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INFIDÈLES


les mahométans, et même plusieurs anciens philosophes du paganisme. Voir col. 1917. Mais comme on le fait remarquer, Lugo ne bénéficiait pas de l’apport plus récent de la Science des religions, t Nous sommes en mesure de nous poser au sujet du bouddhisme. du brahmanisme et du fclichismu la question que le cardinal de Lugo se posait au sujet du judaïsme, du mahométisme et du paganisme gréco-romain. » Ibid.. p. 142.

4° Appréciation générale du dernier système (Suppléances providentielles). — « )Sion le prenait à l’exclusion de toute autre solution donnée par des auteurs cathcliques, certainement il ne suffirait pas. Pris sans une prétention aussi généralement exclusive, il constitue un estimable appoint pour la solution du problème, surtout si l’on énumère les diverses espèces de suppléances aussi complètement que nous l’avons fait. — b) En ce qui concerne les plus anciens paganisnics, la révélation primitive a été un moyen de salut d’autant plus efficace, que l’on était moins éloigné des origines. Sans aller aux exagérations de l'école traditionaliste, on peut admettre que pendant des siècles, dont il est impossible de déterminer le nombre, la révélation primitive s’est conservée suffisamment dans bien des milieux, du moins quant aux dogjiies indispensables au salut. — c) Après la dispersion des races, la vie difficile et presque sauvage, qu’ont dû mener les premiers occupants de la plupart des r< gions, a pu nuire à la conservation suffisante des traditions primitives. Les derniers auteurs cités, de Broglie, Vacant, ne touchent pas à la science préhistorique, développée surtout depuis leur temps. Celle-ti proposerait à la théologie de nouveaux et redcutaliles problèmes. Quels pouvaient être les secours religieux ofïerts à l’homme chelLen ou moustérien ? Quels sont les rapports de la race de Néanderth..l avec l’humanité primitive, avec la nôtre ? La th( ologie doit attendre, pour se poser le difficile problème du salut de ces infidèles, que la préhistoire ait précisé beaucoup de ses hypothèses présentes. — d) Si l’on envisage le paganisme gréco-romain à l'époque où il sdégradait de plus en plus, on peut dire que la révélation mosaïque avec les dispersions des juifs et leur prosélytisme, puis surtout l’action du christianisme se multipliant dans l’empire, furent de puissants secours offerts aux païens de bonne volonté. — e) Les siècles depuis lors jusqu'à nos jours sont spécialement riclies en suppléances variées de la Providence à l'égard des infidèles, en dehors de la vaste prédication catholique ; nous en avons donné des exemples.

    1. CONCLUSION FINALE DE CES DIVERS SYSTÈMES##


CONCLUSION FINALE DE CES DIVERS SYSTÈMES.

1° Il faut avant tout maintenir la volonté salvifique universelle de Dieu, et son corollaire, la grâce vraiment suffisante promise à tous, l’une et l’autre attaquées par les hérétiques, voir col. 1730-1736, et compromises par les explications rigoristes de certains cath.liques, Estius, Gonct, etc. Voir 2° sys/è/ne, col. 1K28 sq., 1833 sq., 1838 sq.

2° Comme conséquence nécessaire il faut maintenir a) le i)nn(ipe palr.slique qu’un adulLe n’est damné que far su fuut voir col. 1835-1837 ; b) l’axiome déjà donné par plusieurs Pères, puis par les théologiens du moyen âge : Facienti quod in se est Deus non denegal grntiam, avec la distinction qu’il implique entre le secours éloigné, re/no/e su/Tici’en.s, et le secours prochain, proxime sufficiens, et la liaison injaillible entre le bon usage du premier et le don du second. Voir col. 1841, 1.S47, 1850, 1852, 1851. La querelle qui divise les théologiens, de savoir si dans cet axiome il faut entendre facienti uiribus naturæ ou facienti viribus gratiw, n’a pas l’importance que plusieurs lui attrilnienl, et se résout par la distinction de d ux cspices de grâces qui se succèdent, la pre mière qui laisse la bonne action dans l’ordre naturel, et qui n’est pas nécessaire pour tout acte bon, la seconde qui élève la faculté pour agir surnaturellement et salutairement, et qui est absolument nécessaire pour l’acte de foi et autres « dispositions » proprement dites qui conduisent à la justification. Voir col. 1787-1791, et 1813, 1884. La liaison des deux espèces de secours ne tire pas son infailliliilité de ce que les bonnes actions naturelles faites avec le premier seraient une cause, et une cause infaillilile, qui produirait ou mériterait le second, mais uniquement de la promesse que Dieu a bien voulu en faire par suite de sa libre mais sincère volonté antécédente de sauver tous les hommes, t Faire son possible » n’a pas avec le don de la grâce élevante un rapport causal ; ce n’est pas même une condition sine qua non, puisque des hommes qui ne l’ont pas fait reçoivent souvent, par la prédication ou autrement, la grâce de la foi et de la justification. Voir col. 1860.

3° Il faut maintenir la nécessité absolue de l’acte de foi stricte pour la justification : nous l’avons longuement prouvé dans la thèseT"ondamentale, col. 1758 sq., et c’est pourquoi nous avons rejeté le 1°' système énuméré (Ripalda, etc.), col. 1828.

4° Les quatre autres systèmes qui restent, longuement examinés plus haut, contiennent tous une certaine part de vérité plus ou moins grande. Aucun ne suffit exclusivement. En réunissant tout ce qu’ils ont de vrai, on aura, croyons-nous, la meilleure solution possible.

a) Le système des limbes par assimilation des adultes païens aux enfants (5 « système, part, ii) est vrai en ceci, que chez beaucoup de sujets païens « l'éveil moral » ou « éveil de la raison supérieure » est fort retardé par les circonstances extérieures, en sorte qu’un bon nombre meurent à divers âges sans y être arrivés. Il en serait surtout ainsi chez des hommes ayant à lutter pour la vie contre d’excessives difficultés. Tels, peut-être, ces chasseurs de bêtes monstrueuses de l'époque paléolithique ; telles, dans les temps modernes, ces tribus sauvages où aurait régné une ignorance religieuse absolue, à en croire certains récits ; sans parler des aliénés et des faibles d’esprit que généralement les théologiens mettent dans les limbes. Nous n’avons critiqué dans la solution du cardinal Billot que l’excès, consistant à traiter ainsi les grandes masses, les multitudes païennes » à l’exception « des philosop lies, des lettrés, de la classe dirigeante ». Voir col. 1898-1912. Avec celui-ci d’ailleurs {Études, 20 nov. 1921) ; nous avons rejeté comme absolument condamnable l’emploi des limbes comme d’un t ciel naturel pour les infidèles vertueux. » Voir col. 1894 sq.

b) Parmi les autres systèmes qui restent, et fini font arriver la partie la plus considérable des hommes, même sans instruction, ou à la béatitude surnaturelle ou à l’enfer, nous rencontrons d’abord la célèbre opinion de saint Thomas sur le puer venicns ad usum riitionis ; 4 « système, co. 1863 sq. — L’autorité extrinsèque du saint docteur lui donne une sérieuse probabilité ; mais, sous la critique de Suarez, les preuves intrinsèques ne nous ont point paru décisives, à part le cas particulier où cet enfant devenant adulte au sens moral est à l’article de la mort ; alors la promesse divine de salut lui procurera une révélation comme moyen, s’il n’en est pas d’autre ; la part de vérité du système est surtout là. Voir col. 1887 sq, 1893.

c) Les diverses suppléances de la prédication catholique, qui nous ont occupé en dernier lieu (6 « système), surgissent de bien des côtés, et forment un vaste ensemble où beaucoup d’infidèles ont été sauvés, ou du moins ont pu l'être s’ils l’ont voulu. Nous y avons examiné l’inlluence de la révélation médiate sous toutes ses formes, c’est-à-dire la révélation primitive,