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IMPOSITION DES MAINS

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venlus fuerit peccator] innibidas et non confundaiur el ingressus fueril ecdesiam, arguiiur et corripitur ab episcopo, … confusus egrcdietur et totus grex, cum viderit lacrin^as illius, correptionem apud se sentit, ii, 10, 4-5, p. 46. Cf. II, 9 et 10, 1 ; 39, 6. Pour l’exégèse détaillée de tout ce passage de l'Épître à Timothée, voir l’art, cité des Recherches de science religieuse, septembre 1912, p. 449-454.

d. Objections et conclusion. — On a objecté cependant à cette démonstration que les témoignages apportés sont d’une époque trop récente, et qu’il n’y a pas trace dans les écrits de l'âge apostolique d’une réconciliation des pécheurs telle que celle que nous croyons trouver dans saint Paul. Biblische Zeitschrift, 1914, t. XII, p. 176-180. Mais l’objection est au moins étrange de la part de ceux qui admettent l’interprétation commune : les témoignages qu’ils invoquent en "a faveur sont tous postérieurs aux nôtres, et l’on serait curieux de connaître les traces qu’ils découvrent, dans les écrits de l'âge apostolique ou post-apostotolique, d’un tribunal ecclésiastique tel que celui qu’ils supposent établi par saint Paul pour juger les presbytres. Ce sont les contemporains de saint Paul et saint Paul lui-même qui nous ont donné le sens de l’expression communier aux péchés d’aulrui et avant de dire qu’il n’y a pas de trace, à l'époque apostolique, de la réconciliation des pécheurs, il faudrait prouver que cette trace n’existe pas dans le passagee ! i question de l'Épître à Timothée. Or il ne saurait suffire pour cela d’en proposer comme plausible une interprétation qui, pour être devenue commune, du jour peut-être où la réconciliation des pécheurs cessa d'être une fonction épiscopale, du jour surtout où les novatiens et les donatistes abusèrent de ce texte pour refuser la réconciliation aux pécheurs, n’en est pas moins sans fondement dans la tradition primitive. Comme en outre elle trouble l’ordre des idées dans l’ensemble du passage, qu’elle fait violence au sens usuel d’expressions aussi courantes que le àiiapràvovraç èXéyx^i'^ et le xoivcovsïv ày.(xprLat.iç àXKoxpiMç, qu’elle attribue enfin à saint Paul, pour les fautes des clercs, un mode de répression ou de pénitence contraire à la pratique constante de l'Église, l’interprétation primitive nous paraît nettement préférable et c’est pourquoi il nous paraît aussi que l’usage de l’imposition des mains dans la réconciliation des pécheurs peut être considéré comme attesté par saint Paul.

b) Dans la prière sur les malades. — - Peut-on en dire autant de la prière sur les malades dont parle saint Jacques, v, 14? Origène l’a cru. Dans une citation de ce passage, il substitue à Vorent super eum de l’apôtre ' imponant ei manum de la réconciliation pénitentielle, car c’est à la rémission des péchés par la « pénitence dure et laborieuse » et comportant la confession préliminaire qu’il applique le texte de saint Jacques. In Lev., homil. ii, 4, P. G., t..xii, col. 418-419. A ses yeux, par conséquent, « prier sur quelqu’un » et lui « imposer les mains » sont deux expressions qui sont équivalentes ou désignent tout au moi : is deux choses qui s’entraînent l’une l’autre. Et c’est bien, en effet, ce que suggèrent les Actes des apôtres. Si l’on met à part les passages sur la communication du Saint-Esprit aux baptisés de Samarie, viii, 17, à saint Paul lors de sa guérison par Ananie, ix, 17, aux baptisés d'Éphèse, xix, 6, partout où l’imposition des mains est mentionnée, la prière l’accompagne : à Jérusalem, lors de l’ordination des diacres, VI, 6 ; à Antioche, lorsque Paul et Barnabe reçoivent leur mission, xiii, 3 ; à Malte, quand Paul impose les mains au père de Publius pour le guérir, xxviii, 8. Saint Matthieu avait dit aussi que ceux qui présentaient leurs enfants à Jésus demandaient de leur

DICT. DE THÉOL. CATHOL. « imposer les mains et de prier, sur eux » xix, 13, et saint Marc avait mentionné les paroles de bénédiction accompagnant le geste, x, 16. Dans un passage des Actes, l’identification établie par Origène paraît manifeste. Quand Paul et Barnabe, au retour de leur première mission, établissent des presbytres dans les Églises qu’ils ont fondées, on ne saurait douter qu’ils ne l’aient fait en leur imposant les mains, comme on l’avait fait pour eux à Antioche et comme les Épîtres pastorales montrèrent plus tard l’usage établi depuis longtemps. Or, s’il est fait mention à ce propos, de jeûnes et de prières comme à Antioche, xiv, 23, l’imposition des mains n’est pas nommée, xiii, 3. C’est donc ou bien qu’elle accompagne de soi les prières, ou bien qu’elle est supposée suffisamment indiquée par le /sipOTovïjCTavTEç qui précède. Le verbe ysipoToveïv, en efiet, quoique, dit des supérieurs, il ne signifie encore directement que le fait » d'établir » ou de « constituer, » évoque sufiîsamment l’idée d’une imposition des mains pour qu’il soit inutile de lui en juxtaposer l’expression formelle. Quoi qu’il en soit, au reste, du motif de l’omission constatée ici, l’association de l’imposition des mains et de la prière est dans les Actes assez évidente pour expliquer qu’Origène l’ait admise dans l'Épître de saint Jacques. Et nous n’hésitons pas pour notre part à considérer comme pleinement fondée l’identification qu’il a faite de Vorent super eum et de V imponant ei manum ; l’identification du rite d’ensemble prescrit par saint Jacques avec celui de la pénitence en général et de la réconciliation des pécheurs en particulier est une question différente, que nous n’avons pas à aborder ici. Voir t. v, col. 1913 sq., 1934-1935. Et nous aurons l’occasion de revenir plus loin sur l’imposition des mains dans le sacrement de l’extrême-onction. Mais, que, dans la pensée de saint Jacques, la prière sur les malades ait comporté de la part des prêtres invités à les visiter une imposition des mains distincte de l’onction, l’usage biblique joint à la pratique primitive des Églises nous paraît le mettre hors de doute. Origène, sans qu’il l’ait lu dans son texte, comme certains seraient portés : i l’admettre, n’a donc fait, en traduisant orent super eum par imponant ei manum, que transposer les appellations de deux réalités qui normalement étaient associéL’s.

II. Usage du rite dans l'Église. — - Le rite juif, évangélique et apostolique de l’imposition des mains s’est conservé dans l'Église. Entre la fin de l'âge apostolique et les débuts du m'e siècle, aucun docu ment ne le signale explicitement comme faisant partie d’une fonction liturgique déterminée. Ni la Doctrine des apôtres, bien qu’elle indique la manière de baptiser et de célébrer l’eucharistie, ni saint Clément de Rome, ni saint Ignace d’Antioche, malgré l’insistance de leurs lettres sur l’origine apostolique de l'épiscopat, ni saint Justin dans la description qu’il fait aux empereurs, Apol., I, 61-65, des rites chrétiens, ne le mentionnent. Dans les écrits de cette période intermédiaire, on relève seulement quelques allusions à la persistance du « charisme » de la guérison des malades par l’imposition des mains. S. Irénée, Cont. h vr., ii, 32, P. G., t. vii, col. 829 ; Clément d’Alexandrie, Quis diocs salvctur, 34, P. G., t. x, col. 640. Acta Pétri cum Simone, 20, L. Vouaux, Les Actes de Pierre, Paris, 1922. p. 388. Un extrait du gnostique Théodote conservé par Clément d’Alexandrie, Excerpta ex Thcodoto, 22, permet aussi de conjecturer que chez les valentiniens les cérémonies de l’initiation comportaient une imposition des mains, P. G., t. x, co. 669 ; un autre de ces extraits, col. 697, semble faire allusion à des prières accompagnées d’une imposition des mains qui auraient dès lors précédé l’administration du baptême.

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