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INSPIRATION DE L’ECRITURE


Testament n’affirme sa propre inspiration, si l’on excepte l’auteur de l’Apocalypse. Celui-ci, en efïet, déclare, dés le titre de son livre, que l’Apocalypse lui a été donnée par Dieu ; il rapportera donc la parole de Dieu et le témoignage de Jésus-Christ et tout ce qu’il a vu. Heureux par suite seront les lecteurs et les auditeurs de sa prophétie, ainsi que ceux qui observeront ce qui y est écrit, i, 1-3. Il a reçu plusieurs fois l’ordre d’écrire ses visions. En terminant, il confirme la vérité de son livre prophétique, et il menace des fléaux divins quiconque oserait y ajouter ou en retrancher quelque chose, xxii, 18, 19.

Deux autres écrivains témoignent de l’inspiration d’ouvrages du Nouveau Testament différents des leurs. Saint Paul, I Tim., v, 8, cite comme Écriture un passage du Pentateuque, Deut., xiv, 4 ; cf. I Cor., IX, 9, et un passage de l’Évangile de saint Luc, x, 7. Saint Pierre, II Pet., iii, 15, 16, met les Épîtres de son très cher frère Paul au rang des Écritures, en disant qu’elles contiennent « quelques passages difficiles à comprendre, que les gens ignorants et mal affermis détournent île leur sens comme les autres Écritures. « 

Manifestre dans la trad.tinn catholique.

1. Les

Pères apostoliques sont encore dans)a période de la foi simple : ils manifestent, à l’occasion, leur croyance à l’inspiration des Livres saints, sans l’affirmer ex professa, ni la justifier. Ils se bornent à citer et à employer les écrits des deux Testaments, surtout de l’Ancien, comme Écriture, et ils introduisent souvent leurs citations par la formule ysyp^tTiTat., ou d’autres analogues. La Didaché, qui s’inspire souvent de l’Ancien’lestanient, voir 1. 1, col. 1082, et qui traite longuement, xi-XIII, des prophètes de la nouvelle alliance, n’emploie que deux fois une formule d’introduction : i, 6, nzpl TOijTOu 8è eïp’qxxi, pour un passage de la Bible qu’il est impossit)ie d’identifier, Funk, Patres aposiolici, Tubingue, 1901, t. i, p. 6 ; xvi, 7, wç èppéOï], p. 36, pour Zach., xiv, 5, immédiatement suivi d’une allusion à Matth., XXVI, 61. Du Nouveau Testament, elle ne cite que l’Évangile du Seigneur d’après saint Matthieu. Voir t. I, col. 1086-1087. Son auteur plaçait donc cet Évangilesur le inèmerangqueleslivresdel’AncienTestament. La lettre de pseudo-Harnabé prouve l’abrogation de l’ancienne loi par des paroles que le Seigneur a dites par tous les prophètes, i, 4-ni, 5. Funk, ibid., 1. 1, p. 40-44. Elle cite Hénoch comme Écriture, iv, 3, puis le prophète Daniel, iv, 4, 5, enfin l’Exode et le Deutéronome comme Écriture, iv, 7, 8, encore Isaïe, iv, 12, et saint Matthieu, iv, 14, p. 48, par la formule <î)ç yéyptx.Tz-^oi.i. Cet Évangile est donc pour lui une Écriture. Les citations suivantes sont tirées de l’Ancien Testament. Voir t. ii, col. 420-421.

Saint Clément de Rome cite l’Ancien Testament par les formules suivantes : ysypa^fai, 7* Cor., iv, 1 ; xiv, 4 ; xvii, 3 ; xxix, 2 ; xxxii, 3 ; xxxix, 3 ; xlvi, 2, 3 ; L, 4, 6 ; Xéysi Y) ypacpy], xxiii, 3 ; xxxiv, 6 ; xxxv, 712 ; XLIT, 5 ; Xéysi tô ypatpeîov, xxviii, 2 ; (f-qai ô àyioç Xéyoç, Lvi, 3-15 ; "kéyzi tô 7tv£~|j. « to ayiov, xiii, 1, 2 ; XVI, 2-16 ; TÔ y£ypa[ji.(ji.£VOv, iii, 1. Il affirme plus explicitement l’inspiration scripturaire, quand il écrit : ’Evxsx’Jcpate etç xàç Ispàç ypaçàç, ràç àX-/)6e’Ï£ ;, xàç 81à Toù Trv£’J[iocToç TO’j àyîou. Il n’y a d’écrit en elles rien d’injuste ni de mauvais, xlv, 2, 3. Funk, op. cit., t. i, p. 156. Prêchant l’union aux Corinthiens, Clément leur rappelle Cque le bienheureux apôtre Paul leur a écrit au début de l’Évangile.’Ett’àXviOsîaç TtveujxaTixôjç zTzsazsiXzv ijpLÏv, xlvii, 3, p. 160. L’évêque de Rome admet donc l’inspiration de saint Paul dans ses lettres aux Corinthiens.

La //* ad Corinlhins, faussement attribuée à saint Clément de Ironie, cite successivement comme ypaçy], ou parole d’Ecriture un passage de Jérémie, vii, 11, et un de la Genèse, i, 27. Or, aux livres des prophètes

qui parlent de l’Église, elle joint les apôtres, xiv, 1, 2, Funk, t. I, p. 200, 202, comme ayant la même autorité. Après avoir cité Isaïe, liv, 1, en employant trois fois la formule d’introduction, sÏtîsv, elle rapporte une parole de Notre-Seigneur, citée dans les trois Synoptiques, en la faisant précéder des mots : ’Exépoc 8È Ypatpv) Xsyei, ii, 1-4, p. 186. La parole du Christ, écrite dans les Évangiles, est donc un passage de l’Écriture aussi bien qu’une parole de Jérémie. A la lecture des Écritures, dans lesquelles on entend Dieu, l’auteur ajoute une exhortation, qui attirera l’attention des lecteurs sur ce qui est écrit, xix, 1, p. 208.

Saint Ignace, dans ses lettres, ne cite que deux passages de l’Ancien Testament avec les formules : yéypa-TTTai yâp. Ad Eph., v, 3, Funk, t. i, p. 218 ; ûç ysypa-TTTai, , Ad Magn., xii, p. 240. Mais il dit queot ŒiôxaToi. npocfirjTOLi ont vécu selon le Christ et qu’ils ont souffert, lvTTvs6|J.evoi hnb ttjç ydepiToç aÙTOÙ, afin de certifier aux incrédules qu’il n’y a qu’un seul Dieu. Ad Macjn., viii, 2, p. 236. Si les Philadelphiens doivent se reporter à l’Évangile comme au Christ présent corporellement et aux apôtres comme au presbyterium de l’Église, ils doivent cependant aimer les prophètes qui ont annoncé l’Évangile, espéré au Christ et attendu sa venue. Ad Philad., v, 1, 2, p. 266, 268. Plus loin, ix, 2, p. 273, il leur recommande encore d’aimer l’Évangile et les prophètes. Dans ces passages, il s’agit bien de l’Évangile écrit, car cet Évangile est mis sur le même rang que la loi de Moïse et les prophètes. Ad Smijrn.,

V, 1, p. 278.

Saint Polycarpe recommande aux Philippiens de servir le Christ, comme lui-même l’a ordonné, ainsi que les apôtres qui ont annoncé l’Évangile et les prophètes qui ont prédit la venue de Notre-Seigneur. Ad Phil., VI, 2, p. 304. Sa lettre est remplie des paroles de .lésus, telles qu’elles sont rapportées dans l’Évangile de saint Matthieu, de pensées et d’expressions des Épîtres de saint Paul. Aussi ne peut-on nier qu’il ait lu ces écrits et qu’il soit rempli de leur doctrine. Il a confiance que ses correspondants sont eux-mêmes bien exercés sv [epalç ypaçaTç, et il cite, xii, 1, p. 310, xa6wç £v Tatç ypatpaïç eïp/jTai, une parole, qui est reproduite à la fois dans le Ps. iv, 5, et Eph., iv, 26. Il leur rappelle l’enseignement de saint Paul, en citant I Cor.,

VI, 2, de Paul, qui leur a écrit et s’est glorifié en eux, XI, 2, 3, p. 308 ; de Paul qui leur a prêché la vérité et qui leur a adressé une lettre capable de les édifier dans la foi qu’il leur a donnée, iii, 2, p. 300, 302. Voir t. VII, col. 702-703. Sur les Pères apostohques et le Nouveau Testament, voir t. i, col. 1636-1637 ; t. ii, col. 1583.

Les anciens, que saint Irénée a eus comme maîtres, lui ont appris que l’Apocalypse de saint Jean était une Écriture. Cont. hier., t. V, c. xxx, 36, P. G., t. vii, col. 1205, 1222.

2. Les Pères apologistes ont passé de la foi simple, qui s’affirme, à la foi, qui se justifie, ils sont les premiers chrétiens qui ont prouvé l’origine divine de l’Écriture qu’ils citaient aux païens et aux juifs pour démontrer la mission divine de Jésus-Christ. Ils ne se sont donc pas bornés comme leurs prédécesseurs à atTirmer, à l’occasion, leur foi en l’inspiration divine des livres de l’Ancien et du Nouveau Testament ; ils ont justifié leur foi, à leur manière. Leur démonstration reposait sur deux arguments principaux : a) l’accord admirable des écrivains sacrés dans la doctrine, accord mis en opposition avec le désaccord des philosophes ; b) l’accomplissement des prophéties, contenues dans les livres de l’Ancien Testament.

C’est la méthode qu’a suivie saint Justin. Voir t. ir, col. 1559. Les prophètes étaient remplis du Saint-Esprit, et leurs écrits nous restent pour notre instruction. Dial. cunt Tryphone, 7, P. G., t. vi, col. 491.