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IMPOSITION DES MAINS


Clément d’Alexandrie en parle cependant comme d’un rite usuel et familier : avec vos faux cheveux, dit-il aux femmes. Pédagogue, ni, 11. P. G., t. iii col. 637, sur quoi donc portera l’imposition des mains ? Et au me siècle, dès que les documents deviennent plus abondants, l’imposition des mains apparaît comme occupant une telle place dans la vie de l'Église, qu’il ne saurait y avoir de doute sur le lien de continuité qui la rattache à la pratique des apôtres. Suivant la remarque plusieurs fois répétée de Behm : Die Handaujlegung, p. 71, 72. >S(), s’autoriser du silence de l'époque intermédiaire pour contester l’origine primitive de ce rite, c’est méconnaître le caractère traditionnel que lui attribuent les documents postérieurs. La pratique quotidienne est le pont qui unit l’usage du ! <'e siècle à celui du ui'^. Il ne suit pas de là que l’on doive ou que l’on puisse faire remonter en bloc à l'âge apostolique toutes les pratiques rituelles du iiie siècle ; à mesure que l'Église a organisé sa liturgie, elle a dû appliquer et adapter aux formes nouvelles de son culte les gestes et les rites qu’elle avait hérités des apôtres et il est donc fort possible que certaines cérémonies accompagnées d’imposition des mains, quelque usuelles qu’elles soient au nie siècle, ne soient néanmoins pas telles quelles d’origine immédiatement apostolique. La présomption peut être pour l’affirmative, mais ce sont là questions d’espèces dont chacune doit être examinée en particulier et qui ne sauraient nous occuper ici. Nous avons déjà dit celles de ces cérémonies dont l’existence à l'âge apostolique nous paraissait certaine ou plus probable. Pour les autres, les éléments de solution positifs font défaut : aussi passerons-nous outre désormais à la question des origines. Nous ne nous arrêterons pas non plus aux impositions de mains qu’on pourrait appeler charismatiques, par lesquelles ont continué de s’opérer dans l'Église des guérisons de malades ou des délivrances de possédés. Behm, op. cit., p. 64-66, a relevé les traces qui en restent dans les écrits du ni'e siècle : les siècles suivants n’en ont pas perdu le souvenir ni l’usage. Mais ces sortes de faits sont en dehors du point de vue théologique qui nous occupe ici. L’imposition des mains ne nous intéresse que dans ses rapports avec la vie organique et normale de l'Église, à partir du nie siècle.

Or, on peut dire dès l’abord et d’un mot qu’elle y apparaît comme le geste liturgique par excellence, comme le rite commun à la plupart des fonctions sacrées, si bien que la manière la plus naturelle d’en indiquer les usa, i ! es divers consiste à les grouper autour de ce que nous avons appelé depuis les sacrements. On constate ainsi qu’elle intervenait dans la collation de tous et nous aurons, plus loin, à distinguer ceux dont elle était partie essentielle ou constituante ; mais nous avons auparavant à montrer la place qu’elle occupait dans leur administration et à rechercher en quoi elle consistait.

I. SA PLACE DAN a L' ADMINISTRATION DES SACREMENTS. — 1° Dans le baptême. — Le baptême, aux premiers siècles, était précédé du catéchuménat et suivi de la collation du Saint-Esprit, que nous appelons la confirmation. A chacun de ces moments de l’initiation chrétienne l’imposition des mains avait sa place.

I. Pendant le catéchuménat.

L’imposition des mains est en quelque sorte le rite propre du catéchuménat.

a) Rite de l’admission. — Elle y apparaît dès les premières allusions faites à cette préparation au baptême. Nous en avons déjà relevé la trace dans un extrait de Théodote fait par Clément d’Alexandrie, 84, P. G., t. X, col. 694 : eù/ai yeipôiv. Cf. la variante donnée par Stiihlin : eùyal [£7râpCTSi.( ; ] ysiptôv, qui n’est qu’une conjecture explicative. TertuUien

parle explicitement d’un « renoncement au diable, à ses pompes et à ses anges, » qui précède le baptêmeet se fait in ecclesia sub anlistitis manu. De corona, 3, P. L., t. H, col. 79. Au synode de Carthage en 256, l'évêque "Vincent de Thibaris mentionne l’exorcisme ' par l’imposition des mains » comme étant le premier degré de l’acheminement vers le Christ. Sent, episc., 37, dans les œuvres de saint Cyprien, édit. Hartel, t. I, p. 450. Et, en effet, c’est par une imposition des mains que l’on est admis au rang des catéchumènes ou qu’on est fait chrétien. Gentiles, dit le canon 39 du concile d’Elvire (30(3), si in infirmilate desideraverint sibi manum impuni, si jueril eoTum ex uliqua parte honesta vila, placnit cis manum imponi et fieri christianos. Et le canon 6 du concile d’Arles en 314 dit de même : De his qui in infirmitate credere volant, placuit eis manum imponi. Aussi les récits de conversion aboutissent-ils à l’imposition des mains. Celui des Acta Thomse, n. 49, nous montre une femme, qui supplie l’apôtre de la « signer » (86ç loi ttjv açpaytSa :.c’est l’expression consacrée) et l’apôtre, qui lui impose les mains et fait sur elle le signe de la croix : èjviOslç ÈTr’aùx-^ xàç yzpoiq aÙTOû èaçpàytæv aÙTrjv £Îç ovo[i.a Darpôç xal TLoû xal àyîou nvei)[i.aTO( ;. Acta apost. apocr., édit. Lipsius-Bonnet, t. ii, p. 165. Eusèbe, lorsque Constantin se décide à se faire baptiser, parle de « la prière de l’imposition des mains » comme du premier rite préparatoire auquel il fut admis : TTpôJTOv Ttôv Sià ysipoOsataç zù-/_CiV yj^toÙTO. Vita Constantini, iv, 61, P. G., t. xx, col. 1213. Le diacre Marc, dans sa Vie de saint Porphyre de Gaza (395120), à chaque conversion nouvelle provoquée par les miracles de son héros, note l’imposition des mains faite aux convertis ; c’est le signe de la croix, la açpayîç du Christ, qui les rend catéchumènes : par exemple, ou vient demander à l'évêque TY)V £v Xptaffo CTcppayiSoc, il l’accorde et fait catéchumènes ceux qu’il a ainsi reçus, açpaYÎootç aÙTOijç xal TcoiYjaaç xaTrf/oij(i, évoijç, n. 31, dans l'édition du texte grec pour la Société philolog. de Bonn, p. 29 ; trad. lat., P. G., t. Lxv, col. 1226 ; quand il a ainsi consigné (açpayîaaç) les convertis ou qu’il les a marqués du signe de la croix (açpayicaç aÙTr.ùç tco a7](i, eu.j ToGcTTaupoù), il leur recommande de se faire instruire et de suivre les exercices du catéchuménat, n. 62, 100, p. 51, 80 de l'édition grecque : P. G., t. lxv, col. 1234, 1252. Sulpice Sévère raconte de même les conversions opérées par saint Martin : Cuncti catervatint ad genua beati viri ruere cwperunt, fidcliter postulantes, ut eos faceret clirisiianos. Nec cunctatus, in medio, uterat. campo, cunclos, iiiPOSiTA viiiversis manu, catechumenosfecit. De mit aculis S. Martini, diaX.n, 4, P. L., t. XX, col. 204. Nemo fere… fuit gentilium, qui non, IMPOSITIONE m anus desiderata. erediderit.Dcvita b. Martini, 13, P. L., t. xx, col. 168. Saint Jérôme, dans la Vie de saint Hilarion.n. 25, exprime de la même manière la conversion d’un prêtre des idoles : Christi signa denotatur. P. L., t. xxiii, col. 41. Saint Augustin, De catechizandis rudibus, 20, 34, dit en propres termes à l’aspirant catéchumène qu’il va recevoir le signe de la croix : Crucis signa in jronte hodie signandus es. P. L., t. xui, col. 335, Cf. plus loin. 26, 50 : Quod cum responderit, solemniter signandus e.sl. P. L., col. 344. Le pape saint Gélase enfin, dans un fragment de lettre qui lui est attribué, Jafïé, n. 674, définit le catéchumène par la consignation ou imposition des mains : Calechumeni ii sunt qui… a sacerdte CONSiGNATI sunt et per exorcismum purgati… necdum sacra baptismal' sunt abluti. Thiel, Episl. rom. pont., t. i, p. 509 ; P. L., t. Lix, col. 140. Cf. l’attestation de cet usage par saint Pierre Chrysologue dans ses deux sermons. P. L.. t. lii, col. 346, 494. (Pour le rite complet de l’admission au catéchuménat dans la