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1689
1690
INFAILLIBILITE DU PAPE


per Pelri solUlitalem, triomphera certaiiienient de la nouvelle hérésie. Comme les évêques du IV"^ concile acclamaient saint Léon le Grand, ainsi les évêques acclament aujourd’hui Innocent X, cujus ore Pclrus locutus est. Duplessis d’Argentré, loc. cit., p. 275.

3. A cause de l’erreur soutenue dans la 4 « proposition de la déclaration gallicane de 1682, voir Déclaration DE 1682, t. IV, col. 197 sq., l’exposition catholique, à la fin du xvii « ainsi qu’au xviiie siècle, p ; ésente un nouvel aspect. L’effort principal des théologiens ultramontains à rencontre des assertions gallicanes, est de prouver que les décisions doctrinales du pape, pour être infaillibles et irréformables, n’ont pas besoin d’être sanctionnées par le consentement subséquent de l’Église universelle. Cette revendication est principalement appuyée sur les paroles scripturaires conférant l’autorité suprême à Pierre seul et à ses.successeurs, et sur le témoignage constant de la tradition reconnaissant cette suprême autorité dans les seuls pontifes romains. Souvent aussi, par une argumentation ad hominem, on prouve contre les gallicans, en se plaçant sur leur propre terrain, que même en acceptant une telle condition, ce que l’on déclare toutefois inadmissible, on devrait nécessairement admettre le caractère souverain de l’infaillibilité pontificale, accepté de fait par l’Église universelle en dehors de la fraction gallicane. On a soin, d’ailleurs, de noter que le fait subséquent de la croyance de l’Église universelle peut être considéré comme un signe manifeste de l’enseignement obligatoire et infaillible donné antérieurement par le pape seul.

On doit enfin remarquer que les théologiens ultramontains furent aidés dans cette lutte par la condamnation portée par Alexandre V 1 II, le 7 décembre 1690, contre cette proposition : Fulilis et totks convulsa est assrrlio de pontificis romani supra concilium aciimenicum aiictoritale alqiie in fidei quæstiunibus decernendis infallibilitate. Denzinger-Bannwart, n. 1319. Voir t. I, col. 761-762.

Parmi les théologiens qui combattirent ainsi, à la fin du xvii"^ et au xviii’siècle, contre l’idée qu’une ratification de l’enseignement pontifical par le consentement de l’Église universelle était nécessaire, on doit particulièrement mentionner : d’Aguirre († 1699), Auctoritas infallibilis et sumnia cathedræ S. Pétri, disp. I, sect. I, Salamanque, 1683, p. 2 sq. ; Viva, Damnalæ llicses, Pavie, 1715, t. i, p. 3 sq. ; t. iii, p. 117 sq. ; Ciotti, Ttieologia scholastico-do(jmatica, tr. I, q. III, dub. VI, Venise, 1750, t. i, p. 61 sq. ; Billuart, De fide, diss. IV, a. 5, § 2 ; Orsi († 1761), De irreformabili romani pontificis in definiendis fidci controversiis judicio, 2e édit., Rome, 1772 ; Pierre Ballerini, op. cit., p. 222 sq., 255 sq. ; Kilber, op. cit., 1. 1, p. 349 sq. ; S. Alphonse de Liguori, Theologia morulis, t. I, n. 115.

Même en France, malgré la prédominance du gallicanisme théologique, tel qu’il a été exposé à l’art. Gallicanisme, t. vi, col. 1097 sq., les défenseurs de la vérité catholique ne firent pas entièrement défaut. Entre 1682 et 1689 parut, sans nom d’auteur, un ouvrage reproduisant d’autres écrits conlemporains sur la même matière et revendiquant pleinement la doctrine catholique, sous ce titre : Cathedræ apostolicæ œcumenicse auctoritas ex occasionc quatuor cleri gallicani propositionum anno 1682 in parisiensi ecclesia.stico conventu editurum. asserta et vindicata, ouvrage inséré dans la Bibliutheca ma.vima pontifieiu de Rocaberti, t. vu. L’auteur affirnu’que la foi du successeur de Pierre, enseignant l’É^glise, est ferme quoad se et quoad ipsam rci verit<dem, avant que le consentement de l’Église vienne s’y adjoindre, t. vii, p. 664. Mais ce même consentement, cpiand il s’est adjoint, nous donne une certilude plus grande, de telle sorte que l’on peut dire que, quoad nos, il est plus certain

quod papæ judicium ex petra et cathedra ipsius apostolica promanarit, p. 665. L’infaillibilité du pape indépendamment de la ratification de l’Église est prouvée par les textes scripturaircs. Luc, xxii, 32 ; Matth., xvi, ^ 18 ; Joa., xxi, 15 sq., p. 671 sq. Après avoir cité, en faveur de cette doctrine, les témoignages de la tradition chrétienne, l’auteur mentionne les témoignages concernant spécialement les Églises de France, soit aux époques anciennes soit à l’époque même où il écrivait, p. 692 sq.

Quelques années plus tard, dom Mathieu Petitdidier, abbé de Saint-Pierre de Senones, faisait publier à Luxembourg son Traité théologique sur l’autorité et r infaillibilité des papes, 1724. Il y prouve notamment que le jugement du pape, pour être infaillible, n’a pas besoin de la ratification subséquente de l’Église, p. 355 sq.

On doit également noter que les assemblées dii clergé de France, tenues à Paris en 1700, 1705, 1713^ 1714, rendirent pratiquement hommage à la souveraine infaillibilité du pape, en adhérant à la vérité déjà jugée par lui, notamment dans les deux constitution. s apostoliques Vineam Domini du 16 juillet 1705 et Unigenilus du 8 septembre 1713. Le 7 septembre 1705,. les évêques de France écrivent au pape Innocent XI, qu’ils ont reçu son enseignement comme les évêques des Gaules avaient autrefois reçu celui du pape saint Léon le Grand, et comme les Pères du IV^ concile avaient reçu l’enseignement du même saint Léon. Tous ont été d’avis qu’il faut veiller avec soin pour que, parmi les fidèles confiés à leur sollicilude, personne ne puisse impunément enseigner, écrire ou dire le contraire. Procès-verbal de l’assemblée générale du clergé de France tenue à Paris en 1705, Paris, 1706,. p. 262. Même déclaralion dans la lettre adressée au pape le 5 février 1714 relativement à la constitution Vnigenitus. Procès-verbal de l’assemblée des 112 cardinaux, archevêques et évêques, tenue à Paris en 1713 et 1714, Paris, 1714, p. 101 sq.

Notons, pour terminer cette courte esquisse, qu’au xixe siècle les opinions théologiques, sur le point qui nous occupe actuellement, restent à peu près les mêmes jusqu’à la définition du concile du Vatican.

3° Négation pour le pape de toute véritable nécessité d’employer les moyens naturels et surnaturels aidant Cl connaître la vérité « enseigner aux fidèles, ou du moins négation de toute nécessité pratique d’examiner si ces moyens ont été employés. — Au xve siècle, saint Antonin de Florence, pour désigner l’infaillibilité du pape, parlant, non comme personne privée, mais comme chef de l’Église, s’était servi de ces expressions : papa ulens concilia et requirens adjulorium universalis Ecclesia ;, Summa theologica, part. III, tit. xxii, c. III, Vérone, 1740, t. iii, col. 1188, sans déterminer si cette condition est nécessaire pour l’infaillibilité elle-même, ou seulement pour son légitime exercice.

Au xvie siècle, chez Sylvestre de Priério († 1523), ces expressions sont synonymes de papa quamdiu e.st caput Ecclesia ; et ut caput Ecclesiæ. Sunima sylves-Irina, art. Concilium. n. 3 ; art. Ecclesia, n. 3, Lyon, 1594, t. I, p. 151, 298. Sylvestre s’était déjà.servi du même langage dans un opuscule contre Luther, Enaia et argumenta Martini Lutlieri rccilata détecta repuisa et eopiosissime trila, Rome, 1520, opuscule inséré par Rocaberti dans sa Bibliothecu pontificia maxima, Rome, 1699, t. xix, p. 281.

Viguier († 1553), va plus loin. Il déclare expressément que le pape, pour procéder comme pape et être conséquemment infaillible, doit observer les rites accoutumés, c’est-à-dire qu’il doit convoquer un concile d’évêques, faire prier et invoquer le Saint-Esprit dont l’assistance a été promise à l’Église. Inslitutiones, Devirtutc jidei, 3, Venise, 1560, p. 103.