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enfants de Dieu, Op. cit., t. v, p. 423. Aucun amendement ! e fut proposé par les Pères pour restreindre une telle allinnation de la nécessité de la foi : voir le résumé des amendements, p. 504 sq.

Mais plusieurs voulurent préciser davantage ce rôle initiai de la foi, et de là cettinouvelle rédaction dans la 3° terme du décret, proposée le 5 novembre > l’assemblée (générale : Pcr fulem autem justificari idco dicimur, quia in e.a quie ad justificationem est dispositione, prima est fides. Est cnim ejus quasi fundamentum, et omnis humanie salutis exordium, etc., p. 636. Le tiXte nouveau, par ces mots : in dispositione, prima est fuies, soulsva de vivis réclamations. « Nous semblons dire, s'écria l'évêque de Fano, suivi par plusieurs autr s, que la foi n’est pas requise dans la justification elle-même, » p. 699. Pour comprendre cette critique, il faut se reporter à un passage où saint Thomas fait ressortir le rôle de l’acte de foi dans la justification, et le distingue d’autres actes qui ne font que préparer de loin ; ainsi tel acte d’aumône ne sert à la justilication que par manière de disposition éloignée, per modiim præparationis : au contraire la foi, bien qu’elle précède comme disposition éloignée, se retrouve encore avec la charité parfaite au moment même où celle-ci justifie, simul in juslificationc impii cum molu fidei est etiam molus caritatis. Sum. IheoL, Ia-IIæ, q. cxui, a. 4, ad l"ni. C’est que la fol n’est pas, de sa nature, une disposition éloignée qui cède la place à d’autres actes plus rapprochés du but : son acte « coopère » avec ceux des vertus qui la suivent, même de la charité, Jac, ii 22. Voir Foi, t. vi, col. 84, 85. Les réclamations reprirent de plus belle dans la commission chargée de la rédaction définitive du décret ; à cette question du légat, cardinal de Sainte-Croix : « Pourquoi saint Paul attribue-t-il la justification à la foi ? » l'évêque de Fano répond : « Parce que la foi est la première, non seulement dans la disposition, mais encore dans la justification ; » l'évêque de Vérone : « Parce qu’elle est la première dans la justification selon saint Thomas ; » l'évêque de Lanciano : « On pourrait dire dans le début : Quia non solum in dispositione scd in justificatione primas motus in Deum est fidei ; » le général des augustins cite un passage semblable de saint Thomas, In Rom., III, 22 ; l'évêque de Bertinoro demande aussi qu’on distingue entre la foi qui dispose et la foi qui justifie, car dans la préparation la foi est informe, mais dans l’instant de la justification elle opère par la charité. Gal., V, 6. Op. cit., p. 724, 725. Ils entendaient que l’acte de foi n’est pas seulement une disposition éloignée, mais qu’il se répète au moment de la justification comme disposition prochaine : Fides disponil, et in ipsa iustificatione est etiam dispositio propinqua, dit l'évêque de Belcastro, p. 740.

D’autres prélats, cependant, se refusaient à introduire cette théorie de saint Thomas dans le décret conciliaire. D’abord, elle est loin de se vérifier toujours : par exemple, un.malade qui a perdu connaissance ne peut-il pas, sans aucun nouvel acte, être justifié par le baptême ou l’absolution du prêtre en vertu de dispositions seulement antérieures et éloignées, la foi avec l’espérance et l’attrition seulement ? L'évêque de Salpe semble faire allusion à ce point, p. 741. Saint Thomas n’a envisagé que le cas de la justification par la cliarité parfaite, peut-être en vue de simplifier une question très complexe, mais en sacrifiant dans ce raccourci une plus complète exactitude. Et quand la théorie de saint Thomas serait rigoureusement exacte pour tous les cas, doit-on prêter cette théorie scolastique à saint Paul, dont il s’agit ici d’interpréter la pensée ? Non. Saint Paul, au dire de l’archevêque d’Armagh, « ne parlait pas de la foi vive, mais de la foi informe, telle qu’elle est

d’abord dans le pécheur ; il voulait simplement dire que cette foi est la première des dispositions, et par là le commencement et le fondement du salut, » p. 724. Enfin, il ne s’agissait pas seulement, dans le présent chapitre, de fournir une interprétation plausible de saint Paul, mais de déterminer une interprétation qui ait été perpétuellement donnée dans l'Église aux paroles de saint Paul, sensus quem perpétuas Ecclesiæ consensus tenuit. Pour déterminer un tel sens, remarquait le légat Cervin, l’exégèse des plus anciens docteurs est encore plus à considérer qu’une explication relativement tardive, donnée par saint Thomas, p. 734. A cet effet, le légat avait lui-même versé au débat plusieurs textes de Pères grecs, p. 729. Mais ce débat menaçait de s'éterniser : aussi, le 21 décembre, le légat prit-il le parti de proposer une nouvelle rédaction supprimant la phrase Fides est prima in dispositione, origine de toute la controverse ; le concile éviterait ainsi de se prononcer sur l’explication détaillée du rôle de la foi, question secondaire. Proposée au concile le 10 janvier 1547, cette nouvelle rédaction, qui est notre texte actuel, fut adoptée le lendemain en séance générale, avec le reste du décret. Op. cit., p. 779, 784, 800-802.

b) Preuve tirée de ce texte en faveur de la thèse commune. — Le concile ne dit pas : « La foi est le fondement normal de la justification ; en général, la justification part de la foi. » Il dit : « La foi est le fondement de toute justification. » Donc, pas d’exception. Et comment concilier avec cette affirmation si nette le système de nos adversaires, admettant des millions d’exceptions pour les infidèles de bonne foi ? Au surplus, pesons ces mots jundamentum et radix. Comme il n’y a pas moyen d’avoir un édifice sans fondations, un arbre et ses fruits sans racine, ainsi, d’après le concile, il n’y a pas de justification sans la foi : voilà qui indique une absolue nécessité de moj’en.

c) Objections et réponses. — Les tentatives pour esquiver cette preuve ont été écartées déjà à propos du premier texte. Insistons sur un seul de ces points. Les actes du concile, que nous venons de parcourir, attestent évidemment que tous les Pères entendaient parler de foi actuelle, et non pas habituelle. L’acte de foi, le « mouvement de foi » dans le style de saint Thomas, est-il seulement disposition éloignée, ou bien aussi disposition prochaine dans la justification, et laquelle des deu.x conceptions correspond le mieux à la pensée de saint Paul, quand il dit que nous sommes justifiés par la foi ? Tel était le sens du débat que nous venons de reproduire : c’est donc bien Vacte de foi, que tous considéraient comme le fondement de toute justification (d’adultes). Ils n’avaient pu se tromper sur la pensée de saint Paul, si claire par elle-même ; l’apôtre ne montre nullement qu’il veuille parler de Vhabitus fidei, mais, au contraire, de cet acte, credere, dont il donne l’exemple dans Abraham : Credidit Abraluim Deo. Rom., iv, 3 ; cꝟ. 5, 18 sq. On voit que le concile en était convaincu ; par exemple, l'évêque de Badajoz (Pacensis) affirme sans être relevé par personne : « Quand saint Paul dit aux Romains, c. III et IV, que nous sommes justifiés per fidem, il s’explique lui-même, il entend la foi actuelle et non pas habituelle, » p. 324. On peut ajouter avec Schmid que per fidem exprime un rapport de causalité, qui existe vraiment entre Vacte de foi comme cause et la justification comme effet : tandis que, le rapport entre Vhabitus fidei et la grâce sanctifiante n'étant pas une relation de cause à effet, per fidem ne peut signifier cet habitas. Enfin, au membre de phrase qui dans le décret suit immédiatement, gratis autem justificari ideo dicamur, etc., où est expliqué le mot gratis de saint Paul, le concile entend par fides la fol qui tout en « précédant la justification, ne la mériter