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INSPIRATION DE L’ECRITURE


temple de Jérusalem « le livre de la loi », « de la loi de Jahvé >, IV Reg., xxii, 8, 1, « le livre de l’alliance », xxin, 2, qui provoqua la réforme religieuse de Josias, après la lecture qui en fut faite au peuple. Or, ce livre est sinon le Deutéronome actuel, au moins une de ses parties. Cf. E. Mangenot, op. cit., p. 116-123, 215-216 ; J. Nikel, op. cit., p. 20-21. L’auteur des Paralipomènes parle de loi écrite, I Par., xvi, 40, de loi de Moïse, II Par., xxiii, 18 ; xxxi, 3, rédigée de sa main, xxxiii, 8. Il reconnaît le Pentateuque entier dans le livre de la loi, découvert au temple sous le règne de Josias, et il l’attribue à Moïse. II Par., xxxiv, 14 ; xxxv, 12. Il paraît bien qu’il parle de la loi rédigée, et non simplement promulguée par Moïse. E. Mangenot, op. cit., p. 219. J. Nikel, op. cit., p. 22-23, est d’un avis contraire, il pense que le Pentateuque n’existait pas encore dans son état actuel, au temps d’Esdras et de Néhémie. Ces livres législatifs étaient donc, pour les juifs, des ouvrages ayant à la fois une autorité divine et une origine humaine, puisqu’ils avaient été rédigés par des écrivains qui obéissaient à un ordre divin et faisaient connaître les ordonnances de Dieu. 3° Si parmi les prophètes, dont Dieu avait promis une série continue, Dcut., xviii, 5-17, plusieurs ne furent que des orateurs qui parlaient au nom de Dieu, d’autres mirent par écrit les oracles que Dieu leur avait révèles. Tous recevaient l’inspiration divine ad loquendum, qui diffère de l’inspiration ad scribendum, et dont nous n’avons pas à parler ici. Voir Prophétie. Ceux qui ont écrit leurs prophéties orales, l’ont-ils fait sous l’inspiration de Dieu qui les poussait à écrire ? On pourrait le conclure a priori et supposer que les prophètes écrivains avaient conscience de rédiger leurs oracles par la volonté de Dieu. Mais nous ne sommes pas réduits à de simples conjectures, et différents témoignages, contenus dans leurs écrits, attestent qu’ils ont parfois reçu formellement de Dieu l’ordre d'écrire les volontés divines. Ainsi Isaïe, qui appelle « livre de Jahvé » son propre volume de prophéties, XXXIV, 16, avait rapporté l’ordre divin d'écrire quelques-uns de ses oracles précédents, viii, 1 ; xxx, 8. Habacuc avait reçu mandat d'écrire sa vision, ii, 2, 3. Ézéchiel, dont les actions symboliques étaient des prophéties en acte, les a mises par écrit, et il en avait reçu, au moins une fois, l’ordre exprès de Dieu, xxiv, 1, 2.

Nous sommes plus complètement renseignés sur l’activité littéraire de.Jérémie. Ce prophète, qui se jugeait incapable de parler, eut de Dieu l’ordre et la mission de parler en son nom et de faire connaître aux habitants du royaume de Juda tout ce que le Seigneur lui manderait de dire, i, 4-10, et la parole de Dieu lui fut adressée. La quatrième année du règne de Joakim, Dieu lui ordonna d'écrire dans un livre toutes les paroles qu’il lui avait dites contre Israël et Juda et contre les nations païennes depuis la jour de sa vocation jusqu'à cette date, en vue de convertir Juda, xxxvi, 1-3. Et le prophète les dicta à son secrétaire Baruch et lui ordonna de les lire dans le temple au peuple qui s’y rassemblait, 4-7. Baruch accomplit l’ordre reçu, au jour de jeiine de l’année suivante, 8-10. Il renouvela cette lecture au palais royal devant les princes assemblés, 11-18. Le roi voulut en entendre la lecture, mais après l’audition de trois ou quatre pages, il fendit le volume à coups de canif et le jeta au feu, 21-26. Dieu ordonna à Jérémie d'écrire de nouveau ses discours que contenait le premier rouleau et d’y ajouter une nouvelle menace contre le roi, 27-31. Aussi le prophète dicta à Baruch un nouveau texte, qui contenait les oracles précédents et beaucoup d’autres, 32. Le livre des prophéties de Jérémie ainsi composé était véritablement un livre d’origine divine, rédigé par un prophète qui était inspiré en l'écrivant, comme il

l’avait été en prononçant de vive voix les oraclesdivins. Jérémie rédigea encore les oracles qu’il avait prononcés contre Babylone et il en remit le rouleau au prophète Saraias, qui devait le lire aux captifs, puis le jeter dans l’Euphrate, li, 60-64. Cf. A. Condamin, Le livre de Jérémie, Paris, 1920, p. xl-xlii.

Par ordre de Dieu, Daniel écrivait ses visions et les discours, et il les scellait jusqu'à l'époque de leur réalisation, VIII, 26 ; XII, 4.

Du reste, les livres des grands voyants d’Israël se prêtaient un naturel appui. Leurs auteurs étaient d’abord animés du même esprit et ils assuraient la parfaite continuité du ministère prophétique ; ils usaient des mêmes procédés pour faire connaître les volontés de Jahvé : discours, poèmes, chants, visions et actions symboliques. Ils traitaient les mêmes thèmes : prédication du monothéisme moral et des exigences du devoir, annonce ou interprétation des fléaux que Dieu préparait aux juifs coupables et aux nations païennes, proclamation du salut futur du peuple choisi. Leur enseignement formait une véritable chaîne de tradition. Chacun d’eux sans doute mettait en relief certaines idées qui lui étaient propres, maïs en même temps il était l'écho de ceux qui l’avaient précédé. Quelques-uns ont même cité, pour les répéter et les développer, des oracles antérieurs. Ainsi, pour ne donner qu’un exemple, Daniel, iv, 2, prend son point de départ dans une prophétie de Jérémie. On constate même, dans la série des livres prophétiques, une dépendance de style plus ou moins accentuée. Tous ces voyants, en écrivant, étaient donc animés du même esprit, et cet esprit était celui de Jahvé.

4° David, l’excellent psalmîste, était inspiré dans ses chants par l’esprit du Seigneur, II Reg., xxii, 1-51, dans un cantique, qui est le ps. xvii, comme dans tous ses autres chants, xxiii, 1-7. Dieu avait donné à Salomon la sagesse et la prudence ; aussi ce roi prononça-tIl trois mille paraboles et cinq mille chants. III Reg.. IV, 29, 32. LIne partie de ces paraboles furent recueillies dans le livre des Proverbes.

5° Ainsi, il s'était formé, chez les juifs, quelques recueils de livres sacrés. Le roi Ézéchias ordonna aux lévites de louer Dieu par les paroles de David et d’Asaph, II Par., xxix, 30, et il fit recueillir des proverbes de Salomon. Prov., xxv, 1. Après le retour de la captivité, en 444, le scribe Esdras publia la Loi, I Esd., VII, 14 ; II Esd, vii, 1-8, c’est-à-dire plus probablement le Pentateuque comme la norme du renouvellement de l’alliance avec Dieu, quoi qu’en pense Nikel, op. cit., p. 22-23, et Néhémie avait recueilli une bibliothèque qui comprenait les livres des prophètes et de David., II Mac, ii, 13. Le petit-fils du Siracide, dans la préface qu’il mit en tête de la version grecque du livre de son grand-père, vers 130, signale trois recueils : la Loi, les Prophètes, et les autres livres qui ont été transmis par les pères, auxquels son aïeul a ajouté le sien, l’Ecclésiastique. Dans son éloge des pères, le Siracide lui-même mentionne nommément ou par allusion tous les livres de la Bible hébraïque, sauf Esther et Daniel. Antiochus avait fait brûler les livres de la Loi, après les avoir déchirés, et il avait condamné à la mort tous ceux chez qui ou en trouvait des exemplaires. I Mac, i, 59, 60. Mais les fidèles Macchabées, au milieu de leurs maux, se consolaient, en lisant les Livres saints, qui étaient demeurés dans leurs mains, xii, 9. Le psautier était employé dans la liturgie du second temple.

6° La croyance des juifs de Palestine à l’existence de livres sacrés était partagée par les juifs hellénistes répandus au milieu des païens. La traduction des Livres saints en grec, qui a constitué à leur usage la version dite des Septante, en est une preuve évidente. Cette version, en elTet, a été exécutée pour satisfaire