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INSPIRATION DE L’ECRITURE


ministère propliétique ; il prenait dans ses mains ses instruments accoutumés pour chanter, en les maniant, ce que l’Esprit lui suggérerait. Ainsi éclairé par la présence de l’Esprit et mis dans le plein jour de la lumière divine, il était prêt à prophétiser et il se donnait tout entier à l’action de l’Esprit. C’est ainsi que l’Esprit se sert du prophète comme d’un instrument pour annoncer le bien et parlera toutes les nations, en sorte que le Saint-Esprit annonce lui-même tout ce que le psalmiste dit. In ps. LVI, n. 8, col. 51.3, 516. Nous sommes loin de l’instrument inerte et de l’inspiration mécanique. Leitner, op. cit., p. 165-166.

Saint Cyrille de Jérusalem comparait les prophètes à un homme qui, plongé d’abord au milieu des ténèbres, reçoit soudain dans l’œil de son corps la lumière du soleil. Cet homme voit alors, et clairement, ce qu’il ne voyait pas auparavant. De même, celui qui est digne du don du Saint-Esprit, est illuminé dans son âme et, élevé au-dessus de l’homme, il voit ce qu’il ignorait. Tandis que son corps est sur terre, son âme voit les cieux comme dans un miroir. Comme Isaïe, il voit le Seigneur siégeant sur sou trône, comme Ézéchiel, il voit celui qui est porté par les chérubins, conime Daniel, il voit des myriades d’anges, et ce petit homme voit le commencement et la fin du monde, le milieu des temps, l’espace, les successions des rois, toutes choses qu’il n’a pas apprises de lui-même. Celui qui répand la lumière est là. L’homme est renfermé dan.^ les parois de son corps, et cependant la force de sa science est grandement étendue au point qu’il voit même ce que les autres font. Cal., xvi, n. 16, P. G., t. XXXIII, col. 941. Après avoir cité des exemples, saint Cyrille conclut : « Tu vois comment le prophète reçoit la connaissance ; tu vois comment le Saint-Esprit illumine les âmes. » n. 17, 18, col. 941, 944.

Saint Épiphane décrit aussi l’état des prophètes tandis qu’ils prophétisent et il le différencie de celui des fausses prophétesses des montanistes. Tous les prophètes savaient ce qu’ils disaient et ils parlaient avec intelligence, aussi les événements se sont-ils accomplis comme ils les avaient prédits. Maximilla avait prétendu que tout ce qu’elle avait prédit se réaliserait après sa mort ; or, nous ne voyons la réalisation d’aucune de ses prédictions. En outre, elle n’est pas toujours d’accord avec elle-même, tandis que les véritables prophètes étaient constants avec eux-mêmes dans leurs discours. Le vrai prophète, en effet, était sui compos et il comprenait ce qu’il disait, quand il annonçait l’avenir. Il rapportait au peuple juif ce qu’il avait entendu du Seigneur, et son intelligence n’éprouvait alors aucun trouble. Quand les montanistes se vantaient de prophétiser, ils ne l’annonçaient pas avec fermeté et ils ne comprenaient pas ce qu’ils disaient. Aussi leurs paroles étaient-elles obliques et à double sens, et ils n’énonçaient absolument rien de juste. L’oracle de Montan, que saint Épiphane cite, est d’un homme furieux, qui ne sait ce qu’il dit, et il présente un autre aspect que l’aspect qu’ont les prophéties du Saint-Esprit. Les montanistes veulent justifier leur extase par des passages de l’Écriture qu’ils allèguent mal à propos. Ce mot a dans les pages divines différents sens. Quand on lit que les prophètes parlent èv èxCTTàTE’, , il ne faut pas l’entendre en ce sens qu’ils ont perdu l’usage de la raison ; tout prophète de l’Ancien et du Nouveau Testament a eu l’intelligence de ce qu’il disait. Hier., lxviii, n. 1-10, t. xli, col. 856869.

6° Les Pères Cappadociens n’ont pas négligé la question. Saint Basile ne fait guère qu’insinuer une réponse. Il affirme seulement que l’apôtre saint Jean a été élevé par l’Esprit aux choses les plus divines, Adversus Eunomiuni, t. II, n. 15, P. G., t. xxix, col. 601 : que l’Esprit a révélé des choses cachées au

psalmiste par un souffle véhément. In ps. xliv, homil., n. 9, col. 405. Pour lui, le songe est une des diverses sortes de la prophétie. Le don prophétique n’a pu être accordé qu’à des âmes expurgées de toute faute, une âme, préoccupée des soins séculiers, ne peut recevoir l’illumination du Saint-Esprit, et saint JSasile en conclut que tous les songes ne sont pas des prophéties. Episl., clas. II, epist. ccx, n. 6, t. xxxii, col. 777. (Le pseudo-Basile déclare que les prophètes étaient emportés par la fureur et la folie et que leur intelligence était absorbée par le Saint-Esprit. In Isaiam, n. 5, 254, t. XXX, col. 125, 565, 568).

Saint Grégoire de Nazianze dit des évangélistes qu’ils ont écrit pour l’utilité de leurs lecteurs et selon qu’ils étaient informés et instruits par l’Esprit, qui était en eux. Orat., xlii, in laiidem Basilii Magni, n. 69, P. G., t. xxxvi, col. 589.

Pour saint Grégoire de Nysse, le Saint-Esprit suggérait au psalmiste ce qu’il devait dire. De beatitudinibus, orat. ii, P. G., t. xliv, col. 1212. David, instruit par la vertu de l’Esprit, exposait donc la doctrine de Dieu, ibid., orat., iv, col. 1245, et il chantait sur des cordes touchées par l’archet de l’Esprit. De Spirilu Sancto, t. xlvi, col. 696. En expliquant le SiâiJ ; aXpLot, saint Grégoire distingue l’illumination de l’intelligence du psalmiste faite par le Saint-Esprit, de la manifestation mélodieuse des secrets divins. Quand David servait le Saint-Esprit pour prononcer ses oracles, il exprimait dans sa mélodie ce qu’il avait appris. Mais si, tandis qu’il chantait, il recevait un nouvel enseignement, cédant à celui qui parlait spirituellement à son intelligence, il interrompait son chant pour écouter la voix intérieure et, rempli de nouveau des pensées divines, il les énonçait et il adaptait les paroles qu’il avait entendues à sa mélodie et à ses accords. Or, le Si, â(J ; xXjj.a est la cessation ou le repos, qui intervenait soudain pendant la psalmodie afin que le psalmiste reçut la lumière divinement communiquée, ou, pour mieux dire, la doctrine inspirée secrètement à son intelligence par le Saint-Esprit, durant l’interruption de la mélodie, interruption rendue nécessaire pour qu’il entendit l’instruction divine. Ce silence a donné à plusieurs l’occasion de penser que le prophète était alors privé de la vertu du Saint-Esprit. Mais comme quelques-uns, à la place de Sidctj^aXfxa, mettent àeî, « toujours’, cette substitution nous apprend que la doctrine communiquée par le Saint-Esprit a toujours été donnée, mais que le discours qui nous transmet, le sens divinement imprimé dans l’âme du psalmiste n’a pas toujours continué. D’ailleurs, le prophète énonçait une partie du temps ce qu’il avait appris et une autre partie il l’apprenait. Quand il énonçait les connaissances que Dieu lui avait données, il n’interrompait pas sa mélodie ; mais quand il appliquait son esprit à écouter les choses divines, il s’y adonnait tout entier et cessait son chant. Le Saint-Esprit était donc en lui, même tandis que celui-ci se taisait, mais le prophète ne parlait et ne chantait, que par intervalles. In psalmns, tr. II, c. x, t. xliv, col. 536. Saint Grégoire a remarqué une autre espèce de 81â<]iak]j.x au ps. x, 1. Dans ce cas, l’illumination de l’intelligence et la manifestation des pensées divinement reçues sont simultanées. Le Saint-Esprit se servait alors du prophète comme d’un instrument auquel il aurait été adhérent et dont il aurait mu à son gré les organes, de telle sorte que le cantique ne cessait pas et que la communication de la doctrine n’était pas empêchée par le chant. Cette communication de la doctrine de l’Esprit est alors appelée mélodie. Ibid., col. 541. Il en résulte donc clairement que tx tt] ? 7rpocpY]TeLaç v&if)(xaTa sont inspirés à David par l’illumination de son intelligence produite par le Saint-Esprit. L’action de cet Esprit se fait sentir aussi dans