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INSPIRATION DE L'ÉCRITURE


contient, et quoique des hommes l’aient écrite, comme ils ne l’ont pas fait de leur génie propre ni selon leur opinion, mais sous la dictée du Saint-Esprit, aucun homme ne peut être dit l’auteur de l'Écriture. Si la lumière intellectuelle des hommes est petite et déficiente, l'Écriture a été donnée par la lumière incréée, qui a illuminé ceux qui l'écrivaient. Ibid., q. v.

Les livres de l’Ancien et du Nouveau Testament diffèrent-ils d’autorité? Xon, car ils ont le même auteur, qui est Dieu, ils ont tous été composés d’après la même lumière surnaturelle par révéIatio : i divine. Le Nouveau Testament l’emporte cependant sur l’Ancien, parce que son auteur immédiat a été le Christ-Dieu, parce que les apôtres, ses ministres, surpassaient les prophètes de l’Ancien Testament dans le don de prophétie, Dieu étant plus prompt à l’accorder aux apôtres, et parce que les choses révélées par eux sont supérieures à celles qu’annonçaient les anciens prophètes. Ibid., q. VI.

L'Église ne reçoit au canon biblique que quatre Évangiles, parce que les auteurs des autres se sont décidés à écrire de leur seule volonté sans impulsion divine à écrire, et ont écrit sans que le Saint-Esprit les dirige. Les quatre évangélistes ont été poussés à écrire par le Saint-Esprit, qui les dirigeait tandis qu’ils écrivaient. Ibid., q. VI. Tous n’avaient pas vu ce qu’ils racontaient ; ils en étaient certains toutefois, parce que le Saint-Esprit les avait poussés à écrire et les dirigeait dans leur travail. Ibid., q. xviii. Les quatre Évangiles ont donc la même autorité, parce que leurs auteurs ont écrit par le Saint-Esprit, qui les dirigeait également. Ibid., q. xxiv. Tout ce qu’ils ont dit, ils l’ont dit sous la dictée du Saint-Esprit. In Episl. Hieronijmi ad Paulinum, c. vu.

Puisque tous les livres de l'Écriture sont des livres prophétiques, il importait grandement de traiter la cjuestion de la nature et des différents modes de la prophétie. Tostat l’a traitée abondamment. Sur la nature de la prophétie, il expose diverses opinions ; il se rallie à l’explication de Hugues de Saint-Victor, d’après laquelle un livre est prophétique, qui a été écrit par un prophète ou en style prophétique. In prœf. Hierorymi in lib. Regiim enarralio, q. xx. A proprement parler, le prophète est l’homme qui a reçu de Dieu une révélation et qui a été élevé par une lumière surnaturelle à comprendre quelque chose que les autres ne peuvent comprendre. L’esprit prophétique n’est pas comme un habiliis scientifique ou moral qui, une fois acquis, persévère et ne peut être perdu, si on le garde diligemment ; c’est une lumière qui passe rapidement et par laquelle, tant qu’elle dure, le prophète connaît les choses cachées que Dieu lui révèle alors. Quand cette lumière a passé, le prophète ne connaît pas plus que celui qui n’est pas prophète. In I Reg., c. x, q. v. Cf. In Num., c. xi, q. xxxviii, Lxiii, LXiv ; In I Reg., c. xvi, q. xxx ; In Matth., c. xxii, q. cccxxxv. Or, tous les écrivains sacrés ont eu l’esprit prophétique, et par lui ils savaient tout ce qu’ils écrivaient. Dieu, en effet, mouvait le prophète à comprendre surnaturellement tout ce qu’il ne connaissait pas par ailleurs. Tandis qu’ils écrivaient. Dieu mouvait les écrivains sacrés à savoir ce que par ailleurs ils ne pouvaient savoir parfaitement, et alors ils n'écrivaient que ce que Dieu leur dictait. In II Par., ç. IX, q. VIII.

Tostut distingue trois modes de la connaissance prophétique : Dieu se manifestait aux prophètes en vision, en songe ou en leur parlant bouche à bouche. Mais l’enseignement de Toslaî, où ilsuit des voies particulières, ne va pas directement à notre sujet, car il n’est question que de la prophétie en général, et non pas de l’inspiration prophéticiue des écrivains sacrés. Tostat reste donc dans la ligne de ses prédécesseurs,

au moins pour l’Ancien Testament, car, nous l’avons vu, au sujet du Nouveau il parle seulement de motion à écrire et de direction du Saint-Esprit dans le travail de rédaction des Évangiles, quoiqu’il tienne encore les évangélistes pour des prophètes.

Denys le Chartreux, exposant l’excellence de l'Écriture sainte au point de vue de son origine, la trouve dans la divine révélation de la sagesse surnaturelle. In IV Sent., prol. Toute l'Écriture canonique, en effet, a été infuse par le Saint-Esprit et n’est pas d’invention humaine. In Epist. II ad Tim. enarralio, a 3, Il en est spécialement ainsi de l'Écriture prophétique. Les prophètes n’avaient pas d’eux-mêmes et de leur liberté propre le pouvoir de prophétiser ; ils ne prophétisaient que quand le Saint-Esprit touchait leur cœur. La connaissance certaine des futurs contingents appartient à Dieu seul, et leur annonce dépend de sa libre volonté ; les hommes ne peuvent les connaître que par sa révélation. Aussi est-ce après avoir été touchés et illuminés par le Saint-Esprit que les prophètes ont vaticiné. Les docteurs enseignent que la grâce de la prophétie est donnée acla et non habita. Les prophètes ne pouvaient donc vaticiner à leur gré et sur n’importe quel sujet, mais seulement quand le Saint-Esprit les avait éclairés et sur les choses pour lesquelles il leur avait communiqué ses lumières. In Epist. II Pétri enarratio, a. 2. Cf In Ezecli. enarratio, a. 15. L’auteur du livre de Job, quel qu’il soit, était inspiré par l’Esprit Saint, qui lui dictait et lui inspirait cequ’ildevait écrire et nous transmettait par sa voix les actions de Job. Enarratio in Job, a. 1. Puisque tous les psaumes ont été écrits par la révélation du Saint-Esprit, Denys regarde comme inutile de rechercher avec curiosité si David les rédigea tous. In lib. psalin., proœm. La langue du psalmiste était le calame du Saint-Esprit, qui fait écrire rapidement ceux qu’il inspire à écrire. Sa grâce ne subit pas de retards. Expositio ps. XLIV. Les auteurs des Évangiles apocryphes ont dû faire des efforts pour écrire, parce qu’ils n'étaient pas aidés par l’illumination du Saint-Esprit, étant réduits à leurs propres forces ; aussi leur labeur n’a pas produit de fruit. L’ccrivain, divinement éclairé, lui, écrit promptement et facilement : et plus il est illuminé d’en haut, dirigé et aidé, plus il écrit promptement et facilement. D’où, pour composer les Livres saints, les hommes ont eu besoin d'être divinement éclairés et abondamment pourvus de la lumière de la sagesse. Aussi les quatre évangélistes n’ont pas eu d’efforts à faire, mais ils ont achevé sans retard leur œuvre, l’Esprit divin leur donnant l’abondance des paroles et des faits qu’ils rapportaient. Eliicidatio prologi S. Lucie. Denys ne précise pas en quoi consistait cette illumination divine de l’esprit des évangélistes. Dans ses commentaires des livres prophétiques, il traite souvent de la prophétie et de ses modes divers, mais il ne parle que de la prophétie en général, sans faire aucune application directe à la rédaction des livres prophétiques.

Dans son commentaire du psautier, tr. I, c. i, Jacques Perez de Valence reconnaît deux causes de ce livre : l’une, principale, le Saint-Esprit, et l’autre, instrumentale, le psalmiste David. En vue de résoudre la question de savoir si David fut prophète, l’exégète traite longuement de la prophétie et de ses différents modes, tr. II, a. 1, 2. Dans la préface de son commentaire du Cantique, il réfute les raisons que les juifs apportaient pour soutenir que Salomon n’avait pas été éclairé par le Saint-Esprit dans la composition des Proverbes, de l’Ecclésiaste et du Cantique, et il prouve l’inspiration de ces livres. Il mentionne toutefois que quelques catholiques ont soutenu que ces trois livres, quoiqu’ils traitent de choses divines communiquées à Salomon par le Saint-Esprit et soient des écrits inspirés,