l’ancienne alliance étaient donc inspirés pour communiquer les oracles divins. L’action du Saint-Esprit, qui a rendu l’Écriture divinement inspirée et qui inspirait les prophètes d’Israël, est donc, à bon droit, désignée par le mot d’inspiration.
Toutefois, ce nom d’origine biblique fut rarement employé dans l’antiquité chrétienne. Les écrivains grecs se servaient d’un autre nom, ÈTCtnvoia, qui procède de la même racine, Trveîv, souffler, que 7TveiJii.æ et ôeoTTveuiTOç et qui signifie aussi l’action inspiratrice de Dieu sur les auteurs sacrés. L’historien juif Joséphe est le premier qui s’en soit servi, quand il dit que, chez ses coreligionnaires, ce n’est pas au premier venu, qu’il a été donné d’écrire l’histoire, « mais aux seuls prophètes qui, ayant appris les choses de la plus haute antiquité, xaxà tyjv èniKvoi.oi.v xrjv ixtzo toù Œoù, ont aussi écrit clairement les choses de leur temps, comme elles se sont passées ». Cont. Apion., i, 7. C’est du même terme, ininwiac, que se sert l’auteur de la Cohortatio ad Grxcos, attribuée parfois à saint Justin, n. 12. P. G., t. vi, col. 264. Saint Irénée l’emploie aussi, quand il parle de l’inspiration de la version des Septante, version faite xax’èT : Î7Tvoi.av toù eeoG. Cont. hær., iii, 21, 2, P. G., t. vii, col. 948. Origène disait encore que personne ne pouvait interpréter les Écritures inspirées X^9’-^ è7ri.TCVoîaç xal èswTspaç Suvâfzscoç, Cont. Celsum, t. IV, n. 30, P. G., t. XI, col. 1073.
Quand, plus tard, les Pères dirent expressément que les Écritures elles-mêmes étaient ŒÔTrvsuCTTai, ils appliquaient plus rarement cette épithéte aux écrivains sacrés, qu’ils déclaraient plutôt Œoçspôfxevoi. ou TTveufjLaTOcpôpoi.. Saint Hippolyte toutefois dit que les prophètes étaient GeéiceuvaTOi. et Qeo~j xal Xôyou È^ ?)-YY )TaL N. Bonwetsch, Studien zu den Kommentaren Hippolijis : u Bûcher Daniel und Holien Liede, dans Texte und Untersuchungen, Leipzig, 1897, t. xvi, fasc. 2, p. 20. Origène prouve que les écrits de l’Ancien Testament étaient GsoTrveûaxaç ypa(p(i.q, par le fait de l’accomplissement des prophéties messianiques qu’ils contenaient. De principiis, t. IV, n. 6, P. G., t. XI, col. 352. Le nom abstrait GeoTTVcuaTÎa est rarement employé. Seuls les protestants modernes l’ont mis en circulation par le terme de thàtpncustie. Ainsi L. Gaussens a publié un ouvrage intitulé : Théopneuslie, inspiration plénière des saintes Éiritures, Paris, Londres, 1842 ; il empruntait ce nom grec, qui n’était pas encore usité en français, au langage employé depuis longtemps au delà du Rhin. Avant-propos, p. 1.
II. Existence.
Il ne s’agit pas ici de prouver que tous les livres de la Bible ont été inspirés par le Saint-Esprit et sont ainsi l’œuvre de Dieu. Seul, au dire de Léon XIII, encyclique Propidentissimus Deus, le magistère vivant et propre de l’Église est capable d’établir très solidement l’autorité complète, divine et infaillible des Livres saints. J. Didiot, Traité de la sainte Écriture. Paris, Lille, 1894, p. 45 ; cf. p. 152, 153. Le magistère ecclésiastique l’a fait, en dressant le canon ou la liste complète des livres inspirés qui ont Dieu pour auteur. Voir Canon des Livres saints, t. iii, col. 1550 sq. Il s’agit présentement de prouver que les juifs et les chrétiens ont toujours cru à l’existence de livrés divins, rédigés sous l’inspiration divine par des hommes, chargés d’une mission spéciale, et que ces livres sont, dans l’ensemble, ceux qui constituent l’Ancien et le Nouveau Testament. Or, pour prouver cette croyance, nous interrogerons les Écritures juives et chrétiennes elles-mêmes, considérées non comme des œuvres divines (ce qui serait un cercle vicieux), mais comme des documents historiques qui attestent la foi des juifs et des chrétiens. Nous interrogerons aussi les écrivains ecclésiastiques et les théologiens et nous indiquerons les preuves diverses qu’ils donnaient
de leur foi. Finalement les décisions de l’Église, dont nous admettons l’autorité divine et infaillible, établie par ailleurs, voir Église, et qui est par elle-même un motif puissant et perpétuel de crédibilité et un irréfragable témoignage de sa divine mission, comme dit encore Léon XIII, loc. cit., établiront infailliblement l’existence de l’inspiration des livres sacrés des juifs et des chrétiens.
I. CROYANCE DES JUIFS EN L’EXISTENCE DE LIVRES
- INSPIRÉS##
INSPIRÉS. — 1° Le Pentateuque lui-même mentionne
l’ordre donné par Dieu à Moïse d’écrire certains événements
de l’histoire des Israélites et certaines parties
de la législation qu’il donnait à son peuple. Après la
défaite des Amalécites à Raphidirn, Jahvé commanda
à Moïse de la raconter « dans un livre », selon la traduction
des Septante, Exod., xvii, 17, pour que le
souvenir en fût gardé en Israël. Deut., xxv, 17-19.
Moïse, est-il dit ailleurs, Exod., xxiv, 4, écrivit « toutes
les paroles de Jahvé », celles qui précèdent immédiatement
cette mention et qui règlent les conditions de
l’alliance que Dieu avait conclue avec les Israélites.
C’est « le livre de l’alliance », que Moïse lut au peuple
assemblé et dont celui-ci s’engagea à observer le
contenu. Ce livre comprend Exod., xx, ll-xxiv, 3.
Les bases de cette alliance, de nouveau révélées à
Moïse, furent encore mises par écrit sur l’ordre de
Dieu. Exod-, xxxiv, 10-28. Dans le titre d’une liste
des campements d’Israël au désert, Num., xxxiii,
1, 2, il est dit que Moïse, par ordre de Jahvé, écrivit
les marches et les stations, c’est-à-dire, dans le sens
le plus strict, la liste qui précède, xxxiii, 3-49, ou,
selon quelques commentateurs, une relation des
marches d’Israël depuis la sortie d’Egypte jusqu’au
moment où le récit est parvenu, relation dont la liste
ne serait qu’un résumé. Le reste de la législation
mosaïque de l’Exode et des Nombres est présenté
comme révélé par Dieu à Moïse, sans qu’il soit dit
nulle part que Moïse l’écrivit. Si, à la fin de sa vie,
le législateur, « ayant achevé d’écrire les paroles de
cette loi dans un livre » Deut., xxxi, 24, c’est-à-dire
le Deutéronome, le fit placer à côté de l’arche par
les lévites, 25, 26 ; cf. Jos., i, 7, 8 ; viii, 31, 32, 34, il
n’est pas dit que ce livre ait été écrit par l’ordre de
Dieu. Mais le cantique de Moïse, Deut., xxxii, 1-43, a
été composé par ordre divin, xxxi, 19. Cf. E. Mangenot,
L’authenticité mosaupie du Pentateuque, Paris,
1907, p. 207-214 ; J. Nikel, Die Pentatcuchfrage,
Munster-en-Westphalie, 1921, p. 16-18. Ces écrits de
Moïse rédigés par ordre divin, se trouvant dans le
Pentateuque, firent conclure plus tard aux juifs qui
tenaient leur législateur comme l’auteur du livre
entier, Mal., iv, 18 ; I Esd., iii, 2 ; vi, 18 ; II Esd., viii,
1 ; xiii, 1 ; II Par., xxiii, 18 ; xxxiii, 8 ; cf. xxv, 4, que
celui-ci, considéré d’ailleurs comme un prophète,
Deut., XXXIV, 10, avait été inspiré de Dieu pour
l’écrire. La Genèse, enfin, était remplie des paroles
que Dieu avait adressées aux patriarches et les quatre
autres livres du Pentateuque contiennent presque à
chaque page des formules comme celle-ci : Dieu dit à
Moïse.
2° Josué, qui avait reçu le volume de la loi, c’est-à-dire le Deutéronome, Jos., i, 1, 8, après avoir fait renouveler au peuple son alliance avec Dieu, xxiv, 1-25, dressa un statut et une ordonnance qu’il écrivit « dans le livre de la loi de Dieu », 25, c’est-à-dire dans le Deutéronome, xxvi, 16-xxvii, 26, ou à sa suite. Samuel écrivit la loi du royaume futur dans un livre, qu’il déposa devant le Seigneur, I Reg., x, 25, à savoir auprès de l’arche, Deut., xxxi, 26, comme le Deutéronome lui-même. Cet acte était une sorte de canonisation des livres ainsi déposés et placés sous la garantie de Dieu La dix-huitième année du règne de Josias sous le pontificat d’Helcias, on découvrit dans le