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INSPIRATION DE L’ECRITURE


est un don de Dieu, c. xi, n. 8, col. 887. Saint Irénée cite ensuite, c. xii, 1-xiii, 3, col. 892-912, le témoignage des apôtres, que Luc rapporte dans les quinze premiers chapitres des Actes, puis les passages du mC’me livre où l’auteur parle à la première personne du pluriel. Il prouve sa simplicité et sa véracité, quand il parle de lui-même, et il la compare à celle de saint Paul, c. xiv. 1, col. 943, dans son discours à Milet, reproduit par Luc lui-même. M. O. Reilly, Le canon du Nouveau Testament et le critère de la canon icitc, dans la Revue biblique, 1° avril 1921, p. 20, prétend que le livre des Actes n’était cité par saint Irénée que comme une source de renseignements historiques, qui apprenait ce qu’ont enseigné les apôtres et leurs disciples, sans rien dire de son inspiration. Ce critique n’a pas remarqué qu’Irénce, c. xii, 5, col. 897, cite comme Écriture le passage des Actes, iv, 22, qui indique l’âge du boiteux guéri par saint Pierre, détail qui n’a aucun rapport avec l’enseignement apostolique et que l’évêque de Lyon tient cependant pour parole d’Écriture. Les autres arguments de M. O. Reilly, qui lui paraissent « exclure l’action de l’Esprit dans la composition du Nouveau Testament », n’ont pas plus de valeur. En efïet, cet Esprit est cité à côté des apôtres et des prophètes, au lieu du Seigneur Jésus, t. III, c. VI, 1 ; c. XIX, 2 ; t. IV, c. i. 4, col. 860, 910, 976. Pour Irénée, les Écritures sont aussi bien apostoliques que prophétiques, et les livres du Nouveau Testament sont Écritures au même titre que ceux de l’Ancien. D’ailleurs, l’Esprit-Saint a parlé par Matthieu, t. III, c. xvii, 2, col. 921. Saint Paul a été inspiré par le Saint-Esprit, t. IV, c. viii, 1, col. 993. Les apôtres étaient inspirés dans leurs écrits autant que dans leurs paroles, t. III, c. i, col. 844. L’Apocalypse était l’œuvre du Saint-Esprit, t. V, c. xxv, 4, col. 1207. Cf. A. Camerlynck, Saint Irénée et le canon du Nouveau Testament, Louvain, 1906 : J. Hoh, Die Lehre de ; hl. Irenaus iiber das Neue Testament, Munstcr-en-Westphalic, 1919, p. 62-75, 90-109 ; E. Mangenot, Le témoignage de saint Irénée sur le livre des Actes et son cniteur, dans la Revue des sciences religieuses, Paris, 1921, p. 97. Les rationalistes eux-mêmes reconnaissent que la majeure partie des livres du Nouveau Testament était tenue pour canonique par saint Irénée et ils en concluent que l’évêque de Lyon admettait leur inspiration. Cf. A. Harnack, Die Enlstehung des Neuen Testaments und die wichligen Folgen dcr neuen Schôpfung, Leipzig, 1914, p. 46, 47 ; A. Loisy, Les Actes des apôtres, Paris, 1920, p. 7.

Tertullien réfuta Marcion, qui rejetait l’Ancien Testament, œuvre du mauvais principe, et n’acceptait qu’une partie du Nouveau. Voir t. ii, col. 1560. Dans son Apologétique, il démontre aux païens l’autorité de l’Écriture par son antiquité, l’accomplissement des prophéties qu’elle contient et par l’inspiration prophétique de ses auteurs. Ibid. L’Église romaine mêle la Loi et les prophètes aux lettres évangcliques et apostoliques et en abreuve la foi. De præscriptionibus, 36, P. L., t. ii, col. 49-50. Cf. Adv. Praxeam, II, col. 167 ; Adv. Herntogenem, 19, 20, col. 214, 216 ; l’Évangile est le supplément de l’Ancien Testament. Le Nouveau Testament a été écrit sous la même inspiration que l’Ancien. Adv’. Marcionem, t. IV, c. xxii, col. 414. L’Esprit-Saint parle en saint Paul, t. V, c. VII, col. 485 ; De virginibus velandis, 4, col. 894 ; De monogemiia, 12, col. 947 ; De pudicitia, 10, col. 1012. Cf. A. d’Alès, La théologie de Tertullien, Paris, 1905, p. 221-222.

Saint Hippolyte admettait l’inspiration des prophètes. La grâce divine descendait du ciel sur eux et ils étaient toujours instruits par le Saint-Esprit, In Daniel, iii, 2, Hyppolijtus Werke, édit. Bonwetch, Leipzig, 1897, p. 118, qui leur communiquait l’intel DICT. DE THÉOL. CATHOL.

ligence et leur découvrait la vérité pour l’instruction des autres. De Antichristo, 2, ibid., p. 4. Ils proposaient non leurs conceptions personnelles, mais les pensées et les images que Dieu même mettait dans leur esprit. Ibid., 2, p. 5. Dieu qui les a éclairés garantit la véracité de leurs oracles, dont il procure infailliblement l’accomplissement. In Dan., iv, 6, p. 198. Leur inspiration est une grâce de sagesse et d’intelligence. Ibid., III, 19 ; iv, 27, 29, 30, 36, 39, p. 160, 256, 262, 280, 286. Ainsi éclairés, les prophètes étaient les hérauts de Dieu, qui parlait par leur bouche. In Cantic, dans N.Bonwetsch, Texte und Untersuchungen, Leipzig, 1902, t. XXIII, fasc. 2 c, p. 20-22. Si Hippolyte cite l’Ancien Testament, qui comprend la Loi et les Prophètes, par les formules : v) YpaYÔ ^Éyei., ou quelquefois al Osïai. Ypa(f)oi.L, ou al oLyMi. ypaçaî, et celles du Nouveau par celles-ci : ô xuptoç Xéyei. pour les Évangiles et ô à.nÙGXo’koc, Xsysi, avec ou sans le nom de l’apôtre pour les Épîtres, il ne fait aucune différence dans l’autorité cju’il leur reconnaît et dans la vénération qu’il leur porte. Il cite et commente largement l’Apocalypse sous le nom de saint Jean, et il la comprend dans l’Écriture, qui contient les prophètes, les paroles du Seigneur et les écrits des apôtres. De Antichristo, 58, édit. Bonwetsch, p. 38. Voir A. d’AIés, La théologie de saint Hippolqte, Paris, 1906, p. 110-116. Cf. t. VI, col. 2509.

Le prêtre romain Caius disait des hérétiques, qui avaient falsifié les Écritures : « Ou bien ils ne croient pas que les saintes Écritures ont été dictées par le Saint-Esprit, et ils sont des infidèles, ou bien ils s’estiment plus sages que le Saint-Esprit, et ils sont des démoniaques. » Eusèbe, H. E., v, 28, P. G., t. xx, col. 547.

4. L’école catéchétique d’Alexandrie, qu’Eusèbe appelle SiSaoxaXeïov tôjv tspwv Xôywv, H. E., v. 10, P. G., t. XX, col. 453, prouvait par les mêmes arguments que les Pères apologistes la divinité des Écritures. Pour Clément d’Alexandrie et Origène, voir t. ii, col. 1560-1562. Cf. A. Zôllig, Die Inspirationslehre des Origenes, Fribourg-en-Brisgau, 1902, p. 7-15 ; P. Prat, Origène, le théologien et l’exégète, Paris, 1907, p. 115-118 ; F. Leitner, Die Prophetische Inspiration, Fribourg-en-Brisgau, 1896, p. 139-147. Il serait donc superflu de relever dans les œuvres de ces docteurs les innombrables passages de l’Écriture qu’ils citent et qu’ils attribuent au Saint-Esprit, inspirateur des écrivains sacrés.

Ajoutons seulement que, pour Clément, son pédagogue, qui est le Verbe incarné, a été le magister du peuple juif par Moïse et celui du peuple chrétien par lui-même. Malgré leurs différences, les deux Testaments ont donc été donnés par le même Verbe. Padagogus, t. I, c. vii, P. G., t. viii, col. 320-321. L’Esprit-Saint, qui est l’esprit des prophètes, ibid., t. I, c. v, col. 264, a parlé par les prophètes et par tous les auteurs des Livres saints, même par l’apôtre Paul dans ses lettres aux Ephésiens et aux Corinthiens, t. I, c. V, VI, col. 269, 308.(1 Si Dieu est l’auteur de tous les dons, il ne l’est pas de tous au même titre : des uns, comme de l’Ancien et du Nouveau Testament, il l’est principalement ; des autres, comme de la philosophie, par simple conséquence, » Strom., I, 5, col. 717, puisque la philosophie vient de Dieu et non du diable. Voir t. III, col. 146, 147. Clément admet l’inspiration du Nouveau Testament aussi bien que celle de l’Ancien. Voir t. iii, col. 163-165. Cf. Dausch, Der neutestamentliche Schriftcanon und Cléments von Alexandrien, Fribourg-en-Brisgau, 1894, p. 47-56.

Dans ses commentaires des Livres saints, qui nous sont parvenus, Origène enseigne sur l’inspiration la même doctrine que dans son Ilepi àpxôiv et dans ses livres contre Celse. Il applique à l’Écriture entier, ;

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