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INSPIRATION DE L^ECRITURE

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de H. Denzinger, Vicr Bûcher von der religiôser Erkenniniss, 1857, t. ii, p. 108-124 ; de J. B. Henrich, Lehrbuch der Dogmalik, t. i, p. 382 sq. ; du cardinal Manning, La mission temporelle du Saint-Esprit, trad. franc., Paris, 1867, p. 159-212 ; de F. Kaulen, Geschich’te der Vulgata, Mayence, 1868, p. 23-85 ; de Scheeben, La dogmatique, f. I, c. iii, § 16, n. 223-252 ; trad. franc., Paris, 1877. 1. 1, p. 175-180. Cf. P. Dausch.û/e Schriftinspiration, p. 201-208. Cependant, Dens, à Malines, admettait encore l’inspiration verbale, et Reithmayr ne distinguait pas l’inspiration ad scribendu’m de l’inspiration ad loquendum, et il attribuait aux propliètes l’inspiration verbale et aux apôtres l’infaillibilité résultant de leur apostolat. Introduction aux livres canoniques du Nouveau Testament, § 22, trad. franc., Paris, 1861, p. 202-226. Mais c'était là diverses opinions libres de l’enseignement catholique.

Deux vues divergentes se manifestèrent toutefois qui furent condamnées par le concile du Vatican en 1870, et elles fournirent au concile l’occasion de déclarer quel était le véritable sens de l’inspiration biblique.

1. La première fut proposée par Jean Jahn, professeur à Vienne (Autriche). Après avoir démontré que les livres de l’Ancien Testament contenaient la révélation divine, il ajouta que, pour qu’ils eussent une autorité divine, il était nécessaire et il suffîsait que leurs auteurs eussent été exemptés par Dieu de toute erreur. Or, cette exemption d’erreur constituait leur inspiration. Jahn conservait ce nom, consacré par l’usage, quoique, dans sa signification propre, il désignât quelque secours positif de Dieu, accordé aux écrivains sacrés, alors que l’absence d’erreur n'était qu’un élément purement négatif, qui n’entraînait ni nouvelle manifestation de la vérité ni enseignement direct, mais simple préservation d’erreur dans la manifestation de la révélation divine. Einleitung in die gôtilichen Bûcher des Alten Bundes, Vienne, 1802, part. I, § 14, 19, p. 91 sq., 107 sq. ; 2e édit.. Vienne, 1814 (en latin) ; Aclcermann a corrigé ce passage dans les éditions suivantes de Y Introductio de Jahn. L’inspiration n'était donc plus que l’exemption d’erreur. Si le mot était conservé, la chose elle-même, signifiée par le mot, était niée.

2. Daniel Haneberg fit consister l’inspiration de l'Écriture dans l’approbation subséquente des Livres saints, non plus par le Saint-Esprit, comme Lessius, mais par l'Église, dans un sens analogue à l’opinion de Sixte de Sierme. Après avoir rappelé les trois attitudes du Saint-Esprit relativement aux écrivains sacrés dans l’acte de l’inspiration, telles que Bonfrère les avait exposées, Haneberg, qui y voit trois sortes d’inspirations distinctes, ajoute qu’on pourrait diflîcilement les appliquer en particuher à tel ou tel livre, à tel ou tel verset de la Bible. On pourrait dire tout au plus que les passages, qui sont rapportés directement à Dieu par la formule : Hœc dicit Dominus, auraient été l’objet d’une inspiration antécédente ; les lii’es poétiques auraient été rédigés sous l’inspiration concomitante, c’est-à-dire par la seule assistance divine, qui excluait toute erreur, et les livres historiques par l’approbation subséquente de l'ÉgUse, qui les reconnaît pour divins et canoniques. Versuch einer Gi’schichte der biblischen Offenbarung, Ratisbonne, 1850, p. 714 ; Histoire de la révélation biblique, trad. Goschler, Paris, 1856, t. ii, p. 469. Cette théorie, qui admettait que, de fait, une bonne partie de la Bible n'était devenue Écriture sainte que par l’approbation de l'Éghse et niait ainsi son inspiration, trouva, paraîtil, quelques partisans, bien qu’elle ait été modifiée dans la 3'^ édition, 1863, p. 817, par l’adjonction d’une certaine direction de l’Esprit Saint. Elle disparut de la 4^ édition, corrigée par Weinhart, 1876, p. vin.

d’après les ordres de l’auteur, qui avait expressément rejeté son sentiment.

2. Leur condamnation par le concile du Vatican. — Dès 1860, le jésuite Franzelin, alors professeur à l’Université Grégorienne, à Rome, livrait à ses élèves son traité autographié : De divinatraditione etScriptura. Or, dans la iv thèse de la IP partie, l’auteur, avant d’exposer la véritable notion de l’inspiration, excluait les deux opinions de Jahn et de Haneberg. Son traité fut imprimé pour la première fois à Rome en 1870. Quand le concile du Vatican fut réuni, il se proposa d'établir la doctrine catholique sur la révélation et ses sources. Le théologien Franzelin fut chargé de préparer le projet de constitution dogmatique, qui exposerait cette doctrine. Or, dans le Schéma de cette constitution, comme dans son cours autographié et imprimé, Franzelin excluait comme insuffisantes et erronées les opinions de Jahn et de Haneberg sur la notion de l’inspiration scripturaire, Au c. m de ce Schéma, présenté aux Pères du concile, elles étaient exclues en ces termes : Sacri autem et canonici credendi sunt, non quod humana lantum ope scripti, auctoritate tamen Ecclesise in canoncm SS. Scripturarum relati sint ; neque propterea solum, quod divinam revelationem sine errore contineant. Collectio Lacensis, t. vii, col. 508. Dans les notes, ajoutées au Schéma, l’auteur expliquait que les erreurs recentioris œtatis, relativement à l'Écriture sainte, exigeaient une explication plus claire de la véritable notion de l’inspiration. Or, sous ce rapport, il déclare avant tout quel est le sens non génuine du dogme de l’inspiration. Duplex nimirum error expresse designatur. La première est celle qui affirmait des livres canoniques eos primitus scriptos esse tantum modo ingenio et industria humana, sed propter res quas continent, ab Ecclesia sive jam mosaica sive christiana inter libros canonifos recensitos esse, et eatenus habendos esse ut sacros. Tum excluditur error aller, quo libri Scripturæ non ratione originis ipsorum librorum seu ratione scriptionis, scd solum ratione materiæ, quod sine errore continent veritates rcveledas, sacri et divini esse dicuntur. Ibid., col. 522.

Ce schéma fut expliqué à la Députation de la foi par son auteur qui était consulteur de la commission théologique, pour répondre à des difficultés soulevées par quelques membres de celle commission. Franzelin montra d’abord très clairement que l'Église n’a pas le pouvoir de faire qu’un livre d’origine humaine devienne Écriture sainte, en le plaçant au canon des Livres saints ; elle a seulement le droit de déclarer infailliblement qu’un livre d’origine divine doit prendre rang parmi les livres sacres et canoniques. Il ne suffît pas non plus pour qu’un livre soit Écriture sainte, c’est-à-dire divinement inspiré, qu’il contienne les vérités de foi sans erreur. Un livre n’est pas Écriture sainte seulement ratione maleriæ, mais il doit l'être ratione originis. Ibid., col. 1621-1622.

Le schéma, retouché par Mgr Martin, évêque de Paderborn, avec l’aide d’un théologien (Franzelin vraisemblablement), était ainsi libellé : Neque vero eos (les livres canoniques) Ecclesia pro sacris et canonicis habet, propterea quod sola licet humana industria composai, auctoritate tamen sua approbati sint, nec propterea solum, quod revelationem contineant. Ibid., col. 1629. Ce texte fut remis aux Pères de la Députation de la foi, le 1° mars 1870. Ibid., col. 1647-1648, et il fut approuvé, le 6 mars Ibid., col. 1655.

Quand il fut présenté aux Pères du concile, sa rédaction, modifiée encore, ne changeait pas le sens de la phrase : Eos vero Ecclesia non propterea pro sacris et canonicis habet, quod auctoritate sua approbati sint, licet sola humana industria concinnati ; aut ideo dumtaxat, quod revelationem sine errore contineant 'Ibid., col. 72.