inlcrprélatioii du tcxle siiiptuiaiic. Car il est manifosle que rinfaillibilité de Pierre, allant de pair avec sa primauté, ne lui fut ellectivement conférée qu’après la résurrection de Jcsus-C.lirist. Joa., xxi, 16.
3. Cet enseii^nement est confirmé par Vinlerprélalion constante de la tradition catholique, comme nous le montrerons Ijientùt. Il suffira de noter présentement tpie, depuis la première indication faite par saint Ambroisc, De fuie, t. IV, n. 56, P. L., t. xvi, col. 028, ce texte a été fréquemment cité par les écrivains ecclésiastiques en faveur de l’infaillibilité pontificale. Nous si<înalerons particulièrement S. Cyrille d'-Mexandrie, Comment, in Lucam, xxii, 32, P. G., t. lxxii, col. 916 ; S. Léon le Grand, Serni., lxxxin, 3, P. L., t. liv, col. 431 ; S. Gélase, Epist., v, P. L., t. lix, col. 30 ; Pelage II, Epist., ni, P. L., t. lxxii, col. 707, Denzin.yer-Bannwart, Enchiridion, n. 246 ; le B. Urbain II, Epist., Lvnr, lx, cxlv, P. L., t. cli, col. 337, 341, 421 ; S.Pierre Damien, Sfrni.ïXxiii, P.L., t. cxi.iv, col. 636 ; Innocent II, EpisL, ccccxi.vn, P. L., t. clxxix, col. 517 ; Denzinger-Bannwart, n. 387 ; S. Bernard, Epist., cxc, P. L., t. CLXxxii, col. 1053 sq. ; S. Thomas, Contra errores græcorum, xxxii, Sum. theol.. IIa-IIæ*, q.i, a. 10.
On sait aussi que l’autorité de ce texte en faveur de rinfaillibilité pontificale a été confirmée par plusieurs documents ecclésiasticjucs, notamment par saint At ; athon, Epist., i, P. L., t. lxxxvii, col. 1169, 1205, et saint Léon IX, iîptsL, c, n.7, 32, P. L., t. cxun, col. 748, 765 ; et qu’elle a été formellement approuvée par le concile du Vatican faisant cette solennelle déclaration : Quorum (c’est-à-dire des successeurs de Pierre) apostolicam doctrinam omies vencrabiles Patres amplexi et sandi doctores ortlwdoxi venerati atque secuti sunt ; plenissime scientes hanc sanrti Pétri scdem ab omni semper errore illibatam pcrmancre, secundum Domini Salvaioris nostri divinam pollicitationem discipulorum suorum principi factam : Ego rogavi pro te ut non dejlciat fuies tua ; et tu aliquando coni’crsus confirma fratres tuas. Sess. IV, c. iv.
III. Enseignement tkaditionnel.
/' « PÉRIODE, depuis les temps apostoliques jusque ers l’an 260, caractérisée principalement par la croyance à la constante et intéjiiale permanence de la doctrine apostolique chez tous les successeurs de Pierre. — Cette croyance est attestée par le témoignage de saint Irénée.
Ce témoignage concernant directement l’infaillibilité doctrinale doit être étudié ici plutôt qu'à l’article Pape, où nous n’aurons plus qu'à déduire les conclusions relatives à la primauté pontificale considérée d’une manière générale.
Le texte se lit, Cont. hær.. III, iii, 2 : Ad hanc enim Ecclesiam propter potentiorem (kçon rectifiée d’après les mss. ; le texte reçu est potiorem) principalitatem necesse cit omnem convenirc ecclesiam, hoc est eos qui sunt undique fidèles, in qua semper ab his qui sunt undique conservata est ea qiiR' est ab apostolis Iradilio.
A cause de la très grande importance c|ui a toujours été donnée à ce texte dans la démonstration catholique, il convient de mettre en pleine lumière l’enseigtiement qu’il contient. l- ; t, à cet ellet, il est nécessaire tout d’abord de bien déterminer, d’après l’exposition même d' Irénée, le but et en même temps toute la trame de son argumentation.
1. Le but d' Irénée est de mettre fin à toutes les échappatoires des gnostiques qui, sous divers prétextes, refusaient de se rendre à l’autorité de l'Écriture ou à celle de la tradition. Cont. Iiœr., t. III, c. ii, /'. G., t. vii, col. 846 sq. Il a dontrecours à l’argument ultérieurement appelé argument de prescription. Seules ces Églises possèdent la vérité qui remontent
aux apôtres par une suite ininterrompue d'évêques choisis par eux et gardant leur cnseiguement. Et comme il serait trop long d'énumérer toutes ces Églises, avec la succession de tous leurs évoques, l'évêque de Lyon fait appel à la tradition venant des apôtres, et à la foi annoncée aux hommes, telles qu’elles sont dans la plus considérable de toutes les Eglises, l'Église fondée et établie à Rome par les apôtres Pierre et Paul. Eglise connue de tous et dont l’enseignement est venu jusqu'à nous par la succession des évêques. Enseignement qui confond tous ceux qui, de quelque manière, soit en recherchant ce qui leur plaît, soit par vaine gloire ou par aveuglement, soit paiattachement au mal, amassent là où ils ne le doivent point, prirterquam oportct colligunt. C’est aec cette Église que toutes les autres doivent s’accorder, à cause de son éminenle autorité ; avec cette Église par l’intermédiaire de laquelle l’enseignement qui vient des apôtres est conservé par tous les fidèles, col. 849. Puis, après avoir cité la liste des évêques jusqu'à Éleuthère, qui était alors évcciue de Rome, Irénée conclut : c’est par cette succession que, dans l'Église, la tradition des apôtres et l’enseignement de la vérité sont parvenus jusqu'à nous, col. 851. C’est donc unicjuement à cette Eglise qui possède la tradition venant des apôtres que l’on doit demander la vérité, e. iv, col. 855 sq.
2. C’est d’après tout cet ensemble de l’argumentation d' Irénée que l’on doit, avec l’aide du contexte immédiat, déterminer le sens des expressions principales du célèbre texte. On ne perdra pas de vue néanmoins que le texte grec original de cette phrase manque, et que nous n’avons qu’une mauvaise version, dont le litléralisnie est précisément une cause d’obscurité. — a) C’est bien l'Église romaine qui est désignée par les mots ad liane enim Ecclesiam. Le pronom hanc désigne manifestement l'Église dont Irénée a parlé dans la phrase précédente. Or cette Église n’est autre que l'Église fondée et établie à Rome par les apôtres Pierre et Paul, l'Église qui a la tradition venant des apôtres et dont l’autorité doit confondre tous les hérétiques. Le fait qu’il s’agit de l'Église romaine est prouvé aussi par la connexion avec la phrase suivante, où il est dit que les bienheureux apôtres, fondant et étabUssant cette Église, en donnèrent l'épiscopat à Lin, col. 849.
bj C’est donc « avec cette Église romaine qu’il est nécessaire que toutes les Églises s’accordent, à cause de son autorité éminente et parce que, par elle, la tradition venant des apôtres a toujours été conservée. » Telle est du moins la traduction que nous proposons du passage essentiel. — a. L’accord avec l'Église romaine doit être un accord dans la foi. Ce sens est demandé par ce qui précède. Pour réfuter les hérétiques de son temps, en montrant cju’ils n’ont point la doctrine des apôtres, Irénée afiirme qu’il suffit de faire appel à l'Église romaine, qui, par la succession de ses évêques, tient des apôtres la foi annoncée aux hommes. Ainsi sont confondus tous ceux qui, de quelcque manière que ce soit, importent des nouveautés præterquam oportet colligunt. Par le fait que l’on ne s’accorde point avec Rome, on est donc confondu ou convaincu d’erreur. C’est donc vraiment un accord dans la foi que l’on doit avoir avec cette Église.
Ce sens est également demandé par tout le paragraphe suivant, où Irénée montre que c’est par l’enseignement de la succession ininterrompue des évêques de Rome, depuis la fondation de l'Église par saint Pierre et saint Paul jusqu’au pape Éleuthère, que la tradition venant des apôtres, ou la prédication de la vérité, est parvenue jusqu'à cette époque. D’où la même conclusion : il est nécessaire de s’accorder dans