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INSPIRATION DE L'ÉCRITURE


que ces facultés ont pu et dû concourir à faire surgir les pensées et à les revêtir d’une expression adéquate, et même sur les organes qui contribuent directement à la composition du livre. Cette influence a-t-elle été positive ou seulement négative ? Positive, elle aurait aidé les écrivains sacrés à exprimer sous une forme exacte, saisissante et vivante, les concepts élaborés dans leur intelligence. Négative, elle les aurait seulement assistés, quand ils écrivaient, de telle sorte qu’ils ont dû, comme a dit Léon XIII, « et exposer fidèlement et exprimer avec une infaillible justesse ce que Dieu voulait leur faire dire et seulement ce qu’il voulait. » Encyclique Providentissimus Deus.

c) Considérée dans les livres inspirés, l’inspiration fait que ces livres, composés ainsi par la collaboration de Dieu et de l’homme, sont tout à la fois l'œuvre de Dieu et celle de l’hagiographe et qu’ils contiennent dans une langue humaine la parole écrite de Dieu. L'Écriture, fruit et résultat de l’inspiration, telle au moins qu’elle est sortie des mains des auteurs inspirés et abstraction faite des altérations qu’elle a subies dans sa transmission au cours des siècles est, pour les hommes qui reconnaissent son origine divine, attestée par l'Église, une règle infaillible de foi, exempte de toute erreur. Voir plus loin. La collaboration des écrivains sacrés a pu lui laisser quelques imperfections de forme et d’expression ; elle n’a pas nui à son autorité divine. Quoique énoncée en langage humain par la plume d’un homme, toute assertion de l'Écriture est une assertion de Dieu lui-même, parce qu’elle énonce la pensée de l’Esprit Saint, qui inspirait les hagiographes. Elle fait partie de la manifestation de ses pensées, que Dieu a voulu communiquer aux hommes par le moyen de l'Écriture inspirée, comme la suite de notre étude le montrera.

III. Étendue.

Saint Paul a bien dit que « toute Écriture est inspirée par Dieu », II Tim., iii, 16, et que « tout ce qui est écrit (dans l’Ancien Testament) est écrit pour notre instruction. » Rom., xv, 4. On s’est demandé néanmoins si tous les passages des Livres saints ont été écrits sous l’inspiration divine, ont Dieu pour auteur et sont garantis par son autorité infaillible, ou si quelques-uns n’ont pas échappé à l’action inspiratrice, sont de l'écrivain sacré seul et ne jouissent pas de l’autorité divine. On s’est demandé aussi, nous l’avons déjà dit, si les mots, dont se sont servis les hagiographes, ont subi l’influence divine, et dans quelle mesure ils sont la parole de Dieu. En somme deux questions : l’inspiration des Livres saints s'étend-elle : lo à tout leur contenu ou à une partie seulement ; 2° aux mots eux-mêmes de la Bible.

I. INSPIRATION DU CONTENU.

Pendant des siècles, les écrivains ecclésiastiques ont enseigné l’inspiration totale des choses contenues dans la Bible ; mais, dans ces derniers temps, surtout depuis la reprise des études bibliques, quelques critiques et même des exégètes catholiques ont mis en doute ou nié l’inspiration totale de l'Écriture.

Inspiration totale.

1. Chez les Pères.

L’auteur de la Cohortatio ad Griecos, 35, P G., t. vi, col. 304, dit que, dans l'Écriture, tout est d’accord, tant les choses que les hommes inspirés ont exprimées fidèlement dépassaient la connaissance humaine et leur étaient enseignées par Dieu. L’anonyme, qui a écrit contre Artémon, reprochait à ceux qui altéraient les Écritures de se croire plus sages que le Saint-Esprit, qui a dicté les Écritures. Eusèbe, H. E., t. V, 28, P. G., t. XX, col. 515. Saint Irénée déclarait que les Écritures étaient parfaites, parce qu’elles ont été dites par le Verbe de Dieu et par son Esprit. Quoiqu’elles soient diverses, elles sont d’accord et forment une mélodie que nous devons chercher à comprendre. Cont. hier., II, 28, n. 2, 3, P. G., t. vii, col. 804, 805. Origènc ne

DICT. DE THÉOL. CATHOL.

trouvait rien d’oiseux ni de superflu dans les paroles inspirées parle Saint-Esprit. In Num., homil. xxvii, 1, P. G., t. XII, col. 782. Cf. In Jer., homil. xxxix, t. XIII, col. 544. Le Saint-Esprit a pris soin de faire écrire des détails minimes, au moins en raison du sens spirituel, In Œn., homil. iv, n. 2, t. xii, col. 185 ; ainsi le nombre des Hébreux, In Num., homil. i, n. 1, col. 585 ; les noms des sages-femmes égyptiennes In Exod., homil. ii, n. 1, col. 306 ; le temps et l’heure d’une vision prophétique, In Canl., t. II, t. xiii, col. 121-122 ; qu’il faut laisser les miettes aux chiens In Matth., tom. xi, n. 17, t. xiii, col. 964. Eusèbe de Césarée dit que les saints n’ont pas écrit toutes leurs paroles, mais seulement celles qu’ils ont dites sous la motion du Saint-Esprit. In ps. Lxxxr, P. G., t. xxiii, col. 1033. Marius Victorinus afllrme expressément : Quidquid enim scriplum est, a divino Spiritu dictiim credendiim est. De phijsicis, 27, P. L., t. viii, col. 1310. La parole des prophètes n’est pas oiseuse, dit saint Hilaire de Poitiers. Si enim in viris pnidentibiis exspectari id maxime solet, ut ea, quw loquuntur, gravitate eorum doctrinaqne digni sint, … qnanto magis id de cœlestibus eluquiis opinandum est, ut, quidquid in his est, excelsum, divinum, rationabile et perfcctum esse exislimetur. Inps. cxxxr, n. 1, P.L., t. ix, col. 768. Saint Grégoire de Nazianze n’admet pas que quelque chose ait été exposé témérairement ou pour le seul plaisir des oreilles dans les monuments des saintes Lettres ; aussi rccherche-t-il ce que l’Esprit a veillé d’y mettre xal [xexpî f^ç xux’J’JtJT) !  ; xepxîaç xy.l YpafijjLTiç, et il ne concède pas que les actions, même les plus minimes, qui y sont racontées y aient été écrites et élaborées témérairement. Orat. ii, n. 104, 105, P. G., t. xxxv, col. 504-505. On ne peut néanmoins conclure que saint Grégoire de Nazianze admettait l’inspiration verbale du fait qu’il cherchait toû TrvsûixaToç ttjv àxpîêeiocv et qu’il voulait trouver des admonitions ou des règles morales dans les moindres circonstances des récits. Epist. ci, t. xxxvii, col. 188-189. C'était l’idée qu’il cherchait sous la lettre. En interprétant Gen., II, 20, saint Jean Chrysostome n’omettait pas la particule, et ce n'était pas par curiosité inutile. C'était pour expliquer soigneusement le passage à son peuple, de peur de passer un mot ou même une syllabe de l'Écriture. Ce ne sont pas simplement des paroles, ce sont les paroles du Saint-Esprit, et c’est pourquoi on peut trouver un trésor même dans une syllabe. Et il excitait l’attention de ses auditeurs, dont chacun devait entendre Dieu lui parler par la langue des propliètes. In Gen., homil. xv, 1, P. G., t. LUI, col. 119. Dans l'Écriture, il n’y a rien d'écrit qui n’ait beaucoup de richesses de sens. Les paroles des prophètes inspirés, écrites par le Saint-Esprit, contiennent en elles un grand trésor. Il n’y a dans l'Écriture ni une syllabe ni un accent, au fond duquel ne se trouve quelque trésor. Il faut donc aborder les paroles divines, sous la conduite de la grâce divine et l’illumination du Saint-Esprit. Ibid., homil. xx, n. 1, col. 175. Il y a des badauds qui, ayant pris en mains les saints Livres et n’y trouvant que des chitïres d’années ou des noms de personnes, passent outre et répondent à ceux qui leur en font reproche : Ce ne sont que des noms, cela n’a pas d’utilité. Dieu parle, et tu oses dire : Les paroles n’ont pas d’utilité. In illud : Vidi Dominum, homil. ii, n. 2, t. lvi, col. 110. Expliquant les paroles : Use d’un peu de viii, I Tim., v, 23, il en parle, non pour étaler sa faconde, car ces paroles ne sont pas les siennes, mais la grâce du Saint-Esprit les a inspirées pour que le prédicateur excite l’attention de ses auditeurs les plus paresseux et qu’il leur expose quel trésor il y a dans les Écritures et les avertisse qu’il n’est pas sûr ni sans péril de les passer ; même les pensées qui paraissent petites. Elles sont, elles

vn.

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