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INFIDÈLES


qu’il faut croire comme lui, ibicL, 5 ; cꝟ. 23, 24. — 6) Là et ailleurs, l’apôtre veut montrer comment nous pouvons coopérer (moralement) à notre justification et l’obtenir ; or nous coopérons par des actes. — c) Il n'était pas d’un intérêt général pour les chrétiens de comprendre ce qui regarde Vliabilus fidei : mais il leur importe beaucoup à tous de comprendre ce qui regarde l’acte de foi. Paul voulait donc parler de celui-ci, et non de celui-là. Préoccupés de la théorie philosophique des habitas, la plupart des scolastiques ont vu l’habitas fidei dans beaucoup de textes de saint Paul où rien n’exige ce sens, tandis que l’autorité supérieure des anciens Pères et surtout de saint Augustin rapporte ces textes à l’acte de foi ; et il en est ainsi de Heb., XI, G, où l’apôtre ne parle que des adultes. Cet opuscule de Véga, intitulé De justiftcatione, gratta, fide, est publié à la suite de son ouvrage principal dans l'édition qu’en fit le B. Pierre Canisius sous le titre : De justiftcatione doctrina universa, auctore Vega, Cologne, 1572, q. I, propos. 1°, p. 728, 729.

2 » objection. — « Les mots ftdes, credere ont dans l'Écriture plusieurs sens différents. On pourrait donc dans notre texte les entendre de la foi « large », c’està-dire de cette connaissance d’un Dieu existant et rémunérateur fondée, non sur la révélation, mais sur une preuve de raison, scientifique ou vulgaire, du moins si cette connaissance rationnelle était surnaturellement produite à l’aide de la grâce. » — Réponse. — a) Ripalda et Gutberlet eux-mêmes, soit dit en passant, ne voient pas dans notre texte cette seule connaissance, mais veulent qu’on y ajoute au moins le vœu de la foi stricte. — b) Quand les mots jides, credere, signifient dans l'Écriture un acte de connaissance, de croyance, et c’est ici le cas d’après l’objection elle-même, cette connaissance est généralement fondée sur la révélation. Voir Foi, t. vi, col. 107-109. On cite une exception, Rom., xiv, 23 ; le nom de « foi » y est donné au jugement, dictamen, de la conscience ou à la bonne foi avec laquelle on agit en sécurité de conscience, en un mot, à une connaissance qui peut n'être que rationnelle. Encore est-il que ce dictamen chez les fidèles, est ordinairement motivé par quelque donnée de la révélation. INIais admettons une exception dans ce passage de l’apôtre : il n’en reste pas moins vrai que presqae toujours chez lui le mot ftdes, appliqué à un acte intellectuel, signifie la foi stricte, fondée sur la révélation, et qu’en cela saint Paul ne diffère pas des autres écrivains sacrés. Dans notre texte, nous devons donc admettre ce sens ordinaire et propre de la « foi », puisque rien ne nous oblige à nous en écarter. « Saint Paul, dit le P. Corluy, par ces mots, ftdes, credere, prêche si constamment la foi stricte, que si dans son Épître aux Hébreux il avait par ces mots entendu autre chose, il aurait dû absolument les avertir de cette nouvelle signification. » Spicilegium dogmatico-biblicum, Gand, 1884, t. ii, p. 231. — c) Bien moins encore pouvons-nous supposer un sens tout à fait exceptionnel et impropre de ces mots dans un chapitre qui, comme celui-ci, roule ex professa sur la foi elle-même. — d) On peut ajouter que les nombreux exemples de « foi » cités dans ce chapitre exigent ou comportent la foi stricte, basée sur une révélation surnaturelle de Dieu, immédiate ou médiate. « Dans les uns, dit Corluy, il est évidemment question de la foi à une révélation divine, Noé, Abraham, Sara, Jacob, Joseph, Moïse, Gédéon, Barac, David, Samuel, les prophètes, les Macchabées ; dans les autres, une telle foi peut facilement se supposer et offre une explication naturelle, Abel, Hcnoch, Isaac, Rahab, les parents de Moïse. » Loc. cit. — e) Le concile du Vatican, dans un chapitre où il définit clairement la foi stricte et en traite ex professa, renxoie précisément à Heb., XI, 1-6, comme autorité scripturaire.

C’est dire qu’il considère ces textes comme liés à la foi stricte, acte ou vertu ; Sess. iii, c. iii, Denzingcr, n. 1789, 1793. Ainsi il rend au sens littéral du verset G un témoignage au moins partiel.

3<^ objection.- — Les deux vérités mentionnées au verset 6 comme étant de nécessité de moyen, àsavoirl’existence de Dieu et la rémunération future, sont accessibles à la raison par une preuve ou philosophique ou vulgaire, et d’autre part sont absolument nécessaires, par leur nature même, pour pouvoir chercher Dieu et lui demander le salut. Donc l’absolue nécessité de moyen, qui est ici affirmée, doit porter sans doute sur ces deux vérités, mais prises en elles-mêmes et indépendamment de la manière de ies connaître ou de les croire. Cette manière reste indéterminée, et pourra varier suivant les cas : ce sera la foi stricte quand on pourra l’avoir, la foi large quand on ne le pourra pas, mais dans les deux cas ces vérités restent nécessaires, et l’apôtre n’a voulu affirmer que cette nécessite (Gutberlet). — 1'^ Réponse. — D’après ce que nous avons répondu à l’objection précédente, il est impossible, dans notre texte, de prendre les mots ftdes et credere avec cette indétermination quant à la manière de connaître, on ne peut les prendre que dans le sens de « foi stricte ». En conséquence, ce qui est affirme ici comme nécessaire, ce n’est pas seulement de tenir avec certitude ces deux vérités, c’est encore de les tenir de la révélation, qui distingue la foi stricte ^de l’autre. En admettant même qu’on puisse les connaître toutes deux par une autre voie que par celle de la révélaticn, cela n’a pu empêcher Dieu d'établir positivement la nécessité absolue de la foi stricte. Pourquoi l’a-t-il ainsi voulu ? Nous n’avons pas à le juger ; d’ailleurs nous pouvons indiquer, comme raison de haute convenance, les avantages tout spéciaux de la foi str’cte, fondée sur la révélation. Voir Foi, t. vi, col. 119-121. — 2 « Réponse, qui peut se tourner en nouvelle preuie de la thèse commune. — Il n’est pas exact que ces vérités de nécessité de moyen soient toutes deux acccss.bles à la raison, sans révélation. En effet, pour qu’il en fiit ainsi, il faudrait que saint Paul eût pris le terme c Dieu rémunérateur » dans le sens où le prend un philosophe spiritualiste, même chrétien, quand il traite de la vie future et de l’immortalité de l'âme d’après les seules données de la raison, en faisant abstracticn des circonstances de l’ordre actuel et de la fin surnaturelle à laquelle nous sommes destinés par un libre décret de Dieu. Or il n’en est pas ainsi. Avec les défenseurs de la thèse commune, nous prétendons que le mot « rémunérateur » n’a point pour l’apôtre ce sens vague et abstrait, mais qu’il signifie, en langage théologique, « rémunérateur surnaturel » : c’est-à-dire que Dieu nous a gracieusement promis un bonheur qui dépasse tes exigences de la nature, et donc un bonheur que la raison ne peut prévoir par voie philosophique et a priori, mais qu’elle ne peut connaître que par voie de la révélation. A fappui de ce sens concret du mot « rémunérateur « nous proposons cette preuve, fondée sur toutes les habitudes d’esprit de saint Paul et sur sa manière générale de considérer la vie future. Jamais il ne parle de « l’immortalité de l'âme » à la façon abstraite des philosophes ; toujours il conçoit cette immortalité au concret, avec la résurrection des corps qui complétera la récompense dans l'économie présente de la Providence. Tandis qu’une philosophie spiritualiste conçoit l’immortalité de l'âme dans l’abstrait, sans la résurrection des corps et sans leur état glorieux tel que la révélation nous l’affirme, l’apôtre ne voit pas de milieu entre le dogme chrétien de la résurrection et le pur matérialisme : « Si les morts ne ressuscitent pas, dit-il, mangeons et buvons, car demain nous mourrons. « I Cor., xv, 32. Otez-lui le dogme chrétien de la résurrection, il ne voit plus que