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INFIDÈLES — INFIDÉLITÉ


la révélation mosaïque et prophétique, la révélation chrétienne. Cette influence reste la plus importante pour le salut des infidèles, et le moyen normal.

d) Enfin la révélation immediale faite à des infidèles, au moins à ceux qui, sans obstacle de leur part, n’ont pu en aucune façon bénéficier de la révélation médiate, est fortement appuyée par les Pères et par saint Thomas ; voir 3°^ système, col. 1815 sq. Nous avons répondu aux objections qu’on lui fait, col. 1857 sq. On ne peut admettre sans doute une telle révélation, avec quelques théologiens isolés, dans une immense multitude d’enfants arrivant à l'âge de raison, ce qui serait contraire à l’expérience ; voir col. 1885. Il n’y a pas d’inconvénient, au contraire, à l’admettre assez fréquente à l’article de la mort, comme l’avait déjà remarqué Leibnitz lui-même : « Nous ne pouvons savoir ce qui se passe dans les âmes à l’article de la mort… Pourquoi prétendrait-on que rien de semblable ne se pût taire dans les mourants, que nous ne pouvons pas interroger après leur mort ? » Essais de Théodicée, part, ii, n. 98, édit. Paul Janet, Œuvres ptiilosophiques de Leibnitz, 1900, t. ii, p. 141 Et ailleurs : On peut souterir que Dieu, en leur donnant la grâce d’exciter un acte de contrition, leur donne aussi, soit explicitement, soit virtuellement, mais toujours surnaturellement.., quand ce ne serait qu’aux derniers moments, toute la lumière de la foi et toute l’ardeur de la charité qui leur est nécessaire pour le salut. » Nouveaux essais sur l’entendement Immain, t. IV, c. xviii ; même édit., t. i, p. 470. Beaucoup de protestants de nos jours ont voulu donner aux hommes une « nouvelle chance après la mort » quand l'âme, séparée de son corps, est en état de faire de salutaires réflexions, une seconde épreuve > dont l’espoir aurait les plus graves inconvénients pour l'épreuve de cette vie, et que la tradition chrétienne réprouve. Mais auant la mort, on ? encore le droit de décider de son sort éternel, et c’est là qu’une lumière divine est bien placée, surtout pour l’infidèle qui, ayant fait son possible, n’a pu encore, par défaut de révélation, faire l’acte de foi, ni celui de charité parfaite. Dieu se montrerait à lui comme un Père, en sollicitant un acte d’amour et de repentir.

1. PÈRES.

Salut des infidèles avant Jésus-Christ.


1. Clément d’Alexiuidrie, Strom., I. I, c. v, P. G-, t. viii, col. 717, 721 ; c. vii, ibid., col. 732, 733 ; c. xv, col. 781 ; c. XIX, col. 808 ; c. xx, col. 813-817 ; I. V, c. xiii, P. G., t. IX, col. 128 ; Protrepticus, c. vii, P. G., t. viii, col. 184. Voir ci-dessus, col. 1810-1816.

2. S. Augustin :.Sur le retard de la venue du Christ : Epist. ad Deogralias, q. 2, P. L., t. xxxiii, col. 373 sq. ; Liber de diversis quæstion., 83, n. 44, t. XL, col. 28 ; De ciuit.. Dei, I. X, c. xx.xii, P. L., t. xli, col. 312 sq. ; De prædestin. sanctorum, c. IX, X, P. L., t. XLiv, col. 973 sq. ^ Sur les vertus des païens : Cont. Julian., t. IV, n. 16-33, P. L., t. xuv, col. 744-755 ; De spirilu et littera, n. 48, ibid., col. 230. Voir ci-dessus, col. 1741, 1742. — Sur les révélations faites aux infidèles : De civit. Dei, I. XVIII, c. XLvn, P. L.. t. xi.i, col. 609 ; De trinitate, t. IV, c. xvii, P. L., t. xiii, col. 903. Voir ci-dessus, col 1848, 1849.

3. L’auteur du De vocatione gentium montre qu’en dehors d’Israël les autres nations n'étaient pas abandonnées, t. II, c. iii, IV, P. L., t. Li, col. 689 sq. Bien des infidèles arrivaient à être justifiés par la loi et la grâce, qui n’a été refusée à aucun siècle, ibid., c. v, co !. 691. Elle est offerte à tous, ci-dessus, col. 1836, 1848.

2° Salut des infidèles après Jésus-Christ, on d’une manière générale. — l.Sur la connaissance na(ure//e de Dieu, possible aux païens : Tertullien, De testimonio animæ, surtout c. n. P. L., 1. 1, col. 612 ; S. Augustin, De civit. Dei, t. X, c. i-vn, P. L., t. XLI, col. 277 sq.

2. Sur les grâces surnaturelles offertes aux païens : S. Jean Chrysostome, Homil. in loa., homil. viii, n. 1, P. G., t. Lix, col. 65 ; Homil. in liom., homil. xxvi, n. 3, P. G., t. Lx, col. 641. Voir ci-dessus, col. 1837, 1847 sq. — S. Augustin, De spirilu et litt., n. 58, P.L., t. XLiv, col. 238 ; in Ps. XVIll, enarratio, n. 7, P. L, t. xxxvi, col. 155. Voir ci-dessus

col. 1835 ; In P* XXX f, n. 4, P. L., t. xxxvi, col. 259 ; Serm., cccxLix, n. 1, t. xxxix, col. 1529. Voir ci-dessus, col. 1784. Sur la nécessité de la toi stricte, Conf. duas epist. Pe ! ag., . III, n. 14, P. L., t. XLiv, col. 598. Voir ci-dessus col. 1823. Sur les révélations immédiates, Epist. ad Deogralias, loc. cit., col. 376 ; De donc perseverantiæ, n. 48, P. L., t. XLV, col.1023. Voir ci-dessus, col. 1848, 1849. Sur l’axiome Facienli quod in se est. De peccatorum meritis et remissione, I. I, n. 31, P. L., t. XLiv, p. 126. Voir ci-dessus, col. 1859. — S. Prosper : Sur la nécessité de la grâce, Cont. Collaorem, c. xv, P. L., t. Li, col. 258. Voir ci-dessus, col. 1743 ; Pro Augustino responsiones ad excerpta Genuensium, c. viii, P. L., t. Li, col. 197 ; Carmen de ingratis, part. II, vs. 251 sq., ibid., col. 110 sq. Voir ci-dessus, col. 1743, 1744. Sur la volonté salvifique universelle, Pro Augustino responsiones ad capitula objectionum Vinccntianarum, c. ii, ibid., col. 179 Pro Augustino responsiones ad capitula objectionum Gallorum, c. vra, ibid., col. 164. Voir ci-dessus, col. 1829.

II. Théologiens anciens.

Les textes importants d’Alexandre de Halès et d’Albert le Grand sont cités col. 1849 et 1850. Voici les principaux passages de saint Thomas : Sur la nécessité d’une révélation divine pour qu’il y ait foi proprement dite, Sum. iheol., lia lia-, q. x, art. 4, ad lum et 3um ; In III Sent., dist. XXV, q. ii, a. 1, solut. 1, etadlum et 2 iiii ; Deyen'(a(e, q. xiv, a. Il et ad 1 "met 2um. Voir ci-de>sus, col. 1857, 1869, 1906. — Sur la révélation immédiate : Ibid., et D ? veritate, q. xviii a. 3, Sum. titeol., , lia Hæ, q. CLXXI, a. 5. Voir ci-dessus col. 1851 sq. Sur l’axiome Facienli…. : In II Sent., dist. XXVIII, q. i, a. 4, ad 4ura ; Cont. Gent., t. III, c. CLix. Voir col. 18.Î3 sq. Sur les rapports entre la foi explicite et la foi implicite : In III Sent., dist. XXV, q. ii, a. 1, sol. 1 et ad lum et 2um. Voir col. 1854 sq. Sur la nécessité de la foi explicite au Christ : De veritate, q. xiv, a. 11, ad 5um, Sum. theol., lia Ilæ q. ii, a. 7, ad 3um. Voir ci-dessus, col. 1856.

Théorie de S. Thomas sur l’enfant venant à l'âge de raison. Exposé par le P Hugueny : voir ci-dessus, col. 1863 sq. Les deux interprétations principales et opposées de Capréolus, voir col. 1865 et de Cajétan, voir col. 1866. A la seconde se rattachent la plupart, comme Médina, voir col. 1870 sq. ; Banez, col. 1874 et 1876 ; Gonet, col. 1879, Billuart, 1881.— Les anciens thomistes donnent cette théorie de saint Thomas comme probable et non pas certaine : ainsi Capréolus, voir col. 1865 ; Soto, col. 1867 ; Cano, col. 1869 ; Médina, col. 1871, où a la suite de Durand, de Victoria et de Cano il admet qu'à l’enfant ayant fait son possible. Dieu peut différer la grâce de la loi, ce que Suarez développe, col. 1860 ; Banez : « On ne peut rien avoir de certain col. 1873 ; Aguirre, col. 1884 ; Aragon, col. 1886. A partir des Sulmanticenses, col. 1879 et de Gonet, ibid., les thomistes plus récents soutiennent la théorie comme certaine, dans ses deux parties, excepté Billuart, col. 1882. Suarez en a critiqué les deux parties, col. 1887 sq. ; Lugo semble l’admettre, col. 1890 ; Schiffini ne peut se l’expliquer, ibid.. Avec Suarez, col. 1893, nous ne la tenons que dans un cas, où elle est certaine, savoir, si l’enfant est à l’article de la mort, voir ibid.

m. Écrivains modernes. — Janvier Bucceroni, S. J., Commentarius de auxilio sufficienli infidelibus data, etc., In-12 de 74 pages, Louvain, 1884 ; Antoine Fischer (depuis, cardinal-archevêque de Cologne), De salule infidelium commentalio, ad theologiam apologeticam pertinens, in-8, de 76 pages. Essen, 1886 ; Louis Capéran, Le problème du salut des infidèles, essai historique, in-S" de 550 pages, Paris, 1912 ; Le problème du salut des infidèles, essai théologique, in-8 de 112 pages, Paris, 1912. On trouvera dans ces deux ouvrages une copieuse bibliographie surtout des ouvrage plus récents.

S. Harent, s. J. INFIDÉLITÉ. — I. Définition. II. Formes. III. Causes. IV. Gravité. V. Conséquences.

I. Définition.

Toute faute contre la foi n’est pas nécessairement un péché d’infidélité. Les imprudences, telle la lecture des livres hén tiques, qui mettent la foi en danger, les paresses, les négligences, les ignorances voulues qui entravent son activité et son développement, les lâches et hypocrites silences, qui la dissimulent alors qu’on devrait la manifester fièrement, peuvent être des péchés graves d’action ou d’omission. Voir Foi, t. vi, col 313 sq. Cependant directement et par eux-mêmes ces actes ne détruisent pas la foi.