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INFIDÈLES


le premier de la série des actes salutaires. Dans votre supposition, l’acte de foi perd donc sa primauté d ordre et passe au rang d’acte inlermédiaire ; heureux si aboutit enfin à la suprême disposition à laquelle est immédiatement attachée la justification : chante et contrition parfaite, ou attrition avec le sacreme^it de baptême ou de pénitence. Mais ce rabaissement que vous infligez à l’acte de foi est clairement oppose au concile de Trente, à saint Augustin, oila à quel grave inconvénient vous arrivez en voulant distribuer trop largement les secours proprement « surnaturels ». surnaturels quoad subslantiam. Ibid., n. 46, n 376. Il n’en serait pas de même, si l’on se contentait d’assigner aux infidèles, dans leurs spécia es difficultés et tentations, des secours « surnaturels quoad modum sque l’on appelle aussi.- préternaturels », souvent même (chez les anciens théologiens) « naturels » parce que la bonne action, ou prière, qu ils aident à ?aire sans élever la faculté pour au^^^nt reste_purement naturelle. Voir sur ces secours, ce. 1 /36, et 1788 sq. Godov, du reste, n’a pas la dureté de refuser, comme Jansénius. cette espèce inférieure de grâce suffisanle aux infidèles. Parlant plus loin de la « grâce spéciale » sans laquelle, d’après plusieurs auteurs, dont il fa t partie l’homme déchu, non encore régénère, ne peut 3-amais faire un acte d’amour de Dieu f -^f^’^.f t-^dire d’amour de Dieu par-dessus tout, tandis que d’autres auteurs ne voient pas d’impossibilité a ce qu’un tel acte, malgré sa difficulté, procède parfois des seules forces de la nature - il relate une objection qui lui reproche de se contredire par là et de donner à un infidèle négatif la gi-âce surnaturelle Il répond « que la grâce spéciale » nécessaire pour que cet homme déchu produise cet acte d’amour « n est pas surnaturelle mais naturelle. Or nous ne nions pas au’une grâce spéciale, entitativement naturelle, soit donnée à tous : nous le nions seulement d’un secours surnaturel (entitativement, ou quoad subsianham.)^ Il n’y a donc pas contradiction. Ibid., n 99, cꝟ. 97, n 372 Sur cette difficile controverse de la nécessite d’une grâce pour aimer Dieu par-dessus toutes choses, voir GRACE, t. VI. col. 1585-1588. Gonet admet également, dans tout adulte à l’âge de r^i^ » "’^" °"^^ ; ^^""’spéciale ordinis naturalis. Clypeus, traite de la prédestination, disp. I, n. 234 sq., édit. Vives, t. n. P-, 415 _

4 Voyons comment les Salmanticenscs repondent à ces adversaires. A propos de l’extrême difliculte ou impossibilité morale qu’ont les infidèles, comme le au res et plus qu’eux, de résister aux tentations et du genre de secours qui leur vient en aide alors de jat, ils ne sont pas contents de cette « grâce spéciale, entitativement naturelle » oupréternaturelle La raison qu’ils apportent est que « les mots auxdmm divinse 2ra^/a, ’, dont se servent les Pères, ont co^t"" ; ^ de signifier la grâce surnaturelle quoad subslanliam.. Ibid, n. 78, p. 770. Cette raison n’est pas forte. Admettons que le plus souvent, quand les Pères parlent de la . ^âce » ils entendent celle de la plus haute espèce Ce n’est pas toujours ; et il faut voir la matière dont il s’agit Ici il s’agit de résister aux tentations contre la loî naturdle, de manière à éviter le pèche mortel obstacle possH.le à des secours meilleurs : une espèce inférieure de grâce est sulTisanle pour cet objet négatif Voir col. 1791. Mais voyons surtout leur réponse à la pr, nc/pa/e dimcullé qui les presse : c’est l’argument de Godôy, tiré des assertions du concile de Trente sur le rôle initial de l’acte de foi dans la genèse de la justification Ils y répondent de trois manières : — aj Vouf nous reprochez d’admettre des actes entitativement surnaturels avant l’acte de foi. Mais tout le monde 3lu en admettre, et en admet ! L’acte de fo. proprement dit acte intellectuel, . suppose avant lui la volonté Tcrol e, acte entitativement surnaturel d’après, tous 1

les théologiens. Bien plus, cet acte de vouloir libre, comme tout acte délibéré, suppose avant lui un acte indélil)éré, pieuse alîection. d’ordre surnaturel aussi bien que lui ; il doit en outre avoir été précédé et dirige par un jugement pratique de la prudence, également surnaturel. Enfin le tout do (7 avoir été précédé par une première grâce excitante du même ordre, au jugement du concile de Trente, sess. VI, c. v. vi, » Ibid., n. 82, 83, p. 773. — Réplique. — Cela revient précisément à la 1°= objection du P. Desjardins, à laquelle nous avons répondu, col. 1783, cꝟ. 2<= objection, ibid. Ajoutons deux mots. Quand nous nions avec saint Augustin et le concile de Trente le caractère entitativement surnaturel des bonnes actions faites avant la foi, notre négation n’atteint pas et respecte toujours ces actes préliminaires, liés par leur fin immédiate à l’acte intellectuel de croire, et qui font partie intégrante de l’acte de foi si on le considère complètement. A ceuxci la surnaturalitr. oui ; leur cas n’est point le même que celui des bonnes actions dont il s’agit, lesquelles par leur objet spécifique sont totalement distinctes de l’acte de foi, et peuvent le précéder de fort loin. Celleslà n’ont aucune raison d’être l’œuvre d’une grâce surnaturelle et une excellente raison de ne l’être pas — b) Appuyés sur la base fragile que nous venons d’examiner, les Salmanticenses recommandent comme « très digne d’attention si l’on veut répondre aux arguments de leurs adversaires » la distinction des deux sens que peut prendre ce terme de foi surnaturelle. « Au sens strict, disent-ils, c’est l’assentiment que nous donnons à un objet, à une vérité iuévidente, à cause du témoignage de Dieu qui la révèle ; au sens large, c’est toute illumination et connaissance surnaturelle qui nous dispose à la foi stricte et nous fait tendre à l’objet de celle-ci, bien que d’une manière diverse et sous un motil différent, (autre que le témoignage divin ou révélation.) Sans doute, la foi au sens strict est tellement nécessaire pour obtenir la première justification.., que personne n’est justihé sans elle…. Malgré tout, elle n’est pas tellement nécessaire pour commencer l’alïaire de la justification.qu elle doive précéder tous les autres actes surnaturels : nous en avons montré quelques-uns. avec leurs secours du même ordre, qui la précèdent. Au contraire, la foi large et surnaturelle est tellement nécessaire aux adultes pour commencer l’affaire du salut, qu’elle précède tous les actes surnaturels distincts d’elle-même : car on n’en trouve pas qui ne présuppose quelque illumination surnaturelle (foi large) puisqu’il suppose, comme nous l’avons montré par le concile de Trente, une grâce excitante, qui est le secours destiné à la produire » Ibid., n. 86, p. 774. Voilà qui surprend. Les idées de Ripalda, jadis professeur de Salamanque en renom, y avaient donc partiellement pénétré jusque dans l’école bannésienne, si différente de la sienne 1 On lui empruntait la fameuse distinction, inventée par lui, entre la foi stricte et la foi large surnaturelle. oir col. 1759, 1793. Les Sa/ma/diVenses. qui ne le citent pas ici, l’avaient nommé plus haut parmi les défenseurs de leur thèse donnant des secours surnaturels à tous les infidèles. Ibid., n. 61, p. 761. Félicitons-les. toutefois, d’avoir maintenu, contre son hypothèse aventureuse, l’absolue nécessité de la foi stricte, comme nous venons de le voir. Seulement, ils prétendent que la foi /ar<7e a sur la stricte l’avantage initial, « parce qu elle précède tous les actes surnaturels distincts d elle-même. » Mais, d’une part, on peut en dire autant de la foi stricte : elle précède tous les actes surnaturels distincts d’elle-même ; car les seuls qu’on puisse faire valoir et qui, à première vue, semblent la précéder, en réalité font bloc avec elle et se rapportent à elle comme ses parties intégrantes. Et, d’autre part, l’autorité expresse du concile de Trente, sans parler de sauU