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IMPOSITION DES MAINS


ristique sur le pain et le vin de l’oblation ; elle débute par une invitation à la reconnaissance envers le Dieu qui a envoyé son Fils le Chiist Jésus et aboutit à une commémoraison des paroles de l’institution de l’eucharistie. Or c’est aussi une « eucharistie » que fait le TcpoetJTÔç de saint Justin : sùj^apiOTtav koisZtoli, ApoL. I, 65, P. G., t. VI. col. 428 ; lui aussi débute par un hymne de louange à la gloire du Père : aïvov yjxl SôÇav TÔi IlaTpl… àva71 : é[i.7t£i ; et sa prière n’a d’elTicacité que parce qu’elle reproduit également les paroles du Christ lui-même : Si’s’^'/Jt’^ Xôyou toû Tcap’aÙToù. Le rite ainsi accompli est une « eucharistie » : cruvTsXeï ty]v eù/apiaxlav ; il « eucharistie » le pain, et le pain en devient un pain, une nourriture « eucharistiée » : zù-/_apiaxffitic, ap-oç… £Ù)(api.aTyj6£Îaa TpocpT). De même dans saint Irénée, le pain in quo gratise aclæ siinl (sù-/_api<7T7]Qzle ; ’l) est un pain qui a reçu une invocation de Dieu : aproç : rpoaXa ! JL(Bav6[jiEvo£ ; zy]> sxxkf]ai.v [ou mieux, conjecturent Massuet et Harvey, t. ii, p. 203, note 4 : inixkqavj] toû 6eoij, Cont. hær., iv, 18, 4, 5, P. G., t. ti, col. 1027, 1028, c’est-à-dire, comme interprète très justement MgrBatilïol, un pain qui a été eucharistie. L’euc/iaris/ie, 51e édit., p. 176, Comme le rite décrit par ces deux auteurs est identique, on ne saurait donc douter qu’il ne soit identique avec celui de la Tradition apostolique et, sans que l’imposition des mains y soit mentionnée comme elle l’est dans l’écrit de saint Hippolyte, on doit admettre néanmoins qu’elle y a également sa place. D’ailleurs, on peut en faire en quelque sorte la contre-épreuve. La Tradition aposlolique, cie aussi, omet la mention du geste là où elle décrit brièvement la même prière eucharistique. A la suite du paragraphe sur la consécration du pain et du viii, elle en a un autre sur celle de l’huile oiîerte pareillement à l’autel : Si qnis oleum offert, édit. Connolly, p. 176. L’évêque, dit-elle, doit procéder de la même manière que pour l’oblation du pain et du viii, sauf que les paroles ne sont pas les mêmes : secundum punis oblationem et vint et non ad [id est : secundum’! ] sermonem dicat. Et une formule différente est, en eiïet, indiquée ; mais le geste reste le même et l’ensemble est désigné par l’expression « eucharistier, » grattas referai. eùyapiCTTYi’? Plus loin, après la description des cérémonies baptismales, la Tradition apostolique parle de nouveau de la consécration eucharistique du pain et du vin. Or, n’ayant plus alors qu’à l’indiquer, elle ne mentionne plus l’imposition des mains, mais elle emploie littéralement les formules plus brèves de saint Irénée et de saint Justin : Grattas agat panem, … calicem vino mixtum, édit. Connolly, p. 185, ce qui est manifestement la traduction littérale de l’expression grecque, £Ù}(apia7ew apTOv.

Il nous semble donc acquis que l’imposition des mains a fait partie, aux ni’^ et n<e siècles, du rite de l’eucharistie. C’est ce que coniirme une peinture remarquable des Catacombes, attribuée par Wilpert, Le pillure délie Catacombe romane, c. xv, § 82, p. 266, à la seconde moitié du iie siècle. Voir la reproduction au volume des planches, pl. 41, 1. Dans une des chambres de Saint-Calliste, dites des sacrements, est représentée une table portant des pains et un poisson. Du côté droit, se tient une orante, qui symbolise, croit-on, l’âme du défunt ; à gauche, le Christ, revêtu du manteau des philosophes, étend les mains, ou plus exactement la main droite sur le poisson. Sous ces traits empruntés au miracle de la multiplication des pains, c’est bien la consécration eucharistique que l’auteur de la peinture a voulu représenter. L’imposition des mains y est très apparente.

On peut donc se demander si l’usage n’en remonterait pas jusqu’aux apôtres eux-mêmes et si l’imposition <les mains ne serait pas à reconnaître dans la « béné diction » dont parlent saint Paul et les évangélistes à propos de l’eucharistie. Nous savons déjà que dans saint Marc, x, 16, la bénédiction des enfants et dans saint Luc, xxiv, 50, 51, la suprême bénédiction donnée par Jésus à ses disciples étaient accompagnées d’une imposition des mains, voir plus haut, col. 1305 ; nous verrons plus loin, col. 1339, que le nom de « bénédiction » est si couramment donné à l’imposition des mains qu’il pourrait en être considéré comme le synonyme ; nous constatons d’ailleurs que dans le récit de la cène les deux premiers évangélistes alternent les deux expressions eùXoyîïv et £Ù/api.aT£Ïv (eùXoyrjaaç pour le pain, eùyapia-rjcraç pour le vin), tandis que saint Paul, après avoir, comme saint Luc le fait pour le pain et le viii, employé le mot eù/api-OTTjaaç pour le pain, appelle néanmoins le calice un calice de bénédiction, tô t : oty ; pi, ov tt^ç eukoylccq. I Cor., x, 16. Est-il dès lors téméraire de se demander si les apôtres, si le Christ lui-même n’auraient point les premiers donné l’exemple d’associer ainsi le geste de l’imposition des mains à la bénédiction par excellence qu’est la prière eucharistique ? Le fait que Notre-Seigneur ait pris le pain, puis la coupe " ne s’y oppose pas. Il a béni aussi, c’est-à-dire prononcé une formule de bénédiction ou d’action de grâces, car primitivement la bénédiction est surtout cette formule de prière ou de louange à Dieu. Le geste de la main vers l’objet sur lequel on bénit (Dieu] n’en est que l’accompagnement, et d’avoir « pris » le pain et le calice n’exclut donc pas que le Christ ait aussi étendu la main tandis qu’il « bénissait. » Il est en tout cas fort vraisemblable que les apôtres l’ont fait en récitant la formule « eucharistique » sur le « calice de bénédiction » et ainsi s’explique l’usage constaté au ni*-’siècle.

Le nom de « bénédiction » est d’ailleurs resté appliqué à l’ensemble de la consécration : Quod in Domini mensa incipit benedici, dit saint Augustin à ce propos Epist., cxLix, 16, P. L., t. xxxHi, col. 636 ; benedicitur et sanctiftcatur, ajoute-t-il encore et le pape saint Grégoire le Grand parle également, de la benedictio sacri mystcrii. Epist., xiv, 2, P. L., t. lxxvii col. 1306.

Saint Grégoire de Nazianze, lui, dans un de ses poèmes, Kaxà toû TrovY)poû sic, tyjv voaov, v. 49 et 103-104, fait une allusion très claire au geste de l’imposition des mains. La maladie ne lui permet plus de lever ses mains pour les sacrifices, v. 49 : mais il rappelle à Dieu qu’il est son adorateur et qu’il étend ses mains sur ses dons et sur les têtes de ceux qui s’inclinent :

Xrj ; Àâxpi ; o-jtoç sy<i)y£, TOÏ ; ô’JTtt yiXçiO.i cà>.).(i) Awpo’. ;, xai xsçaÀaî ; Toiv J7tox), ivou.év(ov,

v. 103-104, P. G., t. XXXVII, col. 1389-1392. Les Swpa 6£où dans le langage chrétien, ce sont les offrandes eucharistiques. C’est donc bien en pleine conformité avec l’iisaLic primitif que la belle jdaque d’ivoire reproduite à l’art. Concélébration du Dictionnaire d’archéologie chrétienne, t. iii, col. 2476, représente les prêtres « concélébrants » ayant les mains étendues vers l’autel où l’évêque célébrant impose les siennes sur le calice. En étendant nous-mêmes les mains sur les oblata, en récitant la prière Hanc igitur de la messe actuelle, peut-être reprenons-nous à notre manière le geste traditionnel de la consécration eucharistique. Dans le rite ambrosien, c’est immédiatement après l’olïertoire, avant la préface, que se fait cette imposition des mains sur les oblals, accompagnée de la prière : Suscipe sancta Trinitas et suivie d’une bénédiction. Cf. The catholic encijclopedia, art. Ambrosian, col. 401.

4 » Dans la pénitence. — 1. Sur les pénitents en