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INSPIRATION DE L’ECRITURE


un sens qui était contraire à ce but, Episl., l, t. lxxvii, col. 200. Saint Cyrille ne se contentait pas du sens littéral ; il recherchait et recommandait le sens allégorique de l'Écriture, il se préoccupait donc plus des choses, exprimées par les mots, que des mots eux mêmes.

Si de l'école d’Alexandrie qui allégorisait, nous passons à l'école d’Antioche, qui s’attachait davantage au sens grammatical et littéral, nous constaterons que ses docteurs cherchaient le sens sous la lettre. Eustathe d’Antioche blâme Origène, qui a osé expliquer allégoriquement tous les mots de l'Écriture et n’a pas eu horreur d’appeler ji. !)Gouç les récits de la création que Moïse a fidèlement racontés. Lui, qui a prétendu que les paroles de la pythonisse d’Endor avaient été dictées par le Saint-Esprit, a travesti le sens des divins oracles qui viennent de Moïse et il ne voulait pas qu’on applique son esprit au sens littéral. De engastrimytho, n. 21, P. G., t. xviii, col. 656.

J’ai déjà exposé, col 2108 sq. ce que pensaient saint Jean Chrysostome et saint Grégoire de Nazianze. Théodore de Mopsueste rejetait expressément l’inspiration verbale. Quand saint Paul parlait des : Écritures saintes, Rom., i, 2, il ne voulait pas parler de la lettre ou du caractère sacré, mais de la prophétie ellemême, qui était une révélation donnée par le Saint-Esprit ; il a donc justement appelé « Écriture sainte » cette prophétie. Il a dit de même ailleurs, II Tim., III, 16, que toute Écriture divinement inspirée est utile. In Epist. ad Rom., P. G., t. lxvi, col. 787-788. De même, Théodoret, quoiqu’il dise que les paroles du prophète sont des paroles du Saint-Esprit, il n’admet pas pour autant l’inspiration verbale. Il oppose sagement aux anthropomorphites, qui ne connaissent rien que la lettre, d’autres paroles de l'Écriture et il explique les mots par d’autres mots. QuæsL in Gen., q. xx, P. G., t. lxxx, col. 113. Mais il a appris par l'Écriture elle-même que les Écritures doivent être traitées, de façon que les exégètes n’expliquent pas la lettre seule, mais qu’ils en découvrent l’esprit et le sens. In Gant., præf., t. lxxxi, col. 44.

A première vue, saint Basile paraît avoir été partisan de l’inspiration verbale. Il dit, en effet, que les paroles de l'Écriture ont été données par le Saint-Esprit, Adv. Eiinomium, t. I, n. 18, P. G., t. xxix, col. 552 ; t. II, n. 24, col. 625 ; il les appelle Xôyouç toù TzvzxiiMiy.Toç, , t. II, n. 15, col. 601. Il n’est pas nécessaire de recueillir plusieurs paroles des Écritures et de connaître l’accord de tous les Livres saints, puisqu’une seule parole suffit aitx croyants, qui ne doutent pas de la vérité de ce qu’a dit le Seigneur. De fîde, n. G, t. XXXI, col. 692. Cependant saint Basile examine souvent xà p'/)|j, aTa ttjç Tpaç^ç pour trouver tyjv Iv Totç py)jjiatn81.àvotav. HomiL, viii, in Hexameron, n. 8, t. XXIX, col. 184, et il n’ignore pas qu’il y a des traducteurs qui ont mieux saisi le sens des mots hébreux que les Septante. Adv. Eunomium, t. II, n. 20, col. 616617.

Au sentiment de saint Grégoire de Nysse, l’illumination de l’intelligence du psalmiste et l’clocution ou manifestation des connaissances rerues étaient simultanées, et elles étaient l’une et l’autre l'œuvre du Saint-Esprit. Aussi le psalmiste n'était-il que l’organe du Saint-Esprit. In psalmos, tr. II, c. x, P. G., t. XLiv, col. 341. Pour lui, toutes les paroles de l'Écriture sont Ta ŒoTuveuara prjjjiaTa, In Gant., homil. i, col. 764, 773, et les chrétiens sont instruits xaG' IxacTOv Ypà[i.[xaT^ç Fpacp^ç. /Je /)auper(7)u.s an)f/7u/(s, t. XLVi, col. 464. Aucun mot de l'Écriture n’est redondant, ni vain ni inutile. In verba : Faciamus, homil. i, t. xLiv, col. 272. Toutefois si saint Grégoire de Nysse examine ainsi chaque mot de l'Écriture, c’est pour connaître plus exactement le sens. Souvent, en effet.

il rappelle le contexte tôSv ÔsottvsiScttov Xoyiwv afin de saisir tÔv voûv toû ypâjjifjiaToç, Adv. Apollinarem, t. XLV, col. 1233 ; Cont. Eunomium, t. XI, XII, col. 869, 976, rà voY)[i.O'.Ta, In Ecclesiasten, homil. vii, t. XLiv, col. 717, Tr)v toïç pvjToïç èYXEi[i.évv)v Stàvotav (le sens allégorique). In Cant., proœm., homil. vi, vil, VIII, col. 756-757, 888, 909, 944. Saint Grégoire dit même que les paroles qui sont attribuées à Dieu dans l'Écriture, n’ont pas été prononcées par lui ni en hébreu ni en aucune autre langue, mais que tous les discours de Dieu, écrits par IMoïse et par les prophètes, sont des indications et des expressions de la volonté divine, attribuées à Dieu. Cont. Eunomium, t. XII, t. XLV, col. 997. Cf. Fragmenta, t. xlvi, col. 1115.

Si de l’Orient, nous passons en Occident, nous constatons la même attitude. Saint Hilaire de Poitiers n’affirme l’autorité d’une syllabe de l'Écriture qu’en raison du sens qu’elle exprime et il reproche aux ariens d’ajouter par fraude le pronom te à la parole d’Isaïe, Lxv, 16. De Trinitate, t. V, n. 28, P. L., t. x, col. 147. Il affirme que l’hérésie provient de l'Écriture mal comprise et /jue les hérétiques l’interprètent autrement que la force des mots ne l’exige. L’hérésie provient de l’interprétation de l'Écriture, et non de l'Écriture elle-même ; c’est le sens donné, et non le discours, cju’il faut incriminer. Ibid., t. II, n. 3, col. 5152. Il n’y a pas d’hérétique qui ne prétende mensongèrement parler d’après l'Écriture ; tous parlent de l'Écriture sans la comprendre ; il ne suffit pas de lire l'Écriture, il faut la comprendre. Ad Constantium, t. II, n. 8, col. 570. Quoique la plupart ne voient dans les Psaumes que le son des mots et la lettre, l'évêque de Poitiers y cherche le sens et Notre-Seigneur JésusChrist. In ps. LIV, n. 9, t. IX, col. 352. Dans ses commentaires des Évangiles, il a coutume pour découvrir le sens caché sous la lettre, de considérer l’ordre des faits, les propriétés des mots et la raison des lieux, des temps et des personnes. In Ev. Mattha-i admonitio, 6, col. 911. Cf. col. 924, 954, etc. Les mots ne sont donc pas tout pour lui.

Bien que saint Ambroise attache beaucoup d’importance aux mots de l'Écriture, qui ont été employés après un grand examen, qu’il admire. In ps. 1, n. 22, XXXT, n. 25, P. L., t. XIV, col. 931, 964, et qu’il examine lui-même attentivement pour en découvrir le sens, il entend bien faire plus attention au poids des choses qu'à la série des mots. In Luc, t. VIII, n. 63, t. XV, col. 1784.

Quoi qu’en pensent Dausch, Die Schriftinspiration, p. 72-74, Griitsmacher, Hieronynms, Berlin, 1906, t. II, p. 124 sq., et Sanders, Études sur saint Jérôme, Paris, 1903, p. 127-137, il faut, avec Schade, Die Inspirationslehre des heiligen Hieronymus, p. 133-140, et avec F.Valento, San Girolamoe l’encyclicaSpiritus Paraclitus, p. 67-72, tenir saint Jérôme pour un adversaire plutôt que pour un partisan de l’inspiration verbale. Sans doute, le saint docteur parle très souvent de l'Écriture comme contenant verbum Dei, verba divina ; mais veut-il dire par là que les mots eux-mêmes des Livres saints sont de Dieu et par suite ont été inspirés ? Prend-il ces termes au sens matériel ou bien ne considère-t-il pas plutôt les mots comme exprimant la pensée de Dieu ? Or, que verba, sous sa plume ait le sens de sententia, il le montre bien quand, Epist., cxxii, ad Rusticum, c. i, P. L., t. xxii, col. 1039-1040, après avoir cité les paroles d’Isaïe et de Jérémie, il ajoute qu’Ezéchiel parle iisdem verbis, parce qu’il est inspiré par le même Esprit que les deux autres prophètes. Or, les trois passages cités ne se ressemblent que par l’idée exprimée, et leurs termes sont différents. Sans doute encore, il a dit que, dans l'Écriture, et verborum ordo myslcrium est, E]>ist., i.xi, ad Pamnvichium, n. 5, col. 571 ; mais il ajoute, n. 6, col. 572 : Alii