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INSPIRATION DE L'ÉCRITURE


aux besoins religieux des Israélites de langue grecque, plutôt que pour faire entrer la loi mosaïque dans la bibliotlièque du roi Ptolémée Philadelplie.

Le juif Philon, qui vivait au début de l'ère chrétienne et était imprégné de la iihilosophie alexandrine, gardait néanmoins la foi de ses pères. Audessus des sciences profanes qu’il avait étudiées, il plaçait « les livres sacrés », remplis d’une sagesse admirable, que Moïse, le promulgateur de la législation juive, avait laissés et qui surpassent tout ce qu’ont enseigné les philosophes. Moïse était prophète de Dieu, qu’il avait vu face à face et qui l’avait instruit. Il y a eu d’autres prophètes, semblables à lui. Ils ont édité les oracles de Dieu, et Philon nomme couramment leurs livres, lepà p16Xta, al tepal ypaçai, xà Ispà YpâjipLaTa. Philon n’a pas toutefois une notion très exacte de l’inspiration qu’il confond avec l’extase et qu’il attribue à des personnages qui n’en ont pas été dotés, notamment aux auteurs de la version des Septante, réunis à l'île de Phares. Voir C. Pesch, De inspiratione sacrse Scripturæ, Fribourg-en-Brisgau, 1906, p. 17-24.

L’historien juif Josèphe, quoique palestinien, était imbu des idées helléniques et il exposa les croyances juives de manière à les faire agréer par les Romains. Nous avons dit déjà, col. 20(59, qu’il est le premier qui ait employé le mot d’inspiration, èmKVCjia.. Or, il ajoute que les juifs possèdent vingt-deux livres, « qui passent, ; bon droit, pour être divins. » Ils les entourent d, 'une telle vénération que, depuis si longtemps qu’ils existent, personne n’a encore osé y ajouter, en enlever ou y changer quoi que ce soit. On leur a inculqué, dés le berceau, de croire que ces livres contiennent des commandements de Dieu, de telle sorte qu’ils s’attachent à eux et savent mourir pour eux, si c’est nécessaire. Conl. Apionem, i, 8. Or, ces vingtdeux livres sont ceux que contenait la Bible hébraïque. Ils comprenaient, en elïet, les cinq livres de Moïse, treize livres prophétiques, parmi lesquels les livres historiques, rédigés par des prophètes, et quatre autres, qui contenaient des hymnes à Dieu et des préceptes moraux pour les hommes. Depuis Artaxerxès, d’autres livres avaient été composés (c'étaient les deutérocanoniques de l’Ancien Testament), mais ils n’avaient pas la même autorité que les autres, parce que la succession des prophètes n'était pas exactement assurée. Josèphe attribuait donc à des prophètes, c’est-à-dire à des hommes inspirés, l’origine des livres, auxquels ses coreligionnaires portaient une vénération spéciale, parce qu’ils contenaient la parole de Dieu et des règles de vie morale. Voir t. iii, col. 1571.

7° Les juifs croyants ont jusqu'à nos jours conservé la foi de leurs pères en l’inspiration des Livres saints, quelle qu’ait été l’opinion de leurs docteurs sur la nature de cette inspiration. Voir t. iii, col. 1569. Nous n’exposerons pas leur sentiment, qui est celui que Jésus-Christ et ses apôtres ont emprunté à leurs coreligionnaires et ont transmis à l'Église chrétienne.

II. CROYAXCE DES CHRÉTIENS.

Manifestéedans le Nouveau Testament.

 Cette manifestation

s’est produite de deux manières différentes : d’une manière implicite, par l’usage que Notre-Seigneur et ses apôtres ont fait des livres de l’Ancien Testament comme Écriture, c’est-à-dire comme livres inspirés, et d’une manière explicite par l’affirniation formelle de l’inspiration des livres de l’Ancien Testament.

1. Usiuje que Jésus et.ses apôtres ont fait de l’Ancien Testament comme Écriture. — a) Ils ont emprunté aux juifs une collection de Livres saints, qu’ils désignent par les noms de ses principales classes : la Loi ou le Pentateuque, Joa., x, 34 ; xii, 34 ; xv, 25 ; Rom., iii, 19 ; I Cor., xiv, 21 ; la Loi et les Prophètes, Matth., v, 17 ; vii, 12 ; Luc., xxii, 40 ; xvi, 1(5 ; Act., xii, 13 ; Rom.,

111, 21 ; ou Moïse et les Prophètes, Luc, xvi, 29, 31 ; XXIV, 27. Même une fois, Luc, xxiv, 44, les trois classes de la Bible hébraïque sont signalées, la Loi, les Prophètes et les Psaumes, le psautier, qui est en tête desKetouhîm, étant la partie prise pour le tout. La Bible hébraïque tout entière était donc admise par NotreSeigneur et ses apôtres. Bien plus, on a signalé dans les livres du Nouveau Testament des allusions à plusieurs des livres deutérocanoniques, qui avaient cours au moins chez les juifs hellénistes. 'oir t. iii, col. 1571. — b) Or, Jésus et ses apôtres citaient ces livres comme Écriture, comme parole de Dieu. Notre-Seigneur le fait à diverses reprises. Matth., xxii, 29-31 ; xxvi, 54, 56 ; Marc, xii, 24, 26 ; Luc, xx, 37. Il en appelait aux Écritures qui rendent témoignage de lui. Joa., V, 39. Il dit que Moïse a écrit de lui, Joa., v, 46, que David a appelé le Messie son seigneur èv Kveûfxaxi., Matth., XXII, 43, 44 ; èv xw TrveûjiaTt tm âyicp, Marc, x ! i, 36, et il cite le Ps. clx, tel qu’il se lisait dans la Bible hébraïciue. Il invitait les juifs à scruter les Écritures (celles qu’ils recevaient), qui lui rendaient témoignage, Joa., x. 37-39 ; elles, dont le contenu devait se réaliser jusqu’au dernier iota, Matth., v, 18, et dont la vérité ne pouvait être éludée. Joa., x, 35. Il a invoqué leur témoignage sur d’autres sujets. Matth., XV, 7 ; XXIV, 15. Il les a citée i, en employant la forme consacrée pour énoncer le caractère scripturaire et inspiré d’une assertion : YsypaTCTOCi. Matth., iv, 4, 7 ; Luc, IV, 4, 8.

Les apôtres ont partagé la foi du Maître en l’inspiration des Écritures. Philippe connaît des prophéties messianiques, écrites par Moïse. Joa., i, 45. Saint Matthieu se complaît à signaler la réalisation des prophéties messianiques, i, 22 ; iv, 14 ; xii, 17 ; xiii, 35 ; XXI, 4. Saint Pierre, Act., iii, 22, cite une parole de Moïse, le plus ancien des prophètes, 21, antérieur à Samuel, 24. Les chrétiens de Jérusalem reproduisent le début du Ps. ii, comme ayant été dit par le Saint-Esprit, par la bouche de David. Act., iv, 25. Saint Paul prêchait Jésus d’après la Loi de Moïse et les prophètes, Act. xxviii, 23, et il rapportait notamment la parole que le Saint-Esprit avait dite par Isaïe, 25. Dans ses Épîtres, il cite plus de quatre-vingts fois les Écritures, qu’il appelle explicitement les oracles divins dont Israël a reçu le dépôt. Rom., iii, 2. Cf. ix, 4. Voir F. Prat, La théologie de saint Paul, Paris, 1908, t. i, p. 35-44. Les autres apôtres font de même dans leurs lettres. Or les formules de citations qu’ils emploient sont les suivantes : t) ypaçv), Marc, xii, 10 ; xv, 28 ; Joa., XIII, 18 ; xix, 24, 36, 37 ; Rom., ix, 17 ; x, 11 ;

XI, 2 ; Gal., iii, 8 ; I Tim., v, 18 ; Jac, i, 8, 23 ; iv, 5 ; al Ypaçal, Matth., xxi, 42, expressions qui désignent l'Écriture par excellence, laquelle dilïère des ouvrages profanes et a Dieu pour auteur. Les Écritures des juifs sont saintes, Rom., i, 1, en raison de leur origine. D’autres citations sont introduites par les fornniles : ysYpaTT-rat, Matth., ii, 5 ; iv, 4 ; Marc, 1, 2 ; VIII, 6 ; Luc, ii, 23 ; iii, 4 ; xaGùç ysYpot.nxot.i, Rom., I, 17 ; I Cor., i, 37 ; yéYpoi.Tzzixi. yÔLp, Gal., iii, 10, 13 ; IV, 22, 27 ; etti YSYponJ.y.zMOM, Joa., ii, 17 ; vi, 31, 45 ;

XII, 14 ; Act., I, 20 ; vii, 42, qui annoncent une parole de Dieu écrite. Quand les noms des écrivains sacrés sont mentionnés, leurs paroles sont expressément rapportées comme des paroles divines, parce qu’ils n'étaient eux-mêmes que des organes du Saint-Esprit. Saint Pierre, Act., i, 20, dit que le Saint-Esprit a prédit le sort de Judas par la bouche de David. Dans leur prière, les chrétiens de Jérusalem rappellent à Dieu qu’il a parlé par la bouche de leur père, David. Act., IV, 25. Saint Paul affirme que le Saint-Esprit a parlé par le prophète Isaïe. Act., xxviii, 25, 26. Le verset 8 du Ps. xciv est une parole du Saint-Esprit, Meb., IV, 7, aussi bien que le verset 33 du c. xxxi de