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INSPIRATION DE L’ECRITURE

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si/llabas nuncupenliir et lilleras, lu qiiwies sententias, et n. 10, col. 577 : Obtrectatorcs mei quceranl et inielligant non verba in Scripturis, sed sensus. Dans ses commentaires, il distingue souvent deux cléments de l'Écriture, verba, sermo, lillcrn, si/llaba', et le sens. C’est le sens qu’il faut chercher sous les mots. Expliquant ces paroles de saint Paul : Génies esse cohæredes et concorporales et comparticipes promissionis, Eph., III, 6, il remarque que, dans ces trois mots, l’apposition de la conjonction rend la phrase latine peu élégante, mais parce qu’il en est ainsi dans le texte grec et parce que singiili sermones, syllabes, apices piincla in divinis Scripturis, plena sunt sensibus, proplerea magis volumus in composilione structuraque verborum quam intelligentia periclilari. In Episl. ad Eph., t. II, t. XXVI, col. 481. Quand on discute sur l'Écriture, il n’est pas si nécessaire de citer les mots que de connaître le sens. Epist., xxix, n. 1, t. xxii, col. 436. Enfant de l'Église, il recherche plus le sens que les mots de l'Écriture. In Epist. ad Tilum, t. xxvi, col. 595. Il ne pense pas que l'Évangile soit dans les paroles, mais dans le sens : il n’est pas à la surface, mais dans la moelle ; il n’est pas dans les feuilles des paroles, mais dans la racine de la raison. In Epist. ad Gal., t. I, col. 322. L'Écriture ce n’est pas l’encre ni le parchemin, qui sont insensibles, c’est l’Esprit Saint et le sens caché sous la lettre, qui ont pu prédire l’avenir. Ibid., col. 353. Qiiicumque igitur aliter intelligil quam sensus Spiritus Sancti flagilat, quo conscripla est, licel de Ecclesia non recesseril, lamen liœreticus appellari polesf. Ibid., ]. III, col. 417.

C’est dans le même ordre d’idées que saint Jérôme n’attribue pas le style de l'Écriture au Saint-Esprit, mais aux écrivains inspirés. De Isaia sciendum quod in sermone sua disertus sit, quippe ut vir nobilis et urbanæ eloqæntise, ncc habens in eloquio suo aliquid ruslicilatis admissum. Unde accidit, ut prie cœleris, floreni sermonis ejus translalio non potuerit conservare. In Is., prsef., t. xxviii, col. 771. Jeremias sermone qnidem apud Hebrœos, Isaia et Osée et quibusdam aliis prophctis videtur esse rusticior, sed sensibus par est, quippe qui eodemspiritu propheUwerit. Parro simplicitas eloquii de loco ei in quo nalus est accidit. Fuil enim Anathulides, qui est usque hodie tribus ab Jerosolymis distans millibus. In Jer., prol., col. 847. Il dit encore d’Ezéchiel : Sermo ejus nec salis disertus ncc admodum rusticus est sed utroque medie tempendos. In Ezecli., prsef., t. XXV, col. 938. Amos ne possédait pas l’art de parler ; il n’en était pas moins prophète puisqu’il était animé du même esprit que les autres prophètes. In Amos, proœm., col. 99. Saint Jérôme remarque que saint Luc connaissait mieux le grec que l’hébreu : dans ses deux livres, son style est plus soigné que celui de saint Matthieu et de saint Jean. In Is., t. III, t. XXIV, col. 98. Il ne faut pas s'étonner que saint Paul ait écrit le grec comme on le parlait à Tarse, sa patrie, puisque Virgile qui est, pour les Latins, un autre Homère, a employé quelquefois le langage du lieu où il était né. La plupart du temps, l’apôtre a mal écrit, parce qu’il ne connaissait pas l’art de la grammaire. Epist., cxxi, ad Algesiam, P. L., t. xxii, col. 1030, c. x. Les adversaires de Jérôme lui ont reproché d’avoir médit de Paul, en le faisant passer pour un homme, qui ne savait pas le grec. S’il a relevé des solécismes et d’autres défauts semblables dans le style de Paul, il ne l’a pas fait pour le blâmer. Il a seulement affirmé que cet Hébreu, fds d’Hébreux, qui n’avait pas le discours brillant d’un rhéteur ni la composition des mots, ni la beauté du langage, n’aurait pas pu convertir le monde entier à la foi du Christ, s’il ne l’avait évangélisé, non dans la sagesse de la parole, mais dans la vertu de Dieu. Cet apôtre, qui faisait des solécismes, qui ne pouvait pas éviter un hyperbate et achever sa

pensée, a revendique audacieusement pour lui la sagesse. In Epist. ad Eph., t. II, t. xxvi, col. 478.

Les principes que saint Jérôme a suivis en traduisant le texte hébreu montrent qu’il n'était pas partisan de l’inspiration verbale. Bien qu’il ait serré l’original de plus près qu’il ne l’avait fait en traduisant des ouvrages grecs, il n’a pas toujours suivi l’ordre des mots ; il se flatte toutefois d’avoir conscience de n’avoir pas altéré le sens du texte hébreu, Epist., lvii, n. 6, 10, t. XXII, col. 573-577 ; Corpus de Vienne, 1910, t.Liv, p. 508-520. A la fidélité il a joint la clarté et une certaine élégance. Il faudrait citer presque en entier cette lettre lvii à Pammachius De optimo génère interpreiendi. Jérôme avait constaté que les Septante, tout en modifiant l’ordre des mots, avaient très bien rendu le sens de l’original. In Eccle., ii, 15, 16, t. xxiii, col. 1031. Il blâme, au contraire, Aquila d’avoir traduit trop littéralement le texte hébreu, en en faisant un véritable décalque. Ibid., n. 11, t. xxii, col. 577-578. On a remarqué que la version de saint Jérôme se rapproche plutôt de la manière de traduire de Symmaque. Sa méthode de traduction et ses jugements sur les autres versions se sont pas d’un partisan de l’inspiration verbale de l'Écriture.

Saint Augustin a appelé l'Écriture « le style vénérable du Saint-Esprit ». Conf., t. VII, c. xx, n. 26, P. L., t. xxxii, col. 747. Il a reconnu toutefois la sagesse et l'éloquence, propres à chacun des écrivains sacrés. De doclrina christiana, t. IV, c. vi, vii, xx, t. xxxiv, col. 92-98, 107-110. Mais il les attribue à un don de Dieu, pour Moïse, Conf., t. XII, c. xxvi, t. xxxii, col. 840-841, et au Saint-Esprit, qui a magnifiquement et salut airement modifié les Écritures, de façon à satisfaire la faim des lecteurs dans les passages clairs et à écarter tout dégoût dans les passages obscurs. De doclrina christiana, I. II, c. vii, n. 8, t. xxxiv, col. 39. Le Saint-Esprit, en effet, distribuait à chacun des écrivains sacrés son bien propre comme il le voulait, et afin de placer leurs livres au comble de l’autorité, il a permis, selon les mérites des saints, à l’un d’ordonner son récit d’une manière, à l’autre d’une autre, tout en les gouvernant, tandis qu’ils rapportaient les choses qu’ils devaient écrire. De consensu evangelislarum, t. II, c. xxi, n. 52, col. 1102. Voilà, si je ne me montre, la simple direction du Saint-Esprit accordée aux évangélistes pour l’ordonnance de leurs récits. Saint Augustin avait dit précédemment, t. ii, c. XII, n. 28, qu’un cvangéhste, nonobstant ses efforts, n’avait pas réussi à reproduire les termes mêmes, du discours de Notre-Seigneur et qu’il avait dû se contenter d’en donner le sens.

On le voit, les principaux écrivains ecclésiastiques n’ont pas été, comme on le dit généralement, partisans de l’inspiration verbale. S’ils attribuaient au Saint-Esprit, une part dans la rédaction des Livres saints, ils ne négligeaient pas d’attribuer la leur aux écrivains sacrés, et l’inspiration des mots de l'Écriture n'était pas pour eux une dictée proprement dite. Dans la théorie même de la prophétie, les docteurs des deux écoles d’Alexandrie et d’Antioche remarquaient que Moïse seul avait parlé avec Dieu, bouche à bouche. Les prophètes avaient bien parfois entendu une parole, mais le plus souvent la révélation divine leur avait été faite en songes ou en visions soit corporelles, soit Imaginatives soit intellectuelles. Quand ils énonçaient en paroles ou qu’ils mettaient par écrit, les révélations qu’il avaient ainsi reçues, les prophètes ne recevaient pas une révélation nouvelle. La plupart des docteurs des deux écoles ne disent pas comment ces prophètes les rédigeaient, sinon lorsqu’ils commentent le passage de Jérémie, dictant à. Baruch des révélations qu’il recevait en même temps, Jer., xlv, 1, ou le verset 2 du Ps. XLiv, où David écrit rapidement ce que le