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INFAILLIBILITE DU PAPE


nale, puisque ces deux actes sont manifestement signalés comme étroitement corrélatifs : jugement définitif du pape sur une erreur doctrinale, et anathème porté par tous contre cette même erreur.

2. Vers 209, le pape saint Félix envoie à l'évéque Maxime et au clergé d’Alexandrie une lettre doctrinale motivée par les erreurs de Paul de Samosate concernant le doi^me de l’incarnation. Jafl'é, Regesta. pontilicum romanorum, 2e édit., Leipzig, 1885, t. i, n. 140 ; Hefele, Histoire des conciles, trad. Lcclercq, Paris, 1007. t. I, p. 204. De cette lettre nous ne possédons qu’un court fragment cité par saint Cyrille d’Alexandrie au concile d'Éphèse : De Vcrbi autem incariuilione et fide credimus in Domimim nostrum JesLini Clirislum ex virgine Maria natiim, quod ipse est sempiterniis Dei Filins et Vcrbiim, non autem honio a Dco assumplus, ut alius sil ab illo. Ncqnc enim liominem assumpsit Dei Filius, ut alius ab ipso existât : sed cum pcrfeclus Dcus essct, fadas est simul et homo perfcctas, ex Virgine incarnatus. S. Cyrille d’Alexandrie, Apologetieus advrrsus orientales, P. G., t. lxxvi, col. 34.3 ; Epistolw S. Felicis papæ, P. L., t. v, col. 156 ; Mansi, Concil., t. i, col. 1114. L’autorité avec laquelle l'évcque de Rome parle, et le fait que cette affirmation doctrinale est citée au concile d'Éphèse comme une autorité irréfragable, montrent qu’il s’agit ici d’un acte doctrinal exigeant la soumission de tous.

2° Témoii/nages de plusieurs Pères et docteurs au IV vt dans la praniicre moitié du V siècle. — Saint Athanase (t.373) rend un homniage explicite à la suprême autorité doctrinale du pape dans le texte déjà cité, affirmant que, par la décision du pape saint Denys, l’hérésie arienne avait déjà été anathematisée depuis longtemps. De sententia Dionysii, 13, P. G., t. xxv, col. 500.

Saint Basile († 379), qui avait déjà écrit plusieurs fois à saint Athanase d’Alexandrie, au sujet des affaires d’Orient, lui adresse une nouvelle lettre en 371, où il lui manifeste son intention d'écrire à l'évéque de Rome sur ces mêmes aftaires. (^omme il serait difficile de prendre des décisions à ce sujet dans un concile, parce que ces mesures pourraient être facilement empêchées par les ennemis de la paix, Basile donnera à l'évcque de Rome le conseil d’exercer luimôme son autorité, kÙtôv aùÔevTÎjaai Tuspl tô Trpày|xa en envoyant des hommes capaldes de corriger les pervers de la région, capables aussi d’annuler tout ce qui s’est accompli par la force au concile de Rimini et depuis ce concile. Basile demandera (gaiement, en son nom et au nom d’autres personnes, que ces envoyés de l'évéque de Rome exterminent aussi l’hérésie de Marcel d’Ancyre comme pernicieuse et comme étrangère à la vraie foi. Episi., lxix, n. 1, P. G., t. xxxii, col. 432.

On remarquera que M. Turmel, qui, dans son Histoire du dogme de lu papauté, mentionne et interprète, un peu à son gré, plusieurs lettres antécédentes de Basile à saint Athanase, omet de signaler ce qu’il y a de plus caractéristique dans la lettre i.xix, c’est-àdire la demande que le pape exerce lui-même son autorité, et c|u’il envoie des hommes cai>al)Ies d’accomplir ce qui a été précédemment indiqué. J. Turmel, op. cit., p. 351. On doit aussi ohsei’ver que la lettre de saint Basile, mentionnant 'ctte demande d’intervention de l'évéque de Rome comme une affaire courante et ordinaire, autorise à conclure qu'à cette époque c'était non seulement la conviction personnelle de Basile, mais aussi la conviction de tous, même en Orient, que l'évéque de Rome possède le pouvoir de juger souverainement, par lui-même, les questions doctrinales.

Saint Épipjume († 403), dans son Ancoratus, écrit en 374, parlant de la primauté de Pierre, loue la soli dité de cette pierre sur laquelle l'Église est bâtie, et grâce à laquelle les piiissances de l’enfer, c’est-à-dire les hérésies et les hérésiarques, ne prévaudront jamais contre rÉ « lise. Car la foi a été parfaitement affermie en celui qui a reçu les clefs du ciel et qui délie sur la terre et lie dans les deux. En lui on trouve la réponse à toutes les questions sur la foi. Ancoratus, ix, P. G., t. XLin, col. 33.

Saint Jérôme († 420), consultant en 376 le pape saint Damase sur la question doctrinale d’une ou de trois hypostases en Dieu, fait ressortir la souveraine autorité doctrinale du pape par ces deux ffHrmations : a) C’est dans la seule chaire de Pierre que l’héritage de la foi se garde incorruptible : Ideo mihi cathedram Pétri et /idem apostolico ore laudatam censui consulei}dam… Apud vos solos incorrupta palrum servatur hærcditas. Epist., xv, 2, P. L., t. xxii, col. 355. b) Il est nécessaire, pour n'être pas séparé de Jésus-Christ, de garder la communion dans la foi avec la chaire de Pierre sur laquelle l'Église a été bâtie : Ego nullum primum nisi Christum sequens, beatiludini tuæ, id est catlicdræ Pétri, eommunione consocior. Super illam petram wdificutam Ecelesiam scio. Quicumquc extra hanc domum agnum comederit, profanus est…. Quieumque teruin non colligit, spargit : hoc est qui Christi non est, antichristi est, col. 355 scj.

Saint Ambroise († 397) reconnaît, comme on le verra bientôt, la souveraine autorité doctrinale du pape saint Sirice dans la condamnation portée par lui contre l’erreur de Jovinien. Epist., xLii, 14, P. L., t. XVI, col. 1128. Ailleurs, il interprète le texte : Rogavi pro te ut non deficiat fides tua, Luc, xxii, 32, dans ce sens que Jésus a affermi la foi de Pierre et qu’il a établi l’apôtre comme le soutien de son Église. De fide, t. IV, c. v, 5C, P. L., t. xvi, col. 628. Voir aussi Devirginitate, xvi, n. 105, col. 292 sq. ; De incarnationis dominira' sacramenio, iv, 32 ; v, 34, col. 826-827.

Saint Augustin († 430), au sujet de l’approbation donnée par le pape Innocent P aux décrets des deux conciles de Cartilage (416) et de Milève (417) condamnant les erreurs pélagiennes, formule ce jugement qui ne peut convenir qu'à un acte doctrinal considéré comme souverainement obligatoire pour tous et conséquemment infaillible : Jam enini de hac causa duo concilia missa sunt ad sedem apostolicam, indr etiam rescripta venerunt. Causa finita est, utinam aliquando fmiatur error. Serm., cxxxi, 10, P. L., t. xxxviii, col. 734. Cf. P. Batiffol, Le catliolicisme de saint Augustin, Paris, 1920, t. ii, p. 404-405.

Saint Cy rille d’Alexandrie († 444) affirme la suprême autorité doctrinale de l'évéque de Rome, quand il déclare dans une lettre au pape saint Célestin, peu de temps avant le concile d'Éphèse, que c’est la coutume ancienne des Églises d’avertir l'évéque de Rome quand la foi est en danger. Voir Éphèse (Concile rf’j, t. v, col. 158 ; Mansi, Concil., t. iv, col. 1012, 1016. Et c’est conformément à cette coutume qu’il soumet lui même au pape la question doctrinale soulevée par l’erreur de Nestorius. Epist., iii, parmi les lettres de saint Célestin, n. 1, P. L., t. l, col. 447.

A noter aussi chez saint Cyrille ce sens donné à confirma fratres luos : sois le soutien et le maître de ceux qui viennent à moi par la foi, Comment, in I.ucam, xxii, 32, P. G., t. Lxxii, col. 916 ; et cette interprétation de super hanc petram, Matth., xvi, 18 : il appelle pierre la foi inébranlable du disciple. In Isaiam, t. IV, orat. ii, P. G., t. Lxx, col. 940.

3° hderventions doctrinales du Saint-Siège au ly" et dans la première moitié du ve siècle. — Nous citerons particulièrement les papes saint Damase, saint Sirice, saint Innocent I" et saint Célestin.

Le pape saint Damase († 384), vers 370, envoie, aux évêques d’Illyrie, une lettre où il déclare privé