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INSPIRATION DE L’ECRITURE


charaderem internum, scilicet quod Spiriiu Sancto inxpiranle conscripti, Deum habent auctorem, et deinde quoad characterem externum, quod taies Ecclesiee per aposfolos traditi siinl. Sur ce dernier point, qui ne va pas à notre sujet, la Députation de la foi admit partiellement le 32 « amendement, en supprimant les mots : per apostolos. ^'oir Th. Granderath, Histoire du concile du Vatican, t. II, c. x, trad. franc., Bruxelles, 1911, t. lia, p. 102. Elle modifia en conséquence la finale de la rédaction en cette formule : atque ut taies ipsi ( scilicet Ecclesiiv) traditi sunt. Ibid., col. 142.

A la discussion qui suivit, un seul amendement fut proposé au sujet de la véritable notion de l’inspiration. Les mots ; Spiritu Sanclo inspirante conscripti, qui font allusion à l'Épître de saint Pierre, où il n’est question que des prophéties, ne plaisaient pas à l’auteur de l’amendement II préférerait les termes plus canoniques : diuinitus inspirati, que saint Paul a employés en parlant de l'Écriture entière. L’idée était de faire porter la définition sur le fait de l’inspiration, et non pas sur son mode, et cela afin d’infliger le minimum d’offense aux théologiens catholiques. Ibid., col. 225. Le 19 avril 1870, Mgr Gasser répondit à cette observation. Il fit observer que la phrase critiquée était empruntée au concile de Florence, qui a appliqué les paroles de saint Pierre à tous les auteurs des livres des deux Testaments. Ibid., col. 239. La phrase fut donc conservée et promulguée à la III'^ session ; seul, le dernier membre était ainsi libellé : atque ut taies ipsi Ecclesiæ traditi sunt. Ibid., col. 251.

Puisque le concile du Vatican n’a rien voulu définir et n’a rien défini sur le mode de l’inspiration scripturaire, ni sur l'étendue de cette inspiration, nous ne tirerons rien de sa définition sur les deux points, laissés à la libre discussion des docteurs. Nous signalerons cependant le sens précis qu’il a donné à la formule traditionnelle de la notion positive et véritable de l’inspiration : Spiritu Sancto inspirante conscripti, Deum habent auctorem. Il s’agit des livres sacrés et canoniques eux-mêmes, et non pas de leurs auteurs. En l’employant ainsi, le concile n’a pas donné à l’expression auctor le sens de garant de la vérité de ces livres ou de leur cause efficiente au sens large, mais bien dans le sens d’agent principal de leur rédaction. Cette formule traditionnelle peut donc servir aux théologiens de point de départ pour déterminer la part que Dieu a prise dans la rédaction des Livres eux-mêmes, qui ont été écrits sous l’inspiration du Saint-Esprit, Cf. Th. Granderath, Histoire du concile du Vatican, trad. franc., Bruxelles, 1911, t. ii b, p. 152.

IV. APRÈS LE CONCILE DU VATICAN.

1° Théologiens qui expliquent la nature de l’inspiration d’après la notion définie de Dieu auteur des Livres saints. — Le Pore Franzelin, dont nous connaissons le rôle au concile du Vatican et dont le traité De Scriptura avait fourni le cadre de la notion catholique de l’inspiration, était parti de cette notion pour déterminer le mode de l’inspiration des Livres saints. Dans son traité De diuina traditione et Scriptura, 3e édit., Rome, 1882, il démontrait, thés, ii, que Dieu est l’auteur des Livres saints » er suam supernaturalem actionem in conscriptores Inimanos, c’est-à-dire par l’inspiration du Saint-Esprit sur ces écrivains. Au sens strict, ratione scriptionis, quæ est efjicienter a Deo per liominem, in quem operetur ad scribendum et in.^cribenda ita ut Deus ipse princcps auctor libri sensu proprio censeri debeat, p. 329.

S' appuyant sur les témoignages des Pères et des théologiens, Franzelin considérait Dieu comme la cause principale efficiente des Livres saints et les écrivains sacrés comme les instruments dont Dieu s'était servi. Dieu n’a pas écrit par lui-même, mais par des hommes : il est néanmoins l’auteur des Livres saints.

parce qu’il a conçu toutes les choses contenues dans ces livres et qu’il a voulu les y faire consigner. Dieu aurait pu révéler immédiatement ces choses aux hommes qu’il inspirait. La révélation directe n’a été nécessaire que pour les choses qu’ignoraient les écrivains sacrés. Quant aux choses qu’ils connaissaient ou qu’ils pouvaient connaître par leur industrie propre, Dieu a seulement déterminé ces écrivains à les écrire, mettant ainsi dans leur intelligence les choses qu’il voulait leur faire dire. Cette inspiration peut être regardée comme une révélation au sens large du mot. Or, les choses, ainsi révélées par Dieu tant par révélation immédiate que par simple inspiration, constituent l'élément formel du livre ; les mots et les paroles qui les expriment n’en sont que Vêlement matériel. Pour que Dieu soit l’auteur d’un livre, il suffit que l'élément formel du livre provienne de lui, et il n’est pas nécessaire que l'élément matériel lui soit propre ; les mots ont donc pu être écrits par l'écrivain inspiré lui-même, à la condition toutefois qu’ils expriment infailliblement l'élément formel, les choses ou vérités que Dieu voulait faire écrire par leurs plumes. Pour assurer cette infaillibilité de l’expression. Dieu, tout en laissant aux écrivains sacrés le libre choix des termes qu’ils employaient, les assistait, tandis qu’ils écrivaient, et veillait à ce qu’ils exprimassent exactement les choses qu’il voulait exprimerpar leur intermédiaire. L’inspiration verbale n’a donc pas été nécessaire, et, de fait, n’a pas eu lieu. Franzelin démontrait sa thèse par les témoignages patristiques, que nous connaissons. Il n’innovait donc rien, et, si nous ne nous trompons, il n’avait en propre que la distinction entre l'élément formel et l'élément matériel du livre. Cette distinction, il ne l'établissait pas a priori, d’après la notion abstraite de ce que devait être un livre pour avoir Dieu comme auteur principal, mais d’après les données de l’enseignement traditionnel. La thèse de Franzelin a été adoptée par un grand nombre de théologiens, notamment de la Compagnie de Jésus, entre autres par H. Hurter. Theologiæ dogmaticæ compendium, 3'^ édit., Inspruck, 1880, t. I, p. 144-154 ; C. Mazzella, De virtutibus infusis, A" édit., Rome, 1894, p. 523-546 ; Chr. Pesch, Prælectiones dogmaticæ, "if édit., Fribourg-en-Brisgau, 1894, t. I, p. 374 sq. ; Tepe, Institutiones theologicse, Paris, 1894, 1. 1, n. 760 ; J. Brucker, Questions actuelles d'Écriture sainte, Paris, 1895, p. 24-53 ; Études, 5 janvier 1897, t. Lxx, p. 113-119 ; L'Église et la critique biblique, Paris, s. d. (1908), p. 35-78 ; Knabenbauer, Stimmen aus Maria Laach, 1897, t. lui, p. 76 sq. ; De San, Tractatus de divina traditione et Scriptura, Bruges, 1903, p. 244-255 ; Schiffini, Divinilas Scripturarum, Turin, 1909, p. 241-242, et, en dehors de la Compagnie, par F. Schmid, De inspirationis Bibliorum vi et ratione, Brixen, 1885, p. 38-60 ; G. J. Crets, De divina Bibliorum inspiratione disseriatio dogmatica, Louvain, 1886, p. 105-127.

Sans parler de la distinction entre l'élément formel et l'élément matériel d’un livre, le Père Kleutgen distinguait l’inspiration de la révélation et de l’assistance. C'était une impulsion divine qui poussait un homme à écrire, non pas de sa propre délibération, mais par un instinct divin. Or Dieu, quand il a donné cette impulsion, ne laisse pas l'écrivain de son choix à ses lumières personnelles, il lui infuse une lumière spéciale, par laquelle il lui révèle, s’il y a lieu, des choses inconnues et il éclaire celles des choses antérieurement connues qu’il veut lui faire écrire. Tout ce qu'écrit l'écrivain, ainsi inspiré par Dieu, devient pour les autres règle de foi, car Dieu a assisté cet homme pour qu’il ne tombe pas dans l’erreur. On pourrait donc comprendre sous le nom d’inspiration une impulsion antécédente à écrire, une assistance concomitante et