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IMPÉTRATION — IMPOSITION DES MAINS


s’atténuent jusqu'à s’effacer quand on la rapproche du mérite de congnio.

Prenons, par exemple, cette formule lapidaire de saint Thomas, qui oppose d’une part l’objet de l’impétration et celui du mérite ; d’autre part les attributs divins en vertu desquels Dieu accorde ses bienfaits à la prière ou au mérite : impelralio perlincl ad id quod pelitur et innitiiur sali firatiie ; meritum auiem pertinet ad finem qiiem quis mcretur et innililiir justilise. De potentia, q. vi, a. 9, ad 5°™. L’application de cette l’ormule au mérite de congruo nécessiterait des distinctions, des corrections, qui la rendraient bien moins nette et moins tranchante.

Il reste vrai que impelralio pertinel ad id quod pelitur. On n’impètre que ce que l’on demande. Unde est oplima diflerenlia, conclut Suarez, quod impelralio solum est illius rei quæ poslulatur, meritum autem est proporlionati præmii. De virtute religionis, tr. IV, t. I, c. XXII, n. 4. D’où il suit que, si une prière n’obtient pas par impétration ce qu’elle sollicite, elle peut néanmoins obtenir par mérite autre chose : si quis bona ftde orando pelai aliquid quod Deus novit illi non expedire, non impclrabit ; merebitur autem uno vel altero modo juxta statum personæ, quia leges merendi semper dcrmanenl, ctiamsi occasio impeirandi desit. Ibid.

Mais si la seconde partie de la formule, en ce qui concerne l’objet du mérite : meritum autem perlincl ad finem qucm quis meietur (cf., pour le développement de cette idée. II* 1 1'^, q. i.xxxiii, a. 1 5, in corp. et ad 2°ra ; In IV Sent., t. IV, dist. IV, q. iv, a. 7, q. ii) s’applique exactement au mérite de condigno, convient-elle aussi bien au mérite de congruo ? Voir Mérite. Beaucoup de textes, où saint Thomas compare les objets du mérite et de l’impétration, ne sont rigoureusement exacts que si l’on sous-entend de condigno après mereri ou meritum ; par exemple, eliam ea quæ non mercmur, orando impetramus ; nam et peccalores Deus audit pecralorum veniam petenles quam non merenlur…. et similiter perseverantias donum aliquis pelendo a Deo impelrat vel sibi, vel alii, quamvis sub merilo non cadal. Sum. IheoL, I » II « , q. cxiv, a. 9, ad li"". Si l’on voulait se donner la peine d’inscrire sur trois colonnes, en un tableau synoptique, ce que l’on peut obtenir de Dieu : a) par impétration, b) par mérite de congruo, c) par mérite de condigno, pour soi ou pour autrui, d’une manière infailliblement elTicace ou non, en état de grâce ou de péché, les deux premières colonnes seraient semblables entre elles et fort différentes de la troisième.

4. De même, en ce qui concerne les attributs divins auxquels se réfèrent l’impétration et le mérite. Impelralio…. innitiiur soli gratiae : c’est ce que répète à maintes reprises saint Thomas ; cf. Sum. theoL, II » l « >, q. Lxxxiii, a. 15, et surtout In IV Sent. A. IV, dist. XV, q. IV, a. 7, q. m : et inler heec duo (le mérite et l’impétration) hsec differentia est quod meritum importai ordinem justitiæ ad præmium, quia ad justiliam pertinel retribuentis ut merenli præmium reddal ; sed impelralio importai ordinem misericordiæ vel liberalitatis ex parle donanlis ; et ideo meritum ex scipso habet unde perveniatur ad præmium, sed oratio impetrare volentis non habet ex scipsa unde impetret, sed ex proposito vel liberalitate donanlis.

Mais est-ce seulement à la justice de Dieu que se réfère le mérite de congruoi Sa distinction même du mérite de condigno, sa définition même en font un intermédiaire entre le mérite proprement dit et l’impétration proprement dite, participant à la fois de l’un et de l’autre : ce qu’il obtient ne vient ni de la stricte justice de Dieu ni de sa pure libéralité. Cf. Sum. theoL, I » Ilf, q. cxiv, a. 3 ; Suarez, De div. gralia, t. XII, c. xxxiv, n. 8 ; c. xxxv, n. 6.

IV.EFFICAaTÉ EX OPERE OPERATO ET PER MODVM

IMPETRATIONIS. — Du mérite passons au sacrifice de la messe. Le sacrifice en lui-même n’est pas nécessairement une prière de demande, mais il est joint à la prière et concourt à augmenter sa valeur impétratoire : licet sacrificium hoc ex se sil valens ad impeirandum, tamen non applicatur ad impelrandum nisi ut orationi conjungitur, quia non impelratur nisi quod pelitur vel desideratur ab alio ; et ideo impelralio per se pertinet ad oralionem quam sacrificium jacil exaudiri et hoc modo impelrat. Suarez, De scfcramen/is, part. I, disp.LXXIX, sect. IV.

Cette valeur impétratoire spéciale que le sacrifice de la messe confère à la prière de l'Église, il la tient de son institution même ; elle est par conséquent indépendante des dispositions du prêtre qui l’offre comme ministre de Jésus-Christ, et même de la participation effective actuelle de Notre-Seigneur à l’oblation du sacrifice : hoc sacrificium, præter etfeclum ex opère operato, habet ex vi suæ institutionis specialem vim ad impelrandum eos ef{ectus pro quibus obtinendls offertur. Suarez, ibid., sect. n.

Le sacrifice de la messe possède donc une double efficacité : une efficacité ex opère operato, comme les sacrements, en vertu de laquelle il remet les peines dues au péché, et une efficacité per modum impetralionis, en vertu de laquelle il obtient tous les effets qui sont l’objet des prières de l'Église, y compris cette remise même des peines dues au péché quand elle est spécialement sollicitée dans les prières de l'Église. Cf. Suarez, ibid., sect. iv.

Suarez reconnaît quatre différences entre ces deux modes d’action : a) prior causalitas jundatur in speciali promissione, distincia a.substantiali inslilulione sacriflcii…, posterior autem modus inipelrationis non requirit specialem promissionem, sed ex natura lalis sacrificii consequitur… ; b) ad effectum ex opère operato non est nccessc ut ojferens specialiter pelai vel consequi inlend’d illum cjfectum…, al vero effectum per modum purée impelrationis nullum conferl (sacrificium) nisi ex peculiari inlentionis sacriflcanlis vel offerentis specialiter applicatur ad hoc vel illud bencficium obtinendum… ; c) prior effeclus ex opère operato infallibilis est…, al vero posterior effeclus de se non habet unde sil infallibilis… ; d) hic posterior modus causandi universalior est quam prior, lum ex parte personarum, quia ad plurcs personas exlenditur hœc impelralio quam (ipus operatum…. lum etiam in effectibus, nam opus operatum definitur ad cerlum ac definitum effectum, hsec vero impelralio ad quoslibel effeclus divinæ beneflcenliæ exlendi potest. Ibid., sect. ii.

Sur le fruit impétratoire de la messe, voir déjà, t. vil, col. 81-82 et art. Messe.

A. FONCK.

    1. IMPLICITE##


IMPLICITE. Voir Explicite, t. v, col.l868-1871.

    1. IMPOSITION DES MAINS##


IMPOSITION DES MAINS. — L Origine du rite. II. Usage du rite. III. Efficacité du rite : est-il sacramentel ? 1° en général ; 2° dans la confirmation ; 3° dans la pénitence ; 4° dans les ordinations.

I. Origine du rite.

L’imposition des mains est un rite chrétien d’origine juive.

I. CHEZ LES JUIFS.

Apte à sj’mboliser les intentions les plus diverses, il apparaît dans l’Ancien Testament comme le rite propre de la bénédiction, de la consécration à Dieu et de l’investissement d’une fonction.

La bénédiction.

i. Privée. — C’est en posant ses mains sur la tête des enfants de Joseph que Jacob les bénit, Gen., xlviii, 14-20, et c’est encore par le même geste que, dans le tableau du peintre juif Oppenheim († 1882), la Bénédiction du sabbat, nous voyons le père de famille d’aujourd’hui bénir successivement tous ses enfants. The jevnsh encyclopedia.