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INFIDÈLES


parcimonie rigoriste de Gonet. Voir col. 1839 sq. Ils vont même plutôt à l’exagération, quand ils affirment que luui adulte reçoit de /ait les secours surnaturels (quoad substanliam). Voir col. 18 12 sq. Pour la théorie de l’enfant, ils ne font guère de distinction (Timportanre entre ses deux parties. Quoi qu’en pensent « les étrangers à l’école de saint Thomas, disent-ils, ses disciples et ses fidèles interprètes se soumettent volontiers à l’une et à l’autre…, et ils jugent qu’à lion droit il faut exclure de la classe des thomistes quiconque en cela se sera écarté des pas du saint docteur. » De viliLs et peccalis, disp. XX, n. 1 ; édit. Palmé, t. viii, p. 490. Sévérité qui a fait école, mais que l’on ne peut s’empêcher de trouver exagérée, surtout quand on les voit cit r ensuite parmi les fervents défenseurs de cette théorie Soto, De justilia et jure, qui en prenait et en laissait. Voir col. l^ii 7 sq. Vt/d., n. 2, p. 491. Parcourons ce qu’ils disent de la première partit de la théorie, à savoir l’obligation pour l’enfant de se tourner vers Dieu. a. — Preuve d’Écriture : Conuertimini ad me, Nous avons donné la sage critique de Médina sur la preuve tirée de ce texte. « On dira, (cr.v nt les Salmantlcerises, que ce texte s’entend de la conversion du pécheur qui revient de ses fautes personnelles par la pénitence… Mais peu importe : car un texte scripluraire admet plusieurs sens littéraux. .. Au reste, pour prouver que ce sens est légitime, c’est bien assez que le docteur angélique l’ait donné, nul autre Père ! ic réclamant ni ne contredisant. Car on ne doit pas moins estimer l’autorité de saint Thomas quant à l’intelligence de la sainte Écriture, que cette d’Augustin, de Jérôme, de Grégoire, etc., puisqu’il faut croire qu’il a tiré son interprétation de leur !) œuvres plutôt que de sa propre invention… Par saint Thomas, .Jérôme avec Augustin, Ambroise et les autres Pères de l’Église nous pari ni plus ouvertement et plusforinellementCquepar eux-i.cmes). » Ibid., n.3.

— b — Preuvesde raison Ihéologique. Ici les Salmanticensex donnent un bon développement aux preuves de l’école dominicaine, surtout à celles de Bafiez. Comme ils entendent la conuersio ad Deum d’un acte d’amour de Dieu explicitement connu, et aimé efficacemenl c’est-à-dire par-dessus tout, ils trouvent contre cette conception le dileme : « Ou cet amour procède des seules forces de la nature, ou de celles de la grâce » difficulté que Bafiez avait 1/rièvement ré olue. Voir col. I<V7(i. Ils donnent ici, avec une discussion très approfondie, les diverses réponses à cette oljcction qui ont été proposées. /6/VL, n 17-39, p. 498-509. Nous avons cité avec 1 P. llugueny leur sentiment modéré sur le geuic de né’psi.é de la foi explicite à la Trinité et à l’iiicar.alion. oii cii. 18^2.

d) Compagnie de Jisus. — a. Su ; r. z († 1C17). De son temps régnait encore une certaine liberté sur cette théorie particulière de saint Thomas. Il la divise déjà en deux parties : ni l’une n l’autre ne lui paraît suffisamment prouvée. — Première partie : nécessité de se tourner vers Dieu dés le premier instant de l’usage de la raison. Il définit ce premier instant » avec Victoria et Bafiez : le moment où la lilierté est complète, et où s’achève la première délibération. De vitiis et peccatis, disp. II, sect. viii, n. 1 et 2 ; Œuvres, é’dit. Vives, t. IV, p., 539. Il réfute les deux interprétations que donnent de la pensée de saint Thomas Capréohis, et Cajélan. La première ((^apréolus) a contre elle, dit Suarez, les autres thomistes et le reste des théologiens, parce qu’il n’est pas croyaljle que Dieu ait obligé l’homme dès le premier usage de sa raison à acc(>mplir d’emblée, sans autre acte inlcrmediaire de sa volonté lii re, le plus grand et le plus difficile des commandements celui de la charité parfaite ; de plus, la connaissance de Dieu i naturelle, et telle qu’elle est requise avant la foi qui précède l’acte de charité)

est bien difficile surtout pour les enfants qui sont élevés parmi les inlidcles. » Ibid., n. 3, p. 540. Suarez passe à la seconde interprétation, opposée à Capréolus par Cajclan et autres : se tourner vers Dieu confusément, en se tournant vers le bien honnête en général. « Cette interprétation, répond Suarez, n’est pas plus probable pour moi que la précédente. L’homme, à l’ordinaire, (per se), est tenu seulement d’aimer les biens honnêtes particuliers, ordinairement nécessaires comme objets voulus à la rectitude de ses opérations ; il n’est tenu d’aimer ces objets généraux (bien honnête en générai, loi divine en bloc » que dans ces deux occasions : la première, quand il doit faire un acte de contrition, car cet acte réclame un ferme propos général de vivre honnêtement ; la seconde, quand l’homme veut ou doit délibérer s’il gardera la loi à l’avenir. En dehors de ces deux rencontres, on ne peut suffisamment prouver que l’homme soit tenu de faire un acte sur ces olijets vagues et généraux : ni par les documents écrits, ni par la raison naturelle… Or au premier instant de l’usage de la raison il n’y a tertainement aucune nécessité de contrition, puisque l’enfant n’a commis aucun péché mortel ; et il n’est pas tenu alors à l’amour de Dieu par-dessus toute chose, nous l’avons m’mtré coijtre Capréolus. La seconde occasion n’intervient pas non plus, parce que délil)érer et déterminer en général la manière de vivre que l’on veut suivre à l’avenir, est alTaire de grand conseil et jugement : il n’est donc pas pratique que l’enfant dans sa première volonté libre soit obligé à une telle élection. De plus, dans ce premier acte moral, ce n’est pas la pensée de statuer sur son avenir, qui se présente la première à l’enfant. Saint Thomas semble le dire expressément (dans l’endroit même cité par les adversaires que réfute ici Suarez, c’est-à-dire /)e veril., q. xiv, a.ll, ad. 1°™, Si ductum naturalis rationis sequitur, etc.) Comment la raison naturelle guide-t-elle I s enfants dans leurs premières pensées ? En partant des choses sensildes. Ils pensent donc d’aliord à ce qui se présente à leurs sens, à des actions particulières à faire ou à éviter… Ils n’ont pas l’idée de choisir l’honnête en général, comme le disent les adversaires… On ne trouve personne qui ait eu conscience d’une telle obligation. De là une nouvelle confirmation de notre opinion : car si un tel précepte existe, il n’est personne qui ne l’ait ignoré invincildement à cet instant-là, puisqu c préc pte ne venait pas à son esprit, et qui’rie j ne pouvait en procurer la connaissance : un tel précepte est donc superflu. » Ibid., n. 5, p. 540. — Par ce qui précède, Suarez a déjà répondu en partie aux arguments de Cajétan et de ses partisans, signalés par lui au n. 4, p. 540 : facilité de se tourner vers le bien honnête, même pour un enfant ; nécessité de cette orientation première vers l’honnête en général, pour bien faire toutes les œuvres par la suite. Reste un dernier a gument : à ce premier instant de la vie morale, la loi naturelle est promulguée par la conscience ; l’enfant doit donc aussitôt, l’accepter en général. Suarez nie cette promulgation, et cette obligation de délibérer alors sur l’ensemble de cette loi et de l’accepter. « Mais il n’est pas nialjle, dit-il, que l’homme soit tenu de ne pas différer cette déliliération et cette acceptation jusqu’à la fin de sa vie, ni pendant longtemps ; soit parce que l’amour de Dieu par-dessus tout, qui implique l’acceplation de toute sa lo, lui est tout à fait diî, soit parce que cette délibération d’ensem..le avec cette ferme détermination est moralement nécessaire à la rectitude de la vie. Quand cette délii<ération coinmence-t-elle à obliger, on. ne peut le définir d’une manière certaine ; mais il me semble qu’elle n’oi.lige pas, en pratique, avant que l’homme n’y pense et n’y réfléchisse, et n’aperçoive de quelque manière cette oldigation, et alors même, pas dans l’instant, mais