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INSPIRATION DE L-ECRITURE


aussi, de la grâce de l’Esprit, grâce qui n’est jamais petite ni vile, mais qui est giande et merveilleuse et digne de celui qui l’a donne. Ad populum Anliochemim honiil. I, n. 1, t. lxvii, col. 17, sq. Jean Chrysostome lit deux homélies sur les salutations qui terminent rÉpître aux Romains, pour montrer que, dans les Écritures, il n’y a rien d’inutile, fût-ce un iota, fût-ce un accent. Une simple salutation nous ouvre une grande mer de pensées. Souvent, l’addition d’une lettre comme dans le nom d’Abraham, change le sens. Quelqu’un qui reçoit une lettre d’un ami, ne se contente pas d’en lire le corps, il va jusqu'à la salutation mise à la fin, et ici, c’est Paul qui écrit, ou plutôt c’est la grâce du Saint-Esprit, qui dicte la lettre à toute une ville et à un si grand peuple et par les Romains à l’univers entier. Penser que quelque chose de son contenu est inutile et vain, qu’on peut le passer tout uniment, n’est-ce pas tout renverser ?

Pour saint Jérôme, la majesté de l’Esprit Saint brille jusque dans ce qui paraît petit et vil dans l'Écriture. In Ezcch., t. I, P. L., t. xxiii, col. 25, 28. Il ne peut admettre que quelque chose de la parole de Dieu ne soit pas inspirée. Episl. xxvii, ad Marcellam, c. i, t. XXII, col. 431. Nous avons déjà montré, col. 2092, que le saint docteur regardait comme inspiré tout ce que saint Paul avait écrit, même lorsqu’il exprimait ses sentiments personnels, même quand il rapportait les dicta aliorum. Il a spécialement défendu l’inspiration de l'Épître à Philémon contre ceux qui ne voulaient pas la ranger au nombre des Épîtres canoniques, parce qu’il ne paraissait pas qu’elle eût été écrite par Paul, Christo in se loquente, ou parce qu’elle ne contenait rien qui put servir à notre édification. Plusieurs anciens, ajoutaient-ils, l’avaient rejetée, car elle n’avait été écrite par l’apôtre que comme une simple recommandation, et non pas pour notre instruction. Mais plusieurs écrivains catholiques, remarque saint Jérôme ont défendu l’autorité de cette lettre, qui a été reçue dans toutes les Églises du monde et ont répondu que, si les objections contraires prouvaient quelque chose, elles prouveraient qu’il faudrait rejeter la canonicité de la 11= Épître à Timothée, et la lettre aux Galates, puisque saint Paul y dit des choses qui semblent tenir de la faiblesse humaine, comme le manteau laissé à Troas cliez Carpus, II Tim., iv, 13, et le souhait : « Plût à Dieu que ceux qui vous troublent soient privés de leurs virilité ! « Gal., v, 12. D’autres passages des Épîtres aux Romains et aux Corinthiens, disaient ces apologistes, sont écrits d’un style familier, qui ne dépasse pas la conversation ordinaire. Il en faudrait conclure que toutes ces Épîtres ne sont pas de saint Paul ; mais, si on les reçoit, on a la même raison de recevoir la lettre à Philémon : / ;  ; Episl. ad Philemonem, præf., t. xxvi, col. 529 sq.

Selon saint Augustin, tout ce qu’on lit dans l’Ancien Testament, est élevé et divin et la vérité y est complète. De iitilitate credendi, c. vi, n. 13, P. L., t. xui, col. 74. L’inspiration s'étend même aux passages qui traitent des choses de la nature, car le Saint-Esprit assistait Moïse quand il écrivait sciemment que les oiseaux ont été produits des eaux. De Genesi ad litleram, t. III, c. vii, n. 9, t. xxxiv, col. 282. Bien que l’Esprit, qui parlait, par les écrivains sacrés, n’ait pas voulu enseigner aux hommes ces choses, qui n'étaient pas utiles au salut, ces écrivains cependant on su que ce qu’ils disaient de la figure du ciel était vrai. En effet, ce que l’autorité divine dit est vrai plutôt que ce que l’infirmité humaine conjecture. Aussi faul-il juger d’après les Écritures les opinions des hommes sur la figure du ciel. Ibid., t. II, c. ix, n. 20, 21, col. 270, 271. Il avait dit précédemment, t. I, c. xxi, n. 41, col. 262 : « Montrons qu’il n’y a rien de conlraire à nos Lettres sacrées dans ce que les naturalistes auront pu démon trer par de véritables raisons touchant la nature des choses, et quant à ce qu’ils auront tiré de contraire à ces mêmes Lettres, c’est-à-dire à la foi catholique, de n’importe lesquels de leurs volumes, montrons si nous en avons quelque facihte que cela est très faux, ou du moins croyons-le tel sans aucune hésitation. » Ce n’est pas en vain que les actes des personnes privées ont été écrits sous l’inspiration du Saint-Esprit, In Epist. ad Gal., n. 40, t. xxxv, col. 2133. L’histoire, racontée dans l'Écriture est donc divine. In Joa.. tr. lxi, n. 4, col. 1800. Quand saint Paul parlait en son nom, il avait l’Esprit Saint, par lequel il pouvait donner un conseil utile et sage. C’est pourquoi il faut comprendre que ce que Notre-Seigneur, n’a pas dit lui-même, mais que son serviteur Paul a dit sous son inspiration, a été persuadé par Jésus lui-même. L’apôtre donne donc un conseil selon Dieu dans le Saint-Esprit. De conjugiis adullerinis, c. xviii, n. 21, t. xl, col. 463. L’Esprit de Dieu, cjui possédait Paul, le remplissait et agissait sur lui, n’a pas cessé d’exhorter les fidèles par cet apôtre. De opère nionachonim, c. xvii, n. 19, col. 564.

Pour saint Léon le Grand l’histoire sainte des Évangiles a une autorité indubitable, parce qu’elle a été inspirée par le Saint-Esprit. Serm. iii, c. i, P. L., t. Liv, col. 314. Aussi, ab evangelica aposlolicaque doclrina nemo qiiidem verbo liceat dissidere aut aliter de Scripliirisdivinis sapere qiiam beati apostoli et patres nostri didicerunt atque ducuenint. Epist., lxxxii, n. 1, col. 918.

Cosmas Indicopleustes explique d’après l'Écriture la figure du monde. En dehors d’elle, on n’a dit làdessus que des absurdités, et des choses qui répugnent à la nature. Les hypothèses des Grecs sont donc très mensongères et doivent être rejetées. Topographia christiana, t. I, P. G., t. lxxxviii, col. 65. On ne peut rien apprendre de l’arrogance humaine à ce sujet ; il faut une révélation divine, qui a été donnée aux hommes inspirés, les prophètes, les apôtres, et qui se trouve dans toute l'Écriture. Ibid., t. III, col. 177. Comme tous les écrivains sacrés sont d’accord sur la figure du monde, quel cliréticn serait assez mauvais, assez fou et ami de l’erreur pour adhérer aux assertions courantes, nier la foi fondée sur le témoignage des saints et ne pas croire à Dieu lui-même ? L. III, col. 164. Qu’ils sont misérables ceux qui tiennent pour vraie la forme sphcrique du ciel, ne croyant pas à la divine Écriture, ou plutôt la rejetant et tenant la vérité comme fables de vieilles femmes. Ibid., col. 181.

Le diacre alexandrin Olympiodore enseignait que Salomon, ayant reçu de Dieu une connaissance certaine des choses, les a partagées en trois groupes, à savoir les choses morales, naturelles et intellectuelles. Il a exposé les premières dans les Proverbes, les secondes dans l’Ecclésiaste et les troisièmes dans le Cantique. Cette division est faite a poiiori parle du contenu de chacun de ces livres, et des choses de trois groupes sont réparties dans les trois livres. In Ecclesiuslem, prol., P. G., t. xciii, col. 478, 480.

Cassiodore enseigne expressément que l'Écriture tout entière est tout à fait vraie. C’est bien interpréter l'Écriture que de croire vrai ce qui est dit dans chacun de ses passages. In ps. CJV, 18, P. L., t. lxx, col. 746. Telle est la vertu des Écritures que præterita sine falsitate describiint, præsentia plus quamqiiod videntur, ostendiint… Ubiqiic in eis verilus régnai, ubique divina virtus irradiai. De institutione divinariim litterarum, c. XVI, col. 1131. Elles ne contiennent rien de vain ni d’oiseux, c. xxiv, col. 1139.

Au sentiment de saint Grégoire le Grand, l’histoire des Rois tout entière a été écrite sous l’inspiration du Saint-Esprit, In l. III Regiim, c. iv, n. 5, P. L., t. Lxxix, col. 184. Elle n’a donc pas moins de mystères que les autres Écritures inspirées, elle ne leur est