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INSPIRATION DE L’ECRITURE

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hana, Fribourg-en-Brisgau, 1908, p. 1-24 ; A. Dufoiircq, De manichœismo apud Latinos quinto swciilo, Paris, 1900, p. 50-01, niait aussi l’unité d’origine des deux Testaments. Or, cette unité fut solennellement affirmée dans deux analliématismes, que, depuis Hefelc, Conciliengeschiclite, t. ii, p. 308 sq. ; trad Leclercq, t. ii, p. 486, on attribuait au concile de Tolède, tenu en 447, mais que doni Morin, Pastor et Syaijriiis, deux écrivains perdus du P'e siècle, dans la Revue bénédictine, 1893, t. x, p. 385-390, a démontré être l'œuvre privée de Pastor, évoque de Galice, en 433. Ces anathématismes sont portés contre celui qui dirait ou croirait qu’il y a deux Dieux, l’un de l’ancienne loi, l’autre des Évangiles, et qu’on peut recevoir et vénérer d’autres Écritures que celles que l'Église catholique reçoit. Kiinstle, Antipriscilliana, p. 45. Dans son Liber de fide, Kûnstle, op. cit., p. 86, 16 ; P. L., t. XX, col. 1033, contre Priscillien, le moine Bachiarius met en tête de sa profession de foi ce l article : Novum et Vêtus Testamentum rccipimus in 60 librorum numéro quem sanctæ Ecclesiee catholicæ iradit auctoritas Les Steduta Ecclesiæ anliqua, qu’on rapportait autrefois au IV concile de Carthage (398). Mansi, Concil., t. iii, col. 950, mais qui sont l'œuvre de saint Césaire d’Arles, voir ici t. ii, col. 2171, contiennent cette question qu’on devait poser à un évêque avant son sacre : Quærendum etiam ab eo, si Noui et Veteris Testamenti, id est Icgis et proplietarum et aposiolorum, unum eumdemque credat auctorem et Deum.

2. La même erreur fut renouvelée, du xi « au xiiie siècle, par les pauliciens, les bogomiles, les cathares, les vaudois et les albigeois. Voir 1. 1, col. 13841385 ; K. Holzley, Die Inspiration des Id. Schrift, Munich, 1895, p. 84-87. L'Église affa-ma plusieurs fois contre eux sa foi en l’unité divine des deux Testaments. Dans le symbole proposé, le 13 avril 1053, à l'évêque bogomile Pierre, saint Léon IX mentionne la croyance « que le Dieu et Seigneur tout-puissant est l’unique auteur du Nouveau et de l’Ancien Testament, de la loi, des prophètes et des apôtres. » Denzinger-Bannwart, n. 348. Sur le concile de Lombcrs (1165), la profession de foi imposée aux vaudois par Innocent III, en 1210, et la confession de foi, proposée à Michel Paléologue en 1267, et souscrite par cet empereur au IP concile œcuménique de Lyon, en 1274, voir t. i, col. 1384-1385.

3. Parce que les Arméniens catholiques avaient, dès le vie siècle, une profession de foi, indépendante de celle de Nicée et dans laquelle ils professaient que le Saint-Esprit « a parlé dans la loi et les prophètes et L’s Évangiles », voir t. i, col. 1946, Eugène IV, dans le décrit d’union aux Arméniens, promulgué au conciL' de Florence le 22 novembre 1439 ne leur imposa rien à ce sujet. Mais dans le décret d’union proposé aux jacobites d’Ethiopie et publié, le 4 février 1441, au même concile, il énonça la foi de l'Église romaine, " qui croit très fermement, professe et enseigne que l’unique et même Dieu est l’auteur de l’Ancien et du Nouveau Testament, c’est-à-dire de la loi et des prophètes et de l'Évangile, parce que les saints de l’un et de l’autre Testament ont parlé sous l’inspiration du même Saint-Esprit, » Denzinger-Bannwart, n. 706, et pour montrer qu’il s’agit bien de l’inspiration des Livres saints des deux alliances, le pape joint à cette déclaration le catalogue de ces livres. Or, Eugène IV visait encore l’erreur manichéenne, car, plus loin, dans le même décret, il condamne, parmi les hérésies anciennes, la folie des manichéens, qui ont admis deux principes, l’un des choses visibles et l’autre des invisibles, et qui ont prétendu qu’autre était le Dieu du Nouveau Testament, autre le Dieu de l’Ancien. Denzinger-Bannwart, n. 707. Voir t. i, col. 1385. L’objet direct de la définition du pape Eugène IV est

donc que Dieu est l’auteur des livres des deux Testaments, et la raison de cette définition est le fait de l’inspiration divine des écrivains sacrés des deux Testaments. L’inspiration des Livres saints n’est donc pas directement définie.

2 » Contre les protestants. — Les premiers protestants ne niaient pas l’inspiration de l'Écriture, puisque l'Écriture était pour eux l’unique règle de la foi ; mais quelques-uns d’entre eux ne rangeaient pas dans l'Écriture les livres deutérocanoniques de l’Ancien et du Nouveau Testament. Le concile de Trente, réuni pour condamner leurs erreurs, n’eut donc pas, dès ses premières sessions, à se prononcer sur l’inspiration des Livres saints. En fait, il traita des sources de la révélation : les Écritures sacrées et les traditions divines, mais il fit entrer les deutérocanoniques dans son catalogue des livres sacrés et canoniques, que l'Église catholique recevait. Son décret est intitulé : De libris cunonicis. Voir t. ii, col. 1593-1603. Ce décret ne définit donc pas, comme on le dit souvent, l’inspiration des Livres saints ; il définit seulement, directement et explicitement, leur canonicité. Mais comme la canonicité n’est que la reconnaissance (, fflciclle de l’origine divine et de l’inspiration des Livres saints, voir t. II, col. 1554-1555, le concile de Trente a défini indirectement et implicitement, l’inspiration de tous les livres sacrés et canoniques, y compris les deutérocanoniques de l’Ancien et du Nouveau Testament.

Contre les critiques rationalistes.

Dans la seconde moitié du xviii'e siècle et la première du xix", les rationalistes nièrent l’inspiration divine des saintes Écritures, qui ne furent plus à leurs yeux que des œuvres humaines, rédigées selon les ressources ordinaires, par les écrivains de l’antiquité hébraïque ou les premiers écrivains du christianisme naissant. C'étaient les premiers négateurs directs de toute inspiration sciipturaire. Beaucoup de protestants libéraux nient aussi l’inspiration de l'Écriture. L’autorité ecclésiastique ne condamna le rationalisme biblique qu’au concile du Vatican, le premier concile œcuménique qui ait été réuni depuis l’apparition de cette erreur. Or qu’a fait, à ce sujet, le concile du Vatican ? Il a d’abord renouvelé en le complétant le décret du concile de Trente, en affirmant que l'Écriture sainte est une des sources de la révélation, iiuis en déterminant quels livres et parties de livres forment le corps des Écritures. Voir t. II, col. 1604-1605. Mais, par là, il n’avait pas assez nettement établi l’autorité divine de la Bible ni défini explicitement l’inspiration, niée par les rationalistes et certains protestants. En effet, en déclarant que l'Écriture renferme des vérités révélées, il la plaçait seulement sur le même rang que la tradition divine, qui n’a pas été écrite sous l’inspiration du Saint-Esprit, et en décidant que tous les livres de l’Ancien et du Nouveau Testament, avec toutes leurs parties telles qu’elles sont dans l’ancienne Vulgate, étaient « sacrés et canoniques », il ne dépassait pas, pour l’objet direct de la définition, sinon en précisant son étendue, le décret de Trente. Pour condamner explicitement les négateurs modernes de l’inspiration, il devait définir expressément l’existence de cette inspiration. Il l’a fait, en ajoutant au canon 4, promulgué, le 27 avril 1870, à sa IIP session, les mots : aut cas (les Livres sacrés et canoniques) divinilus inspiratos esse najaveril, anutliemu sit. Denzinger-Bannwart, n. 1809.

Dans le projet de fchéina de la constitution dogmatique De doctrina catliolicu, qui avait été rédigé par Franzelin, professeur au (Collège romain, et qui fut présenté aux Pères du concile, au mois de décembre 1869, au c. IV, De divinæ revelationis fontibus in S. Scriplura et traditione on renouvelait les décisions de Trente sur les sources de la foi et sur la canonicité