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IMPOSITION DES MAINS


pour communiquer le Saint-Esprit ; mais le silence de saint Cyrille de Jérusalem aurait dû mettre en garde contre la conclusion à tirer de cette interprétation. Comme le dit très bien dom de Puniet, loc. cit., à propos d’Anastase le Sinaïte, q. lxxxvi, P. G., t. Lxxxix, col. 712, et de Gennade de Constantinople, dans Œcumenius. In Episl. ad Heb., P. G., t. cxix, col. 333, auxquels il eût bien fait, croyons-nous, de joindre Euloge d’Alexandrie, connu par Photius, Biblioth., 28, P. G., t. civ, col. 336-337, et cité par lui quelques lignes plus bas, ces auteurs rappellent le souvenir de ce rite en s’inspirant plutôt du langage scripturaire que de la discipline ecclésiastique. Ils rappellent ce qui se faisait au temps des apôtres, ils n’indiquent pas ce qui se fait de leur temps. C’est ce qui apparaît bien dans Théodoret. Lui aussi, à propos de Heb., vi, 2, dit que les fidèles, après avoir fait pénitence, viennent au baptême et reçoivent la grâce du Saint-Esprit par la main du prêtre : npociocGi tw 6eUo pa7TTÎa(xaTi, xal Sià tyjç iepoi.xiy.Tic, /e’-pôç ùicoSéyovrai tyjv /âpiv toù HveùfiaToç, P. G., t. lxxxi, col. 716. On pourrait donc croire qu’il atte ; te par là la persistance de l’imposition des mains proprement dite. Or il n’en est rien, car ailleurs, et cette fois à propos des cérémonies de l’initiation, dont il invite à se remémorer les détails, c’est uniquement à l’onction du saint-chrème qu’il rattache, et dans les mêmes termes (tt^v àopaTov toû uavaytou Ilveij[jiaToç xâptv ijTroSe/6|j.£vot.) la participation à la grâce du Saint-Esprit. In Cant.cant., i, 2, P. G., t. lxxxi, col. 60. La main du prêtre en est donc sans doute l’instrument, mais le rite ainsi accompli n’est pas celui de l’imposition des mains. L’allusion que Behm, Die Handauflegung, etc., p. 88, note 2, a cru trouver dans le De adoratione in spiritu et verilate, t. XI, de saint Cyrille d’Alexandrie est encore moins réelle. Au sujet d’Aaron qui, après son premier sacrifice, leva les mains pour bénir le peuple, Lev., ix, 22, saint Cyrille dit que le véritable Aaron a béni de même tous les peuples, toutefois sans leur avoir imposé les mains (jiovovo’j^l >ial ^.s^paç ÈTTiôetç) ; en sorte que l’imposition des mains d’Aaron est le symbole de l’envoi qui nous a été fait par le Christ du Saint-Esprit. Comme il n’y avait pas eu d’imposition des mains avant le sacrifice d’Aaron, de même, suivant la remarque de saint Jean, tant que le Christ n’avait pas été glorifié, le Saint-Esprit n’avait pas été envoyé. P. G., t. Lx’ni, col. 772. Il n’y a donc là, on le voit, aucune allusion au rite ecclésiastique de la collation du Saint-Esprit, et il faut décidément admettre que, sauf les exceptions indiquées, les Églises d’Orient n’ont pas conservé l’usage de l’imposition des mains aux baptisés.

Un mot de la Didascalie des apôtres.u, 4 1 2, cdi t. Funk, p. 130, et une réponse d’Anastase le Sinaïte, q. lxxxvi, P. G., t. Lxxxix, col. 712. tout significatifs qu’ils paraissent au premier abord, sont également sans portée. Le premier, à propos de la réconciliation des pénitents, le second, au sujet de celle des hérétiques, attribuent très nettement à une imposition des mains proprement dite une certaine communication du Saint-Esprit : xal Si’Imdéaeioç tmv yeipôiv tou Lspétoç Si’s’J/7) !  ;, dit en particulier Anastase en parlant de l’Église, oîSsv ÈTcicpoixâv tô nv£ij|i.a TÔ ccfio^. On pourrait donc être tenté d’invoquer ces deux passages comme attestant la persistance dans les Églises d’Orient du rite primitif. Mais on s’en abstiendra, si l’on veut bien remarquer que la collation du Saint-Esprit, dont il est ici question, n’est point celle de la confirmation. L’imposition des mains ainsi mentionnée équivaut pour les deux auteurs au baptême : erit ci in loco baptismi imposilio manus, dit la Didascalie, du pécheur, qui a fait pénitence ; et

Anastase, de son côté, explique par cette efficacité de l’imposition des mains qu’il n’y ait pas à rebaptiser les hérétiques convertis : ce rite, tout autant que ! e baptême, dans la pensée de celui qui pose la question, donne le Saint-Esprit. Il ne s’agit donc que de la rémission des péchés, attribuée à la participation du Saint-Esprit, cf. Recherches de science religieuse, mai 1914 : la collation du Saint-Esprit et l’absolution, p. 207235, et les deux passages indiqués attestent uniquement la place faite à l’imposition des mains dans l’administration de la pénitence.

Seuls les Actes de saint Abdu’l Masich, édités en syriaque avec traduction latine par le P. Corluy dans les Analecta bollandiana, 1886, t. v, p. 25, mentionnent exprL’ssément l’imposition des mains postbaptismale. Le martyr est un enfant juif, des environs de Sindjar, à l’ouest de Mossoul, et au sud de Nisibe, et qui aurait été mis à mort en 390. Baptisé par de jeunes bergers et fuyant devant son père, il rencontre un évêque itinérant auquel il demande de « parfaire » son baptême : Occurrit ci aliquis episcopuse longinquo, perambulans c vico in vicum. Ipse autem cucurrit et cecidit ante pedes ejus et dixit ei : Benedic mihi. Domine, et consigna me signo crucis et perfve baptismum meum. Après explication, l’évêque se rend compte que Dieu a voulu cette rencontre afin que le baiitème de l’enfant soit « parfait » avant son martyre, qui approche : Et miratus est episcopus… et dixit ei : Etiam ego jussus sum abire post te, et benedicere tibi ante coronationem tuam. El posuit dextram suam super caput ejus et dédit ei charisma Spiritus…. Il n’y a pas de doute, comme le note l’éditeur de ces Actes, que le rite accompli par l’évêque ne soit celui de la confirmation. II est même fort remarquable que l’imposition des mains y apparaît seule et sans aucune onction. On regrette seulement d’ignorer l’auteur et l’époque de ce texte. Le manuscrit, trouvé à Londres, se donne comme écrit en 1197. Loc. cit., p. G. Le P. Peeters croit ces Actes d’origine arabe et en a trouvé au Vatican un manuscrit de cette langue. Cf. Analecta bollandiana, 1908, p. 164, note 4. La composition est un vrai roman, mais l’auteur considérait manifesrement l’imposition des mains comme le rite unique ou tout au moins suffisant de la confirmation.

Dans l’eucharistie.

L’imposition des mains

dans la célébration de l’eucharistie n’est mentionnée en propres termes que dans les écrits groupés autour de ce qui, après avoir été quelque temps appelé la Constitution ecclésiastique d’Egypte, a repris le nom, qu’on croit primitif et authentique, de Tradition apostolique par saint Hippolyte. Imponens manum in eam [id est, o blatio ne m], dii celle-ci, en parlant de l’évêque qui vient d’être consacré, imponens manum IN EAM cum omni presbyterio dicai, grattas agens. édit. Connolly, p. 176 ; ¥nnk, Didascalia, t. ii, p. 99. Et la prière à dire est la prière eucharistique, noyau primitif de notre préface et de notre canon de la messe. Les Canons d’Hippolyte, can. 20, portent de même : Ille qui factus est episcopus imponat manum super oblationibus una cum presbyleris, dicens, texte dans Duchesne, Origines du culte, p. 506. Le Testament de Notre-Seigneur précise que les prêtres eux aussi imposent les mains : Episcopus itaque manum IMPONAT super panes collocatos super altare, atquc simul etiam presbyteri imponant manus, i, 23, édit. Rahmani, p. 37. Mais c’est plus qu’il n’en faut pour suggérer que le geste est traditionnel dans le rite eucharistique. Car cette description technique, la plus ancienne qui nous en reste, coïncide trop exactement avec les descriptions plus brèves qu’en ont faites saint Justin et saint Irénée pour ne pas valoir également de leur époque. La prière, en efl’ct, que dit l’évêque en imposant les mains, est une prière eucha-