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IMPOSITION DES MAINS

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exprime très exactement ce qu’est à ses yeux et aux yeux de toute l’antiquité chrétienne ce rite dont le symbolisme est si vague et les applications si multiples : il est essentiellement une prière. Zonaras. In apost. run. 1. définit de même la yetpoTovîa. Au sens proprement liturgique du mot, elle est la prière et l’invocation du Saint-Esprit que fait l’évêque sur l’ordinand, et ce nom lui vient du fait que la bénédiction ainsi donnée est accompagnée d’une imposition des mains : Nùv ^èv ysipOTOVia xaXeÏTai. v) TTJç y.’xQt.zpôiaziùc, toû tepôcaGai. Xayôv-oç TeXeCTioopyta TÔJv £> !)/ wv xal Toû àyiou UvtùyLOLTOç èTcixkriaK ; àizo toîj t6v àp/iepéa teiveiv z-qM’/stpa eùXoYoùvxa TÔv y^sipozovoù [i£vov. p. G ; t. cxxxvii, col. 37. C’est dire que le geste n’a de valeur et de sens qu’autant qu’il est accompagné d’une invocation appropriée à l’intention et au but de celui qui la fait et c’est pourquoi, pour en déterminer le caractère et la portée, il sera indispensable d’avoir égard à la formule de prière qui lui est jointe.

Les appellations.

Mais il sera bon, au préalable, de dire un mot des noms qui servent à désigner le rite lui-même.

En dehors des expressions ysipoOsaîa, yeLpOTOvîa, èTriÔsaiç ystpcov, qui en sont le terme propre, deux appellations sont à signaler. — 1. Bénédiction. — La première est celle de bénédiction. Elle a son point de départ dans saint Marc, x, 16 : y.axeuXÔYei tlôeIç TOLÇ yslpoLç, et elle s’explique par la prière, qui est à proprement parler la bénédiction et qui manifeste le sens du rite. L’usage en est fréquent. « L’imposition de la main a principalement la signification de bénédiction, » écrit très justement Mgr Wilpert, Le pillure délie Cutacombe romane, p. 110 ; et ii ajoute : « De la signification de bénédiction, procèdent, comme d’une source commune, toutes les autres significations que l’imposition de la main a dans l’art des cimetières. » Dans les documents écrits, l’usage en est aussi très fréquent ; en voici quelques exemples. — a) En général.

— Dans VAllercatio Simonis Judeei et Theophili, quand le Juif convaincu demande à être « catéchisé, » à recevoir « le signe de la foi, » dans l’espoir que « l’imposition des mains » lui procurera « la rémission des péchés » : imo et benedictionem, lui répond Théophile. Sic Isaac Jacob BENEDixiT, el per impositionem manus benedictioxem accepit, c. iv, édit. de "Vienne, p. 53. Au ive siècle, un anonyme arien, parlant des formules de prières usitées dans les manupositionibus, emploie quelques lignes plus loin comme synonyme le mot benedictionibvs, P. L., t. xiii, col. 611. — i) Pour la confirmation. — Tertullien, De baptismo, viii : Manus imponitur perBENEDiCTio-NEîi invocans.. ; ]e concile d’Elvire, can. 77 : Si quis diaconus… aliquos bapiizaverit, episcopus eos per BENEDICTIONEM PERFiciET ; cf. can. 38 ; le diacre romain Jean, dans sa lettre ad Sanarium, c. xiv : Si baptizatus sine chrismatis unctione ne benedictione pontificis ex hue vila miyraucrit. P. L.. t. lix, col. 406. Le même, ou son homonyme, à propos du consignatorium, où se tient l’évêque pour confirmer : baplizati ingredientes… oHeriiniiir cpiscopis et, benedictione accepta, per ordinem rgrediuntur, cité par dom de Puniet à l’art. Confirmation du Dictionnaire d’archéologie chrétienne, t. iii, col. 2549 ; saint Isidore de Séville, Etym., VI, 19, 54, P. L., t. lxxxii, col. 256, reproduit les paroles de Tertullien ; saint Ildephonse de Tolède, De cognitione baptismi, 128, P. L., t. xcv, col. 165, parle également à plusieurs reprises de « bénédiction ». Voir encore plus haut, col. 1324, dans les Actes de saint Abdu’l Masich. — c) Pour l’eucharistie, voir les exemples cités plus haut, col. 1325. — d) Pour l’absolution. — L’auteur de la Vie de saint Hilaire d’Arles : Mulier… diim manuum ejus impositione

benedicitvi, P.L., t.L, col. 1233. Le concile deGérone en 517 pour l’absolution donnée aux mourants, can. 9 : Is qui a’griludinis temporc depressus piviiilenticT beA’E-DICTIONEM (quam viaticum deputamus) per communionem acceperit. Mansi, t. -m, col. 550. Et de même le concile de Barcelone en 541, can. 8 : Jubemiis, in inflrmitate positis, viaticam benedictionem percipiant. Mansi, t. ix, col. 110. — e) Pour le sacrement des malades, nous avons signalé le et benedicere et tangere chrismate de saint Innocent I « % Denzinger-Bannwart, p. 99, et le mot de saint Ambroise aux novatiens : Cui manus imponitis, et benedictionis opus creditis, si quis lorte revalueril œgrotus ? De pœnitentia, i, 8, 36, P. L., t. XVI, col. 477. — / ; Pour l’ordination. — Saint Léon le Grand, Epist., i-x.. 1 : A jejunantibus sacra BENEDICTIO conjeratuT. P. L., t. liv, col. 625. Les Statuta Eeclesiæ antiqua pour la consécration de l’évêque : iino super eum fundente BENEDICTIONEM ; pour l’ordination du prêtre : episcopo benedicente et manus super caput ejus tenente : pour le diacre : episcopus qui eum benediçit. P. L., t. lvi, col. 887888. Voir de même, pour l’ordination d’un prêtre, Eugène de Tolède, Epist., i, 1, P. L., t. lxxxvii, col. 403. — g) Pour le renvoi des fidèles après la communion. — S. Augustin, Epist., cxlix, 16 : Cum populus BENEDiciTUR ; tunc enim anlistiles velut advocati susceptos suas per MANUS impo.^itionem misericordissimae offerunt potestati, P. L., t. xxxiii, col. 638.

2. Consignation.

Une autre appellation, plus fréquente et plus technique, est celle de consignation. Elle est due au signe de croix qui se joignait, parfois tout au moins, à l’imposition des mains. L’idée, en tout cas, qui s’y rattache est celle d’une consécration, d’une affectation, d’un enrôlement au service du Christ. Cf. l’interprétation du nom de acppayîç donné au baptême, par Dôlger Sphragis, c. iii, p. 169-171, et aus^i l’interprétation du même nom par saint Grégoire de Nazianze, /n S. ftap/is/na, homil. XL, 4 : crcppaylç, wç quv-T)p7]atç xal t^ç SeaTVOTeiaç aY][i.eîwCTii ;. P. G., t. xxvi, col. 364. De là vient la définition déjà citée des catéchumènes par le pape saint Gélase : Catechumeni… ii sunt qui… audiunt… et etiam a saccrdote consignait sunt. Thiel, Epist. romanoruni pontificiim, t. i, p. 509 ; P. L., t. lix, col. 140. Le pape saint Innocent I, dans sa lettre à Decentius, Epist., c. VI, emploie le mot consignare pour l’exorcisme, dont le rite essentiel est l’imposition des mains avec signe de croix : Est sollicita dilectio tua, si a presbytero vel diacono possint [a diabolo arrepti] consignari. … Eis manus imponenda omnino non est, nisi episcopus aiictoritatem dedcrit id efficiendi… Episcopi est imperare ut manus eis imponatur. P. L., t. xx, col. 558. (Constant, que reproduit Migne, a écrit designari au lieu de consignari ; mais il admet lui-même comme probable la forme consignari que donnent d’autres manuscrits, et que confirment les titres d’exorcismes publiés par dom Martène. Cf. sa note sur ce passade, loc. cit.) Pour la confirmation, l’usage des mots consignare, consignatio est on ne peut plus fréquent ; il s’exprime dans le nom même de consignaloriiun donné à la partie du baptistère où s’administrait la confirmation, voir Dictionnaire d’archéologie chrétienne, art. Confirmation, t. iii, col. 2549, et le mot même de consignation a été sur le point de suj)planter celui de confirmation pour désigner le sacrement. Qiiando consignaris, dit l’auteur du De sacramentis, m, 2, 10, P. L., t. xvi, col. 43, à propos du rite de l’elîusion des sept dons du Saint-Esprit. Saint Grégoire le Grand dit simplement consignare en chargeant l’évêque de Spolete d’aller confirmer les enfants d’un diocèse voisin, Jafîé, n. 1693 ; P. L., t. lxxvii, col. 662, et il appelle inconsignati ceux qui n’ont pas encore reçu ce sacrement, Jafié, n. 1793, P. L.,