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INFAILLIBILITE DU PAPE


en vertu de l’institution divine, que l’on suive, pour toute cette question, la foi orthodoxe de son Église romaine ; doctrine dont il donne un long exposé. EpisL, LVi, P. L., t. xcvi, col. 1218 sq., 1234. Ce n’est qu'à la condition d’adhérer pleinement à cette doctrine que l’on sera reçu à sa communion, col. 1234.

Vers la même époque, Adrien, écrivant à Tarasius de Constantinople, lui demande également, et pour les mêmes raisons, de suivre, relativement au culte des images, la doctrine du siège apostolique. EpisL, Lvn, col. 1240.

La souveraine autorité doctrinale du pape Adrien I" €st pleinement reconnue par le 11= concile de Nicée. A la question que posent les légats du pape, de l’approbation à donner par le concile aux deux lettres doctrinales du pape, tout le concile répond unanimement : Nous les suivons, nous les recevons, nous y adhérons. Mansi, Concil., t. xii, col. 1086.

2. Principales affirmations des auteurs ou personnages ecclésiastiques.

En 649, les évêques africains de Numidie, de Byzacène et de Mauritanie, écrivant au pape Martin 1°, reconnaissent, comme les évêques africains du ve siècle écrivant à Innocent l", que, d’après les règles anciennes, ce qui concerne la foi doit, même dans les provinces éloignées, être déféré à la connaissance du siège de Rome, ut hujus auctoritate jusia quæ fuisset pronunciatio firmaretur, indeque sumerent celerse Ecclesiæ velut de nalali suo fonte prædicationis exordium et per diversas totius mundi regiones purilalis incorruplie maneanl fidci sacramenta salutis. Mansi, Concil., t. x, col. 920.

Saint Maxime le Confesseur († 666), dans une de ses lettres, rend hommage à l’indéfectibilité perpétuelle de Pierre dans la confession de la foi ; contre cette foi, la méchante bouche des hérétiques, ouverte comme les portes de l’enfer, sera à.jamais impuissante. Epist., xiii, P. G., t. xci, col. 512.

3° Au IX" et au Ae siècle. — 1. Affirmations doctrinales du magistère ecclésiastique. — a) Le pape saint Nicolas l" († 867), en 860, dans une lettre à l’empereur Michel, alTirme explicitement que Pierre, par ses prières, ne cesse de soutenir l'Église, bâtie sur sa foi solide, et de la soutenir de telle manière que, par la règle de la vraie foi, il réforme promptement la folie de ceux qui tombent dans l’erreur, et que les portes de l’enfer, c’est-à-dire les suggestions des esprits malins et les attaques des hérétiques, ne puissent point briser l’unité de l'Église. Epist., iv, P. L, t. cxix, col. 773. Aussi Nicolas ! '- demande que l’on .suive, relativement au culte des images, la doctrine enseignée par ses vénérables et orthodoxes prédécesseurs, col. 777.

Dans une lettre à Photius, en 862, le même pape insiste de nouveau sur la primauté de l'Église romaine, Epist., XH, col. 785 s(j. ; et, parce que l’universalité des croyants demande la doctrine et l’intégrité de la foi à cette sainte Eglise romaine qui est la tête de toutes les Églises, il faut que le pontife romain, à qui tous les croyants ont été confiés, veille à la garde du troupeau de Jésus-Christ avec d’autant plus de soin que l’on est plus avide de déchirer ce troupeau, col. 786.

En 865, dans une nouvelle lettre à l’empereur Michel, Nicolas I*"^ affirme derechef la souveraine autorité doctrinale du saint-siège par cette formule déjà en usage depuis plusieurs siècles : patet profecio sedis apostolicie cujus auctoritate major non est, judicium a nemine fore retraclandum, ncque ruiquam de ejus liccat judicare judicio. Epist., lxxxvi, col. 954.

Dans une lettre au clergé de Constantinople en 81)6. le même pape déclare que ceux qui ont attaqué le culte des images qnumdiu de lus nobiscum non senserird, et ju.rta sanctorum pontificum romanorum décréta,

et aliorum catholicum patrum institula, non sapuerint, sancimus eos a Christo et ab Ecclesia catholica atque apostolica esse anathema. Epist., civ, n. 6, col. 1078.

b) Le IV « concile œcuménique de Constantinople (869-870) témoigne manifestement sa croyance, au moins implicite, au dogme de l’infaillibilité pontificale, en approuvant solennellement le formulaire de foi du pape saint Hormisdas, si explicite en faveur de l’infaillibilité pontificale. Voir t. iii, col. 655, 1295.

2. Principales affirmations des auteurs ecclésiastiques. — a) En Orient, saint Théodore Studite († 828), dans sa lettre cxxix, demande que, pour mettre fin à la controverse concernant le culte des images, on envoie une légation à Rome pour que de là on reçoive la certitude de la foi : KàxEÏÔsv SexÉoOw tô àacpaXèç TYJç TrtoTewç. Epist., t. II, epist. cxxix, P. G., t. xcix, col. 1420. Ce qui suppose manifestement dans le pontife romain, et le pouvoir suprême de déclarer, d’une manière obligatoire pour tous, ce que l’on doit croire, et le pouvoir de le déclarer d’une manière infaillible. Car la certitude de la foi qui doit résulter de l’enseignement du pontife romain, ne peut exister si cet enseignement n’est pas infaillible. Saint Théodore est d’ailleurs très explicite sur la primauté du pontife romain. Epist., t. II, epist. lxxxvi, col. 1332.

b) En Occident. — Saint Paschase Radbert († 860), expliquant le texte Tu es Petrus, Matth., xt, 16 sq., afflrme que c’est une même chose de dire que les attaques des pui.ssances infernales ne prévaudront jamais contre la foi de Pierre, ou qu’elles ne prévaudront jamais contre l'Église qui, par cette foi, est fondée sur Jésus-Christ. C’est tout un, parce que ni le fondement ne peut être dissous, ni une telle foi ne peut manquer de fermeté, ni l'Église ne peut être ébranlée par le choc des tempêtes. Expositio in Matth., t. VIII, c. XVI, P. L., t. cxx, col. 561. Affirmer que la foi de Pierre ne peut jamais manquer de fermeté jusqu'à la consommation des siècles, c’est manifestement affirmer que les successeurs de Pierre sont infaillibles quand ils se servent de leur autorité suprême pour diriger la foi des fidèles.

Saint Odon de Cluny († 942) reproduit l’interprétation de Luc, xxii, 32, précédemment donnée par saint Léon 1°, que, le danger étant commun à tous, Jésus prie particulièrement pour Pierre, pro fide Pétri proprie supplicatur, lanquam aliorum status certior sit futurus, si mens principis victa non fuerit. In Pelro ergo omnium forlitudo munitur, et diviria ; gratiae ita ordinatur auxUium, ut firmitas qux per Christum Pelro tribuitur, per Petrum apostolis conferatur. Serm.. i, /'. L., t. cxxxiii, col. 713.

Alton de Verceil († 961) conclut du texte Tu es Petrus, Matth., xvi, 16 sq., que la sainte Église a été bâtie sur la pierre dans la solidité de la foi apostolique, et que les puissances de l’enfer ne peuvent prévaloir contre elle. De pressuris ecclesiasticis, part. I, P. L., t. cxxxiv, col. 53. Ce qui est une affirmation assez évidente de l’infaillibilité de Pierre et de tous ses successeurs.

4° Au Xle siècle. — 1. Affirmations doctrinales des souverains pontifes. — a) Le pape saint Léon IX († 1054), dans une lettre à Michel Cérulaire, en 1053, après avoir rappelé les promesses infaillibles de JésustJirist : porlæ inferi non prævalebunt adversus eam, Matth., XVI, 18, et ego autem rogavi pro le ut non deficiat fides tua, et tu aliquando conversus confirma fratres liios, Luc, XXII, 32, appuie sur ces promesses cette déclaration : C’est par le siège du prince des apôtres, c’est-à-dire par l'Éghse romaine, tant par saint Pierre que par ses successeurs, qu’ont été réprouvées et repoussées toutes les opinions des hérétiques et que les cœurs de tous les frères ont été confirmés dans la foi de Pierre, qui jusqu’ici n’a jamais défailli et ne pourra