier 1901, p. 3 sq., le Père Christian Pesch déclara qu’elle était entièrement hors du sujet. Les partisans de l’inspiration non verbale admettent la motion de la volonté et l’illumination de l’intelhgence des écrivains sacrés, d’où partent les

tenants de la nouvelle opinion, mais, au sujet de l’expression des pensées divines, ils se contentent d’une direction ou de l’assistance de Dieu pour que les termes convenablement choisis rendent exactement les pensées, présentées par Dieu à l’intelhgence des écrivains inspirés. Les théologiens sont donc d’accord au sujet de l’action divine sur les auteurs sacrés, ils ne diffèrent, au sujet de la rédaction des Livres saints, que par une question de mots. Mais la nouvelle manière de l'énoncer, qui n’est pas nécessaire, n’est pas heureuse ; elle soulève des difficultés qu’elle ne résout pas. Ses partisans ne l’expliquent pas de la même manière et ne sont pas d’accord entre eux. C’est une question qu’il est impossible de trancher définitivement et il n’y a pas lieu d’innover. Apparatus ad historiam cosevam doctrime inspircdionis pênes catholicos, trad. latine des Theologische Zeilfragen, iii « série, FrIbourg-en-Brisgau, 1902, Rome, 1903, p. 88-104.

Comme le P. Pesch avait discuté spécialement les arguments du P. Zanecchia, celui-ci riposta vigoureusement, résolut les difficultés proposées à son sentiment personnel, attaqua l’opinion de Franzelin, que Pesch et van l’Casteren avaient défendue et montra qu’entre les deux explications il y a plus qu’une question de mots et qu’il y a une réelle divergence de fond : elles diffèrent non seulement dans les conséquences tirées des principes, mais dans les principes eux-mêmes, qui expliquent l’action de Dieu sur les écrivains sacrés. Scriptor sacer sub divina inspiratione, p. 83-109.

Le P. Pesch est revenu sur la question. Il a passé au crible d’une solide critique certains arguments de la nouvelle école, fle inspiratione sacræ Scripturæ, 1906, ' p. 476-482, sans aller cependant au fond du débat. Il a exposé l’ancienne explication de l’inspiration non verbale, p. 482-485, pour conclure ainsi : Quoique psychologiquement il ne puisse se faire que le jugement formé par un écrivain inspiré sur les choses qu’il doit écrire n’influe pas sur l'élocution matérielle, aucun argument solide ne peut toutefois prouver que tous et chacun des mots matériels de l'Écriture ont été déterminés par Dieu in individuo en vertu du charisme de l’inspiration ; il y a plutôt des raisons qui persuadent qu il n’en a pas été ainsi. Pour lui, l’assistance négative suffit à empêcher l'écrivain sacré de mêler ses propres pensées à celles de Dieu, p. 485-486. Le Père Brucker a distingué la révélation elle-même, ou manifestation d’une vérité nouvelle, de la dictée des mots proprement dite, et il n’a pas admis que l’auteur inspiré « n’ait eu que la peine de mettre par écrit ce que le Saint-Esprit lui suggérait. « L’inspiration des prophètes était précédée et accompagnée de révélations proprement dites : « de même, à cause de leur importance particulière, certains enseignements ont pu être plus ou moins littéralement dictés par le Saint-Esprit. » L'Église et la critique biblique, Paris, s. d. (1907), p. 43-45.

La notion de l’inspiration, telle que le P. Calmes l’a exposée, voir col. 2169, aboutit à étendre l’action divine à l’exécution du livre, donc à l’inspiration verbale.

Le P. Bainvel, toujours modéré, a pris une position mitoyenne. Pour exposer sa pensée, il suffira de transcrire l'énoncé nuancé de sa thèse iW : 1) Si nomine inspirationis verbalis intelligitur aliqua quasi dictatio vel suggestio ipsorum verborum a Deo (l’ancienne dictée et non pas celle qu’expose le cardinal Billot), admitti inspiratio verbalis per totam Scripturam nequit, sicut neque reveledio aut suggestio conceptuum. 2) S in intelligitur motio specialis sacri scriptoris in elocutione, ita ut non minus uerba quam conceptus dependeant ab influxii illo speciali inspirationis, a) non putamus quidem vel necessario nexii conjungi inspira-