Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 7.2.djvu/28

Cette page n’a pas encore été corrigée
1305
1306
IMPOSITION DES MAINS


sois guéri « .Marc, i, 4. Mais en plus de ces contacts ou de ces attouchements proprement dits, les évangélistes parlent de ce qu’ils appellent « l’imposition des mains. » Pour redresser la femme percluse, Jésus ne fait que lui imposer les mains. Luc, xiii, 13. Le geste est connu autour de lui comme constituant son mode habituel de guérison. Jaire, quand il vient l’implorer, lui demande en propres termes de venir imposer les mains à sa fille afin qu’elle soit sauvée et qu’elle vive. Marc, V, 23 ; Matth., ix, 1. Ceux qui lui amènent le sourd-muet le supplient de même qu’il lui impose la main. Marc, VII, 32. A Capharnaiim, le soir, après qu’il a guéri la belle-mère de saint Pierre, tous ceux qui ont des malades les lui amènent ; et lui, en leur imposant les mains aux uns après les autres, il les guérit. Luc, IV, 40. A Nazareth, au témoignage de saint Marc, M, 5, il ne fait guère d’autres miracles que ceux-là : nisi paucos infirmos imposUis manibus curavit. Comment procédait-il ? En quoi consistait exactement cette imposition des mains ? On ne saurait le préciser d’après les Évangiles ; mais il est à noter qu’on ne parle pas d’une prière accompagnant le geste : la vertu bienfaisante en procédait toute de la personne et de la volonté du Christ, et c’est ce qui faisait l’admiration de ses compatriotes de Nazareth : Unde huic… virluies (aies, quee per manus ejiis efficiiintur ? Marc, VI, 2.

Geste de bénédiction.

Aussi son geste était-il par lui-même une bénédiction. On lui apportait les enfants pour qu’il les touchât, disent saint Marc, IX, 13, et saint Luc, xviii, 15, pour qu’il leur imposât les mains et fît une prière sur eux, dit saint Matthieu, XIX, 13. Et lui, en effet, leur imposait les mains, Matth., XIX, 16 ; et en leur imposant les mains, il les bénissait, Marc, X, 16 : le geste, ici, s’accompagnait d’un souhait ; c’est du moins ce que suggère l’expression évangélique. Nous ne trouvons cependant pas dans l'Évangile d’autre exemple de bénédictions accordées par .lésus sous cette forme. Son dernier geste seulement, au jour de l’Ascension, semble avoir été encore une bénédiction. « 11 éleva les mains, écrit saint Luc, xxiv, 50-51, et les bénit. Et c’est comme il les bénissait, qu’il s'éloigna d’eux. »

III. DANS L’HISTOIRE DES APOTRES. — On ne lit nulle part dans l'Évangile que le Christ ait prescrit formellement à ses apôtres d’adopter et de pratiquer eux aussi l’imposition des mains. Il la mentionne seulement comme devant être en usage parmi les croyanfs. Entre autres prodiges qu’ils accompliront, « ils imposeront les mains aux malades, et ceux-ci se trouveront guéris. » Marc, xvi, 18. Mais, ne lirait-on pas dans la finale de Marc cette allusion à la survivance du geste traditionnel et du geste préféré du Maître, 'l’histoire des apôtres ne laisserait aucun doute sur leur fidélité à le conserver et à le reproduire. Pour eux comme pour lui c’est d’abord un geste de guérison.

1 » Geste di guérison. — Dès le début, il est dit que « par les mains des apôtres » il se faisait des signes et des prodiges nombreux parmi le peuple. Act., v, 12. Et l’expression âià twv /eipcôv ne saurait s’entendre au sens purement métaphorique. Elle est la même que celle qu’emploie saint Marc, vi, 2, à propos des prodiges opérés par les mains du Christ ; cf. Behm, Die Handaiijlegung im Urchristentum, p. 10, note 2 ; et, des apôtres en effet, comme il l’avait fait du Christ, Luc, IV, 40, comme il le fera de saint Paul, Act., xxviii, 9-10, saint Luc dit que de loin on leur apportait les malades ou les possédés et que tous ces malheureux étaient guéris. Act., v, 16. Or, quand il parle du Christ et de saint Paul, il mentionne l’imposition des mains en propres termes ; on ne saurait donc douter qu’elle ait été usitée par les apôtres. Et de fait, elle était usuelle. C’est par elle que Saul converti

récupère la vue, Act., ix, 12, 17 ; c’est « par les mains » de Paul et de Barnabe qu'à Iconium s’accomplissent les prodiges par lesquels Dieu confirme leur prédication, Act., xiv, 3 ; de même, à Éphèse, pendant les deux ans qu’y passe saint VsM, virtutes non quaslibet facicba Deus per manum Pauli. Act., xix, 11. Parfois, il est vrai, l’imposition des mains n’est pas nécessaire ; par le seul attouchement des linges ayant appartenu à l’apôtre et sans doute en dehors de toute intervention de sa part, les guérisons se produisent. Ibid., 12. Mais lui, quand il veut guérir, procède à l’imposition des mains. A Malte, saint Paul, reçu chez Publius, dont le père est malade, « va le voir, prie sur lui, lui impose les mains et le guérit. » A cette nouvelle tous les malades de l'île accourent. La scène de CapharnaiJm se renouvelle ; on vient à saint Paul et l’on est guéri. Act., xxviii, 8-10. Apparemment l’apôtre répète pour chacun d’eux le geste qui a soulagé le père de son hôte.

2 » Geste de bénédiction. — Mais c’est surtout comme geste de bénédiction que l’imposition des mains s’est transmise du Christ aux apôtres. A ce titre, elle occupe dans leur ministère spirituel une place de premier ordre. Avec le baptême, c’est celui de leurs rites religieux qui est le plus clairement attesté.

. Pour donner le Saint-Esprit et pour ordonner. — Par l’imposition des mains, ils communiquent le Saint-Esprit aux nouveaux baptisés, Act., viii, 1 7-1 9 ; xix, 1-6 : par elle, ils délèguent tout ou partie de leur pouvoir à ceux qu’ils s’associent ou se substituent pour l’administration ou le gouvernement des Églises. Act., nt 0 ; xui, 3 ; xiv, 23 ; I Tim., iv, 14 ; II Tim., i, 6. Saint Paul la mentionne déjà, semble-t-il, comme faisant partie de la réconciliation des pécheurs, I Tim., v, 22, et il n’est pas téméraire de penser que saint Jacques, V, 14, lui fait place également dans l’assistance des mourants. De cette sorte, elle se retrouverait donc à l’origine des sacrements de la confirmation, de l’ordre, de la pénitence et de rextrême-onction. C’est ce qui a été déjà établi pour la confirmation. Voir Confirmation, t. iii, c61. 975-1026. A l’art. Ordre, on établira la valeur sacramentelle de l’imposition des mains aux diacres et à Timothée. Le P. Prat, à l’art. ÉvêQUES, t. v, col. 1684, a déjà indiqué qu’il était permis de voir « une consécration épiscopale » dans « la cérémonie qui constituait Paul et Barnabe fondateurs d'Églises avec pouvoir d’ordonner des prêtres. » Act., XIV, 23. Il ne reste donc qu'à examiner si l’imposition des mains fait réellement partie, à l'époque des apôtres, de la réconciliation des pécheurs et de la prière sur les malades.

a) Dans la réconciliation des pécheurs. — Il n’est pas commun parmi les catholiques de l’j' reconnaître Le seul passage où elle y peut paraître signalée est plutôt et depuis longtemps expliqué par eux de l’ordination. C’est celui où saint Paul recommande à Timothée de ne pas trop se hâter d’imposer les mains sous peine de « communier i ainsi aux péchés d’autrui : Manus cito nemini imposueris, neque communicaveris peccatis alienis. I Tim., v, 22. On s’accorde, en clTet, à relier entre elles les deux parties de ce verset e*' à entendre la seconde d’une conséciuence qui résulterait pourTiraothéed’une impositiondes mains prématurée : il risquerait, par sa précipitation, de se rendre participant, ou responsable, des péchés de celui à qui il se serait ainsi trop hâté d’imposer les mains.

a. L’interprétation primitive. — Cette interprétation toutefois est loin de s’imposer et les commentateurs mêmes qui l’admettent, par exemple, Salmeron, Corneille de la Pierre, Estius, dom Calmet, Bisping, Belser, etc., signalent la persistance de l’opinion qui voit dans cette imposition des mains la réconciliation des pécheurs. Il semble même que cette opinion ait gagné récemment beaucoup de terrain. Dans un article