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INSPIRATION DE L’ECRITURE


Clément <rvlexandrie, dit que les paroles dites par le Saint-Esprit, sont obscures. Strom., VI, c. xv, P. G., t. IX, col. 340, et que les prophètes sont opyava Gsîaç çtovïjç, Ibid., c. XVIII, col. 401. Il n’en faudrait pas conclure que, pour Clément, les mots de l’Écriture ont été proférés par le Saint-Esprit lui-même, car il reproche aux hérétiques de ne voir que les mots eux-mêmes et d’en modifier le sens. Ibid., XII, c. xvi, col. 553. Lui-même se complaît à rechercher le sens plus profond de l’Écriture, qui est caché sous les mots, par exemple, ibid., I, c. iv, t. viii, col. 720, 724 ; V, c. VI, t. IX, col. 56, et c’est un tort des hérétiques de prendre à la lettre les allégories de l’Écriture. Ibid., III, c. IV, t. VIII, col. 114. Le sens allégorique, en efîet, résulte des choses, exprimées par les mots, et non des mots eux-mêmes.

Origène, qui allégorise aussi à outrance l’Écriture, trouve enveloppées et obscures presque toutes les paroles des prophètes. Le Saint-Esprit l’a voulu pour que ce qu’il voulait faire écrire ne soit pas proféré ouvertement et foulé sous les pieds des ignorants, mais il a pourvu h ce que, une fois publié, le secret de ses paroles soit conservé. In Nitm., homil. xviii, n. 4, t. XII, col. 718. Le Saint-Esprit a publié toute l’Écriture inspirée [i-é/pi toù xé/uvroç ypâiiiLaTOç, et c’est pourquoi sans doute Notre Seigneur a dit qu’un iota et un accent ne passeraient pas de la Loi sans être accomplis. Matth., v, 18. De même que le créateur a pris soin des plus petites choses, ainsi la providence divine a imprimé les vestiges de sa sagesse éxàaTW Ypà|X|jiaTt, de tous les livres inspirés. Selecla in psalmos, ps. I, n. 4, col. 1081. On ne doit donc rien changer dans l’Écriture, pas même corriger les solécismes. InOseam, extrait de la Pliilucalie, c. viii, t. xiii, col. 825. Et cependant Origène déprime souvent la lettre de l’Écriture pour exaller le sens. Parfois il ne faut pas adhérer à la lettre comme si elle était vraie, mais il faut chercher le trésor qu’elle cache. In Gen., t. xii, col. 101. Le sens historique est indigne du Saint-Esprit. Ibid., homil. VII, x, n. 2, col. 198, 216. C’est le sens, digne du Saint-Esprit, qu’il faut chercher sous la lettre. In Joa., tom. X, n. 24, t. xiv, col. 31. La lettre n’était donc pas voulue par le Saint-Esprit pour elle-même, mais seulement en tant qu’elle recelait un sens spirituel.

Si l’on ne tenait compte que de quelques témoignages de saint Athanase, on prendrait le patriarche d’Alexandrie pour un partisan très résolu de l’inspiration verbale de l’Écriture. Il affirme, en effet, eîvai QeànveUGTO. xà t^ç Fpacp’^ç prjfxaxa, De decretis Nicœnæ synodi, n. 15, P. G., t. xxv, col. 454 ; des mots du Ps. XLix, 16, et d’Eccli., xv, 9, il dit xà ûicô toû 7Tveû(i, aT0ç sipyiiAÉva, Epist. ad episcopos.Egijpli, n. 3, col. 541 ; il appelle Eccli., x, 20, Gîîav 9tovy)v Apologia ad Conslunlium, n. 3, col. 600. Mais très souvent le saint docteur distingue les p/jpLaTa du sens de l’Écriture. Il ne considère les mots que pour en chercher le sens, Oral., ii, contra arianos, n. 55, t. xxvi, col. 264 ; Oral., iii, n. 1, col. 321 ; Epist., i, ad Serapionem, n. 15, col. 565, etc., et ce sens, il l’explique, à rencontre, des ariens, soit d’après les passages parallèles, soit en considérant la personne dont il s’agit, soit le but de l’écrivain. Epist., 1 ad Serupionem, n. 21, col. 580-581 ; Epist., ii, n. 8, 9, col. 620624 ; Epist., iv, n. 8, col. 648-649 ; Orat., ii, cont. arianos, n. 1, 44, col. 148, 240 ; Orat., i, n. 54, col. 124. A l’exemple des autres docteurs d’Alexandrie, il allégorise fréquemment ; il tient donc plus ù l’esprit qu’à la lettre de l’Écriture. Bien plus, à la suite d’Origène, il réprouve to Yç>à[i[j.O !. en beaucoup de passages, et il ne reçoit pas une leçon pour ne pas tomber dans le blasphème. Fragmenta in Matllt., t..xxvii, col. 1384.

Il en est de même de Didyme. S’il entend la voix de l’Esprit Saint dans les Écritures, De Trinitate, . II,

c. XII, P. G., t. XXXIX, col. 673, s’il voit dans Ps. x, 3, une parole dite par le Saint-Esprit, In h. foc, col. 1208, si, pour lui. Dieu parle aux hommes par la voix des prophètes, De Trinitate, t. II, c. x, col. 648-649, si les paroles de Joa., vii, 39, ont été prononcées par le Saint-Esprit, ibid., t. III, c. xxxiv, col. 961, si saint Paul luimôme atteste, Heb., iii, 7, que les dernières paroles de Ps. xciv ont été dites par le même Esprit, In ps. XCIV, 8, col. 1505, cependant il distingue expressément la XéÇiv de l’ëvvoia. De Trinitate, t. II, c. viii, n. 1, col. 620 ; il recherche le sens des mots de l’Esprit, In ps. XXII, 5, col. 1293 ; il juge nécessaire, de comprendre, en psalmodiant, le sens des hymnes du psautier. In ps. XLVl, 7, col. 1377. Il veut qu’on comprenne les témoignages des Écritures sur Dieu d’une façon juste et digne de Dieu. De Trinitate, t. I, c. xxvii, col. 397. Les hérétiques cherchent à prouver leurs erreurs par les Écritures, en contradiction avec le.sens théologique, ibid., . III, c. IV, col. 828 ; ils citent des priy.oi.zoi., qui n’ont point de rapport à Dieu et ils dépravent témérairement par leurs absurdes commentaires les justes svvotaç, t. I, c. vii, n. 8, col. 581. Enfin, en outre du sens grammatical et historique, Didyme interprète _ l’Écriture d’après des pensées plus élevées et plus divines par l’allégorie. In ps. X, 3, col. 1208. Le sens de l’Écriture importe donc plus que la lettre.

Saint Cyrille d’Alexandrie attribue au.x écrivains sacrés une part dans la rédaction des choses que Dieu leur a révélées. La parole pour laquelle les prophètes ont exprimé ce qu’ils avaient vu et entendu, procède de leur bouche. Ils ont coutume de la couvrir de quelque obscurité, In Is., t. III, P. G., t. lxx, col. 609 ; In Amos, n. 75, t. lxxi, col. 552, parce que l’Écriture inspirée est un livre scellé par Dieu. 7/i Is., 1 III, t. LXX, col. 656, 657. Saint Cyrille note donc la personnalité d’Isaïe, sa voix, sa vigilance, t. II, col. 505. L’auteur du ps. xxxix, orné de la grâce prophétique, profère comme du bon trésor de son cœur, ses bons discours de façon qu’ils ne soient pas étrangers à la personne du l"’ils unique de Dieu. In ps. XXXI X, t. lxix, col. 988. De même, bien que l’Esprit de Dieu ait parlé par les évangélistes et par saint Paul, De recta fide ad Theodosium, n. 40, t. lxxvi, col. 1193 ; De incarnationc Unigenili, t. lxxv, col. 1245, etc., saint Cyrille cependant fait ressortir leur personnalité. Il note la prudence et la perspicacité de saint Jean à exposer la doctrine du Verbe. In Joa., t. I, c. ii, ix, x, t. lxxiii, col. 38, 148, 176. Il dit que cet évangélisle, se souvenant de ce qu’il avait dit, a expliqué plus longuement ce qu’il avait indique d’îibord sommairement, t. I, c. X, col. 184 ; qu’il a usé de beaucoup de précautions dans sa narration, t. V, c. i, col. 745, et qu’il i tait dans l’étonnement, en racontant que Jésus avait pleuré, 1. VII et VIII, fragni., t. lxxiv, col. 56. Il remarque que le discours de saint Paul est prolixe, In Epist. ad Rom., col. 813 ; qu’il manque quelque chose à la construction de sa phrase pour que le sens soit pleinement exprimé, col. 817. Il admire la bénignité de l’apôtre, ciui rédige très bien les discours que Dieu nous dispense, col. 848. Les mots des Évangiles et des Épîtres n’ont donc pas été prononcés par l’Esprit Saint. Saint Cyrille distingue aussi yçi( ! i.[j.[j.<x de evvoix. « Que les ennemis de la vérité disent comment il faut lire l’Écriture, s’il faut adhérer à la lettre ou scruter le sens. S’ils disent qu’il faut scruter le sens, qu’ils apprennent à en faire autant dans leurs propositions et à rechercher la véritable intelligence des choses. S’ils disent que la lettre suiïit pour connaître exactement la chose, j’attaquerai le sens de leurs propositions. » De Trinitate, n. 11, t. Lxxv, col. 1161. Il faut donc chercher le sens des paroles sacrées, spécialement en considérant le but de l’ouvrage, Apologeticus ad Theodosium, t. Lxxvi, col. 473, et il a lui-même rejeté plusieurs fois