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INFIDÈLES


dit-il, de preuve afflrniative certaine de l’existence, aux ipoqucs très reculées, de l’idée messianique ni des mystères chrétiens (Trinité et Incarnation). Mais il faut oijserver que l’on ne trouve non plus aucune preuve que ces dogmes n’aient pas existé à l’origine, ni même qu’ils ne se soient pas conservés. La rareté de nos documents ne nous permet de tirer aucun argument de leur s.lence ou de l’ambiguïté de leur sens. » Problèmes et conclusions de l’histoire des religions, 2e édit., 1886, c. ii, n. 3, p. 58. L’hypothèse reste toujours possible, que d.-s documents plus décisifs aient disparu dans la suite des temps. — Après avoir magistralement engagé la réfutation des diverses objections faites à l’origine diviiie du christianisme par les rationalistes ou naturalistes, qui les ont tirées, en grande partie, de ressemiilances curieuses et troublantes entre ce dernier et les autres religions considérées par les chrétiens eux-mêmes comme fausses et d’origine humaine, l’abbé de Brogiie arrive aux explications proposées par les apologistes catholiques sur ces ressemblances. « Celle que les apologistes modernes adoptent généralement, dit-il, consiste à voir dans ces ressemblances un effet de l’identité primitive de toutes les religions à l’origine del’hamanité… S’il est vrai que l’humanité toute entière sort d’un premier couple humain, que toutes les nations ont une même origine primitive.., ne serait-ce pas la clef de toutes ces ressemblances"? Telle est la solution… de l'école traditionaliste. Partant de l’idée que la religion primitive a été révclée.., ils ont admis que cet ensemble de faits et de doctrines semblables à ceux de la vraie religion représentait la religion primitive de l’humanité.., que cette religion primitive s'était conservée longtemps dans l’univers entier.., et qu’elle commençait seulement à se corrompre à l'époque où Dieu choisit la postérité d’Abraham pour lui confier le dépôt des vérités révélées. » Jbid., p. 263-265. — « Pour apprécier ce système, poursuit-il, il importe de reconnaître d’abord la part de vérité qu’il contient. Qu’il y ait eu une révélation primitive.., c’est une vérité que tout chrétien doit admettre et qui est, comme nous l’avons vii, susceptible d'être confirmée, au moins d’une manière probable, par la science profane… Que la religion primitive Spit, dans son essence, identique au christ iatiisme (un seul Dieu créateur.., la même béatitude surnaturelle à laquelle nous aspirons ;., entre Dieu et l’homme, des rapports semblables de prière et de pardon) ; qu’elle ait contenu le souvenir de la chute et un vague espoir de réparation, germe de la croyance au Messie, que le rite primordial du sacrifice ait été dès l’origine la figure obscure de l’expiarion accomplie sur la cr()ix, aucun chrétien ne saurait le contester, et sur ces points encore la science ne dément pas la foi, et lui apporte souvent de remarquables confirmations « . Ibid., p. 266. — Vient ensu’te le départ de ce ((u’i) y a d’exagerc dans les lhè- ; <'>i de l'école traditionaliste : Elle attribue à la religion primitive bien d’autres de nos dogmes et de nos rites et comme déjà bien compris dans ces temps reculés ; en cela « ni la Bible, ni la science profane ne la conlirmenl. » Ibid., p 207. Par là aussi elle est entraînée à des luttes souvent malheureu.ses contre les explications naturalistes. C’est ainsi que les fêtes de la mort et de la résurrection d’Adonis, d’Osiris, d’Alys, s’expliquent bien mieux par l’idée, qu’on a voulu figurer et célébrer la mort apparente de la nature en hiver et sa résurrection au printemps, que par l’hypothèse étrange que la mort et la résurrection du Sauveur (lu monde, connues des premiers hommes, seraient devenues l’objel d’un culte q’ii se serait conservé à travers les siècles. "Ibid., , p. 209. Cf. p. 279.

A rapulogélique tradi’Jonaliste. l’abbé de liroglic en substitue une autre que nous résumons brièvement.

Le christianisme, vis-à-vis des religions d’origine humaine, a des rapports de différence et de ressemblance. Ce n’est point par ses ressemblances avec elles que l’on doit décider la question de son origine, comme veulent le faire ceux de ses adversaires qui exploitent contre lui l’histoire des religions ; c’est par sa différence essentielle d’avec elles toutes, et comme dit l’abbé de Brogiie, par son absolue transcendance. La démonstration de ce fait est fournie par l’apologétique tradilionn.'lle de l'Église. Restent à expliquer pourtant les ressemblances qui se remarquent entre le christianisme et les autres religions. Les emprunts du christianisme à des religions païennes, dont certains rationalistes ont fait grand bruit, n’interviennent que rarement, plus tardivement, et pour des symboles artistiques ou des cérémonies de peu d’importance ; souvent ces « plagiats » sont purement imaginaires ; quelquefois c’est un paganisme plus récent, comme le bouddhisme du Tibet, qui a copié le christianisme. Où il n’y a pas d’emprunt, et c’est le cas ordinaire, l’abbé de Brogiie propose d’expliquer les plus curieuses ressemblances « par une fin et une destination identiques. » De même, dit-il, qu’il y a nécessairement des ressemblances assez frappantes entre des édifices de même destination, quand même les architectes ne se sont pas copiis, de même il doit y en avoir entre toutes « les religions, institutions destinées à satisfaire certains besoins spéciaux du cœur humain… La religion divine… repose comme les autres sur une base identique, la nature religieuse de l’homme.. ; la grâce couronne et complète la nature, mais ne la détruit pas. «  Aussi les théologiens et apologistes, comme les philosophes, partent d’une « définition générale de la religion » commune à toutes. Et il y aura des resssemblances plus étroites entre les religions des peuples arrivés à un tel degré de culture morale, intellectuelle et artistique, que leurs instincts religieux en seront plus affinés. Ainsi « la religion divine et vraie doit être très différente des religions fausses, mais en même temps elle doit leur être très ressemblante » surtout à quelques-unes. Et « la vraie religion a pu ne paraître dans l’histoire qu’après les ébauches que l’homme avait faites pour combler les vides de son cœur et les défaillances de sa nature ». Ibid., p. 269274.

Sans doute cette explication nouvelle, en faisant concurrence à celle des traditionalistes, diminue la prétendue certitude et la prétendue universalité de l’influence qu’aurait, d’après ceux-ci, la révélation primitive sur les ressemblances entre religions, et sur le salut des infidèles. Mais elle ne détruit pas la probabilité de cette double influence en bien des cas. Les deux explications, dit l’abbé de Brogiie, se complètent l’une l’autre et s’accordent parfaitement. La r.ss inblaiice et l’espèce de parenté qui existe entre les religions païennes et le christianisme peut très bien avoir un double fondement. Elle peut résulter à la fois de l’identité essentielle de la religion primitive dont le paganisme est l’altération, et de l’identité des instincts religieux auxquels les diverses religions doivent nécessairement s’adapter. La religion est un lien entre Dieu et l’humanité. C’est Dieu qui s’est le premier rapproché de l’homme par la révélation primitive, qui a contracté par la révélation chrétienne une nouvelle alliance avec lui. Mais l’homme, de son côté, a()rôs avoir perdu la vraie notion de Dieu, a dû créer, tant avec le souvenir de ses croyances passées qu’avec les instincts de son cœur, des ciltes et des doctrines imparfaites et mêlées d’erreur… » Ibid., p. 283, 281. — El quant aux infidèles négatifs, « ceux qui par l’effet de leur éducation, ou, d’une manière plus générale, par l’elfet des causes secondes de toute nature, se trouvent en dehors de sa lumière » l'Église