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INSl^iRATiÛN DE L’ECRITURE


l’cnonciation des pensées inspirées et dans leur élocution. Saint Grégoire de Nyssc en trouve la preuve dans le fait que le S'.âi) ; a>v(ia est répété dans le titre de certains psaumes. Ibid., c. xv, col. 589, 592. Ayant constaté que l’ordre des psaumes n'était pas chronologique, il eu conclut que le Saint-Esprit, notre docteur et notre maître, ne s’est pas occupé de l’ordre chronologique, parce qu’il inspirait les psaumes, non pas pour nous apprendre l’histoire elle-même, mais pour former nos âmes à la vertu. Ibid., c. ii, XI, col. 489, 541, 544 ; cf. c. xiii, col. 561. Voir Leitner, op. cit., p. 149-153.

7° Si nous passons à l'Église latine, saint Hilaire de Poitiers, constatant que, dans l'Écriture elle-même, le psalmiste dit de la façon dont il a prononcé son cantique : Eruclavil cor meum verbiim boniim, Ps. xliv, 2, en tire cette conclusion sur la différence qui existe entre la parole des hommes ordinaires et celle des prophètes : Omnis autem sermo liominum ex sensu eogitationis cnilitur ac molu, iibi ad aliquid enuniiandum mota mens nustru, id quod in a/fcctum sibi insidcrit, pcr verba déclarai. Ai vero iibi c.rtra humana' mentis instinctum, non ad anima’sententiam lingiia famulatur, sed per ineuniem spiritiim ofjicio oris nostri divini sensus.sermo diffunditur, illic eructatum videtur esse quod diciliir : ciim non ante cognilione motuque percepio id ad quod impulsa sit mens loquatur, sed ignorante sensu spirilus vocem in verba distinguât. Tract, in ps. cxviil, lit. Tau, n. 2, P. L., t. ix, col. 639-640. Le Saint-Esprit inspire donc aux psalmistes, non seulement les pensées, que leur intelligence ne leur fournit pas, mais encore les mots qui expriment ces pensées. Mais le psalmiste comprend ce qu’il dit ainsi par l’inspiration divine. Saint Hilaire dit aussi que l’apôtre Paul a appris tout ce qu’il a enseigné, par révélation du Christ, De Trinitate, t. V, n. 33, t. x, col. 152, et, par suite, toutes ses paroles sont des paroles divines. Ibid., t. I, n. 15, col. 34.

Selon saint Ambroise, Moïse n’a été instruit sur l’origine du monde ni en vision ni en songe, mais il a parlé à Dieu de bouche à bouche, et sous l’inspiration de l’Esprit divin il a réfuté les erreurs des hommes qu’il prévoyait. Hexameron, t. I, c. ii, P. L., t. xiv, col. 124125. Il a justement distingué Dieu du monde, car il n'écrivait pas ses pensées, mais celles qui lui avaient été infusées et révélées. Epist., clas. i, epist. xliv, n. 1, t. XVI, col. 1136. Les prophètes juifs prophétisaient avec l’infusion du Saint-Esprit. In Luc, t. I, n. 1, t. XV, col. 1533. Remplis de l’Esprit de Dieu et ravis hors d’eux-mêmes, ils paraissaient à quelquesuns être insensés. In ps. xxxix, n. 5, t. xiv, col. 1059. Le Saint-Esprit les remplissait d’ardeur comme en leur versant du vin ; ils étaient échaufî'és et on les regardait comme des hommes ivres. In Luc., t. IX, îi. 24, t. XV, col. 1799. David prévoyait en esprit tout ce qu’il chantait, De inierpretatione Job et David, t. II, c. VIII, n. 29-31 ; c. ix, n. 32, t. xiv, col. 824, 825, et le Verbe parlait par sa bouche. In ps. 1, n. 52, col. 950. Il écrivait des vers par la révélation du Saint-Esprit. In ps. cA’f ; //, serm. x, n. 20, t. xv, col. 1337. Quid igitur psulmus nisi virtutum est organum, quod Sancti Spiritus PLECTRO panoeks puopheta venerabilis, ca’lestis sonilus fecit in terris dulcedinem resultare. Ibid., serm. xxi, n. 6, col. 1604. Nous voici revenus à la métaphore des Pères apologistes. Pour saint Ambroise, tous les écrivains de l’Ancien Testament, même l’auteur du livre de Tobie, sont des prophètes. Pour Tobie, De Tobia, c. i, n. 1 ; c. ii, n. 6, t. xiv, col. 759, 761. Leur inspiration est donc une révélation prophétique. Or, les prophètes ne prophétisaient que quand l’Esprit leur infusait la grâce de prophétiser. In ps. ex VIII, serm. xii, n 18, t. xv, col. 1366. On les appelait voyants, parce qu’ils voyaient en esprit par la révé lation les choses cachées. Ibid., serm. xi, n.8, col. 1351. Leur extase était fréquente. Excedit enim mens prophétise velut fines quosdam lunnanæ prudenlise, quando repletur Deo. Et ante évacuât se cogilationibus et discepicdionibus sieculi hujus ; ut adveniente gratia spiritali purum se et exinanitum pra’beat ; supcrveniens in eum Spirilus Snnclus magna se vi infundens, ita ut mens hominis subito turbedur… Cognoscimus ergo quia quando venit gratia Dei super propheticam mentem subito irruit ; et inde incubuisse et cecidisse super prophetas Spiritum Sanctum legimus ; quia excessum patitur et turbatur et timet et quibusdam ignorantiæ et imprudenlia' tenebris offunditur. De Abralxam, t. II, n. 61, t. XIV, col. 484. Nous sommes ainsi encore ramenés presque à l’idée que les Pères apologistes se faisaient de l’extase prophétique. Voir Leitner, op. cit., Y>. 166-170.

Saint Jérôme a beaucoup insisté sur l’inspiration des prophètes. L'Écriture lui a appris qu’ils ne parlaient pas de leur propre mouvement, mais par la volonté de Dieu, surtout quand ils annonçaient l’avenit dont la connaissance est à Dieu seul. In Jer., 1., P. L., t. XXIV, col. 855. En répétant : Hœc dicit Dominus, ils avertissent que les discours qu’ils tiennent sont de Dieu. Ibid., t. IV, col. 826. Ils diffèrent ainsi des faux prophètes, qui ne prophétisent jamais par l’inspiration divine, mais de leur propre cœur. In EzecI}., t. IV, t. XXV, col. 109. Leurs livres ont été écrits sous l’inspiration du Saint-Esprit. In Ose., prol., col. 815. Jonas savait ce que le Saint-Esprit lui avait suggéré. In Jon., col. 1121. Avant de dire par l’Esprit les mystères du Christ, le psalmiste dut préparer sa langue comme un stylet et un calame pour que le Saint-Esprit écrivît par elle dans les oreilles et dans les cœurs et qu’il exprimât ses pensées quasi per organum. Par suite, de même que la Loi fut écrite par le doigt de Dieu, ainsi l'Évangile fut écrit par le Saint-Esprit par le moyen de la langue de David. Epist., Lxv, n. 5, 7, t. XXII, col. 626, 627. La parole de Dieu n'était pas continue chez les prophètes. In Ezech., t. XI, t. XXV, col. 333, mais seulement autant que le Saint-Esprit la leur donnait en leur révélant ce qu’ils devaient dire. Ibid., t. VI, col. 167. Il le leur révélait par vision et par parole intérieure et non extérieure. In Haboc, t. I, col. 1289. l'Écriture appelle donc ! a prophétie une vision et les prophètes des voyants. In Ose., t. III, col. 928. Ils voyaient par les yeux de l’intelligence ce que d’ordinaire on entend par les oreilles. In Abdiam, col. 1100. Zacharie, ne sachant ce qu’il voyait, interroge l’ange qui parle en lui, sensum videlicetaDeo illuminatum. In Zach., 1. 1, col. 1442. Les propj^ètes ne parlaient pas en extase, au poii.t, comme Montan l’a rêvé avec ses femmes folles, de ne savoir ce cju’ils disaient et d’ignorer ce qu’ils enseignaient aux autres. S’ils étaient sages, ce que personne ne peut nier, comment auraient-ils, comme des brutes, ignoré ce qu’ils disaient ? Quand ils parlaient, ils avaient le pouvoir de se taire. Si donc ils comprenaient ce qu’ils disaient, toutes leurs paroles sont pleines de sagesse et de raison. La parole de Dieu ne leur parvenait pas, poussée à leurs oreilles ; Dieu parlait à leur âme. In Is., prol., t. xxiv, col. 19-20. Cf. In Epist. ad Eph., t. II, t. XXVI, col. 479-480. Le Seigneur toutefois leur ordonnait d'écrire, non qu’ils ignorassent qu’ils devaient le faire, mais pour qu’ils écrivissent avec plus de certitude. In Habac, t. I, t. xxv, col. 1290. Saint Jérôme s’est donc occupé surtout de l’inspiration prophétique ad loqucndum. C’est à elle qu’il rapporte la révélation diviiMen vision et en parole intérieure ; c’est d’elle qu’il a exclu l’extase montaniste, qui entraînait l’ignorance et l’incompréhension des oracles prononcés. Il n’a dit de l’inspiration ad scribendum des prophètes qu’une seule chose : à savoir que la