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IMPOSITION DES MAINS


t. IX, p. 413. — 2. Liturgique. — C’est par une bénédiction donnée au peuple sous la forme d’une imposition des mains que s’aclievaient les sacrifices solennels. Le jour où Moïse inaugure le sacerdoce d’Aaron, celui-ci, quand il a fini de présenter au Seigneur les victimes ofïertes pour lui, pour ses fils et pour le peuple, ne descend de l’autel qu’après avoir levé ses mains vers le peuple pour le bénir. Lev., x, 22. L’auteur de l’Ecclésiastique décrit la cérémonie telle qu’elle s’accomplissait de son temps. Quand « les cérémonies du Seigneur étaient achevées » et que « les prêtres avaient accompli les fonctions sacrées, le grand prêtre descendait et élevait sa main sur toute l’assemblée des enfants d’Israël, pour donner de ses lèvres la bénédiction de la part du Seigneur, … et le peuple se prosternait… pour recevoir la bénédiction du Très-Haut. » Eccli., l, 19-21.

La consécration à Dieu.

1. Des victimes. — L’offrande des victimes pour le sacrifice s’accompagnait toujours d’une imposition des mains. Qu’il s’agît d’un holocauste, Lev., i, 4, d’un sacrifice pacifique, Lev., _iii, 2, 8, 13, ou d’un sacrifice d’expiation, Lev., IV, 4, 24, 29, 33, celui au nom duquel ou pour lequel le sacrifice était offert devait poser sa main sur la tête de la victime avant qu’elle fût immolée. Le rite était obligatoire, mais n’avait rien de proprement sacerdolal. Celui qui demandait le sacrifice et présentait la victime devait l’accomplir lui-même en personne ; au cas du sacrifice offert pour l’ensemble du peuple, c’est aux anciens d’Israël, comme à ses représentants naturels, qu’il appartenait de s’en acquitter. Lev., IV, 15. Lors de la purification du temple et de la restauration du culte sous Ézéchias, c’est le roi et toute l’assemblée qui imposent les mains sur les victimes offertes en holocauste pour tout Israël. Il Par., XXIX, 23. Les prêtres n’imposaient eux-mêmes les mains à la victime que lorsqu’ils avaient à offrir le sacrifice en leur propre nom ou pour leurs propres péchés. Lev., iv. 4 ; viii, 14, 18, 22. Le grand prêtre toutefois, au jour de la solennité de l’Expiation, posait ses deux mains sur la tête du bouc » émissaire » avant de confesser sur lui les iniquités des enfants d’Israël et de l’envoyer au désert. Lev., xvi, 21. Ce bouc représentait donc tout le peuple, et on ne le chargeait de toutes les iniquités d’Israël que pour accentuer le caractère propre de la grande solennité ; son envoi au désert symbolisait la réalité des purifications accomplies : de tout ce qui avait pu jusque-là souiller le peuple, les prêtres ou le grand prêtre luimême, les expiations ne laissaient rien subsister. — 2. Des lévites eux-mêmes.

C’est encore en signe d’offrande et de consécration faite à Dieu que l’imposition apparaît dans l’installation des lévites. Eux aussi, comme les prêtres au jour de leur consécration, Exod., XXIX, 10, 15, 22 ; Lev., viii, 14, 22, ils auront à imposer les mains aux victimes qui seront immolées pour leur purification, Num., viii, 12 ; mais ils ont d’abord à être soumis eux-mêmes à ce rite. « Tu feras approcher les lévites, dit Dieu à Moïse, et tu convoqueras toute l’assemblée des enfants d’Israël. Lorsque tu auras fait approcher les lévites devant Jahvé, les enfants d’Israël poseront leurs mains sur eux. Num., viii, 9-10. Et le sens du geste ressort ici clairement de ce qui suit ; il équivaut à celui de l’imposition des mains faite à la victime par celui qui l’offre pour le sacrifice. Comme la victime, en effet, les lévites, après que le peuple leur a imposé les mains, « sont offerts en offrande balancée devant Jahvc, » Num., viii, 21 ; cf. pour les victimes, Lev., viii, 27, 29 ; IX, 21, etc., et la raison en est, dit Jahvé lui-même à Moïse, qu’ils sont prélevés pour lui parmi les enfants d’Israël : « Les enfants d’Israël poseront leurs mains sur eux. Aaron offrira les lévites en offrande balancée

devant Jahvé, de la part des entants d’Israël, afin qu’ils soient pour le service de Jahvé…. Tu feras tenir les lévites debout devant Aaron et ses fils, et tu les offriras en offrande balancée à Jahvé. Tu les sépareras ainsi du milieu des enfants d’Israël, et les lévites seront à moi. » Num., viii, 10-14. La signification du rite dans le cas du sacrifice et dans celui des lévites est donc la même : l’imposition des mains a - la valeur d’un acte de consécration au Seigneur. Dans les deux cas, le balancement de l’objet et des personnes offerts et consacrés à Dieu complétait le symbolisme de l’imposition des mains.

3° L' investissement d’une fonction. — Quand Moïse demande à Jahvé d'établir sur le peuple un chef capable de lui succéder, Jahvé, en lui désignant Josué pour cet emploi, lui prescrit de « poser sa main sur lui. » Num., xxvii, 18. Et en effet, quand Moïse est mort, Josué le remplace, « et les enfants d’Israël lui obéissent, » car, « il était rempli de l’esprit de sagesse parce que Moïse avait posé ses mains sur lui. » Deut., xxxiv, 9. Il y a donc eu transmission de pouvoir ; par l’imposition des mains, Josué a été rendu participant de l’autorité et de l’esprit de sagesse de Moïse. Aussi ce mode d’investissement est-il considéré par les juifs comme le « prototype » des rites suivis depuis pour la collation des diverses fonctions publiques. Il n’en est pas fait mention ailleurs dans l’Ancien Testament, mais les historiens en admettent la persistance jusqu’au début de l'époque chrétienne. C’est par l’imposition des mains que se seraient recrutés alors les membres du grand sanhédrin. Cet usage cependant ne tarda pas à disparaître, et, parmi les motifs qui purent contribuer à le faire abandonner, des juifs eux-mêmes suggèrent celui de l’adoption qu’en firent les chrétiens pour l’ordination des chefs de leurs Églises. Schiirer, Geschichte des jiidisclKn Volkes im Zeitaltcr Jesu Christi, 4e édit., t.ii, p. 250-251 et note 38 ; Lauterbach, art. Ordination, dans The jewish encyclopedia, t.ix, p. 428-429. On rattache parfois au rite de l’imposition des mains le geste dont il est question au Lévitique, xxiv 14, et au Deutéronome, xiii, 9 ; xvii, 7, à propos du blasphémateur : tous ceux qui l’ont entendu et qui ont témoigné contre lui doivent être les premiers à lever la main sur lui pour le lapider et le faire mourir. Mais il ne s’agit plus là d’un rite à accomplir : on veut seulement que les témoins du crime soient les premiers à en tirer le châtiment. C’est probablement l’usage auquel fait allusion le Christ dans l'épisode de la femme adultère : « Que celui d’entre vous qui est sans péché soit le premier à lui jeter la pierre. » Joa, viii, 7. Dans l'épisode du jugement de Susanne, Daniel, xiii, 34, les deux vieillards, avant de formuler leur accusation, mettent leur main sur la tête de l’accusée : c’est probablement le geste du serinent.

II. DURANT LE MINISTÈRE PUBLIC VU CHRIST. —

L’imposition des mains semble avoir été un des gestes les plus familiers de Jésus. Sans qu’on puisse dire que Jésus, en imposant les mains, accomplissait un rite, on peut considérer néanmoins l’imposition de ses mains comme un geste de guérison et de bénédiclion.

Geste de guérison.

Pour opérer ses miracles, parfois, Jésus touche les malades ou les prend par la main. Ainsi guérit-il la belle-mère de saint Pierre, Marc, I, 31 ; ainsi ressuscite-t-il la fille de Jaïre : il lui prend la main et lui commande de se lever, Marc, v, 41 ; ainsi encore fait-il reprendre ses sens au possédé que le démon en l’abandonnant, a laissé comme mort. Marc, ix, 27. Pour rendre la vue à deux aveugles, il leur touche les yeux, Matth., ix, 29, et il guérit un sourd-muet en lui mettant les doigts dans les oreilles et lui touchant la langue, Marc., vii, 31 ; quand un lépreux vient implorer sa pitié, il étend la main, le touche et dit : Je le veux,