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INFAILLIBILITE DU PAPE


i, ummum pontificcm pertinebit. De ecclesiuslica potestnle, prologue, Florence, 1908, p. 7.

Ce caractère ' définitif « des actes pontificaux implique évidemment leur infaillibilité. La tradition encore un peu confuse de Gratien et des canonistes est ici nettement fixée dans le sens pontifical.

b) Alexandre Fasitclli († 1325), appelé aussi Alexandre de Saint-Elpidius, s’inspire notoirement de Gilles. Voulant prouver que le pouvoir de juridiction, dans le souverain pontife, vient immédiatement de Jésus-Christ, il donne, entre autres arguments, celui-ci qui est déduit de l’unité de foi qui doit exister dans l'Église catholique Des doutes pouvant s'élever et s'élevant sans cesse relativement à la foi, il est nécessaire que quelqu’un ait le pouvoir de juger et de donner une décision en ces matières, et qu’il ait immédiatement ce pouvoir ab illu qui fuit principaliter ordinalor et œdificaior Ecck’siæ et fidei. Car bien que, sur ces matières, d’autres docteurs puissent raisonner, une décision souveraine et finale peut et doit appartenir uniquement au vicaire universel de l'Église, qui doit diriger et gouverner toute l'Église : auctorilalive et delerminatiue hoc fi. e. de tatibus perlraclare et investiqare) soluin peilinere potest et débet ad universlæm vicarium Ecclesiæ, qui lotam Ecclesiam habit dirigcre et gubernare. Tractalus de potestate ecclesiuslica, tr. I, c. IV, Lyon, 1498, sans pagination. La même affirmation se rencontre chez Hervé de Nédellec († 1323), Tractatus de potestate papæ, dans Rocaberti, Bibliotheca maxima pontifua, Rome, 1698, t. vii, p. 703.

c) Augustin Triumphi, appelé aussi Augustin d'. cône († 1328), reproduit la doctrine de saint Thomas, dont il avait été le disciple. Examinant cette question : ulrum ad papam spectel determinare qux sunt fidei ? il répond que la foi de toute l'Église est une, selon le témoignage de l'Écriture. Eph., iv, 5. La détermination de ce qui est de foi appartient donc à celui qui est le chef de toute l'Église, c’est-à-dire au souverain pontife, successeur de Pierre et chef de cette Église pour laquelle le Sauveur a particulièrement prié. Luc, XXII, 32. Summa de ecclesiaslica potestate, q. x, a. 2, Cologne, 1475, sans pagination.

d) Pour ce qui concerne particulièrement l'Église de France à cette époque, nous citerons un décret de l'évêque de Paris en 1324 et une déclaration de l’université de Paris en 1387.

a. En 1324, l'évêque de Paris Etienne (Stephanus de Borreto) publie un décret annulant la condamnation portée en 1276 par Etienne Tempier, évêque de Paris, contre plusieurs articles de saint Thomas, in quantum tangunt vel tangcre asscruntur sanam doctrinam sancti Thomæ prædicli et doctoris cximii. Cette annulation est motivée par l’estime qu’a, pour ce docteur éminent, la sainte Église romaine, mère de tous les fidèles et magislra fidei et vcriledis, in firmissima Pelri, Christi vicarii, confessione fundala, ad quam (velul nnivcrsulcin regulam catholicæ verilalis) perlincl approbalio et rcprobatio doclrinarum, dcclaralio dubiorum, dctcrminatio Icnendorum et confutatio crronim. Duplessis d’Argentré, Collectio judiciorum de novis erroribus, Paris, 1728, t. i, p. 222 sq. ; Denille-Chatelain, Chartularium univcisitatis Parisicnsis, n. 838, Paris, 1891, t. ii, p. 280 sq.

b. En 1387, dans une lettre au pape d’Avignon qui avait pris le nom de Clément Vil, et que la France considérait comme le pape légitime, Pierre d’Ailly, chancelier de l’université de Paris, parlant au nom de l’université et exprimant sa doctrine relativement aux devoirs des fidèles envers le siège apostolique, affirme, au nom de l’université, que tous se soumettent au jugement du siège apostolique, en disant, avec saint Jérôme, que c’est la foi qu’ils ont apprise dans l’Eglise catholique et qu’ils désirent, en tout ce

qui peut être imprudemmeiit avancé, minus perite aut minus caute positam, être corrigés par celui qui lient et la foi et le siège de Pierre. Sfondrati, Gallia vindicata, diss. IV, p. ii, dans Rocaberti, t. vi, p. 884.

Conclusion.

En même temps que l’on constate, chez les souverains pontifes, des interventions doctrinales plus fréquentes qu'à l'époque précédente, on constate, pour la première fois au ve siècle, et dans les siècles suivants, des affirmations doctrinales des souverains pontifes déclarant, d’après l’enseignement de Notre-Seigneur, que la foi de Pierre et de ses successeurs ne peut jamais défaillir. Telles sont au ve siècle les affirmations de saint Léon 1° et celles des papes saint Agathon, saint Nicolas I" et saint Léon IX dans les siècles suivants.

On constate aussi dans l'Église universelle un progrès dans l’expression de la croyance très explicite à la souveraine autorité doctrinale des évêques de Rome. Cette croyance est particulièrement attestée par plusieurs conciles œcuméniques, surtout celui de Chalcédoine, le IIF et le IV « de Constantinople et le IF de Nicée, se soumettant pleinement aux décisions doctrinales antérieurement portées par le pape.

Très manifeste encore est l’expression de cette même croyance chez les auteurs ecclésiastiques de cette période, chez lesquels on constate une connaissance plus explicite du dogme de l’infaillibilité pontificale, comme on peut l’observer particulièrement chez saint Thomas au xiiie siècle. On constate aussi un emploi encore assez peu détaillé, mais plus explicite qu'à l'époque précédente, des deux textes scriptulaires, Matth., xxi, 18 et Luc, xxii, 32, et un usage fréquent de l’enseignement des souverains pontifes en cette matière, surtout depuis la formation des collections canoniques du moyen âge.

iv^ PÉRIODE, depula le commencement du xve siècle, jusqu’au commencement du xvT. Cette période est caractérisée par le vigoureux développement des doctrines qui réduisent le pouvoir administratif et doctrinal du pape et qui prennent bientôt le nom de gallicanisme. Les lamentables discussions du grand schisme où a été compromise l’autorité du souverain pontife expliquent d’une manière très suffisante le regain de faveur que trouvent alors les théories déjà avancées au siècle précédent par les théologiens de l’entourage de Louis de Bavière. Mais les défenseurs de la papauté ne restent pas sans réponse. En face du gallicanisme se précise et s’accentue la doctrine ultramontaine.

1° Les plus remarquables représentants du gallicanisme à cette époque sont Pierre d’Ailly, Gerson et Tudeschi.

Pierre d’Ailly († 1420), par ses erreurs sur l'Église et sur le pape, mentionnées, t. i, col. 647, fut amené à rejeter au moins théoriquement l’infaillibilité pontificale. Selon lui, le pape peut se tromper en ce qui est de foi, comme Pierre, auquel Paul dit avoir résisté, Gal., ii, 11, parce que Pierre était répréhensible, non rccte ambulans ad veritatem Evangelii. Tractatus de Ecclesiæ, concilii generalis, romani pontificis et cardinalium auctorilate, part. III, c. IV, dans les Opéra de Gerson, Anvers, 1706, t. ii, col. 958. Suivant une opinion citée ici et non blâmée par d’Ailly, l’exemption de toute erreur, assurée par la parole de Jésus-Christ, Matlh., xvi, 18, et Luc, XXII, 32, doit s’entendre uniquement de la foi de l'Église universelle, représentée dans un concile général, ou selon une opinion citée aussi sans aucun blâme, cela doit s’entendre simplement de la foi de l'Église universelle qui a le privilège spécial de l’inerrance dans la loi. Pourtant l’on peut croire pieusement à l’inerrance d’un concile général quand il s’appuie sur la.sainte Écriture ou sur une autorité