Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 7.2.djvu/424

Cette page n’a pas encore été corrigée
2097
2098
INSPIRATION DE L’ECRITURE


des Livres saints, mais on y ajoutait des déclarations qui précisaient la notion de l’inspiration et qui justifiaient cette définition : Qiiarc hirrelicam esse, declarumus et danmamiis sententiam, si qais cliLHiiitus inspirutum esse neyaveiil uliqiiein vcl integrum vel ex parle librum de his, qiios Tridenlina synodus inlegros cum omnibus suis partibas, proul in Ecclesia catholica Icgi consueverunl, et in vcleri vuUjata edilionehabentur, pro sacris et canunicis suscipicndos esse definivil. CullecUo Lacensis. Fribourg-en-Brisgau, 1890, t. vii, col. 508.

Une note, qui accompagnait ce projet, expliquait qu’on ne voulait que renouveler le décret du concile de Trente De canonicis Scripluris, mais que les erreurs récentes sur l’Écriture sainte exigeaient qu’on fît une déclaration plus claire de la nature de l’inspiration, Cette déclaration énonçait positivement le sens exact du dogme qui tient les Livres saints pour sacrés et canoniques. Or la raison intrinsèque, pour laquelle l’Église tient ces livres pour sacrés et par suite pour canoniques, est ex divina origine seu scriplione ipsoruni librorum. Suivait une explication de la nature de cette origine divine, que nous exposerons plus loin, et qui découle de l’enseignement des Pères et des documents ecclésiastiques, que nous avons rapportés, notamment ceax des conciles de Florence et de Trente. Ibid., col. 522, 523.

Ce ^chémafut retouché par un dékguc, Mgr Martin et le nouveau texte fut présenté à la iJéputation de la foi le " mars 187U. Or, la notion de l’inspiration, qui expliquait le décret de Trente, rentrait comme une simple déclaration dans le-c. ii, De rcvelalione, et l’existence, de l’inspiration était l’objet d’une définition formelle dans le canon, alors numéroté 5, De vevclutione, et ainsi libellé : Si quis libros, quos Tridenlina synodus recensuil, pro sacris et canonicis non susceperil, eosque aul uliqueni coruni diuinilus inspiralum esse negaverit, analhema sil. Ibid., col. 16291631. Le 6 mars, ce texte tut adopté par la Députation de la foi, sans observation sur le point que nous étudions. Ibid., col. 1655-1656. Le 14 mars, le schéma réformé fut présenté aux Pères du concile. On y avait joint des observations de nature à en expliquer le sens. Or celle qui portait sur le c. ii, § 4, notait que le projet exposait, sur l’inspiration, la doctrine des conciles de Florence et de Trente, qui déclaraient Dieu auleur des Livres saints, parce qu’il avait inspiré les écrivains sacrés. Ibid., col. 79. Dans son rapport, Mgr Simor nota que ces observations montraient que le schéma ne disait rien de nouveau sur rinspiration et quc la Députation assurément n’avait voulu rien dire de nouveau. Ibid., col. 86. Parmi les amendeiucnts proposés par les Père.s du concile, le §1<^ concernait la fol de l’Église en l’inspiration des Écritures, et l’auteur proposait d’ajouter des preuves de cette foi. Ibid., col. 123. Dans son rapport sur le § 3 « du c. II, Mgr Casser, au nom de la Députation de la foi, fit remarquer qu’il s’agissait des sources de la révélation et qu’au sujet de l’Écriture sainte en particulier, on indiquait d’abord quels sont les livres sacrés ou canoniques. Or un livre canonique est un livre sacré ou inspiré. Mais comme quelqlies Pères semblaient admettre une distinction entre livre canonique et livre inspiré, l’évêque de Brixeu exposa que cette distinction paraissait être tout à fait étrangère à la doctrine catholique, et il le prouva en remontant jusqu’au III « concile de Carthage(les Stalula Ecclesiæ anliqua de Césaire d’Arles). Il nota, comme nous l’avons fait nous-même, qu’en raison de la croyance des protestants en l’inspiration des Écritures, le concile de Trente avait à peine dit sur l’inspiration quelque chose de plus que le concile de Florence. Il n’avait pas de raison de le faire et il avait simplement confirmé le

décret du concile précédent. Mais les erreurs des protestants lui avaient fourni l’occasion de préciser la canonicité de tous les Livres saints. Le concile de Trente a donc identifié livre sacré (ou inspiré) avec livre canonique. Ibid., col. 138-139. On proposait donc aux Pères de définir explicitement l’inspiration, qui avait été affirmée implicitement par les conciles de F’Iorence et de Trente.

Le texte du schéma, remanié par la Députation de la foi, avait ajouté au c. ii un 4= canon, le 5 « , précédemment cité, mais remanié, qui définissait en ces termes la canonicité et l’inspiration des Livres saints : Si quis sacrée Scripturæ libros inlegros cum omnibus suis parlibus, proul illos sancta Tridenlina synodus recensuil, pro sacris et canonicis non susceperil, aul eos divinilus inspiralos esse negaveril, analhema sil. Ibid., col. 145. Ce texte ne subit aucune retouche et fut voté en session solennelle, le 24 avril 1870. Ibid., col. 255 ; Denzinger-Bannwart, n. 1809. Cf. A. Vacant, Éludes Ihéologiques sur les constitutions du concile du Vcdican d’après les Actes du concile, Paris, 1895, t. I, p. 380-385.

Ainsi, les Pères du Vatican renouvelaient la définition de ceux de Trente sur la canonicité des Livres saints dans leur intégrité avec toutes leurs parties, et bien que leur canonicité entraînât implicitement leur origine divine ou leur inspiration, parce que les incrédules et beaucoup de protestants modernes niaient cette inspiration, les Pères ajoutèrent une définition expresse de ce point de foi. Les livres canoniques, qui avaient une autorité irréfragable, celle même de Dieu, la tiennent donc de leur inspiration ou de leur origine divine. Il y a donc dans la nouvelle définition un progrès sur les précédentes ; elle exprime explicitement ce que les autres contenaient implicitement. Cette définition sera complétée par la déclaration du concile sur la nature de l’inspiration.

Dans son encyclique Providentissimus Deus, publiée le 18 novembre 1893, Léon XIII, sur l’existence de l’inspiration divine des Écritures n’a fait que rappeler l’enseignement des conciles de Florence, de Trente et du Vatican, Denzinger-Bannwart, n.l952 ; voir t. II, 1605 ; mais, nous le verrons, il a éclairci et développé la doctrine catholique sur la nature de l’inspiration scripturaire. Voir A. Vacant, op. cit., 1. 1, p. 389-390.

III. Nature.

L’Écriture sainte elle-même et les Pères apostoliques, qui sont encore dans la période de la foi simple, n’ont rien dit de la nature de l’inspiration des écrivains sacrés. Les Pères postérieurs à l’âge apostolique ont, les premiers, ébauché une doctrine sur la nature de l’inspiration, que les théologiens devaient développer et le concile du Vatican adopter.

I. CHEZ LES PÈJîBS.

1° Les Pères apologistes, qui avaient à exposer et à défendre la foi catholique contre les païens et les hérétiques, ont eu à déterminer quelle était l’action du Saint-Esprit sur les écrivains sacrés. Saint Justin a nettement distingué ce qui, dans les Écritures, est du Saint-Esprit et ce qui est des auteurs’inspirés. L’Esnsrit parlait par les prophètes, de telle sorte que les Ecritures sont à la fois la parole de Dieu et celle de l’écrivain sacré. Dial., 16, P. G., t. vi, col. 509, 512. Cꝟ. 22, 25, 34, col. 521, 529, 548. Bien qu’il signale le plus souvent l’action du Saint-Esprit, il n’omet pas d’indiquer directement, par l’emploi des prépositions ùnà et 8m, celle des prophètes et des écrivains sacrés. Ainsi les paroles bibliques qu’il cite, il ne les invente pas, àXXà toùtouç Aa6lS [i-sv ë’J ; aXXev, ’Haataç Se £jr, Y£XXtJ^£To, Za/apiaç 8è èxr)pu ; s, Mwûa 7)ç Se àvtxç>oi.<>e. Dial., 29, col. 537. "Eaxi, Se i[iaX[xà< ; Toù AaêlS ouToç, 36, col. 553.

Il importe de noter que, pour saint Justin, les prophètes et les auteurs inspirés n’étaient pas des instru-