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INSPIRATION DE L’ECRITURE


cle. L’évêque deBois-le-Duc, Sonnius, qui avait assisté au concile de Trente, se contentait de revendiquer la révélation intérieure ou même la direction et la coopération du Saint-Esprit dans la rédaction des Livres saints. Dieu a parlé par son Esprit même, parfois de bouclie à bouche, parfois intrinsecus, reveluns intus nujsteria, ou par personnes interposées. Cependant les apôtres et les évangélistes semblent avoir écrit la vie de Jésus et l’histoire apostolique d’après leur propre génie, racontant comme des historiographes ce qu’ils avaient vu et entendu. Dieu s’est servi de leur esprit, de leur prudence et de leur industrie. Les évangélistes se sont servi de leur mémoire, de leurs lumières naturelles et de leur industrie personnelle. Néanmoins, ce qu’ils ont écrit est la parole de Dieu, même quand ils rapportent des actions humaines. Dieu, en effet, a modéré par son Esprit leurs facultés naturelles de telle sorte qu’il les a dirigés et éclairés, partie en leur suggérant ce que Jésus avait fait et enseigne, partie en leur apprenant ce qui n’avait pas encore été révélé, de telle sorte qu’ils n’ont dit que ce que Dieu voulait être dit et annoncé par eux, en coopérant à tous leurs dires et en confirmant ce qu’ils avaient dit. Ce qu’ils ont ainsi exprimé a été révélé par Dieu à deux points de vue : 1. cela fait partie de la révélation que Dieu a voulu donner aux hommes pour leur salut ; 2. cela a été intérieurement enseigné et suggéré par le Saint-Esprit. Et Dieu a toujours procédé ainsi dans la révélation qu’il a faite par les prophètes : il n’a rien révélé que par son Esprit Saint, et celui-ci révélait intérieurement aux prophètes ce qu’ils devaient dire et dirigeait intérieurement leur voix, pour qu’ils ne disent que ce que Dieu pensait. De verbo Dei, c. ii.

Un franciscain espagnol, Didacus Stella, dans son commentaire de saint Luc, admet, au contraire, que l’évangéliste ne s’attribue aucune part dans son oeuvre, mais qu’il rapporte tout à Dieu. Dieu lui a abondanmient fourni les paroles et les actes du Sauveur. Bien qu’il ait appris de la sainte Vierge et des apôtres beaucoup de faits évangéliques, Luc les acependant écrits sous la motion et la dictée du Saint-Esprit. Par humilité il a gardé le silence sur cette influence divine et au lieu de dire qu’il avait été dirigé par le Saint-Esprit, il a déclaré qu’il avait appris des hommes ce qu’il écrivait. //) sanctuin J. C. secunduin Lucam Evangelium enarralio, prref., 1. 1, p. 2-6.

Trois jésuites, Grégoire de Valence, François Coster et Maldonat, admirent la dictée des Livres saints par le Saint-Esprit. Le premier ne se contentait pas d’une direction quelconque de l’Esprit inspirateur. Pour que l’Écriture’soit infaillible, il faut que cet Esprit ait dicté aux écrivains sacrés ce qu’ils écrivaient. Ceux-ci étaient mus par l’Esprit plutôt qu’ils n’agissaient eux-mêmes ; ils étaient comme une plume entre les mains d’un scribe. Cela ressort de leur facilité à connaître et de leur rapidité à écrire. Quoiqu’ils écrivissent spontanément, ils n’étaient pas laissés à leur libre arbitre, et la volonté du Saint-Esprit était si etTicace sur la leur qu’ils écrivaient nécessairement. Comment. theoL, t. III, dist. I, q. I, p. VII, q. viii.

François Coster attribuait la rédaction des deux Testaments à la dictée divine. Dieu n’a pas écrit de sa main la loi et les prophètes, mais il a dicté lui-même ces livres aux prophètes, que le Saint-Esprit inspirait. Cet Esprit n’a pas écrit de ses mains le Nouveau Testament ; il l’a rédigé par les mains de ses scribes, les apôtres et les évangélistes, à qui il l’a dicté. Les paroles des écrits apostoliques ont été dictées par le Saint-Esprit, de sorte qu’il n’y ait ni un iota ni un point, qui n’ait son poids et son efficacité. Enchiridion controversiarum pnecipuarum temporis de religione, (1585), 2’^ édit., 1596, c. i.

Maldonat dit que les quatre évangélistes ont une autorité ausi grande que le Saint-Esprit, dont, en écrivant, ils n’ont été que les scribes. In quatuor Euangelia, prœf., c. i. Les écrits des apôtres et des évangélistes n’ont pas besoin d’être recommandés de la personne de leurs auteurs, puisque le même Esprit Saint a parlé par eux tous. Rien de ce qui provient de leur génie, de leur nature, de leur éducation, de leurs études, ne donne à leurs œuvres une plus grande autorité ; tout cela leur donne seulement une grâce plus grande de diction, plus de couleur, plus de force pour émouvoir le lecteur. La nature, en elîet, sert à la grâce, et la langue des saints, qui est comme le calame de l’Esprit Saint, quoiqu’elle soit mue tout à fait par cet Esprit, fait cependant quelque chose par elle-même, et il importe beaucoup, même à un maître en écriture, d’avoir une bonne plume. Tous les prophètes sont admirables dans leurs écrits ; cependant, Isaïe l’emporte sur les autres en sublimité, ingéniosité, véhémence, urbanité. Et à ce point de vue, saint Jean l’emporte sur les autres évangélistes. In Joa., i.

Corneille Jansénius, évêque de Gand, interprète encore de la même manière le début du Ps. xliv, Paraphrasis in ps. XLl Y.

Gilbert Génébrard donne la même interprétation, dans ses Psalmi David, Paris, 1571. Il dit, d’abord, au sujet du titre du ps. m : Dans les écrits humains, l’écrivain est le même que l’auteur ; dans les psaumes, David est l’écrivain, mais l’auteur, c’est l’Esprit Saint, qui illumine David intérieurement et lui révèle les " psaumes. Pour que donc, dans les titres des psaumes, la première place soit laissée à l’auteur et que David ne soit indiqué que comme son instrument, ayant été éclairé et enseigné par Dieu, le psaume est intitulé : Ipsi David, et non pas : Ipsius David. Le psaume a donc été donné ou dicté ou révélé à David par l’Esprit de Dieu. C’est pour la même raison que le premier Évangile n’est pas intitulé : Evangelium Muttliœi, mais secundum Mutthœum. Matthieu en est bien l’écrivain, il n’en est pas l’auteur. L’auctoritas doit être rapportée au Saint-Esprit, qui a parlé par les prophètes et les apôtres et qui ne leur a pas donné seulement les choses ou la doctrine, mais aussi leur a dicté les mots, en s’accommodant au style et à la manière de dire de chacun d’eux. Les uns ont donc écrit plus efficacement que les autres et en un style ditîéient. Au ps. xliv, la langue du psalmiste est le calame du Saint-Esprit, lequel est le scribe très rapide et très exercé à écrire. Cette image signiŒ qu’il fait écrire très rapidement ceux qu’il inspire. Ou bien il se nomme lui-même scribe rapide et habile, parce que les écrivains de ses livres n’en sont pas les auteurs ; ils ne sont que des scribes et des notaires et comme des instruments. L’auteur, c’est l’Esprit Saint, qui préside à leur langue et à leur plume.

François Tietelmann, en commentant le ps. xliv, 2. avait appliqué à tous les prophètes et à tous les écrivains sacrés ce que le psalmiste dit de lui en ce passage. Non enim jnerunt scribentes ipsi aut loquentes nisi sicut calamus sive stilus in manu scripturis, idesl, nonnisi instrumenta, ipse vero Spiritus Sanctus primarius operator, a quo sicut elocuta aut descripla veritas, sic et auctoritas dictoruni scriptorumque procedil. Elucidatio in omnes psalmos, dedicace. A Douai, Estius admettait l’inspiration verbale. In II Tim., III, 16.

Cependant, le jésuite Alphonse Salmeron, dans son Commentaire sur la concorde évangélique, qui ne fut publié qu’après sa mort, avait enseigné que les évangélistes avaient écrit les Évangiles comme des historiographes. Il n’est pas nécessaire de concéder qu’ils aient tous écrit par une révélation nouvelle et manifeste du Saint-Esprit, en dehors de celle que les apôUes