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INSPIRATION DE L’ECRITURE

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trad. Gondon, Pafis, 1867, p. 185-187. Le sentiment de Holden fut condamné par la Sorbonne. D’après le P. Perrone, De locis Iheologicis, part. II, sect. i, eu, Nicolal, dans saDissertalio proœmialis, I, Florence, 1756, t. I a, p. 19-20, aurait disculpé Holden de la doctrine qu’on lui reprochait au sujet de l'étendue de l’inspiration scripturaire.

Charles du Plessis d’Argentré réfuta l’opinion de Holden qui était " un paradoxe dans les écoles chrétiennes. » Dieu étant l’auteur principal de toute l'Écriture, tout ce que celle-ci contient est proprement la parole de Dieu. Au sentiment de Holden, une grande partie de l'Écriture ne serait pas la parole de Dieu, mais seulement la parole des hommes pieux, qui l’auraient écrite sans le secours spécial de Dieu. En outre, tous les faits historiques, qui n’ont pas de rapport nécessaire avec les dogmes de la foi, ne seraient pas de foi divine. Que d’embarras et que de doutes en naîtraient ! Bien plus, un grand nombre d’actions du Christ ne seraient pas objets de foi divine. Dans VAiialysis fldei de Holden, Paris, 1782, p. 464 sq. (extrait des Variée disputaliones theolo(/icæ de Duplessis d’Argentré, Paris, 1782.)

Ellies du Pin, s'étant posé la question de savoir si généralement tout ce qui est raconté dans l'Écriture, les faits eux-mêmes et les choses qui ne touchent pas à la religion, bien plus les points de philosophie, ont été inspirés par Dieu, après avoir cité les arguments de l’opinion négative (celle de Holden), enseigne comme plus sûr et comme plus conforme à la tradition que l'Écriture tout entière a été écrite sous la direction spéciale du Saint-Esprit. Il en conclut que, dans aucun des Livres saints, on ne peut trouver ni erreur ni contradiction. Il réfute enfin les arguments opposés. Prolégomènes sur la Bible, t. I, c. ii, § 6-8.

Le P. Chérubin de Saint-Joseph tient l’opinion de Holden pour peu sûre, si toutefois il la comprend bien. Qu’il y ait des livres canoniques non inspirés, ou qu’ils ne le soient pas parce que leurs auteurs n’auraient pas reçu le secours spécial de Dieu, cela lui paraît également suspect. Des livres purement historiques, comme ceux de Judith, de Tobie, des Rois et des Paralipomènes et d’autres encore, écrits sans le secours spécial de Dieu, ne seraient pas canoniques, ce qui serait contraire au décret du concile de Trente. Une autre conséquence absurde découlerait de l’opinion de Holden, c’est que, dans les livres canoniques eux-mêmes, il y aurait des parties certaines, exemptes de toute erreur et infaillibles et d’autres quin’auraient pas la même certitude et ne jouiraient pas d’une si grande autorité. Sutnnia criticæ sacræ, 1721, t. iv, disput. II, a. 2-4.

La doctrine de l’inspiration totale de l'Écriture a continué à être enseignée par les théologiens et les exégètes catholiques. Nous citerons seulement Serrarius (Serrier), Prolegomena biblica, c. iv, q. xx.

b) Au xvine siècle, le récollet Philippe Nérée Chrismann émit une opinion qui se rapproche de celle de Holden. Il définit d’abord l'Écriture : la collection des livres, dans lesquels la doctrine du salut, ayant rapport à la religion, nous a été donnée par Dieu par l’intermédiaire des prophètes, des apôtres et des évangélistes. Régula ftdei catholicæ Augsbourg, s. d. (1792), § 48. Il part de cette définition pour exposer ce qu’il faut croire de foi divine au sujet de l’inspiration. Après un résumé, plus ou moins exact, des diverses opinions émises au cours des siècles par les hérétiques et les catholiques, § 49, 50, il établit six canons, qui qui énoncent son sentiment personnel, § 51. 1. Les Livres saints contiennent la doctrine révélée par Dieu, et c’est principalement en ce sens que l'Écriture est proprement la parole de Dieu, la vérité divine et catholique. 2. Il faut donc croire de foi divine cela seule ment qui, dans ces livies, est rapporté comme doctrine révélée. 3. Il faut croire encore de foi divine des choses qui avaient été révélées, avant d'être écrites quoique les écrivains les donnent comme ayant été perçues par leurs sens ou rapportées par d’autres dignes de foi (ainsi dans les Évangiles, beaucoup d’actions et de paroles du Christ). 4. Les livres historiques eux-mêmes sont remplis de l’Esprit de Dieu, puisqu’ils racontent des miracles, contiennent des préceptes moraux et présentent les faits sans lesquels la vérité des oracles divins ne saurait être constante. 5. Mais les faits, qui n’ont pas été révélés ni avant d'être écrits ni dans l’acte de leur rédaction (par exemple, que Pilate était procurateur de la Judée à l'époque de la passion) ne doivent pas être crus de fol divine. Les écrivains sacrés n’ont pas toujours eu la révélation, mais seulement l’inspiration qui consistait dans la présence du -Saint-Esprit ou son assistance pour les empêcher de tomber dans l’erreur. 6. C’est pourquoi ce n’est pas un dogme, ce n’est ni certain ni nécessaire que chacune des vérités et des sentences de l'Écriture ait été immédiatement suggérée ou inspirée par le Saint-Esprit. La seule inspiration, en vertu de laquelle le Saint-Esprit a dirigé les écrivains sacrss tandis qu’ils écrivaient pour les empêcher d’errer, suffit. Cursus Iheologise completus de Migne, t. vi, col. 907-908.

L’erreur de Chrismann me paraît bien avoir trait à l’extension de l’inspiration, au moins quant à l’un de ses effets qui consiste à faire rentrer tout le contenu de l'Écriture dans le trésor de la révélation chrétienne et par conséquent en faire l’objet de la foi divine, plutôt qu'à la nature de l’inspiration, comme le pense le P. Chr. Pesch, De inspiratione sacrée Scripturse, p. 321323. Aussi cette erreur n’est pas plus énoncée dans les canons 5 et 6 que dans tout l’ensemble de l’exposé. Je la remarque dès la définition de l’inspiration, où la doctrine de l'Écriture est déjà restreinte à ce qui a rapport à la religion. Elle est plus clairement exprimée dans le canon 2 par les mots, que j’ai soulignés plus haut et qui restreignent explicitement l’inspiration à la doctrine révélée. Les canons 3 et 4 font bien rentrer dans la doctrine révélée les vérités qui avaient été révélées avant d'être écrites, et même les faits historiques, qui ont un rapport avec la révélation. Mais les faits qui n’ont pas été révélés, les sexcenla alla, joints aux exemples cités, quoique inspirés et exempts d’erreur, en vertu de l’assistance du Saint-Esprit, ne sont pas révélés et ne doivent pas être crus de foi divine. Ainsi comprise, l’opinion de Chrismann se rapproche, pour le fond, sinon dans les termes, de celle de Holden, qui restreignait l’inspiration aux choses doctrinales et à celles qui ont un rapport immédiat ou nécessaire avec ces choses. Pour les choses étrangères à la doctrine, Holden ne réclamait que l’assistance donnée par Dieu aux écrivains pieux. Chrismann demande davantage, mais il se contente de l’assistance purement négative du Saint-Esprit, qui préserve les écrivains sacrés de tomber dans l’erreur. Or cette assistance, qui est la simple inspiration, diffère de la révélation immédiate. Cette distinction sert uniquement à Chrismann d’argument pour exclure les passages bibliques simplement inspirés, du contenu de la révélation et de la foi divine. Les auteurs, dont il se recommande, exigeaient une assistance positive, une direction spéciale, dont il ne parle pas, et ils n’excluaient pas de la révélation et de la foi divine l'Écriture ainsi rédigée sous la direction du Saint-Esprit. Le livre de Chrismann, réédité en 1841, en 1844, en 1846 et en 1854, fut seulement mis à l’Index, le 20 janvier 1869 voir t. iii, col. 2415, au moment où se préparait le concile du Vatican. Aussi il me semble que l’opinion de Chrismann a été réprouvé par ce