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INSPIRATION DE L’ECRITURE


verbes et de simples enseignements. Les Proverbes et les livres de simple enseignement contiennent aussi, mais non principalement, d’autres manières de parler.

Quant aux Livres saints, les seuls livres d’autorité parfaite dans ces quatre manières de parler, sont les livres protocanoniques de l’Ancien et du Nouveau Testament. Les deutèrocanoniques, ajoutés par quelques-uns, sont de moyenne autorité. Ce ne sont que des livres de la religion catholique". Si nous ignorons absolument les auteurs de quelques-uns de ces livres, c’est par une dispensation de Dieu, ut alii quoqiie divini libri non auctorum merilo, sed Sancli Spirilus gratia tantun ciilmen auctorilulis oblinuisse noscaniur. L. I, c. iv-viii, P. L., t. lxviii, col. 15-20 ; Kihn, Theodor von Mopsuestia und Junilius Africanus als Exegeten, p. 473-481.

2. La plupart des autres représentants de l'école d’Antioche n’ont pas accepté l’opinion de Théodore de Mopsueste, sur les divers degrés de l’inspiration. Ils l’ont réfutée directement. Théodoret, évêque de Cyr, tient le Cantique pour inspiré, quoiqu’il refuse de décider s’il a été écrit prophétiquement. In Cani., prœf., P. G., t. Lxxxi, col. 29, 32. Peu lui importe de connaître ou d’ignorer les auteurs des Psaumes, puisque ces hymnes ont été divinement inspirés. In psalmos, prsef., t. lxxx, col. Sfil. Cependant, quand il sait par le titre qu’un psaume est de David, il parle couramment du praphète David. Il conserve la théorie de Théodore de JMopsueste sur la prophétie, révélation extérieure qui exige l’extase du prophète. Dieu se sert de la langue du prophète comme d’un organe. In Abdiam, 1, t. lxxxi, col. 1712. Le prophète ne parle pas de son propre mouvement, sa langue est au service d’un autre, et elle a la même action que le calame, dont le scribe est la grâce du Saint-Esprit. In ps. XLiv, 2, t. lxxx, col. 1188 ; In ps. ciii, 1, col. 1693. La prophétie est une vision, un 'kîi]j.i’x ; les voyants voient en songe ou en veille, les autres parlent et annoncent l’avenir par le Saint-Esprit qui agit par eux. Quæst. in IV Reg., q. xxxi, col. 768. La vision se faisait, non par les yeux du corps, mais par ceux de l’esprit. Queest. in I Reg., q. xvii, col. 549 ; In Ezech., i, 2 ; iv, 23, 24 ; viii, 3 ; xxxvii, 1, t. lxxxi, col. 820, 852-853, 881, 1189. Le Saint-Esprit éclairait l’intelligence du prophète. In Ezech., XL, 2, col. 1220, et de, même que les yeux du corps, quand ils sont sains, voient ce qui est placé devant eux, ainsi l’intelligence du prophète, éclairée par la grâce du Saint-Esprit, voyait les choses absentes comme si elles étaient présentes. In Isaiam, i, 1, col. 217. A certains prophètes l’Esprit faisait entendre un son, pour qu’ils crussent entendre un homme leur parler. Il inspirait d’autres du soufïle prophétique pour que leur langue dît ce qu’il voulait leur faire dire. La grâce prophétique saisissait soudain leur intelligence et les éloignait de toutes les choses humaines, pour qu’ils donnassent toute leur attention aux paroles prophétiques qu’ils devaient prononcer. Ce ravissement de l’intelligence était appelé un Xrj(j(, |i.a de l’Esprit. In Nahum, I, 1, col. 1789 ; 7/1 Habacuc, i, 1, col. 1812. Le repos du prophète le rendait apte à contempler les choses divines, quand son intelligence, délivrée de tout souci extérieur, n'était distraite par rien et pouvait mieux percevoir les choses divines. In Ezech., t. II, col. 852. La grâce de la prophétie n'était accordée qu'à ceux qui en étaient dignes. Débora la reçut, parce qu’aucun homme de son temps n’en était digne. Quæst. in Jud., q. xii, t. LXXX, col. 497. Saiil, qui en était indigne, ne prophétisa pas comme les autres, Qiiu’sl. in I Reg., q. L, col. 513, et il fut agité par le démon conune les faux prophètes et les Corybantes. Qua-st. in I Reg., q. XLvi, col. 569. Les faux prophètes disaient des mensonges, parce qu’ils ne participaient pas à

l’Esprit de Dieu. In Jer., v, 13, t. lxxxi, col. 537.

Saint Jean Chrysostoine ne s’occupe guère non plus que de la prophétie. Les prophètes ne proféraiert pas leurs oracles d’un seul coup, mais aux moments différents de leur inspiration, In Isaiam, ii, 1, P. G., t. lvi, col. 27, selon que l’Espiit les faisait parler. Dieu n’excitait pas perpétuellement leur âme, la grâce du Saint-Esprit n’agissait pas constamment en eux ; l’Esprit se taisait parfois et il n’avait pas coutume d’inspirer des hommes impurs. In illud : Vidi Dominum, hom].v, t. Lvi, col. 29. Le prophète, délivré de ses péchés, recevait la grâce du Saint-Esprit et proférait une bonne parole. Pour montrer que ce qu’il disait ne venait pas de l'étude, mais de l’inspiration divine qui l’incitait, le psalmiste nommait son poème une prophétie. L’Esprit-Saint mouvait l’intelligence du prophète qui ainsi différait des devins. Quand le démon envahit une âme, il la prive d’intelligence et il obscurcit sa pensée et sa raison, et le devin ne comprend rien de ce qu’il dit, comme si une llùte inanimée parlait. Le Saint-Esprit n’agit pas de la sorte, il permet que le cœur du prophète comprenne ce qu’il dit. Aussi le psalmiste dit de nouveau que ce qu’il chante n’a pas été pensé ni composé par l’homme, mais qu’il provient de la grâce divine et que lui-même ne prête que sa langue. Sa plume écrit ce qu’ordonne la main qui le tient lui-même. Il n'éprouve ni ignorance ni hésitation, car la grâce du Saint-Esprit, comme une eau impétueuse, marche avec une grande célérité et rend son œuvre facile, égale et prompte. In ps. XL, n. 1, 2, t. LV, col. 183-185. Cf. In ps. CXLV, n. 2, col. 520. Le psalmiste n’a besoin ni de considération personnelle, ni de méditation, ni de travail. In ps. cxLV, n. 2, col. 521. Si le devin perd l’esprit, souffre violence et entre comme en furie, le prophète n’est pas dans cet état : son intelligence veille, et sait tout ce qu’elle dit. //) /^'" ad Cor., homil. xxix, n. 1, t. lxi, col. 241. Celui qui parle par le Saint-Espiit, n’a pas à travailler, il diffère donc du savant qui disserte sur ce que le savoir humain lui a appris. Ibid., homil. xxxii, col. 265. Cependant le prophète pense dans son esprit aux merveilles que Dieu a opérées, pour s’en réjouir. In ps. cxix, n. 6, t. lv, col. 337. Il ordonne sagement son discours pour amener les hommes à la connaissance de Dieu. In ps. IV, n. 6, col. 48. Aussi saint Chrysostome admire-t-il à l’occasion, la sagesse de Moïse autant que la doctrine de l’Esprit, sa diligence, son exactitude à raconter, par exemple, la formation de la première femme. In Gen., homil. xii, n. 1 ; vii, n. 4 ; XX, n. 4, t. LUI, col. 99, 65, 85. Il admire aussi la prudence de saint Paul dans sa diction. De verbis apostoli : Vlinam, etc., n. 4, t. li, col. 304 ; In illud : In faciem, n. 11, col. 381. Les prophètes et les écrivains sacrés avaient donc leur part d’activité dans l'éloculion et la rédaction des choses que l’Esprit leur inspirait. Cf. Leitner, op. cit., p. 160-165.

5° Les écrivains ecclésiastiques de la Palestine n’avaient pas une doctrine différente. Selon Eusèbe de Césarée, quand la grâce du Saint-Esprit s'éloignait des psalmistes pour un temps très court et que les instruments de musique se taisaient, ces psalmistes écrivaient 81(i.<iai’k[j.O !.. In psalmos, P. G., t. xxiii, col. 76. Les saints prophètes n'écrivaient pas tout ce qu’ils disaient, mais seulement les discours que le Saint-Esprit leur inspirait. In ps. Lxxxv, col. 1033. Pour énoncer sa doctrine, le prophète était mû par l’Esprit divin. In ps. xcvi, col. 1223. Rempli de cet Esprit, il prophétisait. In ps. LXXXI V, col. 1021. L’Esprit était son maître divin. In ps. LXili, col. 617 ; LXXXV, col. 1029. David demandait l’esprit prophétique pour chanter un psaume selon sa coutume. Sa prière ayant été exaucée, il remarquait la présence du Saint-Esprit en lui et il s’excitait à remplir son