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INSPIRATION DE L’ECRITURE


evangelistarum, t. III, c. iii, n. 30, t. xxxiv, col. 11751176. D’autre part, il prouvait contre Fauste le manichéen que Dieu était l’auteur des deux Testaments, les prophètes n’ayant pas reçu un autre Esprit que les apôtres. InJoa., tr. XXXIII, n. 6, t. xxxv, col. 1645. Cf. Contra Faustum manichaum, t. XLii, col. 207-604. Les difTérences des deux Testaments n’excluent pas leur commune origine divine. De vera religione, c. xviir, n. 34, t. xxxiv, col. 136. Saint Augustin afïirme aussi l’inspiration de chacun des livres de la Bible, depuis la Genèse jusqu'à l’Apocalypse. Voir t. i, col. 2342. David était prophète et tous les psaumes ont été écrits sous la dictée de l’Esprit de Dieu. In ps. LXli, n. 1, t. XXXVI, col. 748. Le livre des Proverbes est une sainte Écriture. Serm., xxxvi, n. 1, t. xxxviii, col. 215. C’est par une providence spéciale [de l’Esprit Saint que Marc et Luc ont écrit l'Évangile, quoiqu’ils ne fussent pas apôtres comme Matthieu et Jean. De consensu evangelislarum, t. I, c. i, n. 1, 2, t. xxxiv, col. 1041-1043. Tous les livres des apôtres sont divins, puisque la parole de Dieu a été donnée par les apôtres aussi bien que par la Loi, les Prophètes et les Psaumes. De uniiate Ecclesiæ, n. 29, t. XLdi, col. 411.

Nous ne signalerons plus que le témoignage de Junilius. Bien qu’il ait été Africain d’origine, Junilius avait suivi les leçons de Paul le Persan ou Paul de Nisibe, nestorien, et, dans ses Instituta regularia divinæ legis, au vie siècle, tout en reproduisant la doctrine de Théodore de Mopsueste sur les trois degrés d’inspiration, il maintenait l’inspiration de l'Écriture et il en faisait même la démonstration d’après son contenu. Voir t. II, col. 1563.

Conclusion. — Il serait superflu de poursuivre cette enquête patristique. Il en résulte clairement que l'Église catholique, durant les cinq premiers siècles de son existence, a enseigné par ses docteurs que les Écritures des deux Testaments avaient été inspirées par Dieu, et par appropriation, par le Saint-Esprit, et que tous les écrivains sacrés avaient eux-mêmes écrit leurs livres sous cette inspiration divine. Cette foi, l'Église catholique l’a toujours conservée, et ses docteurs ont continué sans interruption à l’affirmer. Leurs affirmations sont de même nature que celles des Pères, qui les ont précédés. Elles se produisent toujours par les épithètes sainte, divine, divinement inspirée, etc., qu’ils joignent au nom cVÉcriture, et par les formules qu’introduisent leurs citations des textes sacrés. Ces formules variées se résument dans l’attribution directe à Dieu ou au Saint-Esprit des paroles scripturaires, ou dans leur attribution aux écrivains sacrés, qui les ont écrites par l’inspiration du Saint-Esprit. Les témoignages des auteurs ecclésiastiques du vi<e siècle au moyen âge en faveur de l’inspiration de l'Écriture sont réunis dans les ouvrages suivants, où on pourra les lire : P. Dausch, Die Schriftinspiration. Eine biblischgeschichtliche Sludie, Fribourg-en-Brisgau, 1891, p. 85102 ; C. Holzhey, Die Inspiration der hl. Schrift in der Anschauung des’Mittelalters von Karl dem Grosse bis ziini Konzil von Trient, Munich, 1895 ; Bohnert, Die Inspiration der heiligen Schrift iind ihre Bestreiler, Leipzig, 1889, p. 85-134 ; Chr, Pesch, Z)e inspiratione sacræ Scriptiirie, Fribourg-en-Brisgau, 1906, p. 9398, 129-140. Sur la doctrine de Hugues de SaintVictor, voir t. VII, col. 272.

/II. DÉMONSTRATION DES THÉOLOGIENS CATHOLIQUES. — 1° Au moyen âge. ' — L’inspiration de l'Écriture n'étant niée complètement par personne, les théologiens du moyen âge ne sentaient pas le besoin de prouver son existence pas plus qu’ils ne spéculaient longuement sur sa nature. Les seuls essais de démonstration que j’aie rencontrés dans mes recherches sont celles de Baudoin, archevêque de (^antorbéry, de Duns Scot et de Baymond de Sébonde, que

j’ai exposées, t. ii, col. 1563. Pour Dum Scot. voir aussi t. III, col. 1873.

2° Dès le XVI- siècle, dans la controverse avec les protestants. — Comme les protagonistes du protestantisme ne niaient pas l’inspiration de l'Écriture, mais qu’ils en proposaient seulement des critères nouveaux, les premiers controversistes catholiques se bornèrent à discuter la valeur de ces critères, qu’ils jugeaient insuflisants à prouver l’origine divine des Livres saints. La controverse aboutit progressivement à cet excellent résultat de ne considérer les critères internes que comme de simples motifs de crédibilité et à ne retenir comme motif de foi de la divinité de l'Écriture que l’autorité de l'Église, qui la déclare, sans la constituer, et la définit simplement. Voir t. ii, col. 1563-1564. Dès lors, les thèses par lesquelles les théologiens catholiques prouvent l’inspiration des Livres saints, se déroulent conformément au plan suivi dans les pages précédentes : ils trouvent dans la Bible elle-même, considérée seulement comme livre historique, l’attestation de la foi de la Synagogue et de l'Église primitive en l’inspiration divine de l'Écriture ; ils constatent la persistance de cette croyance dans l'étude de la tradition catholique et ils couronnent leur démonstration, en exposant, ce cjui nous reste à faire, les décisions officielles de l'Église qui, en vertu de son autorité infaillible, définit l’origine divine des deux Testaments et l’inspiration de l'Écriture entière.

IV. DÉCISIONS OFFICIELLES.

Tant qu’une doctrine est en paisible possession dans l'Église, le magistère ecclésiastique n’a qu'à veiller à sa conservation intégrale et il n’intervient, d’ordinaire, pour la définir que si elle est discutée ou niée et dans la mesure où elle est discutée ou niée. Les gnostiques et les marcionistes, nous l’avons vii, niaient, de diverses manières l’origine également inspirée des deux Testaments et leur provenance du même Esprit inspirateur. Voir Antinomisme, t. i, col- 1393-1398, et Antilogies BIBLIQUES, col. 1382-1383. Le magistère ordinaire de l'Église n’est intervenu contre ces négations que par la voix des Pères, qui affirmaient l’origine divine des deux Testaments et réfutaient les objections des gnostiques et des marcionistes.

f Contre les manichéens et les sectes issues du manichéisme. — Mais au iiie siècle, Manès, qui prétendait établir une troisième économie, celle du Saint-Esprit, succédant à celle du Père, qui avait institué le mosaïsme, et à celle du l^'ils, qui était le christianisme, attribuait la loi de Moïse au mauvais principe et mettait en désaccord les livres de l’Ancien Testament avec ceux du Nouveau. Voir Archélaus, Acta disputationis cum Manete, n. 10, P. G., t. x, col. 14451448 ; S. Épiphane, Hær., lxvi, n. 42, 74, P. G., t. xi.ii, col. 92, 145 ; Tite de Bostra, Adversus manichœos, t. III, præf., P. G., t. xviii, col. 1209. A rencontre des premiers manichéens, les Pères, comme nous l’avons vii, afiirmèrent que les deux Testaments étaient du vrai, du bon, de l’unique Dieu, Père de Notre-Seigneur.Jésus-Christ, et réfutèrent les arguments contraires. Voir t. i, col. 1398, 1399, 1384. Le magistère officiel de l'Église n’intervint pas encore. Dans la formule définitive du symbole de Nicée, adoptée en 351, au " concile œcuménique de Censtantinoplo, les catholiques croient au Saint-Esprit, t6 XaXTÎCTav Sià twv TipoçY^Tcov. Denzinger-Bannwart, Enchiridion, 13e édit., 1921, n. 86.

Mais, bien qu’elle ait été vivement combattue, l’hérésie manichéenne persévéra, et ses principes passèrent dans l’enseignement de diverses sectes, plus ou moins directement dépendantes d’elle. Voir t. i, col. 1884.

.Le priscillianisme, qui contamina l’Espagne et la Gaule, du iv « au vie siècle, voir Kiinslle, Antipriscil-