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INNOCENT 111 — INNOCENT iV


inentaire sur les Psaumes de la pénitence dont l’attribution

Innocent est plus que douteuse, le tout dans P. L.,

t. ccxvii. Beaucoup plus importante est l'énorme correspondance du pape. On en trouvera le relevé (incomplet) et l’analyse sommaire dans Potthast, Regesta pontificiim romancirum ab anno 1198 ad annum 1304, t. i, p. 1-467, partiellement aussi dans Bôhmer-Ficker, Regesta iinperii, t. V, Die Rcgesten des Kaiserreichs unter Philipp, Otto IV, Freidrich II : t. il b, Pàpsie und Reichssachen, et dans Huillard-Bréholles, Historia diplomatica Frederici II, t. i a. Il s’en faut d’ailleurs que tous ces recueils donnent un dépouillement complet de toutes les bulles actuellement connues. Une édition nouvelle des registres d’Innocent III s’impose Le texte même des lettres pontificales se trouvera le plus commodément dans P. h., t. ccxiv-ccxvi, qui reproduit l'édition de Baluze, et pour ce qui concerne les pièces relatives à la France celle de Bréquigny et La Porte du Theil. Tout insuffisant qu’il soit pour un historien, ce texte sulfira largement à un théologien qui se préoccupe moins du détail que des ensembles.

IL Travaux. — Les diverses histoires générales consacrent toutes des développements plus ou moins considérables à Innocent III. Signalons seulement Hefele, Histoire des conciles, trad. Leclercq, t. v b, p. 1179-1408, et les notes parfois un peu déconcertantes qu’y a ajoutées le traducteur ; J. Langen, Geschichte der romischen Kirclie von Gregor VU bis Innoccnz III, Bonn, 189.3, p. 600-713 ; et les diverses histoires de la ville de Rome, en particulier, celle de Gregoro^nus, Geschichte der Sladt Rom im Mitlelalter, t. v, 1875.

Parmi les monographies récentes, il laut toujours citer celle de F. Hurter, Geschichte Papsts Innoceni III und seincr Zeitgenossen, 2 in-8°, Ehingen, 1835 ; 2° et 3e édit., 4 vol., Hambourg, 1842 et 1843, dont il existe une traduction française par A. de Saint-Chéron et.J.-B. Haiber, Paris, 1838 et Bruxelles, 1839 ; et celle de Brischar, Papst Innocenz III und seine Zeit, Fribourg, 1883.

A. Luchaire a publié beaucoup plus récemment une série de six petits volumes qui donnent un tableau d’ensemble du pontificat. L Rome et l’Italie ; II. La croisade des albigeois ; III. La papauté et l’empire ; IV. La question d’Orient ; V. Les royautés vassales du Saint-Siège ; VI. Le concile de Latran et la réforme de V Ëglise.Ce dernier volume renferme une bibliographie très complète jusqu'à 1908 ; on la trouvera transcrite dans Hefele, trad. Leclercq, op. cit., p. 1185. Les volumes de Luchaire, destinés surtout au grand public, rendront moins de service aux spécialistes, qui y chercheront vainement les références aux documents sur lesquels s’appuie l’auteur et devront accepter de confiance diverses assertions, dont certaines paraissent énormes. On lit par exemple, Rome et l’Italie, p. 250, que d’après Innocent, 'hérésie dissout le mariage, or Innocent dit expressément que le passage à l’hérésie d’un des conjoints ne dissout pas le mariage. Potthast, n. 684, P. L., t. ccxiv, col. 588 ; lin trouve, dans Luchaire, ibid., qu’Innocent aurait permis la polygamie à certains infidèles convertis au christianisme ( !) or il s’agit de cas tout différents dans les lettres, auxquels, se réfère, selon toute vraisemblance, l’auteur, cf. Potthast, n. 1323, 1325.

Sur la conception ilu pouvoir de l'Église au temporel, telle qu’elle ressort des lettres d’Innocent III, voir E. W. Meyer, Staatstheorien Papst Innocenz III, Jipnn, .

E. Am. n.

4. INNOCENT IV, pape (1243-1254) — I. Pontificat. — IL Idées théologico-politiques.

I. Pontificat — Sinibald Fiesco, le futur Innocent IV, a dià naître dans les quinze dernières années du xii"e siècle. Cinquième fils de Hugues Fiesco, comte de Lavagno, il est génois par ses origines et sa naissance. Son oncle, l'évêque de Parme, a commencé son éducation littéraire et de bonne heure l’a pourvu d’un canonicat en sa cathédrale. Mais Bologne attire bientôt le jeune clerc : c’est là qu’il acquerra cette connaissance approfondie du droit ecclésiastique qui fera de lui un des canonistes célèbres de sou époque. La curie romaine lui donnera la pratique des afl’aires. On l’y voit figurçr dès 1225, sous le pontificat « i’IIonorius 111, comme auditeur des leUrcs conlrediles. L’avènement de Grégoire IX marque le début de la fortune de Sinibald. Le nouveau pape, quand il n'était

que le cardinal Hugolin, a eu Sinibald comme compagnon dans sa légation de Gênes, il a su apprécier sa fermeté. Dès la première promotion de cardinaux, septembre 1227, Sinibald, qui depuis juillet fait déjà fonction de vice-chancelier de l'Église romaine, est nommé cardinal-prêtre du titre de Saint-Laurent in Lucina. De son action sous le pontificat agité de Grégoire IX, nous savons peu de choses, sinon qu’il est recteur de la marche d’Ancône entre 1235 et 1240, situation difficile et importante, et qu’il a été un des électeurs du très éphémère Célestin IV (25 octobre 10 novembre 1241).

La mort de Célestin est le début d’une vacance qui durera plus de dix-huit mois. Les conjonctures sont tragiques. Frédéric II, qui, durant tout le règne de Grégoire IX a tenu la papauté en échec, intrigue de toutes manières pour faire nommer un pontife à sa dévotion. Le collège cardinalice est divisé et mutilé. Deux des membres les plus influents, le cardinal de Préneste, et le cardinal de Saint-Nicolas in carcere sont depuis la bataille navale de la Meloria (3 mai 1241) les prisonniers de l’empereur, qui les traîne à sa suite dans les diverses villes d’Italie. La demi-douzaine de cardinaux demeurés libres s’est réfugiée à Anagiii, et déclare qu’elle ne procédera à aucune élection tant que les prisonniers resteront au pouvoir de l’empereur. Celui ci à plusieurs reprises vient ravager la campagne romaine et s’approche de l’enceinte de la Ville pour contraindre, disait-il, le Sacré-Collège à faire son devoir. En août 1242, le cardinal de Saint-Nicolas est mis en liberté ; en mai de l’année suivante, ! e cardinal de Préneste vient enfin rejoindre ses frères ; le 24 (ou le 25) juin 1243 l’unanimité du Sacré-Collège s’accorde sur la personne de Sinibald Fiesco. En choisissant le nom d’Innocent, le nouvel élu annonçait dès l’abord son programme. De même que Grégoire IX avait hérité des vues et de la politique de Grégoire VII, Innocent IV serait le très authentique continuateur des vues et de la politique d’Innocent III.

Innoceni et l’Empire.

Depuis que Frédéric

Il avait jeté le masque, la première question, l’unique à vrai dire, pour la papauté, était de vider définitivement la querelle qui depuis deux siècles mettait aux prises le sacerdoce et l’empire. Quels qu’eussent été ses sentiments antérieurs de loyalisme à l’endroit de l’empereur. Innocent pas plus qu’aucun de ses prédécesseurs ne pouvait être gibelin. S’il est vrai que Frédéric ait dit, en apprenant l'élection de Sinibald : « je perds un ami et je gagne un ennemi » c’est qu’il se rendait bien compte de l’incompatibilité absolue des deux politiques, que, depuis l’avènement de Barberousse poursuivaient, chacun de son côté, le pape et l’empereur. L’empereur, souverain plus ou moins effectif de l’Allemagne, maître du Nord de l’Italie, roi de Naples et de Sicile, ne chercherait qu’une occasion de se rendre maître de l’Italie centrale, pour fixer au centre de la péninsule le siège de l’Empire et devenir, en droit comme en fait, le successeur des vieux empereurs romains. Le pape de son côté voudrait par tous les moyens en son pouvoir empêcher l’union de l’Italie méridionale avec celle du Nord, maintenir contre toute tentative d’encerclement l’indépendance de Rome et de l'État pontifical. Sacrifier celle-ci, c'était mettre toute l’autorité spirituelle des papes à la merci de pouvoir temporel des empereurs. Et puisque l’empereur maintenant s’appepelait Frédéric II, puisqu’une expérience d’un quart de siècle avait montré de quelles violences et de quelles traîtrises à la fois il était capable, il n’y avait plus guère à songer à une entente pacifique avec lui. Les liistoriens allemands, qui reprochent avec âpreté à Innocent IV de n’avoir jamais voulu sérieusement conclure la paix avec Frédéric, oublient un peu vite la