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ciui fciai. uu lui, jiour.ou. IMlyncuni.lereijrcseiilaiié du souverain pontife. Encore que le nom de vicariat de Thessalonique n’ait pris naissance qu’avec Boniface l", c’est au pape Sirice que revient l’idée de sa constitution. Mais c’est surtout Innocent l" qui l’a organisé. Un de ses premiers actes est de confirmer à Anysius, évêque de Thessalonique, les pouvoirs à lui accordes par Damase, Sirice et Anastase. Jalïé, n. 285. Quand, après 411, Anysius est remplacé par Rufus, le pape intervient de nouveau, la délégation accordée au premier étant essentiellement viagère. Ce lui est une occasion de précisera Rufus les pouvoirs qui lui sont conférés. Jafïé, n. 300. Innocent commence par citer l’exemple des missions confiées autrefois par Moïse aux vieillards qui deaient l’aider dans ses fonctions judiciaires, par Pau ! à Tite et ; i Timothce. S’inspirant de ces faits, le pape veut se décharger partiellement, sur quelqu’un en qui il ait pleine confiance, du soin de ces Églises éloignées. A la prudence de Rufus il confie la charge de veiller sur les communautés d’Achaie, des deux Éjjires, de Thessalie, de Crète, des deux Dacies, de Mésie (il s’agit éidemment de la Mcsie 1'", la Mésie II<' taisait partie du diocèse de Thrace), de Dardanie et de Prévalitane. C’est tout le ressort du diocèse d’illyricum, qui comprenait en plus la Macédoine. Celle-ci n’est pas nommée, parce que Rufus, en qualité de primat de Macédoine, n’a pas besoin pour elle d’une délégation pontificale. Il est bien spécifié que, dans toute l'étendue de ce ressort, Ru’us devra respecter les droits des métropolitains : mais il sera le premier, parmi ces primats, intcr ipsfls primnies primufi, chargé de régler personnellement les questions litigieuses, et de transmettre à Rome celles qu’il ne pourrait appointer. S’il le juge bon, il pourra tenir des synodes pour liquider les affaires les plus importantes. Cette pièce datée du Il juin 412 est extrêmement intéressante pour caractériser la juridiction que revendiquait l'Église de Rome sur cette [lartie de l’Orient, jll n’est pas bien sûr que le vicariat de Thessalonique ait aussitôt fonctionné ; pourtant nous trouvons dans la correspondance d’Innocent deux pièces adressées aux évcques de Macédoine et d’aliord à Rufus, évêque de Thessalunique. Jaffé, n. 303 et 304. Elles répondent à des consultations de ces prélats sur des questions de droit et des difficultés relatives à des personnes. Le premier d' ces documenis suggère deux remarques importantes. Tout d’abord à la question de savoir s’il est permis de réintégrer dans le sacerdoce ceux qui ont été élevés à cette dignité par un hérétique. Innocent répond par la négative avec une véhémence extraordinaire. La violence que met le pape à stigmatiser l’ordination conférée par un hérétique a pu faire croinqu’il contestait tffi ctivement la validité d’un tel rite, et c’est dans ce sens que beaucoup de tl)éolopi<ns du moyen âge ont entendu cette dccrctale. Eu réalité le pape veut seulement faire remarquer 1 indécence grave qu’il y aurait à faire passer de telles personnes du service de l’hérésie à celui de l'Église catholique. C’est dans le même sens qu’il convient d’interpréter une réponse postérieure de quelques annéi s, et adressée à Alexandre d’Antioche. Jaffé, n. 310. Pour en revenir à la dicrétale adressée à Rufus, on remarquera également que, s’il rappelle Sa règle relative à l’irrégularité encounie parceuxc]ui ont épousé une veue, <)u qui ont été mariés deux fois, le pape ne parle nullement de la loi du céliliat ecclésiastique. Peut-être veut-il respecter les coutumes de 1 Église d’Orient qui sur ce point élabore vers ce même moment une discipliue assez différente de celle des pays latins. J’inclinerais pourtant à penser qu’il y a eu dj sa part une pression pour amener le clergé de l’IUyiicum à l’observance de la loi portée par Sirice. En effet l’his torien Socrate, vers le milieu du ve siècle, après avoir parlé de la coutume orientale en fait de mariage des clercs, ajoute ceci qui concerne justement l’illyricum : « J’apprends qu’en Thessalie s’est introduite une autre coutume ; là, si un clerc a commerce avec la femme qu’il avait épousée étant laïque, il est déposé de ses lonctions… On observe la même règle à Thessalonique, dans la Macédoine et dans l’Hellade. > H.E., V, 22, J G., t. Lxvii, col. G37.

Par delà les frontières de l’Illyricum commence une région sur laquelle les droits de l'évêque de Rome sont moins nettement définis. Qu’en ce pays-là on attache le plus grand prix à rester en communion avec Rome, c’est ce que montre avec évidence toute l’histoire du i ve siècle : mais l’emprise du siège apostolique y est moins directe qu’ailleurs, et c’est surtout en refusant sa communion aux potentats ecclésiastiques jugés indignes, que le pape peut agir en ces régions. C’est ce qui apparaît nettement dans l’histoire des rapports d’Innocent P"' avec les évêques d’Alexandrie, d’Antioche et de ConstantinopL'. lors du drame lamentable qui aboutit à l’exil et à la mort de saint Jean Chrysostome (403407). On sait le gros des faits. Par aniniosité personnelle contre l'éloquent évêque de la cajùtale, Théophile, le patriarche d’Alexandrie, a fait déposer celuici contre tout droit par un synode à sa dévotion. Par suite d’une imprudence de Jean, cette sentence d’abord conditionnelle a été transformée en un jugement définitif qui enlève à l’innocent tout droit de remonter sur son siège épiscopal. La cour qui a pris fait et cause contre le saint évêque l’a fait reléguer d’abord en Cilicie, en attendant qu’un ordre vienne de le transporter au fond de l’Arménie, au pied du Caucase. Au lendemain de l’inique sentence, le patriarche d’Alexandrie s’est empressé d’en donner communication à Rome, espérant sans doute un entérinement pur et simple des résolutions du synode du Chêne. Mais les amis de Jean sont arrivés à Rome peu de temps après, porteurs de l’appel interjeté par la victime de Théophile. Innocent l" dut voir, dès l’abord, où était le bon droit. Dans une lettre assez raide adressée à Théophile, Jaffé, n. 288, il lui déclare qu’il n’a aucune raison de rompre la communion ecclésiastique avec Jean de Constantinoplc. Un nouvel examen de l’affaire s’impose : que Théophile soumette ses griefs contre Jean à l’examen d’un synode qui jugera la question d’après les canons de Nicée (c’està-dire de Sardique), les seuls que reconnaisse l'Église romaine. Quelque temps après, Innocent apprend d’une manière plus complète toutes les iniquités commises à Constantinoplc, les persécutions dont sont vrctimes, tant dans la capitale que dans les provinces, les amis de l’archevêque injustement déposé. Il adresse au clergé et au peuple de Constantinoplc demeuré fidèle à la mémoire de Jean une fort belle lettre, de consolation. Jafïé, n. 234. La manière dont il marque combien il était inique de donner à Jean un successeur, montre bien qu’il a refusé d’entrer en communion avec Atticus, considéré par lui comme un intrus. Le seul moyen d’apaiser le conflit serait la réunion d’un concile général. De toutes ses forces le pape s’j* emploiera, tout en prévoyant que la chose est d’une réalisation difficile. Innocent comptait beaucoup sur l’intervention d’Honorius auprès de son frère d’Orient, Arcadius ; les complications politiques de ces années troublées ôtèrent au bon vouloir de l’empereur d’Occident toute efficacité. Innocent ne put que consoler dans son exil la pauvre victime de Théo]ihile. Palladius, l’auteur de la vie de Chrysostome, a eu en main plusieurs des lettres adressées à Jean par le pape, une seule nous est conservée en entier. Jafïé, n. 298.

Ne pouvant taire triompher le bon droit de l’arche-