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INSPIRATION DE L’ECRITURE


Jérémie. Heb., x, 15-18. La manière de produire ces citations, l’autorité qui leur est attribuée montrent que les apôtres tenaient l’Ancien Testament comme la parole de Dieu écrite par l’intermédiaire des écrivains sacrés. Cf. Éd. Reuss, Histoire de la théohxjie chrétienne au siècle apostolique, .3e édit., Strasbourg, 1864, t. I, p. 410-421 ; Histoire du canon des saintes Écritures dans l'Église chrétienne, 2e édit., Strasbourg, 1864, p. 13-15.

2. Affirmations explicites de l’inspiration des Écritures juives.

Nous en possédons deux, une de saint Paul et une de saint Pierre.

a) Affirmation de saint Paul. — Écrivant à son disciple Timotliée, l’apôtre lui recommande de persévérer dans l’enseignement qu’il a reçu et qui lui a été confié, ayant étudié, dès son berceau, lepà Ypàji.(i, a- : a, cpai sont capables de lui donner la science du salut par la foi en Notre-Seigneur Jésus-Christ. II Tim., iii, 15. Et la raison qui donne aux saintes Lettres cette efficacité est celle-ci : nxaac ypacpY] ŒÔTïvsuaxoç xod wqjéXifjioç rpôç SiSaaxaXîav, rrpôi ; èX£Y(i.6v, Tcpôç ÈTravôp0wa !.v, Tzpbç -ar.Ssîav t/)v sj Sixaioauvy], etc.

Le sujet de la proposition, TiSaa yp"'?) » pourrait, absolument parlant, désigner la collection entière de l'Écriture, reçue par les juifs et étudiée par Timothée. Mais l’absence d’article oblige plutôt à l’entendre dans un sens distributif, soit de tout passage de l'Écriture, si Ypaçv] a le sens qui lui est donné, Act., viii, 36, soit plutôt de toute partie du recueil scripturaire des juifs, dont YPOt ?^ ^st le nom caractéristique, dé ces tepà YpâfJ-li-aTa, que Timothée, dont la mère était juive, a étudiés dès son enfance. Dans la plupart des manuscrits grecs, l’adjectif QsànveuGTOç, est attribut et il est joint à ùxfi’Liiioc, par la conjonction xaL Si, dans la Vulgate latine, il est en apposition au sujet, le sens n’en est pas changé, puisque c’est, parce qu’elle est divinement inspirée, que l'Écriture est utile à l’enseignement. Quant à la signification de cet adjectif, si, au seul point de vue de la grammaire, elle peut être active et signifier : respirant Dieu, animée de son esprit, comme le prétend H. Cremer, art. Inspiration, dans Realencijklopcidie fur protestantische Théologie und Kirchc, t. ix, p. 184-185, (sous prétexte que cet adjectif composé, employé ici peut-être pour la première fois, a un sens actif comme wçéXttxoi ;, qui suit), elle est plutôt passive et signifie : inspirée par Dieu. La plupart, en effet, des adjectifs dans lesquels 6e6ç entre en composition, tels que OsoY^waTOç, ŒoSotoç, 0£oy.îvyjT7)( ;, 6e67rs[X7rTO( ; etc., ont un sens passif. Cet adjectif a de plus, en dehors de ce passage, le sens passif. Plutarque, De placitis philosophorum, v, 2, l’emploie au sujet de songes ôsoirveùcTouç, envoyés par Dieu. Le pseudo-Phocyhdc, noîy)(i.a vouŒ-rixôv, 121, parle aussi de la sagesse GEOTrvsua-ïov, inspirée par Dieu. Les Oracles sibyllins, t. V, 308, édit. Gelïcken, p. 1 19, mentionnent des sources chaudes qui sont OsorvEucTTot., et 406, p. 124, désignent par le même terme les hommes, qui ont reçu de Dieu leur âme avec la vie. Enfin les Pères grecs, qui connaissaient leur langue, ont donné à cet attribut le sens passif d’inspiré de Dieu. Ainsi Origène, De principiis, iv, 1, P. G., t. XI, col. 342 ; In Jer., homil. xxi, n. 2, t. xiii, col. 526 ; S. Athanase, £p ; sI. ad Marcellinum, n. 1, P. G., t. xxvii, col. 11 ; S. Grégoire de Nazianze, Contra Eunomium, 7, P. G., t. xlv, col. 744 ; S. Cyrille d’Alexandrie, In Is., I. IIL P. G., t. lxx, col. 655. Les Pères latins lui ont donné le même sens à la suite de la Vulgate, par exemple, saint Ambroise, De Spirilu Suncto, iii, 16, P. L., t. xvi, col. 803. La Peschito a traduit ce terme dans le même sens. Bien que le but principal de saint Paul soit d’exposer les multiples utilités de l'Écriture inspirée, il affirme néanmoins très explicitement l’inspiration de l'Écri ture entière, rjuc les juifs recevaient, et il fait dériver ces utilités de leur divine inspiration. Elle n’a précisément cette utilité que parce qu’elle a été inspirée par Dieu.

b) Affirmation de saint Pierre. — S' adressant à des juifs convertis au christianisme, le prince des apôtres les exhorte à demeurer fermes dans la foi. Elle est solide, en effet, la foi chrétienne qui repose sur un double témoignage divin. C’est d’abord celui que le Père a rendu k son Fils au jour de la transfiguration et que Pierre lui-même a entendu. II Pet., i, 16-18. Mais nous avons un témoignage plus ferme, celui des paroles des prophètes, auquel il faut faire attention, bien qu’il soit obscur, 19. Son obscurité n’enlève donc rien à sa crédibilité ; mais pour bien le comprendre, il ne faut pas l’interpréter dans son sens personnel ; pour le faire, on a besoin d’une lumière spirituelle, d'être éclairé, au milieu de ces ténèbres, par la lumière de celui qui a fourni ce témoignage prophétique, 20. Et la raison en est la suivante : où yàp 6sXy)[i, aT !, àvOp’i’ijTou -^vé/Ot] nçio'^r^xz’ia. ttoté, àXXà unô TrvsûpiaTOç àyiou cp£p6|i, £voi £XâX-/)aav àTiô Geoû av6pwTroi, 21. La prophétie n’est donc pas un témoignage humain ; elle ne provient pas de l’homme ; seuls, les faux prophètes parlaient d’eux-mêmes et par leur propre inspiration. Jer., xxiii, 26. Les vrais prophètes, qui étaient des hommes de Dieu, ont parlé, dans l’ancienne loi, poussés par le Saint-Esprit ; c'était cet Esprit qui les poussait à parler, ils étaient donc inspirés par lui. Bien que cet argument vise directement la projjhétie ad loquendum, nous pouvons cependant, et nous devons même, pour expliquer la pensée de saint Pierre, l’appliquer aux Écritures prophétiques. Les lecteurs de saint Pierre, en elïet, n’avaient pas entendu la parole prophétique et inspirée des hommes de Dieu de l’Ancien Testament ; mais ils la lisaient dans leurs livres, et c'était pour comprendre parfaitement Traira Trpocpv)T£ta YPotÇ'^Ç » c’est-à-dire toute l'Écriture prophétique, que l’interprétation propre ne suffisait pas et qu’il était nécessaire d’avoir une lumière divine, celle de l’Esprit inspirateur des prophètes qui avaient annoncé le Messie. Saint Pierre affirme donc expressément l’inspiration de tout l’Ancien Testament, qui était l'œuvre des prophètes d’Israël. C’est donc à tort que M. Loisy a vu dans le discours prophétique, ainsi recommandé, non pas les prophètes de l’Ancien Testament qui n’avaient pas besoin de cette recommandation, mais « une révélation concernant la parousie, la fin des choses, le sort éternel des élus et des réprouvés ; ce doit être simplement l’Apocalypse de Pierre, avec laquelle notre cpître est apparentée dans sa rédaction ». Les épîtres attribuées ù Paul et les épîtres catholiques, dans la Revue d’histoire et de littérature religieuses, septembre 1921, p. 330. Le rédacteur de l'Épître parle expressément de toutes les prophéties de l'Écriture, et rien n’indique qu’il vise l’Apocalypse apocryphe de Pierre. Il ajoute qu’il y a eu de faux prophètes, ii, 1, comme Balaam, ii, 15. C’est pourquoi il excite ses lecteurs à se souvenir de ce qu’il leur a dit, dans sa première lettre, d’après les saints prophètes et leurs apôtres, iii, 1, 2. Il sait que des ignorants dépravent les Épîtres de Paul, dans lesquelles il y a des choses difficiles à comprendre, comme ils dépravent les autres Écritures, iii, 15-17, qui sont obscures, elles aussi, i, 19, et il leur recommande de rester fermes, iii, 17, en s’appuyant sur le ferme témoignage des prophéties, i, 19. Il a donc en vue les prophéties de l’Ancien Testament et non l’enseignement des prophètes de la nouvelle alliance, et c’est d’eux qu’il affirme qu’ils ont parlé sous l’impulsion du Saint-Esprit.

3. Affirmation de l’inspiration de quelques livres du Nouveau Testament. — Aucun écrivain du Nouveau