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INFIDÈLES


péché mortel ; surtout que l'éxecution de ce précepte demande un certain temps, principalement parmi les infidèles, et que d’autre part on ne peut être tenu d’y mettre une diligence souveraine. — La troisième grande difficulté se trouve dans ces mots du saint docteur : « S’il s’ordonne à la fin voulue, il parviendra par la grâce (sanctifiante) à la rémission du péché originel, i Car la foi proprement dite, et explicite en un Dieu rémunérateur, est nécessaire de nécessité de moyen pour la justification des adultes infidèles. Or qui peut prouver qu'à tous les enfants infidèles, arrivés à l'âge de raison et évitant le péché mortel, la lumière de la divine révélation apparaisse aussitôt, pour qu’ils puissent faire l’acte de foi ? Bafiez affirme qu’on peut pieusement le croire, mais de quel droit ? Voir les paroles de Bafiez, col. 1876. — Voilà les trois points qui pour moi furent toujours et sont encore obscurs dans l’interprétation de cette doctrine de saint Thomas : je les laisse expliquer à de plus savants que moi. » De gratta divina, disp. V, sect. v, n. 315 ; édit. Herder, 1901, p. 548, note.

d. Le caidinal Billot dans une solution du problème du salut des infidèles, dont nous devrons nous occuper, touche à la question présente. — a) Il donne des précisions utiles sur le sens du mot « adulte ». D’aliord, et cela va sans dire, il y a des personnes qui sont « adultes quant à l'âge, quant au développement physique » sans être « adultes quant au développement de l’esprit, de la raison. » Mais surtout t il y a dans la raison elle-même… la raison inférieure, qui s’exerce sur les choses temporelles, arts, industrie, sciences n’intéressant que la vie d’ici-bas ; et la raison supérieure qui s’ouvre sur les choses divines, transcendantes, éternelles, et tout particulièrement sur Dieu et sur sa. loi en tant que règle obligatoire des actions humaines. Cette distinction… qu’il ne faut pas entendre comme de deux faculte’s diverses, mais seulement comme de deux fonctions diverses d’une seule et même faculté, est prise de saint Augustin…, passée ensuite au vocabulaire commun des théologiens. »

  • Et le cardinal donne la définition de saint Augustin :

Ratio superinr est quæ intendit œlernis conspiciendis, autconsulendis, De Trinit., t. XII, c. vii, avec la glose de saint Thomas : conspiciendis quidem, secundum quod ea in seipsis speculatur ; consulendis vero, secundum quod ex eis accipil régulas agendorum, Sum. theol., ii, q. Lxxix, a. 9. Les choses éternelles sont donc pour la raison supérieure ou un objet spéculatif de contemplation, ou un objet que l’on consulte pour en recevoir les règles pratiques de ce qu’il faut faire. Enfin la raison inférieure est celle quæ intendit lemporalibns rébus. De là une distinction utile entre les adultes « au sens profane et vulgaire du mot » selon la raison inférieure, et les adultes « au sens moral et théologique » ou dans l’ordre spirituel » suivant la raison supérieure. Études, 20 août 1920, p. 387, 388.

  • ' P) Ces définitions posées, viennent des raisonnements qui aboutissent à cette conclusion : « Il n’est

pas d’adulte au spirituel, pas de vraie notion du bien et du mal, pas de conscience possible de l’obligation et de la responsabilité morale, tant que la raison en son développement n’est pas arrivée à la connaissance du Dieu vrai et vivant, notre Créateur et notre Maître, premier auteur de notre être et fin dernière de toute la vie humaine. Et, sur ce point du moins, la pensée des anciens théologiens est aussi nette que possible. Elle s’affirme catégoriquement partout où ils résument les conditions de l’adulte spirituel dans ce qu’ils appellent Vusus rationis. » Études, 20 décembre 1920, p. 515.— Critique de cette conclusion. — Qu’il n’y ait pas de « vraie notion du bien et du mal » tant que la raison n’est pas arrivée à une connaissance aussi explicite de Dieu et de sa loi, nous ferons nos réserves sur ce

point. Voir col. 1909 sq. Que sur la connaissance de Dieu requise pour l’obliga' ion, il n’y ait qu’une pensée des anciens théologiens, et « aussi nette que possible » et qu' ^ humaine la dignité d’adilte spirituel non seulement la connaissance de Dieu, fin dernière de toute la vie humaine m ; us encore une conscience enticrem nt formée sur l’obligation de s’oidonner à lui par un acte de charité parfaite. « Dès lors, continue le cardinal, n’y aurait-il pas, en l'état actuel et historique de l’humanité, une