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INSPIRATION DE L’ECRITURE


pas inférieure en autorité. In l. I Reg., præm., n. 4, col. 20. Tout ce qui se lit dans l'Écriture est de Dieu. Aussi saint Grégoire blâme-t-il les lecteurs qui méprisent les moindres ordres de l'Écriture, il faut manger tout ce qu’il s’y trouve, car l'Écriture est noire nourriture et notre boisson. //] Ezech., t. I, homil. x, n.5l, 2, t. Lxxvi, col. 886. Il a composé un livre De concordia qaorundam teslimoniorum sacræ Scripturæ. Or, avant de résoudre la iv^ question, qui roule sur l’apparente contradiction entre saint Paul, Rom., ix, 11, et David, Ps. LXi, 11, il dit : FropheLam et aposloiiim eodem Spiritu locutos fuisse credamus. Contrarias enim sibi ipsi esse non poterat idem Spiritus, qui ulrumque implebat. P. L., t. lxxix, col. 661. A la question xxxiv « il met saint Paul d’accord avec lui-même, en montrant que, par le même Esprit, il a prévu des choses différentes, col. 678.

Saint Isidore de Séville est plus prudent que Cosmas Indicopleustes au sujet des questions scientifiques. Il dit seulement qu’il faut plutôt adhérer à l’opinion qui se rapproche le plus de la sainte écriture, quoiqu’on puisse librement choisir ou laisser sans solution les diverses affirmations, auxquelles les Livres saints ne contredisent pas et avec lesquelles, ils peuvent également s’accorder. De ordine creaturarum, c. v, n. 11, P. L., t. Lxxxiii, col. 925. Saint Julien, évêque de Tolède a écrit deux Uvres intitulés 'AvTtxsttisvwv pour concifier les livres de la Rible qui semblent se contredire. P. L., t. xcvi, col. 599-704.

Le vénérable Bède ne tenait pas seulement l'Écriture comme la règle de la foi, elle réglait aussi des questions scientifiques. Quoique beaucoup affirment qu’il ne peut pas y avoir d’eau au-dessus du ciel sidéral, il ne doute pas, lui, qu’il n’y en ait, quelles qu’elles soient d’ailleurs et comment elles y soient. Major est quippe, dit-il, Scriptune hujus auctoritus quam omnis humani ingenii capacitas. In I lib. IIoysis, ci, /'. /, ., t. xci, col. 194.

Raban Maur, après saint Jérôme, réfute ceux qui rejettent l'Épîtrede saint Paul à Philémon à cause de la simplicité de son contenu, et il prouve que ce contenu n’est pas indigne du Saint-Esprit. Enarrat. in Epist. Pauli, t. XXVI, P. L., t. cxii, col. 695-696. Il conclut de II Tim., iii, 16, que même les choses de peu d’importance, qui sont contenues dans le livre des Juges, sont inspirées, hi lib. Jud., I. I, c. xii, t. cviii, col. 1134. Quand on lit et qu’on médite les Écritures, il faut avoir soin de ne rien ajouter à ce qui est écrit, mais aussi de ue rien enlever de ce que les écrivains sacrés y ont mis, il faut tenir avec la plus haute vénération ce qui s’y trouve. In Ecclesiusticum, t. IV, c. vii, t. cix, col. 881. Raban Maur résout les questions scientifiques d’après" l'Écriture, et il admet aussi l’existence d’eaux audessus du firmament. In Gen., t. I, c. iii, t. cvii, col. 449. En citant des paroles de poètes, saint Paul les cite comme véritables, et ainsi il leur confère une autorité divine. In Kum., t. III, c. ii, t. cvni, col. 804. 2. Chez les théologiens.

Les théologiens n’ont pas eu un sentiment différent de celui des Pères. Pierre Alphonse, juif converti au christianisme, dit, au nwe siècle, que l'Écriture n’a pas placé un mot témérairement. Dialogi, tit. xii, P. L., t. clvii, col. 653, 654.

Rupert de Deutz déclare qu’on ne peut douter que tout ce qui est dans les Écritures canoniques n’ait une autorité divine. De yloriftcatione Trinitatis, t. IX, c. III, P. L., t. CLXix, col. 182. Toute Écriture est donc vraie et véridique. De Trinitate ; in Exod., I. IV, c. x, t. CLXvii, col. 697. Il faut que chacun de deux passages qui paraissent se contredire soit vrai. Ibid., De Genesi, t. I, c. xxviii, col. 223. Rupert cherche donc comment s’accordent les évangélistes, que personne, a moins d'être ennemi de son âme, n’oserait dire con traires l’un à l’autre. InJoa., t. II, t. CLxix, col. 261. Philippe de Harveng aurait jugé le Cantique indigne du Saint-Esprit, s’il n’avait cru que ce livre avait été inspiré par le Saint-Esprit. Mais dès lors que nous croyons qu’il a été écrit sous la dictée du Saint-Esprit, nous croyons aussi que toutes les pensées qui s’y trouvent, et chacune d’elles, sont inspirées. Moralitates in Cantica, procem., P. L., t. cciii, col. 491. On trouve dans l'Écriture des choses si divergentes qu’elles paraissent se contredire, mais comme il n’est pas permis d’affirmer qu’il y ait en elle quelque contradiction, il ne reste, au prudent lecteur, pour qu’une chose ne soit pas convaincue de mensonges, qu'à rechercher, avec le secours de la grâce, comment l'Écriture est en tout véridique et d’accord avec ellemême, Epist., i, col. 1. Le lecteur doit savoir que tout ce qui est affirmé dans l'Écriture est vrai, quoique cela ne soit pas également saisi par tous. Epist., ii, col. 18. Cette science est la science des choses De scientia clericorum, col. 693, 708.

Baudoin, archevêque de Cantorbéry, prouve la vérité de la foi, qui est fondée sur la vérité de l'Écriture. Qui, doutera que la sainte Écriture soit vraie, s’il est établi que la parole qui y est contenue est la parole de Dieu, ou que ceux qui l’ont écrite ont parlé dans l’Esprit de Dieu ? C’est pourquoi il démontre que les saints prophètes n’ont pas dit une parole humaine, mais la parole de Dieu, quand ils ont écrit sous la révélation de l’Esprit Saint. De commendatione fidei, P. L., t. cciv, col. 619-628.

Saint Ttiomas d’Aquin enseigne que, quoique les prophètes paraissent parler parfois ex seipsis, hoc tamen tenendum est quod quidquid in sacra Scriptura continetur verum est ; alius, qui contra hoc sentiret, esset hæreticus. Quadlibet XII, q. xvi, a. 26. Les prophéties peuvent porter sur les conclusions des sciences. Prophetis non eredimus nisi quatenus spiritu prophetix inspirantur, sed illis quie sunt scripta in libris prophetarum, oporlet nos fidem adhibere, etiam si pertineant ad conrhisiones scientiarum, utpote quod dicitur psalmo cxxxiv, G : Qui flnmwit lerram super aquas, vel qua sunt alla. De veritate. q. xii, a. 2. Voir toutefois les précautions qu’il faut prendre quand il s’agit d’expliquer les passages de l'Écriture qui traitent de choses scienfifiques. De potentia, q. iv, a. 1, n. 8. Sur ces matières, du reste, l’hagiographe n’a énoncé que ce qui apparaît sensiblement. » Sum. theol., I*, q. lxx, a. 1, ad 2°|". Un détail, dit en passant dans l'Écriture, appartient à la foi au moins indirectement, car si on le niait, il en résulterait quelque chose de contraire à la foi, sicut si quis diceret Samuelem non fuisse filium Ilelciæ, ex hoc enim sequitur Scripturum divinam esse falsam. Sum. theol., I*, q. xxxii, a. 4. Voulant prouver que le paradis terrestre était un lieu corporel, et non pas un lieu spirituel, saint Thomas, après saint Augustin, De civitate Dei, t. XIII, c. xxi, P. L., t. xLi, col. 394, déclare que les sens spirituels relatifs à ce séjour peuvent être admis à la condition que la vérité très fidèle des faits du récit historique soit conservée. Or, ce que l'Écriture dit du paradis est proposé per modum narrationis historicæ, et dans tous les récits semblables de l'Écriture, la veritas historiæ, doit être retenue comme le fondement des sens spirituels. Le paradis terrestre est donc un lien corporel. Ibid., I », q. cii, a. 1. Pour le saint docteur, tous les récits historiques de la Bible sont donc historiquement vrais, parce qu’ils sont racontés dans l'Écriture inspirée.

Pour Alphonse Tostat, tous les livres canoniques sont d’une autorité si solide qu’on ne peut nier ou mettre en doute rien de ce qui y est écrit. Sous ce rapport, on ne peut faire aucune différence entre eux. De même cju’il n’est pas permis de nier ou de mettre en doute quelque chose qui est contenu